• l’année dernière
Leurs panaches de fumée se détachent dans la lumière terne de l’automne, certains petits matins, s’échappant de la ligne d’horizon du plateau. À Valensole, comme sur plusieurs territoires du Sud de la France, des agriculteurs ont fait le choix d’arracher, puis de brûler une partie de leurs plants de lavandes et de lavandins.
Aurélien Payan, exploitant de la ferme valensolaise de la Repentance, était ainsi en cette matinée de septembre, bec de gaz en main, sur l’un de ses champs à mettre le feu à des tas de pieds arrachés. "En 3 ans, j’ai réduit de 80 % ma culture de lavande et lavandin, passant de 100 à 20 hectares", détaille-t-il. Cette année, il vient d’arracher "22 hectares de lavande", qui ont fini en fumée.
Si l’arrachage fait partie du cycle de la lavandiculture (les plants n’offrant des rendements élevés que quelques années) la vague en cours s’explique avant tout par le dérèglement du marché, et la chute vertigineuse des cours. "De 33 euros le kilo de lavandin à son apogée, il y a 4 ans, le marché est tombé cette année à 9 euros le kilo", déplore Aurélien Payan. La conséquence de plusieurs facteurs, et au premier chef, une surproduction. De fait, "en 2014, dans les Alpes-de-Haute-Provence, 8 785 hectares de lavandes et lavandins étaient comptabilisés, contre 13 101 hectares en 2022. À l’échelle du pays, les surfaces sont passées en huit ans de 16 875 hectares à 32 848 hectares", chiffre le Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises (Cihef). Soit plus du double.
En bref, face à l’augmentation des cours, tout le monde s’est mis à planter… Jusqu’au trop-plein. S’y est ajouté ces dernières années le développement de parasites, comme la cécidomyie, ou encore la noctuelle cette année.
Pour assainir la situation, en août 2022, une aide exceptionnelle est votée par le Sénat pour inciter à l’arrachage. "Depuis 2022, une baisse des surfaces au niveau national est constatée (plus de 10 %) et encore plus dans les zones traditionnelles", estime-t-on du côté du Cihef. À Valensole, "j’ai plein de confrères qui arrachent", observe Aurélien Payan.

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Transcription
00:00 C'est triste, les paysages sont carrément différents.
00:03 Vous pouvez voir autour de vous, c'était une partelle de 20 hectares.
00:06 Maintenant il y a un chôme de blé, des lavandes arrachées.
00:09 Je voulais faire du sain-fouin sans doute, parce que le céréal, le coût de production
00:14 est aussi élevé.
00:15 Je ne sais pas où on va.
00:18 Pour moi c'est une culture endémique de la région Paca.
00:28 Quand il y a d'autres départements de France qui se mettent à en produire, ça nous coupe
00:36 l'herbe sous le pied.
00:37 Nous ce qu'on valorise c'est notre terroir.
00:39 La lavande est typique de notre terroir, les touristes viennent pour ça.
00:42 Vous voyez des nuages de touristes l'été, c'est pour voir la beauté de nos paysages.
00:45 Là on aura un paysage aride et sec, pas l'Espagne mais presque.
00:51 On dit que la lavande vous en verrez parsemé mais plus c'est marée violette.
00:55 Avant il n'y avait pas de soucis, il y a trois ans quand les prix sont montés très
00:59 très haut, on a surfé sur la vague, nous avons bien gagné notre vie, il n'y a pas
01:02 de problème.
01:03 Pour moi c'est révolu, c'était quelque chose d'endémique de la région, c'était
01:06 notre fer de lance, maintenant c'est notre fer en caoutchouc, on ne peut plus vivre de
01:11 ça.
01:12 Du coup il faut y remédier.
01:13 Mais espérons que ça repartira et j'ai confiance quand même.

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