Marie Dubois, directrice de l'Office national des forêts en Bretagne, était l'invitée de France Bleu Armorique.
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00:00 des branches arrachées, des troncs déracinés ou brisés en morceaux.
00:03 Les arbres ont été particulièrement touchés après la tempête Kiran, Julien Prouvailleur.
00:08 - Les effets sont bien visibles et nos forêts ont subi de gros dégâts.
00:12 Pour en parler ce matin, nous recevons Marie Dubois, directrice de l'Office national des forêts en Bretagne.
00:16 Bonjour. - Bonjour.
00:17 - Alors déjà, comment on explique qu'il y a eu autant d'arbres arrachés après cette tempête ?
00:21 - Alors, effectivement, pour le moment, on n'a pas encore une estimation fine des dégâts
00:26 puisque les équipes de l'Office national des forêts se rendront en forêt publique à partir d'aujourd'hui.
00:31 Mais les premières images qu'on a, les premières photos des collègues à partir des routes
00:37 montrent qu'il y a eu effectivement des zones avec pas mal d'arbres qui sont tombés.
00:42 C'est lié à plusieurs facteurs, notamment au fait que les sols étaient détrempés par les intempéries la plus beaucoup,
00:49 donc des sols mouillés, ce qui fait que les arbres ont moins d'ancrage dans le sol.
00:53 Les houppiers, c'est-à-dire le haut des arbres, étaient encore en feuille
00:57 puisque l'automne s'est décalé un petit peu, d'une dizaine de jours avec le changement climatique.
01:03 Et donc il y a plus de prise au vent quand le vent vient taper sur les arbres
01:07 et donc il y a un phénomène de chablis qui est, on va dire, accentué, facilité,
01:11 c'est-à-dire de chute des arbres au sol.
01:13 - Vous parlez d'intervention à partir d'aujourd'hui, Marie Dubois,
01:16 comment ça se passe, les reconnaissances de l'ONF sur le terrain ?
01:19 - Alors effectivement, on va d'abord faire des reconnaissances terrain.
01:23 On applique pour cela une fiche protocole qui est issue du plan national tempête de 1999.
01:31 Donc on a différentes observations à réaliser par zone.
01:37 Donc sur toute la Bretagne, on va d'abord se concentrer sans doute sur les zones plus littorales
01:43 où le vent a été plus fort, donc c'est-à-dire le littoral finistérien,
01:47 Morbihanet, Côte d'Armor et puis ponctuellement aussi en Ille-et-Vilaine.
01:51 Et puis on fera sans doute aussi de la reconnaissance aérienne par vol drone.
01:57 On a des télépilotes à l'ONF, mais on pourra aussi s'appuyer sur les collègues
02:02 des forces de l'ordre ou autres.
02:03 Et puis enfin, on est en train de regarder, donc c'est à l'étude,
02:09 si on s'appuie aussi sur des vols aériens de la sécurité civile pour venir en renforce
02:14 s'il y a des zones qui sont vraiment très impactées dans les forêts publiques.
02:17 - Marie Dubois, nos forêts de manière bretonne sont toujours interdites au public.
02:21 Vous avez une idée jusqu'à quand ? C'est encore trop dangereux de se balader en forêt ?
02:25 - Alors, j'ai pas d'idée encore, puisque effectivement les arrêtés préfectoraux sont toujours en vigueur.
02:31 C'est l'accès à toutes les forêts bretonnes, donc c'est-à-dire forêt publique, forêt privée.
02:37 Et effectivement, ça dépend énormément notamment de la météo et des sols qui sont détrempés.
02:44 Donc j'invite vraiment tous les auditeurs et les auditrices à vérifier sur le site
02:49 des préfectures des départements quand est-ce que les arrêtés pourront être levés.
02:55 Donc il faut faire une veille internet régulière.
02:57 - Est-ce qu'on pense déjà à la suite ? Est-ce qu'on peut replanter tout de suite après un arbre déraciné ?
03:04 - Alors, pour les forêts, et en tant que forêtier, on s'inscrit dans le temps long.
03:09 C'est-à-dire qu'une fois qu'on aura fait ses premiers diagnostics et ses premières interventions d'urgence,
03:14 c'est-à-dire aussi sécuriser les accès et puis faire des travaux forêtiers d'urgence,
03:19 on travaillera ensuite à la reconstitution des forêts.
03:21 Donc pour ça, il convient de faire un diagnostic bien posé.
03:25 On va prioriser à l'ONF la régénération naturelle d'abord et avant tout.
03:32 C'est l'expérience des forestiers des tempêtes de 87 et de 99 qui nous montre ça.
03:38 Donc laisser la forêt repousser, si je puis dire, spontanément et ponctuellement, localement,
03:43 quand ce n'est pas possible pour différentes raisons,
03:46 notamment des essences pas adaptées au sol ou trop de végétation herbacée en place,
03:51 on viendra faire de la plantation ponctuelle pour venir compléter la régénération naturelle de la forêt.
03:58 - Oui, c'est quelque chose qui a changé par rapport à la tempête de 99,
04:01 où on s'était peut-être précipité après cette tempête ?
04:04 - Alors, moi je n'étais pas là pour le dire, excusez-moi,
04:06 mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on a capitalisé des expériences des forestiers précédents.
04:12 On s'inscrit vraiment là-dedans.
04:15 Donc nos actions qu'on a eues, notamment sur la tempête de 87,
04:19 on commence à voir les effets aujourd'hui, enfin avant la tempête Kiaran, c'est certain.
04:25 Et ça a été documenté par les forestiers précédents,
04:28 et donc on va s'appuyer là-dessus en intégrant aussi peut-être des changements avec le changement climatique,
04:34 qui fait qu'il y a des essences aujourd'hui qui sont moins adaptées que précédemment.
04:39 Je pense notamment au hêtre, c'est une essence qui ne résiste pas très bien à la sécheresse, à la chaleur.
04:44 Donc voilà, il ne faut pas la planter en monoespèce.
04:48 S'il y en a, il faut la mélanger avec d'autres essences qui viendront faire un petit peu d'ombre,
04:54 et de fraîcheur à cette essence fragile au réchauffement climatique.
04:57 Merci beaucoup. Merci Marie Dubois, directrice de l'Office national des forêts en Bretagne,
05:02 d'avoir été l'invité de France Blaire Moric ce matin.