Marina a pensé que sa chronique de la semaine passée méritait un volume 2. Après les producteurs, les diffuseurs et l'agent…place aux comédiens et aux réalisateurs !
Retrouvez « La drôle d’humeur de Marina Rollman » dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-drole-d-humeur-de-marina-rollman
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AmusantTranscription
00:00 dans la bande originale, c'est Marina Rollman !
00:02 *applaudissements*
00:04 Oh, mais attendez,
00:06 qu'est-ce que je fais là toutes ces semaines ?
00:08 On avait pas dit que j'étais scénariste maintenant ?
00:10 Est-ce que c'est
00:12 parce que je continue à faire le constat tragique
00:14 que l'audiovisuel est un métier compliqué ?
00:16 Où il est surtout question de naviguer des égos et de la politique ?
00:18 J'ai vraiment cruellement d'intelligence stratégique
00:20 et de patience. Et j'ai du mal avec les gens pas
00:22 brillants qui sont pleins d'assurance.
00:24 Mais alors, pas du tout !
00:26 J'ai plein de projets !
00:28 Mais tu sais quoi ? Faut qu'on aille déjeuner en fait !
00:30 Faut que je te raconte tous les projets !
00:32 Non mais allons déjeuner ! Tu veux déjeuner ? Tu peux déjeuner ?
00:34 Non mais déjeune !
00:36 En même temps déjeune parce que je te jure, en ce moment, c'est la folie !
00:38 Projet, projet, projet, je te raconterai mais bref,
00:40 j'ai plein de déjeuners, faut qu'on aille projeter !
00:42 Avant ça, je pense quand même
00:44 que ma chronique de la semaine passée mérite un volume 2 !
00:46 A savoir les gens auxquels
00:48 la scénariste est confrontée quand elle exerce.
00:50 On a fait les producteurs, les diffuseurs, l'agence.
00:52 Cette semaine, on va plutôt passer à la partie fumisterie
00:54 du métier, on va y aller en crescendo,
00:56 en commençant par les comédiens !
00:58 Alors, de mon point de vue d'humble scénariste,
01:00 il y a deux types d'acteurs, ceux qui
01:02 improvisent mal et ceux qui jouent mal.
01:04 Les deux ont le temps commun
01:06 de ne pas comprendre ce qu'on écrit mais d'être trop payés
01:08 pour le faire. Mais non, c'est pas vrai !
01:10 Il y a des très bons acteurs qui généralement
01:12 font ça non pas pour la gloire mais parce qu'ils aiment vraiment cet art.
01:14 Et donc, comme ils aiment vraiment jouer,
01:16 ils finissent au théâtre. Parce que si t'aimes jouer,
01:18 faut pas être comédien télé ou cinéma parce que t'as déjà vu un tournage.
01:20 Comédien, tu sais, tu bosses
01:22 12 minutes effectives sur la journée en fait.
01:24 Ça veut pas dire que t'as du temps libre, attention !
01:26 Mais en jeu pur, 12 minutes. Disons
01:28 40 pour les trucs les plus dingues mais pas plus.
01:30 C'est pour ça que t'as le temps de faire
01:32 des dingueries. Les caprices de stars, on se moque
01:34 mais c'est normal que ces gens pètent les plombs.
01:36 Ils ont 23 heures par jour pour cogiter tout seul
01:38 et après d'un coup c'est...
01:40 Bon bah voilà, on est prêt pour toi sur le plateau.
01:42 Donc c'est la scène où tu te mastures
01:44 balentèrement de ton frère. Donc
01:46 tu te fous à poil, tu pleures, tu jouis et tu fais ton élogie
01:48 de 5 pages. C'est ok ? Non mais
01:50 tranquille, l'équipe c'est 23 personnes que tu connais
01:52 mal. Un réal qui essaye
01:54 soit de te sauter, soit de te briser moralement.
01:56 Et 200 figurants qui vont raconter
01:58 chez eux ce soir que t'as fait perdre du temps à tout le monde.
02:00 Ah oui, pardon, parce que je t'ai pas dit, on est un petit peu en retard, si tu pouvais la rentrer
02:02 en une fois.
02:04 Et aussi il y a la ministre de la culture sur le plateau.
02:06 Et Cédric, le mec que tu kiffais en terminale.
02:08 Avec sa meuf, on sait pas pourquoi.
02:10 Elle est géniale, brillante, mais humble.
02:12 Elle a un vrai métier, elle.
02:14 Non, elle est pas comédienne, elle est médecin au Darfour.
02:16 Non, elle vient de se réorienter.
02:18 Non, elle bossait à la Cour pénale internationale.
02:20 Non, elle est très belle, mais elle le sait pas. Bref,
02:22 vas-y, détente ma puce, allez, merde !
02:24 Donc forcément, t'es comédien,
02:26 mais t'es à trop de pression, trop de doutes.
02:28 Tu deviens dingue. Tu finis, toi-même,
02:30 par reporter cette violence. Et aller voir des petites
02:32 assistantes preuves en disant "Pardon de t'embêter,
02:34 mais l'air est très très sec".
02:36 Tu sens pas ? Moi je sens
02:38 mes pets, regarde, ils sont, tu vois,
02:40 porphyres ptolémées. Tu vois, ça passe.
02:42 Donc si tu pouvais peut-être trouver
02:44 des humidificateurs, remplis au
02:46 barillet, s'ambule, d'ici 4 minutes, sinon
02:48 je hurle "Pardon, pardon, je déteste déranger,
02:50 merci".
02:52 Et après, généralement, le problème, les comédiens
02:54 là où c'est décevant, c'est que c'est un peu des blaireaux en interview.
02:56 Et nous, on est super étonnés qu'ils soient pas brillantissimes.
02:58 Alors que, ils sont payés pour dire les mots
03:00 d'autres gens. C'est une marionnette
03:02 qui vieillit, un comédien rien de plus.
03:04 Qu'est-ce qu'on a à lui demander aussi, son avis sur la politique ?
03:06 On est complètement cons. Forcément, il risque d'être moins touchant,
03:08 pertinent ou marrant que leur perso. Enfin,
03:10 sauf, évidemment,
03:12 le barmaid, encore lui, artiste méhable,
03:14 rigolo mais profond, il casse les couilles celui-là.
03:16 Enfin bon, ensuite,
03:18 après les comédiens, dans le crescendo de la
03:20 film historique, on a les réalisateurs et réalisatrices,
03:22 évidemment. Alors ça, c'est quelqu'un
03:24 qui n'a pas vraiment de métier.
03:26 Pas de connaissances concrètes, techniques,
03:28 pas de vrai savoir-faire en termes de performances physiques
03:30 ou intellectuelles. C'est la seule
03:32 personne du plateau sans qui le film
03:34 peut se faire. Vraiment.
03:36 Il n'y a pas une vis qui ne sera pas vissée,
03:38 une lampe qui ne sera pas allumée, un acteur qui ne sera pas maquillé,
03:40 ça fait. Et au final, c'est lui qui
03:42 prend un carton entier du générique pour dire
03:44 "un film de mes
03:46 énormes couilles".
03:48 C'est fou quand même cette histoire, c'est pas dingue
03:50 tout ça parce que c'est sa vision.
03:52 Mais oui, c'est vrai, il faut un capitaine.
03:54 Donc qu'est-ce qu'il fait le capitaine sur le bateau ?
03:56 Il dit juste
03:58 "Plutôt par là".
04:00 *Rires*
04:02 C'est un génie de la navigation !
04:04 Mais est-ce que quelqu'un a déjà
04:06 compris l'océan comme cet homme ?
04:08 Alors qu'il a un itinéraire déjà prévu,
04:10 des mecs qui suent en salle des machines,
04:12 les instruments de bord qui prévoient tout, le personnel qui s'occupe
04:14 des passagers. Et là on est là "un film de..."
04:16 Après, il y a une pression
04:18 énorme sur les réels, il faut dire ce qui est.
04:20 Parce qu'au début t'as juste un désir de cinéma.
04:22 Et au final, tu risques d'avoir la moitié de la France fâchée contre toi
04:24 ou pire, qui ne sait pas que tu existes.
04:26 Alors que t'as fait une vie pas possible à entre
04:28 30 et 300 personnes pendant entre
04:30 1 et 5 ans à plein temps.
04:32 Et c'est fort probable que ton film, au final, tout le monde s'en fout.
04:34 Et que justement parce que t'es le capitaine
04:36 sur le bateau, tu ne peux concrètement rien régler.
04:38 Mais pour toutes les couilles,
04:40 c'est toujours toi qu'on vient voir.
04:42 "Ah les pattes du buffet sont froides,
04:44 y'a un typhon, y'a un trou dans mon hublot..."
04:46 Et toi t'es là...
04:48 "Par là..."
04:50 Vous aimez bien quand je dis ça.
04:52 Alors par là...
04:54 Et enfin, je voulais vous parler des pires
04:56 fumiers que la Terre ait porté, le pire métier
04:58 du cinéma, mais j'ai plus le temps.
05:00 Et je crois que ça mérite un épisode 3.
05:02 Et en fait t'as vu, je suis plus maligne que ce que je pensais.
05:04 Je suis en train de développer le Rollman Radiophonique Universe
05:06 qui se termine en cliffhanger.
05:08 T'es obligé de revenir pour la suite, je me fais
05:10 repayer à chaque fois. Peut-être que j'ai de l'avenir dans ce métier.
05:12 Allez, générique et qui est-ce
05:14 que j'aperçois dans une scène au post-générique ?
05:16 Mais c'est Pio Marmaille !
05:18 *Rires*
05:20 *applaudissements*