Regardez L'invité de RTL Soir du 16 octobre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:02 Julien Celié. RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:06 RTL bonsoir, l'émission se poursuit et place maintenant à nos invités pour tout comprendre.
00:12 Tout comprendre à la façon dont on surveille les individus radicalisés depuis l'attentat du lycée d'Arras.
00:17 La façon de travailler de la direction générale de la sécurité intérieure a-t-elle changé ?
00:22 Les radicalisés sont-ils plus surveillés et surtout comment s'y prennent les agents du renseignement ?
00:27 Alors pour tout nous expliquer, nous sommes avec Florent Valillaud. Bonsoir.
00:31 Bonsoir.
00:31 Vous êtes spécialiste des questions de renseignement et enseignant à Sciences Po.
00:35 On est également avec Thomas Proutot, chef du service Police Justice de RTL. Rebonsoir Thomas.
00:39 Rebonsoir.
00:40 Vous étiez avec nous dans le journal de 18h.
00:42 D'abord Thomas, est-ce que le travail du renseignement a changé entre jeudi, avant l'attentat d'Arras et depuis l'attentat ?
00:48 Alors il n'a pas changé mais on peut parler de mobilisation générale je pense.
00:52 C'est d'abord de celle de tous les policiers et agents chargés du contre-terrorisme.
00:56 Chaque attaque aboutie, chaque mort est vécue comme un échec pour le renseignement
01:00 et notamment pour la Direction Générale de la Sécurité Intérieure.
01:03 Combien même 43 attentats ont été déjoués depuis 2017, combien même le risque zéro n'existe pas, chacun le sait.
01:10 Donc concrètement, depuis le périple meurtrier de Mohamed Mougouchkov vendredi dans le lycée Gambetta d'Arras,
01:17 les services ont lancé une vérification d'urgence des profils les plus radicaux
01:21 qu'ils ont pour mission de surveiller et d'entraver au quotidien.
01:23 Surveillance électronique, auditions, filature, balisage, écoute, on vérifie qu'il n'y a pas notamment
01:28 une possibilité d'imiter le geste du terroriste d'Arras.
01:32 On sait que ça déclenche parfois d'autres passages à l'acte.
01:35 Il y a aussi deux autres moyens légaux depuis les attentats de 2015,
01:38 les perquisitions antiterroristes qu'on appelle visites domiciliaires et les assignations à résidence
01:43 pour lever le doute, comme on dit, ou imposer un pointage au commissariat jusqu'à trois fois par jour.
01:48 Attention, on parle ici d'individus surveillés pour leur radicalisation, mais qui n'ont rien commis d'illégal.
01:53 C'est la mission cruciale des renseignements et de l'ADGSI, trouver le moment,
01:57 signaler quand leur situation peut être judiciarisée.
02:00 Est-ce qu'on sait, Thomas, combien il y a de personnes radicalisées et surveillées en France ?
02:04 Alors, le ministre de l'Intérieur a actualisé les chiffres ce matin.
02:07 Le fichier dit FSPRT, fichier de prévention de la radicalisation, contient 20 000 noms,
02:12 mais pas 20 000 fiches actives. Il y a en tout 5 000 cibles qui sont activement suivies par les services de renseignement.
02:19 Le suivi s'effectue notamment au niveau des départements, dans les préfectures où il y a beaucoup de personnes concernées.
02:24 Ça se traduit par une réunion hebdomadaire autour du préfet avec les renseignements, le préfet, le procureur.
02:29 Les individus considérés comme susceptibles de passer à l'action systématiquement évoquée,
02:34 où est-ce qu'ils sont, qu'est-ce qu'ils font, qu'est-ce qu'on a comme éléments de surveillance,
02:37 pour les autres, on essaye de faire remonter les signaux faibles qui vont faire changer un individu de catégorie.
02:44 Et c'est ça qui est le plus difficile, parce que la catégorie de surveillance forte, c'est 24 heures sur 24,
02:48 mais pour ça il faut 20 policiers, on ne peut pas surveiller tout le monde.
02:52 Et aujourd'hui, les individus susceptibles de passer à l'acte sont de moins en moins liés à des grandes organisations connues,
02:57 ils sont isolés d'une certaine manière, exposés à la propagande, peut-être, on va le voir pour l'auteur de l'attentat d'Arras,
03:03 mais très difficiles à détecter.
03:05 On comprend donc, Florent Vadillot, qu'on ne peut pas mettre un agent, à fortiori 20 agents derrière chaque personne radicalisée.
03:13 Comment on s'y prend dans ces conditions pour augmenter la surveillance ?
03:16 L'augmentation de la surveillance, elle se traduit par deux dispositifs, l'un qui est humain, l'autre qui est technologique.
03:21 Il y a effectivement des individus sur lesquels on a une crainte d'un passage à l'acte au regard de leur dangerosité,
03:26 au regard de leur radicalisation, qui vont faire l'objet de surveillance physique humaine, la filature, pour être très prosaïque.
03:32 Et c'est clairement ce qui, dans le cadre du terroriste d'Arras, aurait pu être un élément d'anticipation, en tout cas, de ce passage à l'ordre meurtrier.
03:41 Et puis, il y aura une surveillance technique, technologique, avec peut-être des écoutes téléphoniques plus régulières
03:47 et une exploitation des écoutes téléphoniques en temps réel, alors que parfois, elles peuvent être en temps différé.
03:53 Donc, ça va être un surcroît à la fois humain et technologique.
03:57 Parlons justement de l'éducation, puisqu'on évoquait le cas du lycée d'Arras.
04:01 Est-ce que les rectorats, les chefs d'établissement, sont prévenus s'ils ont dans leurs effectifs des élèves ou des parents d'élèves qui sont radicalisés et surveillés ?
04:10 Pour les parents d'élèves, c'est très peu probable.
04:13 Pour les élèves, ça peut faire l'objet d'une discussion entre le chef d'établissement et la préfecture.
04:19 C'est quand même très rare comme mesure d'échange d'informations.
04:23 Mais lorsqu'il y a un risque ou lorsqu'il y a une demande particulière à l'égard de la communauté éducative, il peut y avoir un échange informel.
04:30 Mais il n'y a en aucun cas d'échange systématique.
04:32 Ce n'est pas automatique.
04:33 Et est-ce que ça marche dans l'autre sens ?
04:35 C'est-à-dire, est-ce que le rectorat ou des professeurs qui ont un doute sur un élève peuvent faire remonter l'information jusqu'à la DGSI ?
04:41 Cette information doit remonter par la préfecture et éventuellement par le renseignement territorial qui peut être en contact avec les chefs d'établissement.
04:50 Mais les échanges directs entre les établissements et la DGSI sont rares parce qu'en réalité, les cibles se partagent entre haut de spectre et bas de spectre,
04:58 c'est-à-dire les profils les plus dangereux qui échouent à la DGSI, les profils qui doivent faire l'objet d'un suivi du quotidien qui échouent au renseignement territorial.
05:07 Et on peut espérer que dans la communauté éducative, on est dans du bas de spectre et que le renseignement territorial, lui, est habitué à aller au contact de ces acteurs de l'éducation nationale ou dans d'autres milieux, évidemment.
05:19 Florent Vadillot, est-ce qu'en situation urgence, attentat, les services de sécurité intérieure peuvent faire appel aussi à d'autres services pour les aider ?
05:28 Évidemment, en matière de lutte contre le terrorisme, il y a un échange entre tous les services qui est permanent.
05:34 Et le niveau d'alerte attentat change assez peu la donne. Il est loin le temps des années 90 où les services se disputaient autour de cibles à surveiller et se disputait la prévalence de leur surveillance.
05:45 Aujourd'hui, il y a une très forte coopération, très étroite coopération entre l'ensemble des services de renseignement, l'ensemble des services au sens large de la police, de sécurité, également une partie des administrations.
05:57 Donc j'ai envie de dire que le changement de niveau ne va pas véritablement modifier la manière d'échanger l'information et de collaborer entre l'ensemble des services depuis les années 2010.
06:07 C'est d'une extraordinaire fluidité.
06:09 Merci beaucoup Florent Vadillot, spécialiste des questions de renseignement pour vos explications ce soir.
06:14 Merci à vous Thomas Proutot, chef du service Police Justice ici à RTL.
06:18 Merci à tous les deux pour vos explications, pour mieux comprendre ce qui se joue dans l'actualité.
06:23 Petite pause et puis l'émission RTL Bonsoir continue avec toute autre chose.
06:27 Il y aura votre match des infos pour briller au dîner.
06:30 Vous restez avec nous.
06:31 A tout de suite.
06:31 Réussi !
06:32 Réussi !