L'acteur et animateur Bruno Solo publie "le voyageur d'histoire" aux éditions Du Rocher. Avec ce livre, vous partez à la rencontre de figures historiques comme Cléopâtre, Rabelais, mais aussi un pilote noir qui s'est battu pour la France, Eugène Bullard. Bruno Solo est au micro de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir du 02 novembre 2023 avec Marion Calais et Isabelle Choquet.
Regardez L'invité de RTL Soir du 02 novembre 2023 avec Marion Calais et Isabelle Choquet.
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00:02 Marion Calais, Isabelle Choquet et Cyprien Sini, RTL bonsoir
00:09 RTL bonsoir, la suite on prend soin de vous jusqu'à 20h avec Isabelle, Cyprien, Brice, Alex en studio et ce soir c'est un
00:16 voyage dans le temps et à travers l'histoire que l'on vous propose aux côtés de notre invité Bruno Solo, bonsoir
00:22 Bonsoir à toutes et à tous
00:24 Bonsoir, vous publiez le voyageur d'histoire aux éditions du Rocher et littéralement vous voyagez dans le temps
00:29 vous partez à la rencontre de figures historiques
00:31 Cléopâtre, Rabelais mais aussi un pilote noir qui s'est battu pour la France, Eugène Bullard ou une religieuse, Hildegarde De Bingen
00:38 Mais comment et pourquoi vous les avez choisis eux, pourquoi ces personnages ?
00:43 En fait c'est la chose la plus difficile, comme dans le premier d'ailleurs, les visiteurs d'histoire où cette fois-ci je les recevais à la maison
00:50 là donc je décide d'aller à leur rencontre, c'est le casting qui est le plus difficile
00:54 c'est-à-dire choisir les personnages, les femmes et les hommes que je vais aller visiter, là en l'occurrence, on va parler du second
01:01 je me suis dit qu'il fallait que je les lis à mon histoire personnelle, qu'elle soit intellectuelle, culturelle, géographique, intime, familiale
01:13 et il fallait que je trouve une façon d'aller les voir qui soit justifiée, je ne pouvais pas juste...
01:19 dans le premier il y avait une sorte de convention qui faisait qu'ils tapaient à la porte et bon...
01:24 - Qui débarquait chez vous et voulait vous prier - Et puis de toute façon je les avais invités donc je n'avais pas besoin de parler du hors-champ
01:29 - Parce que là il y a tout le voyage - Là il y a le voyage, là je vais les voir, je vais à leur rencontre
01:33 et je ne peux pas taper à la porte de Cléopâtre ou de Rabelais ou d'Artemisia de Gentil-Lesquy, ça ne se fait pas
01:38 sans avoir une justification, donc je les croise au détour d'une taverne, je les croise au détour de leur maison
01:43 je les croise au détour d'une prison pour Jacques Demollet et je me fais passer pour quelqu'un ou quelqu'un
01:49 susceptible de travailler avec eux, comme Eugène Bullard, je fais une audition pour devenir un batteur
01:55 Artemisia de Gentil-Lesquy qui est une grande peinte pour moi, la plus grande peinte de la Renaissance
01:59 je me fais passer pour un acteur qui veut mettre en scène un de ses tableaux, Suzanne Elévi-Eyard
02:04 et à chaque fois je trouve une justification et ces personnages sont des personnages qui ou qui me fascinent
02:10 ou qui m'ont fasciné et sur lesquels j'ai eu envie de revenir, parce que mon appétence pour l'histoire
02:15 elle date de quand j'étais tout petit et je commence à être plus tout petit du tout, j'ai bientôt 60 ans
02:20 et comme ça a commencé à 12 ans, ça traîne chez moi depuis quelques années, ça mûrit chez moi depuis quelques années
02:26 - Et ce sont des personnages, quand on pense histoire, il y a des personnages qui sont beaucoup plus connus qu'eux
02:30 c'est pas forcément un personnage hyper connu - Bah Cléopâtre elle est pas mal connue
02:33 - C'est une rostar, c'est une rostar - Il y a Bria Savarin qui n'est pas qu'un fromage
02:39 - Mais quand même - Non mais vous avez raison, j'essaie d'alterner
02:42 - Vous avez bossé avec des historiens pour les choisir et les remplacer ou pas du tout ?
02:45 - Oui, oui, oui, non mais à tout ce que j'écris, moi je suis ni chercheur ni historien, je suis un passeur, je suis un narrateur
02:50 et un romancier, c'est-à-dire que moi je prends ces personnages, je m'appuie sur le travail sérieux
02:55 de documentation, d'archives, des historiens à qui je demande, il y en a un à qui je travaille en particulier
03:00 qui ont accès à des documents auxquels moi je n'ai pas du tout accès et des connaissances que je n'ai pas non plus
03:05 mais une fois que j'ai réuni tout ce matériau, moi j'en fais mon histoire
03:11 et je raconte l'histoire et là effectivement je me permets d'être subjectif puisque je rentre dans leur intimité, dans leur présent
03:20 avec mes sentiments aussi, avec mon ressenti sur les personnages
03:24 - Il y a 9 personnalités au total de l'Antiquité à la Première Guerre Mondiale
03:30 et je vous avoue que j'ai dévoré les portraits des femmes que vous avez choisis
03:37 notamment celui de cette peintre de la Renaissance que vous avez citée, Artemisia Gentileschi
03:42 qui à elle seule résume assez bien la condition des femmes talentueuses, abusées et à la fin souvent oubliées
03:50 - Complètement, l'histoire a longtemps été écrite par des hommes
03:54 et donc il y a une histoire misogyne de l'art par exemple
04:00 pour d'autres trucs mais c'est vrai que Artemisia Gentileschi, jusqu'à il y a une trentaine d'années
04:06 elle n'était jamais citée dans les peintres de la Renaissance
04:10 alors que Caravage lui-même la reconnaissait comme si ce n'est son égal, même un maître à égalité
04:17 et c'est une peintre qui a été oubliée par les grands chroniqueurs de l'art
04:21 mais pas simplement ceux du XIXe siècle mais même une oeuvre, j'ai oublié le nom
04:27 mais je le cite à un moment dans mon livre, un historien de l'art allemand
04:32 qui a écrit une somme sur la peinture de la Renaissance et notamment en Italie
04:37 sans citer une seule fois une artiste, et il n'y avait pas qu'elle, il y avait d'autres peintres
04:42 mais Artemisia pour moi était la plus grande parce que je l'ai découvert au détour d'une visite à Naples
04:47 quand j'avais 25 ans et j'ai vu ce tableau en me disant "quel beau Caravage"
04:51 je ne l'avais jamais vu, je me suis approché de la signature et je me suis aperçu que ce n'était pas un Caravage
04:55 mais un Artemisia Gentileschi et que la toile à mon goût est infime
04:59 donc Judith des Capitans Holofernes qui est un passage de la Bible très connu
05:03 elle est beaucoup plus crue sa représentation à elle
05:07 parce que c'est elle qui se venge d'un homme qui a abusé d'elle et elle se sert de sa servante pour le maintenir au sol
05:12 et elle lui coupe la tête avec une sorte de jubilation vengeuresse
05:16 qui est assez troublante alors que chez Caravage, Judith des Capitans Holofernes
05:20 avec une sorte de crainte justifiée d'ailleurs, c'est comme j'imagine
05:25 on ne sait pas finalement, faudrait demander aux gourauds de la terreur en 1789
05:32 enfin 1791 mais voilà, donc c'est vrai que j'avais envie de lui rendre justice
05:38 et de parler avec elle mais pour pouvoir m'approcher d'elle, il fallait que je sois prudent
05:42 que je sois sensible et que je sois à son écoute
05:46 il y a des personnages avec lesquels je suis un peu plus randonnant, un peu plus familier
05:50 comme avec Rabelais, comme avec Bria Savarin et il y en a avec qui je garde la distance qui me semble nécessaire
05:54 pour qu'ils puissent me faire confiance aussi
05:56 Ce livre Bruno Solo raconte aussi votre passion pour l'histoire depuis votre plus jeune âge
06:00 notamment grâce à votre père, est-ce que c'est vrai qu'en 1974
06:04 voyant ce qui se passait au Portugal, c'est la révolution des oeillers qui met fin à la dictature de Salazar
06:08 il vous dit en gros "Allez on y va, il faut vivre ça de l'intérieur" et vous partez au Portugal
06:12 Oui je pense que c'est aussi beaucoup pour ça, ce que je suis, je le dois aussi beaucoup à ma maman et mon papa
06:18 qui faisaient en sorte de nous faire vivre ce qu'ils estimaient être des moments d'histoire
06:23 qu'on vivait à l'instant et en 1974 mon père qui était ouvrier dans le bâtiment
06:26 qui avait beaucoup de potes portugais qui travaillaient avec lui dans le bâtiment
06:30 nous a dit, ma soeur à maman et à moi, "et on va partir au Portugal pour voir ce que c'est qu'une révolution
06:36 vous allez vivre ça de l'intérieur"
06:38 Alors évidemment je ne pense pas qu'on serait parti dans une révolution dont il aurait pu pressentir
06:42 qu'elle pouvait mal tourner mais on le sait que la révolution de Portugal, les capitaines d'Avril
06:46 c'était une révolution qui a été voulue par le peuple et même soutenue par l'armée
06:51 et donc il y a eu quelque chose de très jubilatoire, une sorte de Prémovida
06:56 c'est un autre nom au Portugal, je l'ai oublié
06:58 mais voilà, c'était hallucinant, moi j'y avais 10 ans et je m'en souviens encore
07:03 - Vous avez vécu l'histoire de l'intérieur ?
07:04 - Oui, de l'intérieur, je voyais les propriétaires qui ont forcé d'ouvrir leur maison pour accueillir le plus grand nombre
07:10 les militaires qui aidaient les paysans à rentrer les moissons dans les champs
07:13 une sorte de joie de vivre à Porto comme à Lisbonne
07:16 voilà, ils sortaient le 40 ans d'une dictature catholique
07:19 qui n'était pas une dictature militaire au même titre que celle de Franco
07:22 qui était toujours vivace à ce moment-là
07:24 mais on sentait qu'ils avaient besoin tout d'un coup de sortir de cet obscurantisme catholique
07:29 dans lequel ils étaient enfermés depuis tellement longtemps
07:32 et c'était très puissant de voir et d'assister à ça
07:35 et moi, beaucoup de ceux que je suis aujourd'hui, je le dois à ces moments-là que mes parents m'ont fait vivre
07:40 et notamment mon père
07:41 - Il y a Gérard Lame qui vient de tweeter que vous êtes fiché S à partir de là
07:44 - C'est un honneur
07:45 - Vous aimez les révolutions, c'est bon
07:47 - C'est un honneur d'être fiché S par lui
07:49 - Il y a le rôle de vos parents, ils vous ont fait aimer l'histoire, c'est absolument clair
07:52 il y a les professeurs aussi, un professeur d'histoire notamment
07:55 - Oui, avec un nom prédestiné parce qu'il s'appelait Monsieur Edan
07:58 c'est magnifique d'avoir un professeur qui s'appelle comme ça quand même
08:01 et qui m'a transmis
08:03 c'est-à-dire que c'est bien parce que c'était le relais de ce que j'entendais à la maison
08:06 parce qu'après tout, j'en parle par exemple quand j'évoque la Comtesse de Ségur
08:11 la Comtesse de Ségur, mon père était surpris que je lise la Comtesse de Ségur
08:14 - Il se prend à lire sous la couette alors que vous...
08:17 - Vous vous percevez que j'étais en train de lire une revue graveleuse
08:19 et j'avais 12 ans, c'est vraiment l'âge des...
08:22 - Bien joué, solo !
08:24 - Et puis finalement, je lisais la Comtesse de Ségur
08:26 alors évidemment j'ai un peu exagéré mais il n'en revenait pas
08:29 il m'a regardé avec un air "mais qu'est-ce qu'on a raté avec ta mère"
08:32 "tu as lu la Comtesse de Ségur avec l'éducation qu'on t'a donnée"
08:34 ce que je veux dire par là, c'est qu'ils m'ont poussé la curiosité
08:36 et la curiosité fait que vous avez envie de...
08:39 de... voilà, de goûter à tout
08:42 et puis après vous faites votre tri, vos choix et puis voilà quoi
08:45 - Et puis il y a aussi le petit écran qui vous a nourri
08:48 et c'est notre instant vintage
08:50 - Les voici, un tableau de famille
08:58 L'époque, 14ème siècle
09:01 - La rire !
09:02 - Le lieu, la France
09:04 - C'est la télé qu'on est regardé
09:06 - Le roi, Philippe IV
09:08 - Les rois maudits que vous regardiez clandestinement
09:11 à 8 ans à travers le trou de la serrure de votre chambre, c'est ça ?
09:14 - Parce que la télé, alors ça c'est vrai aussi
09:16 la télé était exactement dans l'axe du trou de serrure de ma chambre
09:19 - C'est au coeur !
09:21 - Et vraiment, ma maman m'avait dit "écoute, c'est quand même très sanglant"
09:25 "plein de turpitudes, etc"
09:28 "non, non, et puis t'es trop petit, et puis de même t'as court"
09:30 et donc j'ai regardé ça
09:32 bon après évidemment je l'ai revu
09:34 j'exagère un peu, j'ai dû regarder une fois
09:36 je voulais voir Jean-Pierre dans le rôle de Philippe Lebel
09:39 voilà, jouer ce...
09:41 enfin c'était... ça m'a fasciné
09:43 d'ailleurs il y a eu une reprise qui a été faite par José Daillon
09:47 des années plus tard, qui était plutôt très bien faite aussi
09:49 et voilà, c'est vrai que "Le roi maudit"
09:52 ce personnage de Jacques Demollet jetant l'anathème
09:56 au pape Clément V, à Philippe Lebel
09:58 alors qu'il est en train de brûler et tout
10:00 ça m'avait vraiment impressionné
10:02 et c'était très impressionnant
10:04 et puis la télévision...
10:06 - L'histoire peut être sanglante
10:08 - Mais en 72, je m'entends dire que la télévision
10:11 c'était particulier quand même
10:13 c'était noir et blanc, il y avait une chaîne
10:17 je crois qu'il y en avait deux à l'époque
10:19 - Il n'y avait pas un choix de dingue
10:21 - Donc quand il y avait un truc comme ça
10:23 avec des personnages violents, vociférants
10:25 des femmes nues
10:27 - En gros c'était "Game of Thrones"
10:29 mais avec la vraie histoire
10:31 - Mais d'ailleurs vous savez que ceux qui ont créé "Game of Thrones"
10:34 se sont beaucoup inspirés de l'oeuvre de Maurice Druon
10:36 et ils ont toujours dit que ça a été
10:38 une des inspirations principales de l'oeuvre
10:40 - Et toujours sur le petit écran
10:42 il y a aussi ce grand homme qui vous a inspiré
10:44 - Et c'est là que commence notre histoire
10:47 notre histoire qui va nous conduire
10:49 à nous occuper d'un homme
10:52 dont le nom était Lionel Crabbe
10:55 Lionel Crabbe, probablement le plus étonnant
11:00 le plus extraordinaire des hommes-grenouilles
11:02 - Alain Decaux
11:04 qui vous a inspiré, grand vulgarisateur
11:06 un passeur d'histoire au singulier ou au pluriel
11:09 c'est ce que vous voulez être aujourd'hui Bruno Solo ?
11:11 - Pas plus, pas plus
11:13 moi ce que j'aime c'est transmettre
11:15 dans la mesure du possible
11:17 quand on est comédien on fait ça aussi
11:19 des passeurs d'histoire écrits par des gens plus grands que nous
11:21 quand vous jouez un texte qui est de Molière
11:24 des fois du théâtre plus contemporain
11:26 de la comédie et tout, mais peu importe
11:28 que ce soit "Phédo" ou du théâtre contemporain
11:30 ou du "Boulevard" ou du Molière
11:32 ou Shakespeare ou Racine
11:34 vous transmettez un texte
11:36 c'est l'essence même de ma vocation
11:39 c'est de raconter des histoires
11:41 et c'est peut-être aussi pour ça que j'aime l'histoire avec un grand H
11:43 - Bruno Solo est le grand invité de la deuxième heure de RTL
11:46 bonsoir, vous restez avec nous
11:48 on va marquer une courte pause et on revient juste après ça
11:50 tout de suite
11:52 RTL, bonsoir
11:54 Marion Calais, Isabelle Choquet et Cyprien Sini
11:57 RTL, bonsoir, la suite avec toute la bande
11:59 Isabelle, Cyprien, Alex, Brice
12:01 et notre grand invité Bruno Solo
12:03 comédien et écrivain
12:05 avec ce nouveau livre consacré à l'histoire
12:07 "Le voyageur d'histoire" aux éditions du Rocher
12:09 dans lequel vous voyagez
12:11 vous partez à la rencontre de grandes figures
12:13 vous tentez de les aborder
12:15 avec simplicité et avec votre humour
12:17 aussi, c'est le principe
12:19 nous on a remarqué à la lecture de ce livre
12:21 que vous êtes tous un petit chouchou
12:23 vous en avez un aussi ou pas ?
12:25 - J'aime beaucoup la comtesse de Ségur
12:27 parce que...
12:29 en fait longtemps
12:31 c'est un paradoxe
12:33 pour moi d'avoir aimé
12:35 c'est une sorte de paradoxe parce qu'elle représente
12:37 tout ce dont je suis éloigné
12:39 c'est une moraliste
12:41 c'est un peu bigote
12:43 et puis finalement quand vous creusez sa vie
12:45 vous vous rendez compte à quel point
12:47 déjà c'est une enfant martyr
12:49 terrible de sa mère
12:51 qui a été souvent humiliée par les hommes
12:53 et par les femmes aussi d'ailleurs
12:55 et je trouve qu'en fait
12:57 dans son oeuvre
12:59 en sous-texte il y a quelque chose d'extraordinairement généreux
13:01 et d'une proposition
13:03 au XIXème siècle d'une autre éducation
13:05 des enfants, même si ça passe
13:07 par ce qui semble être
13:09 des bondieuseries
13:11 et on se rend compte qu'en fait c'est son fils qui a beaucoup influencé
13:13 la moralisation de son oeuvre
13:15 et qu'elle c'est une femme beaucoup plus complexe
13:17 et je suis très engagé dans les luttes
13:19 faites contre les... - La voix de l'enfant ?
13:21 - La voix de l'enfant, les violences faites contre les femmes
13:23 et les enfants
13:25 je pense qu'inconsciemment c'est une de celles
13:27 qui a déclenché mon envie de travailler
13:29 au plus près des gosses
13:31 - Est-ce que vous avez l'impression que l'histoire parfois
13:33 on l'oublie un petit peu vite, comme en ce moment
13:35 là où on voit ressurgir des tags antisémites
13:37 des étoiles de David sur des immeubles
13:39 ces insultes, on oublie tout ça ?
13:41 - Non, je pense pas qu'on oublie
13:43 mais de temps en temps
13:45 on voudrait effacer ce qui...
13:47 Vous savez, les professeurs d'histoire
13:49 là qui sont les premières victimes
13:51 des obscurantistes
13:53 c'est pas pour rien
13:55 c'est parce qu'on sait que
13:57 dans l'enseignement de l'histoire
13:59 dans l'enseignement
14:01 de la philosophie
14:03 il y a les germes de la révolte potentielle
14:05 des hommes et des humains
14:07 c'est-à-dire de l'émancipation
14:09 de l'élévation
14:11 d'une autre réflexion
14:13 de sortir
14:15 d'un dogme
14:17 ou d'une voie qu'on voudrait toute tracer
14:19 et c'est pour ça qu'on faisait
14:21 des autodafés
14:23 que les tyrannies faisaient
14:25 des autodafés et qu'aujourd'hui
14:27 ce sont les premiers visés. Il y a eu un témoignage
14:29 terrible
14:31 lors de l'assassinat
14:33 à Arras
14:35 - Dominique Bernard
14:37 - Oui, Dominique Bernard
14:39 c'est le terroriste
14:41 qui passe à côté d'un professeur
14:43 et il dit "qu'est-ce que tu enseignes ?"
14:45 - T'es prof d'histoire - Et ça, ça fait vraiment
14:47 froid dans le dos, le mec il dit "je suis prof de maths"
14:49 ce qui était vrai, mais peut-être qu'il aurait pu répondre prof d'histoire
14:51 parce que, je sais pas, ignorant, pourquoi il lui demandait ça
14:53 il se serait fait planter
14:55 donc il y a quelque chose déjà de soutien
14:57 à tous les professeurs en général parce que c'est un sacerdoce
14:59 formidable, mais si ça doit devenir
15:01 un sacrifice que d'être professeur
15:03 alors que c'est l'avenir de chacun
15:05 d'entre nous que d'avoir des enseignants
15:07 des passeurs
15:09 donc, moi je suis terrorisé par l'idée
15:11 que l'on puisse... le temps, le temps sert
15:13 à atténuer les douleurs
15:15 à mettre des pansements sur les choses les plus terribles
15:17 mais le temps n'a jamais eu vocation
15:19 d'être un allié de l'oubli
15:21 donc le temps il est nécessaire, mais l'oubli
15:23 il est
15:25 la pire chose qui puisse nous arriver
15:27 à nous autres êtres humains
15:29 et dans tous les domaines, pas seulement dans les domaines
15:31 les plus tragiques comme ceux qu'on traverse en ce moment
15:33 l'oubli de qu'on vit sur une planète
15:35 par exemple, qui nous a tout donné
15:37 et on oublie qu'elle a été
15:39 généreuse et que c'est la moindre des choses de lui rendre un petit peu
15:41 donc en règle générale, le temps est nécessaire
15:43 mais l'oubli est criminel
15:45 - Alors sur l'histoire, c'est votre deuxième livre
15:47 après "Le Visiteur"
15:49 d'histoire, à quel moment
15:51 vous avez eu envie d'ajouter
15:53 cette corde à votre arc ?
15:55 Vous en aviez un peu ras le bol du monde de la télé
15:57 du cinéma ?
15:59 Un autre truc ? Un petit truc en plus ?
16:01 - Non, non, pas du tout, un truc en plus
16:03 je suis un autodidacte
16:05 par défisant, j'appartiens à aucune
16:07 voilà, à aucune école
16:09 si j'ose dire, puisque je viens de dire le contraire
16:11 mais voilà, je
16:13 me suis toujours senti
16:15 électron libre, libre penseur
16:17 voilà, je vais vers mes curiosités
16:19 là où le vent me mène
16:21 et le vent de ma curiosité me mène dans plein d'endroits
16:23 et un jour, j'ai parlé d'histoire
16:25 dans une émission, je ne sais plus laquelle, où je faisais la promo
16:27 d'une pièce ou d'un film, peu importe
16:29 et c'est tombé dans l'oreille d'une réalisatrice
16:31 Vanessa Ponté, qui en a parlé à France 5
16:33 et c'est là qu'ils m'ont proposé de présenter
16:35 cette émission que je fais depuis
16:37 7 ans maintenant,
16:39 "La guerre des trônes"
16:41 ou "La véritable histoire de l'Europe"
16:43 voilà, donc
16:45 et puis là, grâce à cette émission, les éditions du Rocher
16:47 m'ont dit "Ah, ça ne te dirait pas d'écrire un livre
16:49 avec un ton un peu particulier
16:51 qui est celui que tu emploies dans l'émission ?"
16:53 et j'ai dit oui, donc j'ai rien
16:55 prévu, les choses sont venues à moi
16:57 et à partir du moment où ça éveille ma curiosité
16:59 et que je me dis que j'ai un peu de temps sur mon agenda
17:01 ben j'y vais quoi, mais ça ça me prend beaucoup de temps
17:03 L'histoire, mais plus la machine à café, parce que cette fois
17:05 c'est vraiment fini, le café, vous l'avez lancé
17:07 Oui, c'est fini, on a fait la spéciale
17:09 "20 ans avec Yvan", c'était un panard
17:11 de retrouver les camarades, de redire des bêtises
17:13 et de parler justement de tout
17:15 ce qu'on a traversé ces 20 dernières années
17:17 et qu'on n'a pas pu nous montrer dans la série
17:19 genre que ça soit "Balance ton port"
17:21 les différentes élections
17:23 les gilets jaunes, les attentats, on n'a rien éludé
17:25 et c'était marrant de le refaire
17:27 maintenant ça y est, c'est...
17:29 Vous continuez à travailler ensemble, vous êtes toujours potes
17:31 Ah oui, on est toujours potes, on s'entend pas surtout
17:33 toujours, mais on est toujours très potes
17:35 C'est signé que vous êtes potes
17:37 Mais oui, c'est mon frère, Yvan
17:39 et oui, on est inséparables
17:41 Sur la guitare manouche, vous êtes d'accord ?
17:43 Non, ça c'est le principal écueil
17:45 de notre amitié, c'est qu'il n'écoute
17:47 que Joby Joba
17:49 et moi, vraiment, j'aime la musique
17:51 Ah ben justement, vous restez avec nous
17:53 Bruno Solo, parce que dans un instant
17:55 on va parler musique justement
17:57 On va parler avec vous, Anthony Martin, bonsoir
17:59 La playlist, dans un instant
18:01 Une découverte, une nouveauté même
18:03 Oui, on va découvrir ensemble la dernière chanson d'un groupe prometteur
18:05 Ils s'appellent les Beatles
18:07 Je suis renseigné, ils viennent de Liverpool
18:09 Je suis pas sûr, mais...
18:11 Bon, et puis la guinguette de Cyprien
18:13 aussi
18:15 Mais j'aime bien les gypsy kings
18:17 évidemment, moi j'ai fait des mariages
18:19 Cyprien cuisine aussi ce soir
18:21 Oui, je vais vous cuisiner des gambas gratinés au beurre d'ail et gingembre
18:23 On va espérer vraiment moi qui vais les faire
18:25 On va avoir une danse rose avec ça, je te le dis
18:27 *Musique*
18:29 *Musique*
18:31 *Musique*
18:33 *Musique*
18:35 *Musique*
18:37 *Musique*