Comment les lycéens ont-ils vécu le meurtre d'un professeur vendredi à Arras ainsi que le nouvel hommage rendu à Samuel Paty hier 3 ans après son assassinat ?
On en parle ce matin avec Adèle Choppe, ancienne responsable du syndicat lycéen la FIDL à Montpellier et désormais représentante d'un nouveau syndicat baptisé Combat Heraultais Lycéen.
On en parle ce matin avec Adèle Choppe, ancienne responsable du syndicat lycéen la FIDL à Montpellier et désormais représentante d'un nouveau syndicat baptisé Combat Heraultais Lycéen.
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00:00 Sur France Bleu, on vous pose une question, à 8h45, vous allez pouvoir prendre la parole.
00:03 Selon vous, comment protéger l'école du radicalisme religieux ?
00:06 Alors on fait plusieurs possibilités.
00:08 Il y a des portiques de sécurité dans tous les établissements, c'est la première possibilité.
00:12 Ou alors plus de personnel pour éduquer et prévenir.
00:15 Et puis la troisième possibilité, c'est les deux en fait.
00:17 Les portiques et le personnel.
00:19 - Et vous êtes très nombreux à avoir voté.
00:20 Plus de 200 pour l'instant, plus de 200 votes.
00:23 Et vous répondez les deux à une très nette majorité, 65%.
00:27 Du personnel supplémentaire pour éduquer et prévenir à 23%.
00:31 Et des portiques dans tous les établissements à seulement 12%.
00:35 - Alors prenez la parole, surtout dites-nous ce que vous en pensez.
00:38 Appelez-nous au 04 67 58 6000.
00:41 Quel est votre point de vue là-dessus ? Vous avez forcément un avis.
00:43 On reçoit ce matin Adèle Schopp qui est lycéenne et représentante du syndicat de combat érolté lycéen Guillaume.
00:49 - Bonjour Adèle Schopp. - Bonjour.
00:50 - Merci d'être venue nous rejoindre en studio.
00:52 Adèle, vous êtes élève de première au lycée Jules Gued à Montpellier.
00:55 On vous avait reçu il y a quelques mois au moment des manifestations contre les retraites.
00:59 Puisqu'à l'époque vous étiez représentante du syndicat lycéen Fidèle.
01:03 Vous avez quitté la Fidèle et créé un nouveau syndicat qui s'appelle syndicat de combat érolté lycéen.
01:08 Bon, c'est pas le but de votre visite aujourd'hui.
01:10 Mais si on a un petit peu de temps, on en dira éventuellement deux mots.
01:13 Première question que je voudrais vous poser Adèle.
01:15 On a beaucoup entendu, alors comme on dit aujourd'hui, la communauté éducative depuis quatre jours.
01:19 Donc les enseignants par rapport au drame de vendredi à Arras.
01:22 On a un petit peu moins entendu les jeunes, les lycéens, collégiens.
01:25 Comment avez-vous vécu la journée d'hier ?
01:27 - J'ai été étonnamment surprise de la journée d'hier qui a été respectée.
01:36 Les minutes de silence ont été solennelles.
01:38 Les élèves ont compris la gravité de ce qui s'était passé vendredi.
01:45 Mais sans forcément non plus en exagérer le contexte.
01:50 Et puis aujourd'hui les lycéens ne sont pas dupes.
01:54 Ils savent ce qui s'est passé.
01:56 Ils savent que l'école a été attaquée.
01:59 Mais c'est surtout un professeur qui marque les élèves.
02:03 Parce qu'il y a quelque chose qui est très important à dire finalement.
02:06 C'est que les enseignants ne peuvent pas être détachés des élèves.
02:10 Sans enseignants, il n'y a pas d'élèves.
02:12 Sans élèves, il n'y a pas d'enseignants.
02:14 Donc quand on touche les enseignants, il est inévitable qu'on va toucher les élèves.
02:19 - Il y a une solidarité. - Exactement.
02:21 C'est-à-dire qu'il y a eu des centaines d'hommages à Dominique Bernard.
02:26 Comme il y en a eu à Agnès Lassalle en février 2023.
02:31 Comme il y en a eu à Samuel Paty en octobre 2020.
02:34 Et ça c'est une solidarité qui peut être une fierté.
02:38 Parce que c'est beau qu'aujourd'hui les élèves de France
02:42 ils ont tous cette idée de dire "on a tué l'un des nôtres".
02:47 Maintenant c'est des mots très forts.
02:50 Mais finalement il n'y a pas de banalisation du sujet.
02:54 Et que même si on peut penser que
02:56 parce qu'à l'autre bout de la France
02:58 il va y avoir des élèves qui ne se sentent pas concernés, c'est faux.
03:01 C'est faux.
03:03 Et j'ai eu l'occasion de parler avec beaucoup de camarades
03:07 qui, sans non plus pleurer et dire que c'est la pire tragédie que l'humanité ait jamais connue,
03:15 peuvent dire "oui c'est triste, oui ils ne devaient pas être là, oui ils ne méritaient pas ça".
03:22 Pourtant c'est arrivé et est-ce qu'aujourd'hui on a les connaissances nécessaires pour pouvoir dire pourquoi,
03:28 pour pouvoir dire comment, essayer de comprendre ce qui s'est passé.
03:32 L'heure n'est pas à ça, l'heure est au retouillement.
03:34 La communauté éducative et lycéenne est en deuil et ça c'est important.
03:38 Et vous dites que ça a été respecté hier, parce qu'il y avait des craintes,
03:41 il y avait aussi des avertissements lancés par les autorités et les ministres
03:44 pour dire zéro tolérance à l'égard des actes de provocation éventuellement
03:49 qui auraient pu accompagner ces minutes de silence.
03:53 Dans le département, on a appris qu'un élève de 17 ans d'un lycée de Sérynion
03:57 a été arrêté lui pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux un message
04:01 en désignant directement un professeur et en écrivant "t'es le prochain" avec un couteau je crois.
04:07 Quand vous entendez ce genre de choses vous vous dites "mais mon dieu, ça vous inspire quelle réflexion ce matin Adèle ?"
04:13 Je pense que les professeurs ont déjà beaucoup à penser et beaucoup à subir
04:18 et rien ne mérite qu'on aspire à la mort d'un prochain.
04:24 Et que j'ai du mal à comprendre que, comme je disais avant,
04:30 nous les élèves ne sommes pas forcément dépendants des professeurs
04:33 mais en tout cas on leur doit beaucoup, on leur doit beaucoup
04:36 parce qu'ils ont un travail qui est difficile, qui ont des conditions assez difficiles
04:42 parce qu'ils ne sont pas forcément respectés partout, pourtant ils sont là.
04:46 Et ils exercent leur travail comme ils peuvent, c'est un travail qui est essentiel à la société.
04:51 L'éducation c'est tellement important, on ne peut pas l'imaginer
04:55 et pourtant il y a encore des gens qui veulent leur mort, j'ai vraiment du mal à imaginer ça.
04:59 On a longtemps parlé de l'école comme un sanctuaire, c'est un mot qu'on entend en sanctuaire de la République
05:04 symbole et sanctuaire, un mot qu'on entend régulièrement.
05:06 Le fait qu'elle ne le soit plus tout à fait aujourd'hui avec cette vulnérabilité par rapport à des actes isolés
05:11 ça, ça vous inquiète, ça développe au sein de votre génération un sentiment d'angoisse, d'insécurité ou pas ?
05:20 À titre personnel, non. Mais je sais que pour avoir discuté avec des camarades
05:27 il y a des personnes qui se sentent en insécurité aujourd'hui.
05:33 Après c'est sûrement de se dire finalement que la personne qui est rentrée dans le lycée Gambetta vendredi
05:41 finalement aurait pu rentrer dans n'importe quel lycée, aurait pu tuer n'importe qui
05:45 et qu'avec cette solidarité forcément on se dit que ça aurait pu arriver à Montpellier,
05:53 ça aurait pu arriver dans le Nord, dans l'Ouest, je ne sais où
05:58 et je comprends ce sentiment. Après je pense que ce n'était pas non plus la volonté, on ne sait pas, on ne peut pas expliquer encore.
06:09 Il y a quand même une volonté de faire peur à travers un geste comme celui-là.
06:12 Mais après ça fait à peine trois jours que c'est arrivé, l'enquête a à peine commencé,
06:16 il faut quand même laisser faire les forces de l'ordre et les autorités compétentes.
06:20 Moi j'ai 16 ans, je ne pourrais pas vous dire pourquoi ce Mohamed a choisi de tuer un professeur comme ça,
06:30 il s'est levé un matin, j'en sais rien.
06:32 Je pense aussi que le sentiment d'insécurité vient de là,
06:37 il y a tellement d'informations qui nous viennent tout le temps,
06:39 personne ne peut nous parler en disant "voilà ce qui s'est passé, voilà comment on peut l'analyser".
06:47 - Encore une question Adèle, en tout cas pour l'instant, avant de prendre une première auditrice,
06:51 Magali qui est équipatiente au Standard, on l'entendra dans un instant,
06:54 mais avant cela on interroge nos auditeurs ce matin sur le fait de savoir
06:57 comment mieux protéger l'école contre le radicalisme religieux,
07:01 des portiques de sécurité systématiques à l'entrée de tous les établissements
07:05 ou plus de personnel pour éduquer, former, prévenir, ou les deux ?
07:09 Vous en pensez quoi vous ?
07:11 - Alors je vais surtout parler de la seconde option.
07:14 Dans le principe, ça semble être la meilleure solution.
07:18 - Plus de personnel.
07:20 - Plus de personnel, voilà. Cependant, comme je l'ai beaucoup dit,
07:24 les professeurs sont en manque de moyens, l'éducation nationale est en manque de moyens,
07:29 et cette solution je vois mal comment elle peut être mise en place rapidement et efficacement,
07:35 parce que je pense que derrière il y a tout un système que l'on ne comprend pas bien
07:42 et qui serait très compliqué, pas forcément à mettre en place, mais en tout cas à amorcer.
07:47 - Donc les portiques, ça peut être une solution à court terme,
07:50 même si le fait de devoir mettre un portique à l'entrée d'une école,
07:53 on se dit "Oh là là, on en est arrivé où là ?"
07:56 - C'est exactement ce que vous dites.
07:59 Après si ça peut rassurer des gens, pourquoi pas,
08:02 mais je pense que ça ne va pas rassurer les bonnes personnes,
08:05 que les élèves qui vont devoir traverser leurs portiques de sécurité tous les matins,
08:10 ça va être une sorte d'un... je ne sais pas, honnêtement je saurais vous dire,
08:17 parce que je sais que ça existe dans certains lycées, on n'en parle pas forcément,
08:21 parce que justement, ce sont des mesures qui ont été mises en place pas forcément dans ce contexte là.
08:28 Maintenant, les conséquences que l'on connaît aujourd'hui,
08:35 elles sont à J+3 du drame, est-ce que forcément ça veut dire que c'est un acte qui est isolé,
08:42 ou est-ce que c'est un acte qui va être mis dans la continuité, on ne le sait pas.
08:47 Est-ce que ça serait une mesure qui serait prise un peu dans la vague,
08:51 pour dire "Regardez, on a J", on ne sait pas,
08:54 il faut prendre le recul nécessaire pour pouvoir prendre de grosses décisions comme ça.
08:59 - 0467 58 6000, notre numéro de téléphone, faites-le ce numéro,
09:03 et dites-nous ce que vous en pensez, comment protéger l'école du radicalisme religieux,
09:06 c'est la question qu'on vous pose ce matin.
09:08 Des portiques de sécurité dans tous les établissements, plus de personnel pour éduquer, prévenir,
09:12 ou bien les deux, vous nous appelez tout de suite.
09:14 Magali est avec nous, Magali de Montpellier, bonjour Magali.
09:17 - Bonjour, bonjour tout le monde. - Bonjour Magali, on t'écoute.
09:20 - Vous savez, il y a 30 ans, si j'avais imaginé un jour que le métier d'enseignant
09:26 deviendrait plus dangereux que le métier de gendarme, je ne sais pas, je pense que j'aurais hésité.
09:30 - Oui, parce que vous travaillez dans l'éducation nationale Magali.
09:33 - Oui, c'est très choquant, franchement c'est très perturbant.
09:36 Moi vraiment, j'envoie tout mon courage à tous les enseignants qui se retrouvent devant les classes,
09:41 parce qu'on est démunis, vraiment.
09:43 - Alors qu'est-ce qu'il faut faire par rapport à la question qu'on pose ce matin selon vous ?
09:46 Des portiques de sécurité ou d'abord de l'humain ?
09:49 - Vous savez, aux Etats-Unis, les portiques de sécurité, ça permet de voir sous vidéo surveillance
09:53 la saillante qui rentre et qui tue tout le monde.
09:56 Donc il y a ce premier phénomène qui fait que ce n'est pas efficace, on le sait.
10:00 Et il y a le fait qu'il ne faut pas reporter nos peurs sur les enfants.
10:04 Les portails des écoles, déjà, ont grimpé d'un mètre de haut.
10:08 On ne peut pas se barricader.
10:11 C'est là où on apprend à l'école.
10:13 Et si on apprend déjà la peur, ce n'est pas logique.
10:16 Il y a quelque chose qui ne tourne pas.
10:17 Je pense qu'on a besoin de parler.
10:19 On a besoin de remettre des ATEM dans les écoles.
10:22 On a besoin de remettre plein de surveillants dans les lycées.
10:26 On traitera l'islamisme ailleurs que dans l'école,
10:30 en s'en prenant à ceux qui propagent des idées nauséabondes.
10:33 Dans les écoles, on doit continuer à être digne, à être solidaire, à être une force.
10:40 Les parents rentrent dans les écoles le matin pour déposer leurs enfants.
10:44 Ça veut dire qu'on les empêche de rentrer.
10:45 Vous voyez, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
10:48 La connaissance de l'école fait que l'école est un lieu ouvert, justement.
10:51 On ne va pas le fermer.
10:52 Comme dans les églises, avec ce prêtre qui s'est fait assassiner,
10:56 on n'a pas fermé les églises, on n'a pas mis des portails et des portiques.
11:00 Il ne faut pas lutter par la peur.
11:03 Je pense qu'il faut lutter par des moyens d'enquête,
11:06 des moyens de mettre en prison les gens dangereux.
11:09 Et être très nombreux, par contre.
11:11 Il faut du personnel.
11:12 Il faut que les enfants se parlent.
11:15 Il faut que les enseignants se sentent soutenus.
11:18 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:21 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:24 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:27 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:30 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:33 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:36 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:39 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:42 Il faut que les enfants se sentent en sécurité.
11:45 - Prestio, on a ce sentiment d'insécurité
11:48 qui émane des élèves.
11:51 Et ce n'est pas comme ça qu'on peut aspirer
11:54 à éduquer la prochaine génération.
11:57 Si on veut que ça change, il faut faire autrement.
12:01 C'est une question qui va se poser à grande échelle.
12:05 Ce n'est pas seulement la communauté enseignante
12:08 et la communauté lycéenne qui doit y répondre.
12:10 Mais déjà, si on nous entend, c'est un grand pas.
12:13 J'aimerais que cette question soit posée à tout le monde.
12:16 Que la société entière puisse y répondre.
12:19 Parce que c'est quelque chose qui touche tout le monde.
12:22 L'éducation c'est essentiel.
12:24 L'éducation c'est former la prochaine génération.
12:27 Et de pouvoir faire en sorte que tout le monde
12:30 puisse être émancipé comme il le peut.
12:33 - Merci beaucoup Adèle Schopp, représentante
12:36 du syndicat de combat et rôleté lycéen.
12:39 On n'a pas eu le temps d'en parler ce matin.
12:42 Merci d'être revenue ce matin dans ce 6/9.
12:45 Je vous libère parce qu'il faut aller en cours.
12:48 - L'essai philosophique ne doit pas se faire tout seul.
12:51 - Vous pouvez réécouter cette interview
12:54 en allant sur notre site internet francebleu.fr.
12:57 Les infos de 8h dans un instant.
12:59 Et juste après, nous allons parler de tourisme positif.
13:02 De quoi s'agit-il ? On va tout vous expliquer.
13:05 Les professionnels du tourisme en Occitanie