Bernard Hinault au micro de Cyclism'Actu !
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00:00 (Applaudissements)
00:16 — Toi, t'aurais voté pour quoi, toi ?
00:18 (Brouhaha)
00:21 — Peut-être pour les hommes pogachars. Pour la France de l'apport, je pense qu'ils le méritent.
00:27 Pour les filles volorines, aussi. Mais non, je pense qu'on a vraiment un beau palmarès.
00:33 (Musique)
00:41 — Vélodor 2023, on a tous les lauréats. Qu'est-ce que vous pensez du palmarès de cette année ?
00:46 — Je pense qu'il est conforme à ce qu'on peut trouver. Bon, on a quand même dans les 5 qui sont citées à chaque fois,
00:52 ou les 4, les meilleurs du moment. Après, je pense que c'est pas évident de faire le tri et de dire
00:58 « ce sera celui-là plus qu'un autre ». — Toi, t'aurais voté pour quoi, toi ?
01:05 — Peut-être pour les hommes pogachars. Pour la France de l'apport, je pense qu'ils le méritent.
01:11 Pour les filles volorines, aussi. Mais non, je pense qu'on a vraiment un beau palmarès.
01:17 — Qu'est-ce qu'a fait la balanche envers Wingegard, du coup, de... Tu penses... ?
01:21 — J'en sais rien. Faut demander aux journalistes. C'est vous, hein. C'est pas moi qui ai voté.
01:25 — Le Tour de France au-dessus de tout, ça veut dire ? Toi, tu places le Tour de France au-dessus de tout.
01:29 Et si on gagne le Tour de France, on est le coureur de l'année. C'est la définition que tu donnes de cette...
01:36 — Je deviens sourd. — Gagner le Tour de France, ça fait toi forcément le meilleur coureur de la saison, pour toi ? C'est le résultat ?
01:42 — C'est pas dit que parce qu'on gagne... Si on ne gagne que le Tour de France, OK. Mais celui qui va gagner
01:48 une ou deux classiques, un championnat du monde, et qui va se faire deuxième ou qui va faire le Tour d'Italie,
01:52 je pense qu'il a autant de valeur. Mais c'est comme ça.
01:57 — Avec la génération, on a vu le palmarès de cette année, tous les finalistes. C'est assez impressionnant.
02:02 Est-ce qu'un Français peut se glisser là-dedans dans les prochaines années, à ton avis ?
02:05 Est-ce que c'est quelque chose que tu peux envisager ? — Ben la porte, il est là, non ? (Rire)
02:10 — Il est là parmi les vélo-dors français, mais le vélo-dors tout court. — Les jeunes, actuellement...
02:14 Bon, on a quelques bons jeunes, mais on les a vus quand même un peu en difficulté dès qu'il y a des grandes courses
02:20 comme autour d'Espagne ou là. Ben ils sont un peu justes, quoi. Mais bon, il faut travailler.
02:28 Et peut-être que celui qui va gagner le Tour, il est peut-être pas né encore. — Ça ferait un peu de temps.
02:33 — Faut oublier que en Belgique, le dernier qui a gagné le Tour, ça date de 76. Donc c'est encore 10 ans avant nous.
02:40 — On a encore un peu de marge. Les Jeux olympiques, c'est l'année prochaine à Paris 2024.
02:44 Est-ce que toi, c'était quelque chose qui te faisait rêver, que t'aurais aimé gagner, qui te manque peut-être à ton palmarès ?
02:49 — Je pense que comme tout coureur, on a envie de tout gagner. Et un titre de champion olympique, c'est quand même
02:54 un peu prestigieux. Donc j'aurais aimé le gagner. Mais c'était une période où... Disons, le comité olympique
03:02 était un pays hypocrite entre des Russes qui étaient payés par l'État et des coureurs professionnels.
03:06 Donc heureusement, aujourd'hui, on a changé tout ça. Ce sont des sportifs avant tout. Et c'est fabuleux.
03:12 — On le sait, t'es parrain du Tour de l'avenir. Est-ce que dans les champions que t'as pu voir cette année
03:20 et peut-être les années d'avant, il y en a qui peuvent encore perturber la hiérarchie qui a l'air de s'être installée
03:25 depuis cette année ? Pogacar, Vindelgaard ? — Je crois que ceux qui sont les vainqueurs du Tour de l'avenir
03:31 sont quand même des bons. Cette année, on a un coureur mexicain qui s'appelle Del Toro, qui a dominé
03:38 vraiment sur les 4 dernières années. — T'es impressionné ? — Il m'a vraiment impressionné. L'an dernier, c'est Siam
03:45 avec un nom à rallonge, Estebrooks. C'était pareil. Et on l'a vu au Tour d'Espagne. Bon, il a pas gagné,
03:52 mais il était bien présent. Pogacar l'a gagné. Non, non, je pense qu'on en aura qui vont sortir.
04:00 — C'est fabuleux, parce qu'on a aussi Ayuso, qui devait venir une année, et puis qui avait eu un problème de santé
04:08 qui n'a pas pu venir. Il y a eu Martinez, qui a fait 5e du Tour de France. Non, le Tour de l'avenir, c'est vraiment
04:13 le réservoir pour les grandes équipes. — Comment tu juges, toi, du coup, l'évolution du cyclisme
04:21 actuellement avec des coureurs qui explosent dès 19-20 ans ? C'est quelque chose qu'on ne voyait pas du tout avant.
04:26 Comment tu expliques ça et quel regard tu portes là-dessus ? — Je pense qu'avant, on n'osait pas. On voulait protéger
04:32 les coureurs en disant : « Oui, bon, 22-23 ans, ça va commencer, ça va être super bien. Là, tu seras en pleine force ».
04:38 Et aujourd'hui, on se pose plus de questions. Des coureurs de 19 ans sont présents. Ils sont là, ils sont là.
04:44 Et est-ce qu'ils auront des carrières aussi longues que ceux que nous, on a faits ? On n'en sait rien.
04:48 Mais ce qui est pris est pris. Et s'il commence à 19 ans et qu'il finit à 29 ans en ayant 10 ans au top niveau, chapeau.
04:55 — Un petit mot, enfin, sur certaines des feuilletons qu'ont animé cette fin de saison. On a vu quelques difficultés
05:02 même pour la Jumbo-Visma pour retrouver des sponsors. On a eu le fameux feuilleton avec la Fusion, Sudal Quick-Step.
05:08 Est-ce que, toi, c'est quelque chose qui t'inquiète dans l'avenir du cyclisme, le fait que les sponsors, comme ça,
05:12 soient aussi mis en danger alors que ce soit pourtant des grosses formations ? — C'est des grosses formations, mais qui coûtent très cher.
05:17 Donc quand on voit que l'économie va un peu moins bien, peut-être qu'il faut diminuer les budgets. Et puis au lieu d'avoir
05:24 (tousse) pardon, 4 ou 5 grands coureurs dans la même équipe, eh ben les répartir sur plusieurs équipes.
05:31 — Donc toi, ça t'inquiète pas forcément, l'évolution du cyclisme autour de gros mastodontes ? — Les budgets baisseront peut-être.
05:36 Mais il y aura peut-être d'autres sponsors qui auront envie, quand ils auront vu le Tour de France, les compétitions
05:43 qui sont bien organisées, bien filmées, qui auront envie de se montrer. Donc je crois qu'il faut pas être trop inquiet.
05:48 Il y a eu déjà des difficultés. Il y a eu des moments où ça a été dur. Mais à chaque fois, c'est reparti.
05:54 — Un petit mot sur le cyclisme féminin. Je sais pas si t'as suivi totalement le Tour de France femmes avec la victoire de
06:01 de Méleuring et toute la saison cycliste. Qu'est-ce que tu penses, toi, de l'essor du cyclisme féminin et de cette meilleure médiatisation
06:09 au travers des grandes compétitions internationales ? — Moi, je trouve ça super bien. Je vois pas pourquoi les dames
06:15 auraient pas le droit de faire de la course comme font les hommes. Presque toutes les grandes compétitions, aujourd'hui,
06:22 ont le pendant féminin. Et ça, c'est super. Et on a vu l'évolution du cyclisme féminin, où aujourd'hui, il est un peu dominé
06:28 par la Hollande et l'Italie. Mais nous, on a quelques belles championnes aussi, que ce soit sur piste, que ce soit sur le VTT
06:36 avec Pauline. Et puis il y en a encore une autre. Sur la route, on a la Doubs, la Boue. On en a quand même quelques-unes.
06:44 Donc moi, je trouve que c'est pas mal.