Témoins de l'actu : Sylvie Lesné

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Témoins de l'actu : Sylvie Lesné
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00:00 Il est 8h moins 10, vous êtes nos témoins de l'actu au 02 38 53 25 25.
00:04 Rejoignez-nous par téléphone en direct dès maintenant.
00:07 Patricia vous répond au standard et dans les témoins de l'actu pour ce lundi.
00:11 Camille Huppenoir, on se rappelle que trois ans après Samuel Paty,
00:14 la communauté enseignante est à nouveau endeuillée.
00:16 Par cette attaque terroriste de vendredi dans un lycée d'Arras,
00:19 un professeur de français, Dominique Bernard, est mort.
00:22 Trois ans donc après Samuel Paty auquel un hommage est rendu aujourd'hui.
00:26 Bonjour Sylvie Lennet.
00:27 Bonjour.
00:28 Vous êtes professeur de français au lycée Poti à Orléans,
00:30 vous êtes aussi secrétaire départementale du SNES-FSU.
00:33 L'hommage à Samuel Paty, il était prévu bien avant cette attaque à Arras.
00:39 Qu'aviez-vous prévu pour Samuel Paty ?
00:42 Alors nous en tant que FSU, on avait effectivement prévu un hommage
00:46 qui avait été préparé par le laboratoire orléanais de la laïcité.
00:51 Donc on avait prévu effectivement de toute manière de nous réunir ce lundi
00:56 à partir de 17h devant le rectorat.
00:59 Mais je tiens quand même à souligner que jusqu'à la semaine dernière encore,
01:05 on n'avait dans nos boîtes professionnelles aucun signe de l'institution
01:10 qui nous signalait la manière dont allait se commémorer
01:16 l'assassinat odieux de notre collègue.
01:18 C'est-à-dire que même le souvenir de Samuel Paty n'est pas encore pris.
01:25 C'était pourtant une consigne de l'éducation nationale ?
01:28 Alors il y avait certainement une minute de silence qui de toute façon se serait tenue.
01:34 Mais en termes de communication, aucun signe de l'éducation nationale
01:38 qui nous annonçait qu'effectivement on voyait arriver cette date tant redoutée
01:43 de la commémoration de l'assassinat de notre collègue.
01:47 Et c'est vrai que tragiquement, ce qui s'est passé à Arras,
01:51 ça réactive ce souvenir traumatique de Samuel Paty.
01:56 Et c'est vrai qu'une minute de silence, ça semble bien peu
02:01 au regard du traumatisme que ça a représenté
02:04 et que ça représente toujours pour l'ensemble de la communauté éducative.
02:07 Quelle a été votre réaction quand vous avez appris pour Dominique Bernard
02:10 qui était professeur de français comme vous d'ailleurs ?
02:13 Un sentiment d'absurdité, un sentiment d'incrédulité
02:19 puisque effectivement on a pu penser que le meurtre de Samuel Paty
02:26 ce serait quelque chose d'unique et dont on saurait tous et toutes tirer les leçons
02:33 et que l'institution serait protectrice
02:36 et empêcherait que jamais se reproduise un tel assassinat.
02:41 Et on est à une période où les enseignants
02:45 et tous les personnels d'éducation sont extrêmement fatigués déjà.
02:48 Même après quelques semaines de rentrée des classes,
02:51 les charges de travail sont extrêmement importantes.
02:54 - Pour terminer la situation, un manque de professeurs,
02:56 il y a aussi beaucoup de mobilisation contre la réforme des retraites parmi vous.
02:58 - Manque d'AED, manque d'infirmières scolaires,
03:01 manque de coopsie, de façon générale manque de personnel.
03:05 Et ce dont on manque, et peut-être qu'on peut le corréler à ce qui s'est encore passé à Arras,
03:11 c'est manque d'adultes dans les établissements.
03:14 Comment l'Etat peut-il nous laisser avec un manque de personnel aussi criant ?
03:22 - Vous professeur, est-ce que vous vous êtes posé la question,
03:25 peut-être ce week-end, peut-être tout le week-end,
03:27 de comment parler à vos élèves, parce que c'est une question que vous posez,
03:30 mais que se posent probablement aussi les parents,
03:32 comment on parle aux enfants, notamment aux collégiens plus jeunes,
03:36 de ce qui s'est passé, et puis de toutes ces thématiques qui semblent sensibles aujourd'hui,
03:40 la laïcité, l'état de droit notamment.
03:43 - Je pense que c'est très important qu'en tant qu'adultes, éducateurs, enseignants,
03:48 on puisse les rassurer, on puisse leur dire que nous les adultes,
03:54 on défend derrière l'école et à travers elle des valeurs,
03:59 et qu'on fait société, et que c'est dans notre collectif,
04:04 et dans les savoirs qu'on partage, et que nous nous cherchons de transmettre,
04:08 qu'on retrouvera tous individuellement de la force et du sens au milieu de ce chaos ambiant.
04:15 - Venez nous rejoindre, vous êtes nos témoins de l'actu 0238 53 25 25,
04:20 venez nous faire part de votre solidarité avec la communauté enseignante
04:23 qui est durement touchée, vous l'entendez.
04:25 On accueille maintenant Aurélia Dorléans, 0238 53 25 25. Bonjour Aurélia.
04:30 - Bonjour Aurélia.
04:31 - Oui bonjour à vous tous, toutes mes condoléances pour le maître,
04:36 quelle image allons-nous laisser à nos enfants,
04:39 quel avenir, c'est impossible de tuer un prof, il a rien fait,
04:44 il faut que ça sèche, je ne sais pas ce qu'est-ce que va venir la France,
04:48 l'éducation, on est tous sous choc, ce n'est pas la première fois,
04:53 il faut qu'on fasse quelque chose tous ensemble,
04:56 si on peut aider, parler, écouter, protéger nos enfants,
05:01 nous protéger, on ne sait pas ce que l'avenir nous prouve à nous faire.
05:05 - Protéger, c'est le mot qui revient beaucoup depuis trois jours,
05:09 Sylvie Lenné, est-ce que vous vous sentez en sécurité
05:12 dans vos établissements scolaires actuellement ?
05:15 On est en plan Vigipirate depuis plusieurs années,
05:18 et le niveau a été relevé à cause de cet attentat.
05:21 - Oui, il faut voir localement, les situations d'établissement
05:24 peuvent être assez différentes, je sais que nous, par exemple,
05:28 au niveau du lycée Potier, la fermeture intégrale de l'établissement,
05:32 elle a eu lieu il y a à peine huit ans,
05:35 et jusque-là, effectivement, le lycée était ouvert,
05:39 et il y a déjà eu des intrusions, et c'est vrai dans d'autres établissements.
05:43 Alors maintenant, effectivement, il y a un effort qui est fait,
05:46 nous, on a sécurisé notre accès, mais effectivement,
05:50 on a par exemple un AED qui va essayer de surveiller un petit peu
05:55 les élèves qui arrivent, essayer de reconnaître
05:57 qui est de l'établissement, qui ne l'est pas,
05:59 mais on a vu dans bon nombre de cas qu'ils sont en nombre insuffisant
06:03 pour filtrer vraiment de façon efficace les arrivées,
06:09 d'autant que quand les enfants arrivent, c'est un flot d'enfants,
06:12 c'est très difficile, n'importe qui peut éventuellement se glisser
06:15 à l'intérieur des enfants et entrer, mais du coup,
06:18 il faudra effectivement, ça pose la question du renforcement
06:21 des équipes d'AED, notamment, de surveillants scolaires,
06:25 et puis, oui, de la présence aussi de chefs d'établissement à l'entrée.
06:31 Je sais que bon nombre d'entre eux sont là, sont présents,
06:34 mais la présence des adultes doit être renforcée
06:37 à l'intérieur des établissements.
06:38 – Nous avons un auditeur qui s'interroge maintenant sur les lois,
06:41 c'est Francis qui habite à Courcel-le-Rouat,
06:43 que nous accueillons au 02 38 53 25 25.
06:46 Bonjour Francis.
06:47 – Bonjour Francis.
06:48 – Oui, bonjour Camille et toute l'équipe.
06:50 Oui, voilà, je rends hommage, toutes mes condoléances à la famille
06:54 et puis un grand merci à tous les professeurs et tout,
06:57 parce que vraiment, ils font du travail formidable
07:00 pour tous les enfants et tout ça, il faut bien les mettre à l'honneur.
07:03 Seulement, voilà, ce n'est pas les professeurs qui font leur travail,
07:07 mais les politiques, il faudrait peut-être aussi qu'ils fassent leurs siens.
07:10 On n'attend pas quand même qu'un fils ES se déclenche
07:15 à une décapitation comme ça pour agir.
07:19 Les fils ES, si ça ne va pas, il faut les mettre dehors, c'est tout.
07:24 Là, ça fait la deuxième fois, ça n'aurait pas dû arriver.
07:29 Entre-temps, depuis trois ans, les lois auraient dû être améliorées ou changées.
07:33 Une loi, soit qu'on la supprime, soit qu'on la change ou qu'on l'améliore.
07:37 Mais on ne reste pas comme ça, à faire des cérémonies sans agir.
07:41 – On sent de l'indignation, Sylvie Léné, chez Francis.
07:45 On imagine que parmi vous aussi, communauté enseignante,
07:47 il y a un peu de colère derrière la tristesse.
07:49 – Oui, il y a de la colère parce qu'on a l'impression d'être parfois abandonnée.
07:54 Alors c'est vrai qu'il y a les discours, l'auditeur l'a dit,
07:57 mais il y a aussi les actes et il y a aussi l'attitude de l'institution parfois
08:03 à l'égard des difficultés qu'on peut rencontrer, personnelles de terrain,
08:08 confrontées au manque de moyens.
08:09 C'est vrai qu'on fait l'impossible, tous les jours, dans toutes les écoles
08:13 et les établissements scolaires, les enseignants enseignent
08:16 et parfois c'est assez miraculeux et ils transmettent des valeurs,
08:20 ils font société et on a effectivement besoin que derrière,
08:25 on nous fasse confiance et qu'on nous aide aussi en cas de difficulté.
08:30 Quand des professeurs sont menacés de mort sur des réseaux sociaux,
08:33 il faut absolument une réponse de l'institution, il faut une réactivité,
08:36 il ne faut pas laisser traîner les choses et il ne faut pas non plus,
08:39 comme ça avait été le cas aussi pour Samuel Paty, interroger sa pédagogie.
08:43 Quand un collègue est menacé de mort, la réponse est du côté des autorités policières, juridiques
08:51 et l'institution doit être ferme et c'est un petit peu ce qu'on pourrait lui reprocher parfois.
08:57 Merci Sylvie Lénia d'être venue parler ce matin, 3 jours après l'assassinat d'un de vos collègues à Arras.
09:02 Merci beaucoup aussi aux auditeurs qui ont témoigné de leur soutien aujourd'hui.

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