Il s’est fait connaître à Hollywood grâce à ces répliques de bébés en silicone. Andrew Clement, sculpteur autodidacte, est le propriétaire de Creative Character Engineering, une boîte d’effets spéciaux très particuliers, où mécanique et numérique se complètent parfaitement : Portrait.
Plus : un premier regard sur le Biopic "Clicquot", avec Haley Bennett dans le rôle de Barbe-Nicole Ponsardin Clicquot, la jeune femme derrière la célèbre étiquette orange.
Plus : un premier regard sur le Biopic "Clicquot", avec Haley Bennett dans le rôle de Barbe-Nicole Ponsardin Clicquot, la jeune femme derrière la célèbre étiquette orange.
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Court métrageTranscription
00:00 Bonjour et bonsoir.
00:01 Le débat autour de l'intelligence artificielle est toujours d'actualité.
00:04 À Hollywood, les exemples d'utilisation de cette intelligence artificielle,
00:07 on le sait, se multiplient.
00:09 Il y a des études alarmistes qui disent que 70% des emplois pourraient disparaître.
00:12 C'est sûr, il y aura des impacts, mais il y aura toujours aussi ces artistes
00:17 qui ont un bagage, qui ont un savoir-faire.
00:18 Et franchement, ce n'est pas demain qu'on les remplacera.
00:21 Andrew Clement fait partie de ces magiciens du cinéma.
00:23 Il nous accueille chez lui.
00:24 Ça s'appelle Creative Character Engineering.
00:27 Bienvenue à tous.
00:28 Bienvenue à Los Angeles.
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01:07 Il y a exactement 30 ans, Andrew Clement créait sa boîte
01:12 dans un petit atelier au nord de Los Angeles.
01:14 Aujourd'hui, 30 personnes travaillent pour lui dans cet entrepôt
01:17 qui fait un peu plus de 1000 mètres carrés.
01:19 Success story typiquement hollywoodienne.
01:21 Une success story qui a démarré avec un bébé.
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01:27 Ça a été une très grande partie de ma carrière.
01:32 J'ai fait l'un des premiers, si pas le premier,
01:35 des bébés en silicone pour la télévision.
01:38 Et ça a eu une très bonne réaction.
01:40 C'était pour l'épisode de VR.
01:42 Et ça a attiré tellement d'attention
01:44 que j'ai fait des bébés en silicone
01:46 pour presque tous les shows médicaux qui étaient là-bas.
01:49 Oh, putain !
01:50 J'ai fait des twins conjoints,
01:52 j'ai fait tous les types, vous savez,
01:54 j'ai fait des bébés malades, des bébés prématurs,
01:56 toutes sortes, et ils sont animatroniques,
01:58 ils ne sont pas animatroniques.
01:59 Parfois, ces petits petits bébés, vraiment,
02:02 tu peux vraiment juste avoir un acteur qui les tient
02:04 et ils, tu sais, si ils font ça,
02:06 ils peuvent vraiment leur donner beaucoup d'émotion,
02:08 beaucoup de vie,
02:09 donc tu peux avoir un scénario de naissance.
02:10 Et ça aide aussi l'acteur ?
02:12 Absolument.
02:13 Ils ont une performance plus vivante,
02:15 ils peuvent vraiment le ressentir.
02:18 Andrew a profité de cette nouvelle notoriété
02:20 pour proposer au réalisateur un matériau en silicone
02:24 qui résoudrait le problème des peaux sensibles,
02:26 surtout pour ces acteurs
02:27 qui doivent porter un maquillage spécial à base de prothèses.
02:31 Le succès est immédiat.
02:33 Les silicones ultra-minces, doux et durables d'Andrew Clement
02:37 sont toujours très demandés à Hollywood.
02:39 On fait ces appareils très fins
02:41 qui peuvent faire un acteur
02:42 et les rendre comme un autre personnage.
02:44 Quand on a eu l'appel de faire Deadpool 2,
02:46 il y avait une scène où Matt Damon
02:48 devait jouer un petit personnage de walk-on,
02:51 mais ils ne voulaient pas qu'il soit reconnaissable.
02:55 On lui a fait ce maquillage.
02:57 Il a l'air un peu plus vieux, un peu plus rouge,
02:59 et il joue ce personnage avec un capot et tout.
03:03 Il est en fait fait en secret et mis sur scène.
03:06 Ils ont essayé de le rendre le plus rouge possible,
03:08 pour que quand le film finit,
03:10 il y ait une surprise.
03:11 Quand vous faites quelque chose comme ça pour Matt Damon,
03:14 quelles sont les étapes ?
03:16 On prend une photo de quelqu'un.
03:17 Heureusement, il y avait une photo existante.
03:20 On a pris la photo et on a commencé à sculpter
03:22 toutes ces fonctions en clay.
03:24 On les a retirées et on a fait des morceaux de moule
03:27 que l'on peut séparer.
03:29 Et où il y avait le clay, on peut l'injecter avec du silicone.
03:33 Ils sont nombreux, comme Matt Damon,
03:35 à être passés par le département moulage
03:37 de Creative Character Engineering.
03:39 Tous ont patienté pendant des heures,
03:41 comme sur cet exemple,
03:42 le temps d'être badigeonné d'alginate
03:44 et de le laisser ensuite sécher.
03:46 Les moulages, les voici,
03:48 plus ou moins soigneusement entreposés.
03:50 Des copies exactes de corps d'actrices et d'acteurs.
03:53 Jamais de nom sur les moulages,
03:55 juste un code enregistré dans une base de données
03:58 et un code de la production.
04:00 C'est un code enregistré dans une base de données,
04:02 la même base de données où sont également stockés
04:05 les scans 3D effectués, eux, dans cette pièce.
04:08 Le secret de la réussite d'Andrew Clement,
04:11 alterner en fonction des projets
04:13 les techniques anciennes et la technologie numérique.
04:16 Si nous faisons un cadavre qui a des détails de peau,
04:19 c'est beaucoup plus pratique de faire un casque.
04:21 Si nous voulons faire un make-up,
04:23 c'est vraiment un toss-up.
04:25 Le scan nous donnera un casque plus précis.
04:28 Parfois, c'est une mélange entre les deux.
04:30 Et si nous avons besoin d'une expression,
04:32 une expression très frappée,
04:34 c'est beaucoup plus facile de faire un scan,
04:36 qui se fait comme ça.
04:38 On va retrouver Andrew Clement dans quelques instants.
04:42 Mais avant, je vous offre un premier regard
04:44 sur un biopic dont on parle beaucoup ici, à Hollywood.
04:46 C'est l'histoire fascinante de Barb Nicole Ponsardin.
04:49 Clicquot, c'est à elle qu'on doit le champagne rosé
04:52 et bien évidemment, la fameuse étiquette orange.
04:54 Sa vie est racontée dans un film,
04:56 un film anglais. Présentation.
04:58 Le trio derrière ce biopic,
05:02 le réalisateur Joe Wright,
05:04 présent ici en tant que coproducteur.
05:06 Il a porté le projet, lui a donné la crédibilité et les moyens.
05:09 À la mise en scène, son ancien assistant Thomas Napper.
05:12 Enfin, la star du film, l'Américaine Hayley Bennett.
05:15 C'est elle qui a convaincu son mari Joe Wright
05:17 d'obtenir les droits du roman best-seller
05:19 Veuve Clicquot pour l'adapter au cinéma.
05:21 Depuis que j'ai lu le livre, j'ai eu une expérience très visuelle.
05:25 J'ai pu imaginer, j'ai vu, j'ai pu goûter, j'ai pu sentir, j'ai pu sentir.
05:29 Et j'ai eu cette volonté indéniable
05:32 de respirer la vie dans la histoire,
05:35 de la porter sur scène, de la porter à la vie.
05:38 Une histoire d'une femme
05:40 qui a lutté contre tout
05:42 pour avoir du lieu pour elle-même.
05:45 C'est une histoire grande,
05:47 mais aussi une histoire assez intime
05:52 sur une femme.
05:54 Ce n'est pas une histoire
06:01 dans le sens de la biographie classique ou du biopic.
06:04 La histoire s'agit très bien
06:07 de l'expérience subjective de Barb Nicolle dans la maison.
06:11 Nous avons vraiment focusé sur l'idée
06:14 que, après la mort de son mari,
06:16 Barb Nicolle n'a jamais quitté le vinyard.
06:19 Jean de Floret.
06:40 Jean de Floret ?
06:41 Jean de Floret, oui.
06:42 C'est un autre point de départ pour nous,
06:46 ce film sur l'amour de la nature,
06:50 les aspects régénératifs de la nature
06:53 et la qualité de la vie.
06:55 Il découpe quelque chose
06:57 et ça regrosse,
06:59 et ça regrosse plus fort,
07:02 avec plus de vitalité.
07:04 Je pense que c'est scientifiquement prouvé
07:07 que si vous parlez à vos plantes,
07:09 si vous vous présentez à vos plantes,
07:11 elles sont plus heureuses.
07:38 J'ai toujours voulu faire un gorilla.
07:41 On a eu un peu de temps à perdre,
07:44 donc j'ai décidé de mettre du clay.
07:47 C'est mon sculpture,
07:49 je dois y amener un peu plus de vie,
07:51 mais c'est en train de devenir un gorilla.
07:53 Je vais en faire un animatronique.
07:55 Et puis, un peu de papetier et c'est bon ?
07:57 Je vais le faire.
07:58 Juste pour votre plaisir ?
07:59 Pour mon plaisir.
08:00 Je vais faire que quelqu'un d'autre porte le costume
08:02 parce que je deviens un peu trop vieux.
08:04 Andrew, tu es dans ce business depuis 20-25 ans ?
08:07 J'en suis dans ce business depuis 40 ans.
08:10 On a doublé le siège de notre boutique,
08:16 on a expandé les technologies
08:18 que je n'aurais pas pu rêver de faire.
08:20 Différentes façons de faire des choses,
08:22 des scans d'acteurs, des imprimés 3D,
08:24 des machines à miller, des coupeurs laser,
08:27 tout ce que vous voulez.
08:29 Et j'ai travaillé avec des gens extraordinaires
08:31 qui m'ont demandé de pousser les frontières.
08:33 Je vais faire un projet comme
08:35 ce que j'ai fait quand on a commencé Black Lightning.
08:37 C'était l'un des premiers costumes de super-héros
08:39 que nous avions faits et que nous nous étions
08:41 inspirés sur comment le faire ressembler à la technologie.
08:44 C'est l'un des vêtements de Black Lightning
08:54 avant l'évolution.
08:56 Mais ce qui s'est passé, c'est que nous avions
08:58 toujours des éléments de lumière dans le poignet,
09:00 dans le sac, dans les bras, dans tout.
09:02 Quand vous donnez un vêtement comme ça
09:04 à la production, parfois ils sont en lumière du jour,
09:06 parfois en lumière basse, parfois en lumière de la salle.
09:09 Donc vous avez besoin d'un niveau de lumière différent
09:11 qui vient de votre vêtement.
09:13 Et à l'intérieur de chaque vêtement, nous essayons
09:15 de mettre un endroit qui a un endroit
09:17 pour un transmetteur.
09:19 Par exemple, ici, nous avons mis
09:21 le transmetteur à l'intérieur.
09:23 Donc ça peut envoyer des signaux
09:25 à la table de lumière
09:27 et vous pouvez contrôler la lumière
09:29 sur le vêtement à l'interieur.
09:31 Ok, prête ?
09:33 C'est parti !
09:35 C'était rapide !
09:37 C'était très rapide !
09:39 Les gens pensent que c'est juste un vêtement,
09:41 ou que le CGI va ajouter le vêtement.
09:43 Il y a tellement de travail
09:45 dans la création
09:47 du vêtement de super-héros.
09:49 Dans sa simple forme,
09:51 c'est facile.
09:53 Mais pour que ça ait l'air
09:55 vraiment bien,
09:57 pour que ça ressemble à un futur,
09:59 pour que ça se lève,
10:01 il faut que les gens se battent
10:03 pour faire tout ça.
10:05 C'est très compliqué
10:07 et ça prend des étapes et des connexions.
10:09 Entre la toute première étape,
10:11 celle du scanner, et le costume final,
10:13 il faut environ 2 à 3 mois de travail.
10:15 Car il ne s'agit pas d'une simple
10:17 combinaison moulante en latex.
10:19 Les couturiers vont d'abord,
10:21 exactement comme dans la mode,
10:23 choisir les tissus et fabriquer le modèle.
10:25 Les pièces qui seront ensuite ajoutées
10:27 sont elles conçues sur ordinateur
10:29 et imprimées en 3D
10:31 avant d'assembler deux sortes de combinaisons.
10:33 L'une réfrigérante,
10:35 l'autre en faux musc surdéveloppé
10:37 qui est en fait des tubes
10:39 qui s'accrochent sous la fabrique du costume
10:41 et qui sont invisibles quand on les porte.
10:43 Mais entre les deux,
10:45 il y a un petit unité de réfrigération
10:47 que l'on peut installer et qui circule
10:49 de l'eau froide dans le costume.
10:51 Les vêtements de muscles,
10:53 peu importe le rôle de l'acteur,
10:55 si vous jouez un super-héros,
10:57 il ou elle voudrait avoir
10:59 des proportions idéalistes.
11:01 Donc on va faire un vêtement
11:03 qui a des muscles de foam ici et là,
11:05 et l'acteur a besoin d'un petit soutien.
11:07 Tout le monde a un corps,
11:09 mais parfois, les gens ont une vision
11:11 et veulent voir quelqu'un sur le scénario
11:13 et voir ce qu'ils devraient ressembler.
11:15 Est-ce que l'IA est un outil
11:19 ou est-ce que l'IA est un remplacement ?
11:21 En sa meilleure forme, l'IA est un outil.
11:25 Et il y a de merveilleux outils d'IA
11:27 que j'utilise.
11:29 Dans sa pire forme,
11:31 il essaie d'être un remplacement.
11:33 Malheureusement, chaque outil d'IA
11:35 que j'utilise jusqu'ici,
11:37 je me fais frustrer.
11:39 Ça me donne des choses que j'ai vues avant,
11:41 mais j'ai des choses dans ma tête
11:43 que personne n'a vu avant.
11:45 Si personne n'a vu avant
11:47 et que personne n'a mis ça en papier,
11:49 l'IA n'a pas ce qu'il faut
11:51 pour le reproduire.
11:53 Ce n'est pas un remplacement d'un acteur
11:55 qui va faire sortir l'émotion
11:57 et faire sentir l'audience
11:59 ce que l'acteur ressent.
12:01 Un acteur a eu de la douleur,
12:03 de la trauma,
12:05 de l'amour,
12:07 de la souhaitation.
12:09 Un acteur ne ressent pas ça.
12:11 Il n'y a pas de façon de faire ça.
12:13 Tu peux mimiquer les yeux
12:15 et les maneurismes,
12:17 mais il faut connaître ça.
12:19 Il faut savoir qui est cet acteur
12:21 peut-être à l'extérieur du rôle,
12:23 qui est ce qu'il est en tant que personne,
12:25 en tant que célèbre ou en tant que personnalité.
12:27 Un acteur ne peut pas faire ça.
12:29 C'est vrai.
12:31 Maintenant, la nature de ce progrès dépendra
12:33 du choix des utilisateurs.
12:35 Il y aura toujours ceux qui vont refuser l'IA
12:37 ou partiellement et qui vont préférer
12:39 travailler avec des gens comme Andrew Clement.
12:41 Ce ne sont pas forcément des technophobes.
12:43 Je vous donne un exemple.
12:45 James Cameron, connu pour être un cinéaste
12:47 qui adore la technologie, a tranché.
12:49 J'ai retenu cette phrase du réalisateur.
12:51 Un esprit désincarné qui ne fait que régurgiter
12:53 ce que d'autres esprits incarnés ont créé
12:55 ne pourra jamais produire
12:57 quelque chose qui va toucher le public.
12:59 C'était Hollywood Live.
13:01 Merci d'avoir suivi cet épisode.
13:03 Rendez-vous la semaine prochaine depuis Los Angeles.
13:05 Ciao !
13:07 (Générique)
13:22 Merci à tous !