Jean-Philippe Agresti, recteur de l'Académie de Corse
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00:00 Philippe Agresti, bonjour. Ce lundi, journée de solidarité pour les professeurs.
00:05 Trois moments, le temps de la discussion entre les profs, la discussion entre les profs et les élèves,
00:10 et puis à la minute de silence, ça avance là, dans un premier temps.
00:13 Dans quel état d'esprit vous avez trouvé les profs avec qui vous avez pu discuter depuis vendredi ?
00:19 - D'abord, permettez-moi d'avoir une pensée pour Dominique Bernard, pour sa famille, pour ses proches,
00:28 pour les collègues du lycée d'Arras, également une pensée pour nos collègues blessés
00:33 et l'ensemble des équipes du corps enseignant et de la communauté éducative.
00:38 Tout le week-end, nous avons échangé avec les équipes ici, dans l'Académie de Corse.
00:43 J'ai réuni hier les chefs d'établissement, les directeurs d'école,
00:47 pour parler avec eux et préparer cette journée et les jours à venir.
00:52 Il y a eu évidemment un temps de sidération, mais il y a désormais le temps de l'action.
00:58 Ce matin, deux heures d'échange de 8h à 10h, dans tous les établissements de Corse,
01:04 et puis l'accueil des élèves à partir de 10h.
01:07 - Alors, comment parler aujourd'hui ? Comment un prof peut parler à un élève de ce nouveau traumatisme ?
01:13 Lui-même, le prof, est traumatisé ?
01:15 - Oui, c'est pour ça qu'il fallait absolument qu'il y ait ce temps d'échange,
01:20 qui a été le résultat de la rencontre entre le ministre et les organisations syndicales.
01:24 Nous avons mis des outils pédagogiques à disposition à travers Edu-School,
01:29 et puis nous avons déployé aujourd'hui 160 personnels sur toute l'Académie,
01:34 notamment des inspecteurs d'Académie, des inspecteurs de l'Éducation Nationale,
01:39 des conseillers techniques, des chargés de mission,
01:41 des membres du corps de la santé et du social,
01:45 des psychologues de l'Éducation Nationale,
01:47 qui vont accompagner l'ensemble des équipes afin de travailler, d'échanger,
01:52 de pouvoir accueillir les élèves dans les meilleures conditions.
01:55 - Alors, il y a une déclaration, une phrase que j'ai lue et qui est marquante,
01:58 celle de Yanis Roder, c'est le directeur de l'Observatoire de l'Éducation de la Fondation Jean Jaurès,
02:04 et il dit cela, "entre deux profs assassinés,
02:07 on fait comme si tout allait bien, la société fabrique de l'amnésie en permanence".
02:11 Est-ce que l'école doit garder ce traumatisme,
02:14 ou est-ce qu'elle doit l'évacuer et rester un lieu, finalement, de transmission du savoir ?
02:19 - L'école ne doit pas oublier, mais elle doit rester avant tout dans l'action,
02:26 et son action, c'est le choix de la lumière,
02:29 c'est le choix de l'avenir pour nos élèves,
02:31 et c'est donc le choix de la transmission du savoir,
02:34 permettre de construire des esprits éclairés et critiques.
02:38 Oui, l'école doit avancer, et finalement, l'engagement de terrain,
02:42 le courage de terrain qui a été montré par Samuel Paty,
02:46 par Dominique Bernard, par les équipes du lycée d'Arras,
02:49 nous honore, nous en tant que collectivité éducative,
02:52 mais nous oblige aussi à avancer.
02:54 - On en est où, Jean-Philippe Agresti, de la sécurisation des établissements ?
02:58 Est-ce que vous avez demandé, ou est-ce qu'on vous a proposé,
03:01 que les écoles soient surveillées, qu'il y ait par exemple des fourgons de CRS,
03:04 et il y en a encore, c'est un quelques-uns,
03:07 que ces fourgons soient positionnés devant les lycées
03:09 pour assurer la sécurité de nos élèves, de nos professeurs, de nos parents d'élèves ?
03:14 - Nous avons travaillé tout le week-end avec les deux préfets,
03:18 le préfet de Haute-Corse, le préfet de Corse du Sud.
03:21 Dès vendredi, vous avez pu le voir sur les images de vos confrères,
03:25 des équipes mobiles circulaient devant les établissements,
03:29 devant les écoles, les forces de sécurité intérieure, police et gendarmerie.
03:34 C'est un élément, ensuite il y a tout le processus qui est mis en place
03:39 suite au relèvement du niveau d'alerte au niveau national,
03:42 et tous les contrôles qui sont faits,
03:44 afin de garantir la sécurité de nos élèves et de nos personnels.
03:48 - Mais ça, ça vaut pour le temps présent, parce qu'il y a cette urgence attentat,
03:52 cette alerte attentat.
03:53 Est-ce qu'à terme, on va sécuriser les écoles, avec davantage de portiques ?
03:58 - Oui, on est en train d'avancer.
04:02 On travaille à cette sécurisation, d'abord avec les collectivités territoriales,
04:06 la collectivité de Corse pour les établissements,
04:08 et les mairies pour les écoles.
04:10 C'est une chose.
04:11 Ensuite, nous travaillons à la formation des personnels.
04:14 Nous avons également un plan de sûreté intérieure
04:18 qui permet dans chaque établissement d'avoir le bon niveau de réaction
04:22 face à une difficulté.
04:24 - Monsieur le recteur, au-delà de l'assassinat de Dominique Bernard,
04:28 il y a Samuel Paty, 3 ans aujourd'hui.
04:31 Et puis, il y a le temps de la mémoire, bien évidemment,
04:35 mais il y a aussi l'avenir.
04:36 Alors, comment faire pour que les communautés ne s'opposent pas ?
04:39 Puisqu'on sait qu'il y a un risque.
04:41 - Ça, c'est le rôle de l'école de la République.
04:46 C'est le rôle fondamental de l'école de la République.
04:50 Faire nation, faire communauté.
04:53 Et c'est pour ça que notre école est à l'action,
04:55 dès aujourd'hui, dans toute l'académie de Corse et partout en France.
04:59 Pour accueillir les élèves, pour construire des citoyens,
05:03 pour fabriquer des citoyens.
05:05 - C'est bien.
05:07 On parle des jeunes, mais il y a aussi l'environnement.
05:10 Il y a des établissements où on sait qu'il y a des communautés
05:13 qui sont importantes, où les relations ne sont pas forcément faciles, simples.
05:18 Puis il y a des exemples.
05:19 On peut difficilement chanter une chanson dans un certain établissement
05:22 parce que ça heurte les parents.
05:24 Comment on réussit à faire vivre cette communauté ?
05:27 Est-ce que ça passe aussi par le dialogue avec les parents ?
05:30 - Évidemment, la co-éducation est absolument fondamentale.
05:35 C'est l'enjeu du XXIème siècle, c'est l'enjeu de notre école.
05:40 Cette co-éducation, à partir du moment où il y a une démocratisation de l'enseignement,
05:45 que tous les enfants de la République viennent à l'école,
05:48 il faut travailler à cette co-éducation.
05:51 Et chacune et chacun des parents, des familles, des proches, des enfants
05:55 doit prendre sa part de responsabilité dans cette éducation.
05:58 - Et le rectorat doit être ferme s'il y a débordement.
06:01 - Et le rectorat doit être ferme et sera ferme chaque fois qu'il sera nécessaire.
06:06 Le ministre l'a rappelé hier soir, la main ne tremblera pas
06:10 s'il y a un comportement qui est contraire aux valeurs de la République.
06:14 - Merci Jean-Philippe Agresti, recteur de l'Académie de Corse,
06:16 d'avoir été ce lundi l'invité de RCFM.