• l’année dernière
Avec Bernard Ravet, Principal de collège en retraite, Co-président du réseau Licra Education, auteur de “ principal de collège ou Imam de la république” Editions Kero et Abdennour Bidar, Philosophe spécialiste de l’islam

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-10-16##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France. Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite. Vérissure présente...
00:07 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 - Il est 9h30, regardons la situation à la fois surtout franco-française avec cette journée d'hommage à Samuel Paty,
00:22 mais aussi d'hommage au professeur qui a été assassiné vendredi à Arras.
00:29 Ce matin, il est 9h31, les enseignants sont encore ensemble et discutent de la situation, des mots à employer.
00:38 Il y aura 14h, une minute de silence dans tous les établissements scolaires, école élémentaire, mais surtout collège et lycée.
00:47 Et il va falloir trouver les mots pour expliquer aux élèves pourquoi cette minute de silence.
00:52 Sur ce qui s'est passé vendredi, sur ce qui se passe au Proche-Orient, Abdennour Bidar, vous êtes philosophe, spécialiste de l'islam, bonjour.
01:01 Merci d'être avec nous. Avec nous également Bernard Ravé. Bernard Ravé, bonjour, vous êtes principal de collège en retraite.
01:08 - Bonjour. - Bonjour.
01:09 Et vous êtes coprésident du réseau Lycra Education, auteur de principal de collège ou imam de la République aux éditions Quéron.
01:16 Bien, Abdennour Bidar, je n'entends pas, vous n'entendez pas, personne n'entend la communauté musulmane.
01:24 Je n'ai entendu que Karim Benzenma nous dire "je soutiens les habitants de Gaza".
01:32 Voilà ce que j'ai entendu dans la communauté musulmane.
01:36 Le silence n'est pas tout à fait unanime ou assourdissant. Il y a silence, je suis d'accord avec vous, mais j'avais encore sous les yeux il y a quelques jours un communiqué
01:46 des imams de la région de Lyon dénonçant l'assassinat de Dominique Bernard.
01:54 Mais en effet, c'est crucial, c'est-à-dire que c'est l'opportunité nécessaire
02:01 pour les musulmans en France aujourd'hui de dire qu'ils n'ont rien à voir avec cet islamisme.
02:07 C'est-à-dire que vous avez quelqu'un qui dit "je suis de votre famille" et parce que je suis de votre famille et au nom de cette famille, l'islam, je tue.
02:15 Je tue de manière ignoble. Est-ce que vous pouvez laisser dire ça ?
02:18 Si quelqu'un de votre famille disait cela aujourd'hui, il disait "je tue et je tue parce que j'appartiens à cette famille et c'est cette famille idéologique qui me donne le droit de tuer".
02:27 Vous avez le devoir de vous désolidariser de lui et de crier à la face de tous votre désaccord le plus radical sans réserve.
02:37 Il n'y a pas de "oui mais" dans ce genre de circonstances.
02:41 Lorsque le Hamas, qui est un mouvement politico-religieux qui se réclame de l'islam et pas seulement d'une cause politique,
02:48 lorsque le Hamas massacre des innocents, prend en otage des innocents d'une manière absolument barbare, ce n'est pas le moment, ce serait indécent,
02:58 ce n'est pas le moment de dire "oui mais".
03:00 "Oui mais ils sont les défenseurs de telle ou telle cause".
03:03 Aucune cause ne justifie cette barbarie.
03:06 Il est impossible, je ne parle pas simplement de l'islam, de tirer parti d'une cause pour vouloir fonder des actes qui en réalité nous arrachent à tous notre humanité.
03:16 Donc au nom de cette humanité commune, il faut condamner sans réserve.
03:19 Moi c'est ce que je fais depuis des années, résolument, à chaque fois que l'islam a besoin de prendre des distances avec ses démons.
03:28 - Vous vous exprimez à chaque fois pour dire aux musulmans "parlez, dites".
03:34 - Mais je le dis de manière sereine, parce que je considère que c'est ma responsabilité d'intellectuel musulman que de le faire.
03:42 Et puis aussi parce qu'il s'agit, là je parle du contexte simplement français,
03:47 même si par exemple ma lettre ouverte au monde musulman a été traduite et lue dans le monde entier,
03:51 il s'agit aussi de ne pas perdre la confiance de la France envers ses concitoyens musulmans.
03:58 C'est-à-dire que l'islam doit dire à la France "nous sommes loyaux".
04:03 "Nous sommes loyaux, nous faisons partie de la République et nous ne laisserons rien passer qui, dans nos rangs, voudrait nous entraîner du côté".
04:12 Alors bien sûr du terrorisme, de la radicalité, mais même simplement du fanatisme ou du dogmatisme.
04:18 Non, nous sommes nous aussi musulmans, attachés aux lumières, attachés à l'esprit critique,
04:25 attachés à la liberté personnelle de conscience et d'expression, attachés personnellement à la tolérance et à la fraternité.
04:33 Mais, comme toujours, ça va encore mieux en le disant.
04:36 - Mais Abdeno Bidar, c'est indispensable, cet appel est indispensable, ces propos tenus sont indispensables.
04:45 Mais je pense aux professeurs, alors nous allons parler, les blagues en arabais.
04:49 Les professeurs ont peur, aujourd'hui, ont peur d'aborder justement, ont peur de dire ce que vous dites.
04:56 - C'est vrai, ils ont peur d'enseigner, ils ont peur d'enseigner certains faits,
05:02 certains faits historiques ou certains faits d'actualité aujourd'hui.
05:07 - Alors, moi, cette peur elle existe, cette peur elle existe, cette peur il faut la gérer,
05:15 cette peur il faut la réfléchir, cette peur on ne peut pas la gommer.
05:20 Par contre, j'allais dire, tout le travail que nous devons avoir au sein des établissements
05:25 et au sein de la grande maison éducation, c'est de se poser très tranquillement
05:34 comment on a des élèves qui sont abreuvés d'images, qui sont abreuvés d'informations.
05:40 Et ce que je pense, le petit point moi que j'ai trouvé positif dans le traitement médiatique
05:48 de ce qui s'est passé en Israël et les attentats du Hamas,
05:54 c'est que très vite, des journalistes ont mis des mots et ont fait référence.
06:01 On a parlé, par exemple, de la Shoah par balles, on a parlé,
06:05 et je pense que c'est en posant, dès le départ, des mots sur des faits
06:11 qu'on peut reconstruire avec les élèves.
06:14 Effectivement, on a des élèves qui sont en permanence, et Abdelnour Bidard peut le témoigner,
06:21 qui sont dans des conflits de loyauté, conflits de loyauté entre le discours de la maison,
06:28 le discours de la communauté, malheureusement, ce mot ne devrait pas exister en France, la communauté,
06:34 et puis, quelque part, le discours de l'école.
06:38 Et ils sont toujours en porte à faux.
06:41 Donc, j'entendais ce matin un enseignant qui disait "mais on ne les a que 6 heures par jour,
06:46 le reste du temps ils se construisent ailleurs".
06:49 Donc, effectivement, la parole de la communauté musulmane est importante,
06:54 la parole aussi des familles, je pense qu'il est important
06:58 qu'aujourd'hui, les familles rejouent un rôle,
07:05 non pas de constructeur d'opposition par rapport à l'école,
07:09 mais de complicité avec l'école.
07:11 Et moi, j'implore les ministres de l'éducation de dire
07:16 "prenons-nous en main la formation des parents aux valeurs de la République".
07:20 Faisons une premier jour de l'année où les enseignants, à chaque niveau, à chaque classe,
07:26 expliquent le fonctionnement de l'établissement,
07:29 expliquent aussi qu'il y a des règles du jeu,
07:31 qu'il y a une espèce de code de la route.
07:34 - Et qu'il y a des enseignements à assurer.
07:37 - Et des programmes à respecter.
07:39 - Et des programmes à respecter, effectivement.
07:41 - Abdel Nourbidar ?
07:42 - Alors, deux choses au sujet de l'école.
07:44 La première, c'est qu'un risque s'insinue ou se propage,
07:51 parce que ça s'est déjà insinué dans la tête des élèves,
07:54 l'idée qu'il y aurait un conflit de loyauté entre l'Islam et la République.
07:59 Et ça, c'est faux.
08:00 C'est-à-dire, je le dis en tant qu'intellectuel musulman,
08:04 j'ai été professeur de philosophie pendant 20 ans,
08:07 on peut parfaitement, dans la République aujourd'hui,
08:09 et la République est faite pour ça,
08:11 on peut être croyant et laïc.
08:14 La laïcité de l'école, c'est pas une machine à interdire le religieux.
08:20 La laïcité a été instituée pour que, tous ensemble, athées, agnostiques,
08:25 croyants de toutes obédiences ou de toutes confessions,
08:28 nous ayons notre place à égalité de droits et de devoirs,
08:32 également dans la République.
08:34 Ça, c'est le premier point.
08:35 Donc, chasser cette idée, parce qu'elle s'est insinuée,
08:39 quand on est musulman, on ne pourrait pas être laïc,
08:42 et on ne pourrait pas se sentir membre à part entière
08:44 de la grande fraternité républicaine.
08:46 Et bien si, justement, parce que cette fraternité républicaine,
08:49 elle est transcendante par rapport aux appartenances particulières.
08:52 C'est une appartenance à l'humanité libre.
08:55 Bon, premier point.
08:56 Deuxième point, qui est tout aussi important.
08:59 Les profs ont peur.
09:00 Les profs se retrouvent en porte à feu.
09:01 Mais parce qu'il faut quand même bien le dire,
09:03 dans notre République, et il faut leur rendre un hommage,
09:05 qui n'est pas seulement un hommage circonstanciel,
09:07 dans une situation aussi tragique que celle d'aujourd'hui,
09:11 les profs sont au front tous les jours.
09:14 Les profs sont au front de toutes les difficultés de notre société.
09:18 - Confrontés à des enfants qui arrivent en classe avec des certitudes.
09:23 À des enfants qui ont été nourris par les réseaux sociaux,
09:26 qui ont été nourris dans leur famille.
09:28 - Oui, mais pas seulement.
09:30 C'est déjà grave.
09:31 Mais si ce n'était que ça.
09:32 Et aujourd'hui, les professeurs vont enseigner dans des zones de notre ci,
09:36 de notre société,
09:38 qui sont des zones dans lesquelles se concentre
09:40 tout un ensemble de difficultés sociales,
09:42 tout un ensemble de difficultés économiques.
09:44 Voilà.
09:45 Ce matin, qu'a dit Philippe Mérieux ?
09:48 Moi j'aime beaucoup Philippe Mérieux,
09:50 avec qui j'ai fait un livre "Grandir en humanité",
09:52 qui est un hommage à l'école.
09:54 Philippe Mérieux dit ça ce matin.
09:56 Il dit "les professeurs sont au front".
09:58 Et pourquoi est-ce que le fanatisme islamiste s'attaque aux professeurs ?
10:01 Pourquoi ?
10:02 Et bien précisément pour ça.
10:04 Je cite Philippe Mérieux.
10:06 "Si le fanatisme islamiste en est pris une fois de plus à un professeur,
10:09 c'est parce qu'il incarne, il incarne, ce professeur,
10:13 tout ce qu'il déteste, le fanatisme islamiste,
10:16 et tout ce qu'il veut détruire,
10:18 c'est-à-dire la transmission du "penser par soi-même"
10:22 et de "construire du commun".
10:24 "Penser par soi-même" et "construire du commun".
10:26 Voilà pourquoi l'école aujourd'hui, je veux dire,
10:28 on lui demande tant,
10:29 et pourquoi est-ce qu'historiquement, dans notre société française,
10:31 on lui a tant demandé.
10:32 Parce que l'école, c'est nous.
10:34 Et l'école a besoin d'une considération nouvelle autour d'elle
10:38 pour l'aider dans sa tâche d'être au front
10:41 de toutes nos difficultés sociales, économiques, culturelles, etc.
10:45 - Bernard Ravé ?
10:46 - Moi, je peux être que d'accord dans cette vision d'une école forte,
10:52 d'une école qui ne baisse pas la tête.
10:57 Je crois qu'on est aujourd'hui dans des situations
11:01 qui sont, dans certains établissements,
11:04 à la limite de l'implosion, de la limite du modèle.
11:08 - Mais Bernard Ravé, il y a des enseignants qui ont baissé les bras.
11:11 Il y a des enseignants qui n'enseignent plus certains faits.
11:17 Il y a des enseignants qui ont peur.
11:21 Et qui n'ont pas envie de se retrouver en opposition frontale
11:27 avec certains de leurs élèves.
11:29 - Alors, je dirais qu'on est vraiment dans la limite du système.
11:36 Moi, je pense que d'abord, peut-être que là,
11:43 je ne vois pas de solution miracle.
11:46 Ce que je vois, c'est une mobilisation.
11:49 Le problème, un des problèmes, un des passages,
11:55 c'est la formation des enseignants.
11:57 Mais c'est surtout, vous évoquiez Philippe Mérieux,
12:00 c'est surtout le travail pédagogique, le travail d'équipe.
12:04 Le travail aussi, peut-être, d'une forme de transmission du savoir
12:09 qui ne soit pas que la transmission, j'allais dire, type cours.
12:13 Il nous arrive, nous, dans des établissements
12:18 qui sont en tension sur les problèmes d'antisémitisme ou de racisme,
12:23 d'intervenir en tant qu'éléments extérieurs avec la LICRA,
12:28 on s'aperçoit que ce qui marche,
12:30 c'est quand on met les élèves en situation de projet.
12:33 Quand on met les élèves en situation de production.
12:36 Quand on dit d'un seul coup, j'étais samedi après-midi
12:41 à la remise du prix Samuel Paty.
12:43 La remise du prix Samuel Paty,
12:45 c'est l'association des profs d'histoire-géo qui ont monté ce prix.
12:50 On montre, j'allais dire, on met en valeur,
12:53 et pas assez à mon avis, des productions d'élèves.
12:56 Et quand on met les élèves en situation de production,
12:59 on arrive à faire reculer les certitudes,
13:02 on arrive à gagner du terrain.
13:05 C'est un long combat.
13:07 Vous savez, c'est très intéressant l'utilisation sémantique aujourd'hui.
13:14 On parle de réarmer les profs,
13:16 on parle de remobiliser les profs.
13:19 Et on parlait, sous la Troisième République, des hussards de la République.
13:27 Donc c'est vrai que nous avons un combat idéologique à mener
13:31 pour faire que notre objectif, c'est un objectif universaliste.
13:35 Abdelnour vous l'avez dit, c'est demain nos élèves, c'est des citoyens.
13:40 Et il faut qu'ils soient éclairés, qu'ils soient capables eux-mêmes de résister à la tentation.
13:45 - Bien, je vais vous donner la parole.
13:47 9h44, petite pause et à tout de suite.
13:50 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
13:53 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
13:56 Vérissure présente.
13:58 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin.
14:03 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
14:06 - Avec nous Abdelnour Bidart, philosophe spécialiste de l'islam,
14:09 et Bernard Ravé, qui est principal de collège en retraite,
14:12 coprésident du réseau LICRA Education.
14:14 Bien, on parlait, c'est vrai que les profs ont changé, il y a une nouvelle génération de profs.
14:19 Avant, le prof était le garant, en quelque sorte, de la laïcité.
14:24 C'est plus le cas aujourd'hui, moins le cas aujourd'hui.
14:26 On ne sera pas catégorique.
14:28 Mais il y a aussi une nouvelle génération d'élèves,
14:31 qui sont plus religieux ou plus sensibles aux questions religieuses
14:36 qu'ils ne l'étaient ou qu'on ne l'était.
14:39 Je ne parle même pas de mon époque, où on ne s'intéressait pas beaucoup à ces questions-là.
14:43 Mais c'est vrai que ça a changé, Abdelnour Bidart.
14:47 Il faut leur parler à ses élèves.
14:49 - Oui, alors attention aux généralités, parce qu'il y a un million de fonctionnaires dans l'éducation nationale,
14:52 il y a, je pense, quasiment 13 millions d'élèves.
14:55 Donc il y a de tout, et il faut de tout pour faire un monde.
14:58 Mais on peut comprendre aussi la difficulté des professeurs à aborder des sujets
15:04 dont ils savent très bien à quel point ils sont sensibles, voire éruptifs.
15:09 Et pourtant, il va bien falloir qu'on en parle, de tout ça, ensemble.
15:12 - Mais bien sûr !
15:13 - Moi je me souviens d'avoir animé, il y a quelques années, un dispositif de débat dans l'académie d'Aix-Marseille,
15:18 alors j'étais arrivé vraiment en tant que philosophe,
15:21 autour d'une question.
15:24 Comment vivre ensemble alors que nous n'avons pas les mêmes croyances ?
15:28 Alors que dans notre société, il y en a qui croient au ciel,
15:31 et il y en a qui n'y croient pas, pour parler comme c'était Aragon.
15:35 Mais pour moi, c'était une façon, pardon pour la trivialité d'expression,
15:39 de mettre les pieds dans le plat.
15:40 C'est-à-dire de dire qu'il y a des sujets aujourd'hui qui sont redevenus importants,
15:45 parce que nous assistons, que ce soit au niveau français ou au niveau mondial,
15:49 à ce qu'on appelle le retour du religieux.
15:51 Et il va bien falloir se poser la question de la compatibilité
15:55 entre cette croyance religieuse et nos systèmes,
15:58 qui sont des systèmes démocratiques,
16:00 qui sont des systèmes de liberté de conscience.
16:02 Donc, il va falloir qu'on trouve tous ensemble, et d'abord à l'école, une expertise nouvelle,
16:07 qui nous donne à la fois le courage et la capacité à aborder ces sujets,
16:12 pour instituer une culture du dialogue,
16:15 dans laquelle chacun se sent reconnu,
16:19 et en même temps, on accepte les mêmes limites.
16:22 La limite, c'est le respect de la différence d'opinion.
16:26 Tu es croyant, je ne suis pas croyant, ou tu n'es pas croyant, je suis croyant.
16:30 Nous, nous reconnaissons mutuellement, nous nous respectons mutuellement.
16:34 Ça, c'est la laïcité en acte. Les élèves, qu'est-ce qu'il faut faire avec eux ?
16:38 Il ne faut pas leur faire des préchis-préchats sur la fraternité, la laïcité, etc.
16:43 Il faut leur donner à faire ce type d'expérience décisive de dialogue, de débat,
16:49 dans lequel on va faire l'expérience ensemble d'une fraternité,
16:54 parce qu'on se respecte dans le dialogue, on se respecte dans le débat,
16:58 et à partir de là, il y a quelque chose qui devient une culture commune.
17:03 Mais c'est très très difficile, on ne s'aventure pas.
17:06 - Oui, parce que concrètement, c'est très très difficile à organiser ce genre de débat, ce genre de rencontre.
17:10 - Pardon, excusez-moi de vous demander pardon, mais on n'a plus le choix.
17:13 - Oui. - On n'a plus le choix, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
17:15 il faut absolument s'y mettre tous ensemble,
17:19 et tenir compte du fait que les élèves, ils veulent parler,
17:22 ils veulent que leurs paroles soient prises en considération,
17:25 et en même temps, nous avons des choses à leur transmettre.
17:27 - Bernard Ravé.
17:28 - Alors moi, je mettrais un petit bémol, enfin, j'en mettrais deux petits bémols.
17:32 - Oui, un petit bémol, je pense que
17:34 on est en face aussi d'une situation, pour les professeurs,
17:40 qui doivent gérer le fait que la violence verbale,
17:47 la violence physique entre les élèves a énormément augmenté au fil du temps.
17:53 On en parle moins qu'à une époque, mais cette réalité, cette violence,
17:58 c'est aussi, j'allais dire, cette violence qui s'exerce hors de l'école.
18:03 Hors de l'école, je pense à la violence sur les réseaux sociaux,
18:07 on en a longuement parlé quand on parlait du harcèlement,
18:10 donc il faut tenir compte que dans ce contexte,
18:13 il faut, j'allais dire, pour ainsi dire, dire à nos élèves,
18:18 et surtout aux plus grands, vous posez les armes,
18:20 et ici, on est en terrain de neutralité.
18:23 Je crois que c'est très très important que les élèves comprennent
18:27 qu'à un moment, l'autre peut exister.
18:30 On parle beaucoup, on réfléchit beaucoup sur comment opposer
18:36 une culture de l'empathie contre une culture de la violence.
18:40 Le biotope dans lequel vivent les élèves est souvent très violent,
18:44 à l'échelon familial, à l'échelon du quartier,
18:48 on est en situation de tension, on le sent très bien dans leurs propos.
18:52 Et puis, la deuxième chose, c'est que, et tout à l'heure,
18:57 vous commenciez en disant, on est dans 12 millions d'élèves,
19:03 on a quand même un énorme souci, c'est que,
19:07 certains établissements sont devenus à la limite de l'implosion.
19:13 Je crois que, parce que, j'allais dire, le phénomène de géographie urbaine
19:21 fait qu'on a des collèges ghettos.
19:23 Et ces collèges ghettos, que faire avec ces collèges ghettos ?
19:28 - Repartir autrement les élèves ?
19:33 - C'est ce qu'ont essayé de faire certains élus, je pense à Toulouse par exemple,
19:38 où on a fermé un collège du Mira, oui ou deux je crois,
19:41 mais on ne les a pas fermés pour les fermer, on a construit tout un dispositif,
19:45 et là, moi je rends hommage à l'éducation nationale, à ma maison,
19:50 qui a dit "les élèves des quartiers du Mira, qu'on va envoyer dans les beaux quartiers,
19:54 ils vont être accompagnés, ils vont être suivis".
19:57 Et on s'aperçoit qu'au bout de deux ans, ils sont complètement confondus avec les autres.
20:00 - Et que ça fonctionne !
20:03 - Donc je pense que là où la mixité sociale, l'urbanisme mettra 30 ans à le faire,
20:08 je pense qu'on peut utiliser, moi je suis élu en milieu rural,
20:12 mes élèves ils font 20 minutes de bus par jour,
20:16 ils ne sont pas plus mauvais élèves, il n'y en a pas moins qui réussissent.
20:20 Donc moi je pense beaucoup qu'il faut vraiment réfléchir ça,
20:24 je dirais en micro réflexion, avec du travail géographique,
20:31 avec un travail énorme avec les élus locaux,
20:34 parce que l'environnement, il y a l'école, mais il y a le périéducatif,
20:39 il y a ce qui se passe à côté, il y a le milieu associatif,
20:41 moi je dis, je le disais déjà il y a 5 ans, il faut un vrai plan Marshall
20:46 pour faire en sorte qu'on ne perde pas encore une partie de notre jeunesse.
20:52 - Ce dont témoigne Bernard Ravé, moi j'y suis très sensible,
20:55 parce qu'il est en train de nous dire que notre société a commencé à réagir,
20:59 par l'engagement, on a pris conscience avec ce qui se cristallise autour de l'école,
21:03 et puis hélas dans des situations tragiques comme celle d'aujourd'hui,
21:06 qu'il va falloir que quelque chose change dans les grandes largeurs,
21:09 qu'on ne peut pas continuer de laisser s'enquister des situations
21:13 qui sont des situations de ségrégation sociale,
21:16 qui vont être le terreau d'un certain nombre de radicalités.
21:19 Donc pour notre société, en fait il y a un rendez-vous qui est le passage,
21:24 je dirais, d'une situation qui est une situation de grande fragilité,
21:28 de division potentielle, de peur aussi, qui s'installe,
21:32 le poison de la peur qui s'installe, on le sent quand il y a un événement
21:36 comme celui qu'on vient de subir, donc il faut passer de cette émotion
21:40 de la peur et de cette situation d'impuissance, comme je le dis souvent,
21:44 à des émotions qui nous mobilisent, véritablement.
21:48 Et l'émotion qui nous mobilise, c'est la fraternité.
21:51 Faire cette expérience de la fraternité républicaine, mais elle se construit,
21:55 elle ne se décrète pas la fraternité. Et pour qu'elle se construise,
21:58 il faut redonner de la mixité, il faut que l'école se réempare
22:02 d'un certain nombre de sujets, de manière résolue,
22:05 il ne faut pas abandonner le terrain. Moi j'entends souvent, ces derniers temps,
22:08 une espèce de faux procès fait à l'école, la complaisance avec l'islamisme, etc.
22:12 Non, non, non, non, moi je peux en témoigner, l'école elle se bat,
22:16 il y a des engagés admirables dans les nouvelles générations.
22:19 Mais tout ça, il faut que ça devienne un mouvement, véritablement, de société,
22:23 pour que, à nouveau, on soit, je dirais, à la hauteur de nos héritages,
22:29 à la hauteur de notre ambition républicaine, c'est-à-dire en réalité,
22:32 celle d'une fraternité universelle.
22:35 Merci à tous les deux d'être venus nous voir ce matin, nous avions besoin,
22:38 nous avions besoin de cette réflexion.
22:41 Bien, après les infos Sud Radio Média, Valérie Rexpert et Gilles Gansman
22:45 recevront le dessinateur Philippe Gueluc.
22:48 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
22:54 Avec Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
22:57 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.

Recommandations