Gaza : vers une crise humanitaire majeure
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00:00 Et du matériel médical stationne dans un aéroport égyptien.
00:03 Il sera délivré dans la bande de Gaza dès qu'un accès sera ouvert.
00:07 Le croissant rouge palestinien a reçu l'ordre d'ici 15h00 hors de Paris
00:11 d'évacuer l'hôpital Al-Quds dans la bande de Gaza.
00:13 On retrouve Sarah Chateau, responsable du programme Palestine de MSF Médecins sans frontières.
00:18 Bonjour. Tout d'abord, avez-vous des membres de votre ONG sur place ?
00:22 Oui, nous avons des internationaux et puis tous nos collègues gazaouites
00:27 qui ne peuvent qu'être sur place.
00:30 Et que peuvent faire les ONG à Gaza dans les conditions actuelles ?
00:35 Là, actuellement, on ne peut plus rien faire.
00:37 On a pu être opérationnel encore jusqu'à jeudi dernier
00:40 où on a porté notre soutien via une clinique qui était ouverte.
00:44 On pouvait prendre les blessés en ambulatoire.
00:46 On avait un bloc opératoire qui tournait.
00:48 Mais avec l'annonce dans la nuit de jeudi soir de devoir quitter vers la zone sud,
00:53 nous avons dû partir précipitamment.
00:55 Et nous ne pouvons plus demander à nos collègues d'être opérationnels.
00:59 Ça devient maintenant un choix personnel.
01:00 Donc on a énormément de médecins, de chirurgiens
01:03 qui ont décidé de rester dans les hôpitaux et d'apporter leur soutien.
01:05 Ils essayent de rester opérationnels
01:08 et on leur donne accès à tous les médicaments qu'on pourrait avoir encore en stock.
01:12 Mais les conditions dans le nord de Gaza ne nous permettent pas de leur demander,
01:17 de leur imposer de rester, d'être opérationnels.
01:19 Il y a trop de risques.
01:21 L'annonce de partir du territoire n'inclut pas une protection pour les hôpitaux.
01:25 Les structures médicales ne sont pas plus protégées
01:28 dans cette annonce de couvre-feu ou de couloir, corridor humanitaire.
01:31 Les médecins et les chirurgiens, vous lui dites, essayent de rester opérationnels.
01:35 Est-ce que les hôpitaux sont actuellement bombardés ?
01:38 Les hôpitaux n'ont pas forcément été directement bombardés.
01:41 Par contre, les bombardements sont tellement intenses, forts, violents.
01:44 Et sur les bâtiments qui entourent les hôpitaux,
01:46 qui sont impactés, ils sont endommagés.
01:48 On a un hôpital dans la reine nord de Gaza qui n'est quasiment plus fonctionnel
01:53 parce qu'une partie de l'hôpital est tombée.
01:56 Donc ce n'est pas forcément un bombardement direct,
01:59 mais ils souffrent des conséquences de l'ampleur des bombardements.
02:02 L'ultimatum lancé par le gouvernement israélien
02:05 ne va pas pouvoir être respecté par les civils de la bande de Gaza ?
02:09 Il ne peut pas être respecté.
02:10 On ne peut pas évacuer 7 000 blessés en 5 heures.
02:13 Qui a la capacité d'évacuer 7 000 blessés sur un six laps cours de temps ?
02:18 Et pour les mettre où ?
02:19 Ces blessés ont besoin d'hôpitaux.
02:20 Vous avez montré dans vos images, l'hôpital de Rannounis est déjà débordé.
02:24 C'est l'hôpital principal dans la zone sud.
02:27 2 millions de personnes qui se retrouvent dans la moitié du territoire de Gaza,
02:32 qui n'était déjà pas très grand, avec des structures hospitalières pas adaptées.
02:36 Où mettre tous ces blessés ?
02:38 On ne peut pas transporter les personnes âgées, les malades, les blessés.
02:43 Et donc il y a du personnel et des Gazaouites qui restent avec eux
02:46 pour s'occuper d'eux aussi.
02:48 Les Nations unies, les États-Unis et l'Union européenne ont demandé à Israël
02:51 de retarder l'offensive terrestre prévue afin de donner aux civils le temps de partir.
02:56 Vous demandez au gouvernement israélien de repousser son ultimatum ?
03:00 Oui, dans tous les cas de repousser son ultimatum,
03:02 mais surtout d'opérer des zones de sécurité,
03:07 de permettre à la population qui ne pourra pas partir,
03:10 quelle que soit la durée de l'ultimatum, de ne pas cibler les hôpitaux,
03:15 de ne pas toucher la population civile qui est blessée.
03:17 Parce que ce n'est pas qu'une question de délai,
03:19 c'est aussi une question de capacité de transfert de toutes ces structures.
03:23 Donc on pourrait avoir cinq heures de plus qu'on n'aura pas à construire un hôpital dans le sud.
03:28 Ou alors il nous faut la capacité de pouvoir rentrer.
03:30 Et là, nous les humanitaires, aux médecins sans frontières,
03:33 on est en train de se préparer en Égypte à pouvoir rentrer dans le pays,
03:37 rentrer dans Gaza et monter des hôpitaux sous tente.
03:40 On a cette capacité de pouvoir monter des hôpitaux gonflables
03:43 et de pouvoir apprendre un peu plus de personnes.
03:46 Mais pour ça, il faudrait que le sud soit aussi une zone sécurisée.
03:50 Actuellement, l'armée israélienne bombarde dans la zone sud,
03:53 dans la zone où ils ont demandé aux gens de partir.
03:56 Donc vous nous dites que l'évacuation qui a été annoncée
03:59 est également prise pour cible par l'armée israélienne en ce moment ?
04:03 Oui, il y a des bombardements.
04:04 Nos collègues, nos expatriés, nos internationaux qui sont sur place,
04:08 nos collègues nationaux nous parlent de bombardements qui ont lieu dans la partie sud du pays.
04:13 Il y a encore des cibles du Hamas dans cette partie-là.
04:15 J'imagine que l'armée israélienne tente de cibler.
04:17 Donc c'est moins fréquent, c'est moins volumineux,
04:20 mais il y en a encore des bombardements.
04:21 Ce matin, il y en a eu à Ranounis.
04:24 Est-ce qu'enfin vous avez des informations sur les otages ?
04:26 Vous êtes une ONG humanitaire, sur la manière dont ils sont traités ou pas du tout ?
04:31 Les otages israéliens.
04:33 Non, là on s'occupe vraiment de nos équipes et de la population civile.
04:36 Voilà, je suis désolé pour tous les otages, mais malheureusement,
04:39 on n'est pas du tout sur ce niveau de discussion.
04:42 Aucune information.
04:44 Merci beaucoup Sarah Chateau d'avoir été avec nous sur France 24.
04:48 Merci à vous.