Enseignant tué à Arras : "La blessure psychologique est énorme"

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Transcription
00:00 C'est un moment important parce que c'est un moment de reprise.
00:04 Et lorsque il y a ce genre de drame, je pense qu'il n'y a qu'une chose,
00:08 c'est d'essayer de retrouver le plus de normalité possible,
00:12 alors qu'on sait que c'est pratiquement inatteignable,
00:15 parce que plus rien ne sera comme avant.
00:18 Et aujourd'hui, ce retour dans ces murs, et à cet endroit,
00:22 je pense qu'il y aura évidemment une charge émotionnelle qui sera énorme.
00:27 Et puis il y aura un cap à passer.
00:30 Qu'est-ce que ça vous fait, ce que vous avez entendu, vu, depuis vendredi, ce week-end,
00:34 5 000 personnes à Arras hier qui se sont rassemblées.
00:37 J'imagine que vous avez reçu aussi peut-être des messages, vous, de collègues de toute la France ?
00:41 Oui, tout à fait. Je crois qu'il y a une charge émotionnelle qui est énorme, évidemment, ici à Arras.
00:47 Mais je pense qu'une fois de plus, c'est tout à chacun et partout en France
00:53 qui est touché dans sa chaire d'enseignants, mais aussi de citoyens, j'ai envie de dire,
00:57 parce que s'attaquer à l'école, s'attaquer à un enseignant,
01:00 s'attaquer à des élèves, à des enfants, c'est quelque chose qui sera, à mon avis, jamais acceptable.
01:07 Et on a eu des messages, comme vous le dites, de partout en France,
01:11 parfois de la part de collègues ou de citoyens,
01:14 qui se disaient que c'était peut-être pas très utile, mais ils tenaient à nous le dire.
01:17 Est-ce qu'on a une idée de combien d'enseignants seront en capacité demain,
01:22 ici, dans cette cité scolaire Gambetta-Carnot, de revenir face aux élèves, après ce qui s'est passé ?
01:27 Je pense que ça relève vraiment de quelque chose de très personnel
01:31 et qui peut d'ailleurs beaucoup bouger d'une heure à l'autre,
01:35 parce que le fait de retrouver les autres aussi, ça peut aider à se sentir plus fort
01:39 et que tout seul, on se sent peut-être pas capable,
01:42 mais qu'en revoyant des visages, en sentant peut-être les collègues être autour de soi,
01:47 ça peut peut-être nous inviter à se dire que malheureusement, à un moment,
01:52 la vie reprendra aussi son cours, et d'une manière la plus fluide et la plus forte possible.
01:59 Il y a eu des blessures physiques, trois personnes grievamment blessées, mortelles évidemment,
02:03 avec Dominique Bernard, cet enseignant qui est décédé, qui a été assassiné.
02:08 Est-ce qu'il y a des blessures symboliques depuis vendredi aussi ?
02:11 La blessure psychologique, elle est énorme.
02:15 On dit souvent que dans ces deuils, j'ai envie de dire, le temps doit faire son effet,
02:21 mais là, c'est plus que du temps, c'est aussi une réparation psychologique qui doit être accompagnée,
02:27 parce que nous, on peut accueillir les paroles de la part de nos collègues
02:31 qui peuvent être encadrées par une cellule psychologique ou des élèves,
02:35 mais il y a un moment, on a besoin aussi des professionnels, des professionnels de santé,
02:38 qui doivent être là, qui seront là, et qui à mon avis devront être là sur la durée,
02:43 que ce soit pour les personnels comme pour les élèves.
02:46 – Mais une cellule d'aide psychologique est toujours en place aujourd'hui, si on le rappelle.
02:50 Il y a aussi cette question maintenant de comment faire pour que ça ne se reproduise plus.
02:56 Est-ce que vous avez des demandes très claires aujourd'hui pour rassurer,
02:59 pour mieux sécuriser les établissements scolaires ?
03:02 – La demande la plus claire et qui n'est parfois pas toujours la plus simple à tenir pour le politique,
03:09 parce qu'il refuse parfois de s'y engager, c'est celle de la durée.
03:12 Celle de la durée et qui ne se résout pas au matériel.
03:16 Ce n'est pas une question de portique, de porte automatisée, de badge ou de sas uniquement.
03:22 C'est aussi une question de présence humaine et de formation,
03:25 parce que si vous n'avez pas des personnels qui sont également spécialistes de la question,
03:29 de la question de la sécurité, de la gestion du conflit ou de l'agression,
03:34 je pense que malheureusement ce type de situation se reproduira,
03:38 parce que nous sommes aussi dans un monde ouvert, avec des établissements ouverts,
03:42 et qu'on ne va pas demain transformer tous les lycées, tous les collèges
03:45 et toutes les écoles de France en prison, derrière des hauts murs et des barbelés.
03:50 – Parce que ça n'aurait rien résolu dans le cas de vendredi par exemple ?
03:55 – Vendredi, comme il y a ce qui a déjà pu se passer ailleurs d'ailleurs en France,
04:01 je pense qu'il y a des choses qui auraient pu être faites s'il y a des personnels
04:05 qui sont là aussi pour aider, accompagner, former au quotidien, sécuriser.
04:10 Là je pense qu'on a déjà eu un type de réaction qui est exemplaire de la part des collègues,
04:15 et puis allant même jusqu'au sacrifice lorsqu'on voit que certains
04:19 ne se posent même pas la question de savoir s'il faut intervenir ou pas.
04:22 Alors tout éviter, peut-être pas, mais en tout cas limiter au mieux les risques
04:27 et faire en sorte d'être dans un maximum de sécurité, je pense que ça peut aider.

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