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Alain Weill a créé BFMTV il y a 18 ans BFM TV, redressé dans les années 2000 RMC et fut pdg de Altice et SFR. Depuis cet été, il est entièrement propriétaire de L’Express après avoir racheté en 2019 la majorité à Patrick Drahi puis cet été les 49 % supplémentaires. Toujours à l’affut des exemples de médias à l’étranger, il a repositionné L’Express sur l’exemple de The Economist, avec moins de photos, et plus d’articles de fond. Pour les 70 ans du journal, L’Express sort jeudi un numéro spécial et organise ce mercredi un colloque à la Maison de la radio et de la musique sur le thème « C’était bien hier, ce sera mieux demain

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Transcription
00:00 Votre invité médial, Laurent Vallière, a relancé RMC, créé BFM TV et a repris il y a 4 ans le news magazine L'Express qui célèbre aujourd'hui ses 70 ans.
00:09 Bonjour Alain Veil.
00:10 Bonjour.
00:11 Alors pour ses 70 ans, vous sortez un numéro spécial jeudi, puis vous organisez demain un colloque de réflexion autour de grands noms, Bill Gates, le designer français mondialement connu Philippe Starck ou encore Bruno Le Maire.
00:23 Un colloque sous le signe de, je cite, l'optimisme et l'engagement, c'est parce que vous avez vous aussi pris conscience de la fatigue informationnelle des français ?
00:32 C'est surtout qu'on voulait un colloque qui nous ressemble, qui ressemble aussi à notre ligne éditoriale.
00:37 Donc le titre précis du colloque c'était "C'était bien hier, ce sera mieux demain".
00:42 Donc c'est d'ailleurs le thème du journal qui à la fois revient sur l'histoire du journal et puis va sur des sujets d'anticipation, qu'est-ce que sera la médecine demain, qu'est-ce que sera la technologie demain, l'IA, etc.
00:54 Avec des grands experts comme effectivement Bill Gates qui expliquent pourquoi ça sera mieux demain.
00:59 Oui mais justement, on a l'impression que vous allez parler de l'intelligence artificielle, mais pour ne pas faire peur, montrez comment l'intelligence artificielle peut apporter des choses et ne pas absorber l'humain par exemple.
01:10 Non, on n'est pas dans le déni, mais c'est vrai que philosophiquement on préfère se réveiller le matin en disant qu'on va passer une bonne journée, plutôt que de se dire "tiens la journée va être très difficile".
01:21 Après pour que ça marche bien, il ne faut pas être dans le déni, il faut faire les bons choix et on sait parler de toutes les situations, de tous les sujets, de laisser la parole aussi à tout le monde, pas obligatoirement aux gens qui pensent comme nous.
01:32 Et c'est ça qui fait je crois l'intérêt du journal.
01:34 Alors quand vous avez racheté l'Express en 2019, vous sentiez des points communs peut-être avec les idéaux de ses fondateurs, Jean-Jacques Charbonne-Sreiberg, François Giroud, on se rappelle leur combat contre la peine de mort pour la légalisation de la pilule.
01:46 Est-ce qu'aujourd'hui l'Express doit aussi être militant et sur quel combat ?
01:50 Moi j'ai racheté ce journal d'abord parce que j'avais envie de continuer d'être utile tant que faire se peut dans le secteur des médias.
01:57 Cette marque était en danger de mort, elle pouvait disparaître, donc le challenge d'assurer la survie d'un journal comme l'Express, qui a contribué au débat démocratique depuis maintenant 70 ans, c'était un beau sujet même si c'était un sujet difficile.
02:11 J'ai pu le faire parce que j'étais en phase avec l'ADN du journal, donc je savais que ça serait facile de travailler avec la rédaction, avec le directeur de la rédaction Eric Scholl, ce qui est le cas aujourd'hui.
02:23 Et sur quel combat aujourd'hui l'Express pourrait se positionner par exemple ?
02:26 Les combats de l'Express ce sont des combats autour de la démocratie, d'ailleurs ça sera le thème principal du premier débat avec Bruno Le Maire et Francis Fukuyama.
02:37 Les démocraties sont-elles en danger ? On le voit bien dans l'actualité actuelle.
02:42 Vous savez la signature de la nouvelle campagne de pub de l'Express c'est "du bon côté de l'information".
02:47 Au début ce slogan m'a choqué parce que je trouvais ça arrogant qu'on décide nous qu'on était du bon côté de l'information.
02:54 Et un peu bisounours peut-être.
02:55 Mais finalement non, ce n'est pas bisounours, on est du bon côté de l'information parce que sur le sujet de la guerre en Ukraine on est du côté de l'Europe, du côté de l'Ukraine.
03:06 Quand il y a un débat autour des terroristes on est aussi selon nous du bon côté.
03:12 Et vous qui choisissez le bon côté ?
03:14 Et sur des sujets de société, oui on le choisit mais on revendique que c'est le bon côté et que l'autre côté il n'est pas bon.
03:20 Sur ces sujets-là, il n'y en a pas 50 000, on le revendique.
03:23 Et sur des sujets de société aussi, l'Express récemment a été pour le mariage gay par exemple.
03:32 Et sur tous ces sujets de société comme l'Express a toujours été en avance sur la loi Veil, sur l'avortement, sur la peine de mort, vous l'avez rappelé.
03:41 On est toujours selon nous du bon côté de l'information.
03:45 Alors à la Veil vous avez créé en 2000 le groupe Next Radio qui a redressé de façon spectaculaire RMC et créé BFMTV.
03:51 Vous vous êtes retiré en vendant vos parts à Patrick Drahi.
03:54 Vous avez racheté pour un euro symbolique 51% de l'Express à cette époque-là.
04:00 Est-ce qu'aujourd'hui vous avez la totalité finalement des parts de l'Express ? Parce qu'on a lu ça en juillet.
04:07 Oui c'était en cours de discussion, ça a été annoncé un peu prématurément et on a confirmé au mois de septembre que l'opération était maintenant conclue.
04:14 Parce que le rachat a été annoncé le 19 juillet et en fait j'ai noté, est-ce qu'il y a un rapport avec l'arrestation six jours plus tôt du bras droit de Patrick Drahi à Armando Pajerera ?
04:23 Est-ce qu'il fallait que Patrick Drahi se dessaisisse de ce magazine ?
04:26 Non, parce qu'il n'y a aucun rapport. En fait l'annonce au mois de juillet c'est une fuite.
04:31 Quand on a annoncé le sujet au sein du comité d'entreprise, pour être très précis, moi j'aime bien être clair, il y a eu une fuite qui n'aurait pas dû avoir au sein des membres du comité d'entreprise.
04:41 Mais du coup depuis cette arrestation du bras droit de Patrick Drahi, on peut dire qu'il y a des turbulences dans le groupe de Altice.
04:47 Vous avez entendu parler des rumeurs de vente du groupe, en tout cas du pôle média du groupe Altice. Est-ce que ça vous inquiète ?
04:54 Non, parce que ça ne me concerne pas du tout.
04:57 Mais ça a été votre bébé quand même.
04:58 C'est votre bébé oui.
04:59 Oui, mais le sujet de la vente éventuelle ne m'inquiète pas particulièrement.
05:04 Je suis toujours très attentif à ce qui se passe autour de BFM parce que j'ai encore beaucoup d'amis et puis c'est une belle entreprise.
05:11 Donc évidemment je suis toujours ce qui se passe autour de BFM mais ça n'a pas de lien avec le fait que moi je reprenne l'Express, la vie de l'Express, etc.
05:21 Mais vous gardez un oeil dessus quand même.
05:23 Bien sûr, comme j'ai travaillé longtemps dans le groupe Energie, je suis toujours ce qui se passe à Energie parce que j'ai encore aussi des amis
05:29 et puis je suis attaché aux entreprises dans lesquelles j'ai pu jouer un rôle.
05:32 Je sais Alain Veil que vous vous inspirez beaucoup de ce qui se passe à l'étranger.
05:35 BFM TV et RMC s'étaient inspirés de radio et télé américaine.
05:39 Et l'Express, quand vous l'avez racheté il y a 4 ans, c'était pour en faire The Economist français, avec moins de photos que l'Express avant, avec des articles plus longs.
05:47 Quel bilan vous faites 4 ans plus tard ?
05:49 Positif, parce qu'aujourd'hui l'Express, on a remis la maison à l'endroit, comme j'aime bien dire souvent.
05:56 On est dans une situation financière qui aujourd'hui nous assure la pérennité de l'entreprise puisqu'on est repassé en bénéfice.
06:02 Donc ça, pour les 70 ans, c'est une bonne nouvelle.
06:06 Ça vous savez faire, équilibrer.
06:09 Mais par contre, en termes de diffusion, il y a 4 ans vous espériez 200 000 abonnés, on en est toujours à 100 000.
06:14 Vous êtes encore derrière le Point et l'Obs.
06:17 Est-ce que c'est une déception ? Qu'est-ce qui s'est passé en fait ? Qu'est-ce qu'il faut faire de plus ?
06:20 Non, non, ce n'est pas du tout une déception, c'est un choix assumé.
06:23 On est un journal qui a changé de cible.
06:26 On est aujourd'hui sur une cible beaucoup plus étroite qu'auparavant.
06:29 Donc on ne peut pas gagner des abonnés supplémentaires.
06:33 D'autre part, le monde de l'abonnement est un monde extrêmement restreint.
06:37 Je l'ai découvert assez récemment.
06:39 Donc nos stratégies ont plutôt évolué.
06:41 C'est vrai que quand je suis arrivé, j'ai dit à 100 000 abonnés, l'équipe précédente n'était peut-être pas très bonne.
06:45 On va passer à 200 000, c'était un peu rapide.
06:47 Finalement, l'idée aujourd'hui c'est de rester à 100 000 abonnés.
06:50 C'est déjà une performance, mais d'augmenter les prix.
06:53 Donc on est sur une stratégie de valeur.
06:55 On s'adresse à des abonnés ou des futurs abonnés qui acceptent de payer plus cher pour une information,
07:00 je crois aujourd'hui, de meilleure qualité que par le passé.
07:02 Est-ce que l'Express TV sera en lice pour les attributions des prochaines chaînes de la TNT en 2025 ?
07:09 On regardera les opportunités, si effectivement il y a la possibilité de lancer une chaîne.
07:14 Ce ne sera pas une chaîne d'information, parce qu'on me pose souvent beaucoup la question.
07:17 Quand il y avait deux chaînes ou trois chaînes, je disais qu'il n'y avait pas la place pour quatre.
07:21 Je ne vais pas maintenant lancer la cinquième chaîne d'information, donc ce sera autre chose.
07:25 Et puis on verra, parce que le monde de la télévision est aussi bouleversé en ce moment par la transformation numérique.
07:30 Donc on verra le moment venu, quel est le meilleur choix.
07:33 Merci Alain Veil.
07:34 Merci à vous.
07:35 Le numéro spécial des 70 ans de l'Express sort donc après-demain.
07:38 Et le colloque, c'est ici, demain, à la Maison de la Radio et de la Musique à Paris.
07:42 Merci Laurent.

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