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Ce lundi, sur Europe 1, Nicolas Bouzou revient sur la faiblesse de l'Europe dans le domaine des fusées et de l'espace, et qui ne peut lutter contre la domination américaine, possible notamment grâce à SpaceX.
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NewsTranscription
00:00 Europe 1 Matin.
00:02 Bonjour Nicolas, bonjour Dimitri, bonjour Anissa.
00:05 Bonjour Nicolas.
00:05 Ce lundi et demain se tient le Conseil des ministres européens de l'espace.
00:09 Alors on connaît tous la fusée Ariane, Nicolas, mais dites-nous,
00:12 cette Europe de l'espace où en est-elle ?
00:14 Ah écoutez, elle est en crise et c'est désespérant.
00:16 Alors l'espace c'est pourtant une nouvelle frontière technologique et économique
00:20 avec de nombreuses dimensions.
00:22 On doit être capable d'envoyer de plus en plus de satellites.
00:25 On doit envoyer aussi des humains pour l'exploration.
00:27 Peut-être demain pour aller chercher des minerais sur la lune.
00:30 C'est vraiment un nouvel univers stratégique et économique qui est en pleine constitution,
00:34 ce que les Américains ont parfaitement compris.
00:36 Bon, la NASA a beaucoup soutenu SpaceX,
00:38 l'entreprise évidemment fondée par Elon Musk,
00:40 qui est à la fois un prestataire de services qui envoie des satellites,
00:43 comme Ariane Espace,
00:44 mais elle est aussi un constructeur de fusées,
00:46 comme Ariane Group, avec une gamme très large,
00:49 des modèles légers, des modèles plus lourds,
00:51 une capacité à envoyer des humains dans l'espace.
00:54 Et SpaceX dispose aussi de sa propre constellation de satellites
00:57 pour vendre par exemple des accès à Internet.
00:59 Bon, alors il n'y a pas que les Américains qui ont compris
01:01 la dimension stratégique de l'espace.
01:03 Les Indiens, les Émiratis, les Chinois investissent aussi énormément dans ce domaine.
01:07 - Et l'Europe en la matière semble avoir pris du retard.
01:09 - Énormément, écoutez, au moment où je vous parle,
01:11 l'Europe n'a simplement pas de fusée disponible pour accéder à l'espace.
01:14 Ariane 5 n'est plus exploitée,
01:16 son successeur Ariane 6 prend retard sur retard.
01:19 Alors Ariane Espace faisait aussi voler une petite fusée italienne
01:22 qui s'appelle Vegas C,
01:23 mais elle a connu des difficultés depuis l'échec d'un lancement en décembre dernier.
01:27 On utilisait aussi la fusée Russoyuz,
01:29 mais évidemment c'est plus possible depuis les sanctions.
01:32 Résultat Dimitri, tenez-vous bien,
01:34 en 2023, SpaceX a procédé à 68 lancements,
01:37 Ariane Espace à 3 lancements.
01:39 - Mais quelle est la cause de ce désastre ?
01:40 Parce que c'en est un.
01:42 - Oui, bien sûr.
01:42 Trois choses, d'abord la faiblesse du soutien public européen,
01:45 là où la NASA met énormément d'argent sur la table,
01:47 sous forme de commandes en fait.
01:49 Ensuite, une règle européenne technocratique absurde,
01:52 celle dite du "juste retour".
01:54 C'est une règle qui stipule qu'Ariane Group,
01:55 qui construit donc les fusées Ariane,
01:57 ne peut pas choisir ses sous-traitants ou ses partenaires
01:59 comme elle le souhaite, en fonction du rapport qualité-prix.
02:01 Elle doit les sélectionner dans les 27 pays de l'Union Européenne,
02:05 en distribuant l'activité proportionnellement
02:07 à ce que chaque pays met comme budget spatial.
02:10 Un enfer industriel.
02:11 Et puis enfin, les pays européens n'utilisent pas systématiquement
02:14 Ariane Espace pour lancer leurs satellites,
02:15 mais parfois, SpaceX, il y a un vrai problème
02:18 de soutien des pays européens à l'industrie européenne.
02:21 Bon écoutez, tout est à revoir dans cette organisation délirante,
02:24 bureaucratique, technocratique,
02:26 enfin, j'ai peur qu'il soit tard et que l'Europe ne loupe
02:28 encore une révolution technologique.
02:30 - Signature Europe 1 Nicolas Bouzou, merci Nicolas.
02:32 - A demain ! - A demain matin.