Mendi Haviv, commandant de l'ONG Zaka, en charge de l'identification et de la récupération des corps des victimes de l'attaque du Hamas, témoigne sur BFMTV.
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00:00 Vous êtes le commandant de l'ONG Zaka, qui est notamment chargé de récupérer les corps des victimes.
00:06 Mission absolument terrible.
00:08 Ma première question est très simple.
00:09 On est cinq jours maintenant après ces attaques terroristes terribles qui ont frappé votre pays.
00:14 Quelle est votre mission cinq jours après ?
00:16 On n'a pas encore fini.
00:19 On n'est pas rentré en Zikim et je viens d'avoir des messages.
00:23 Deux messages.
00:25 Le premier message, c'est qu'une famille cherche des victimes là-bas.
00:30 Et le père de la personne qui était là-bas pour aller pêcher, ils sont partis pour pêcher des poissons.
00:38 Deux amis, c'est-à-dire son fils avec un ami, ils ne sont plus là-bas.
00:42 Et il y a des balles dans la voiture, mais ils ne voyaient pas du sang.
00:46 Ça veut dire qu'ils pensent qu'ils étaient kidnappés.
00:49 Et le deuxième message, c'est qu'il y a encore à peu près 50 personnes qui sont là-bas.
00:57 On n'est pas encore rentré parce que c'est sous feu là-bas encore et c'est encore dangereux et on ne peut pas rentrer.
01:01 On attend que l'armée nous laisse rentrer.
01:05 Ça, c'est vers Zikim.
01:06 Il y a encore des endroits, ce soir, où il y a des combats et où c'est impossible pour vous d'aller récupérer ces corps ?
01:12 Ce n'est pas qu'il y a des combats tout le temps.
01:17 C'est qu'on rentre et d'un coup, il y a un combat.
01:22 Mais c'est comme ça tous les cinq jours.
01:23 Ça veut dire qu'on travaille, on est en train de travailler, même si c'est à Kfar Aza et si c'est à Be'eri.
01:29 Et dans le complet milieu, il faut qu'on se couche par terre avec les mains.
01:33 On nous dit aujourd'hui à Kfar Aza, sortez tout de suite, tout de suite, tout de suite, il y a un événement.
01:38 Chaque fois, il y a des événements.
01:40 Et des événements comme ça, ça veut dire que c'est des méchablims qui rentrent pour assassiner, des terroristes qui rentrent.
01:54 Voilà, c'est comme ça pendant tous les cinq jours.
01:57 Et on a encore beaucoup de travail sur place.
01:59 Ça veut dire qu'on a presque fini Be'eri et Kfar Aza, de faire notre travail sur les corps, de prendre les corps et de faire ce qu'on fait.
02:12 On les envoie à la base militaire pour qu'ils fassent le zioui.
02:21 L'identification.
02:22 L'identification.
02:24 Voilà, voilà. Et bon, ça tire toujours.
02:29 C'est toujours on est sous guerre.
02:31 Chaque fois, c'est partir à droite, à gauche.
02:34 Ce n'est pas facile.
02:35 Hier, on avait même des grenades sous les gens qu'ils ont assassinés.
02:41 Il y avait une grenade sous une personne qui était dans un appartement.
02:45 Et c'est un collègue à moi qui a vu la grenade avant qu'il a tourné le corps.
02:50 Et tout de suite, on est sortis.
02:51 Ils nous ont dit ne vous touchez pas maintenant.
02:54 Et l'armée est rentrée dans l'appartement.
02:56 Mandy, vous avez une mission particulièrement difficile.
03:03 Racontez-nous ce que vous voyez.
03:04 Là, on est cinq jours après l'attaque.
03:07 Qu'est ce que vous voyez quand vous allez récupérer ces corps ?
03:09 Je crois d'ailleurs aussi que vous aidez les familles à essayer de les identifier.
03:13 Certaines familles vous montrent des tatouages.
03:16 C'est ça.
03:17 Ils vous posent la question.
03:18 Est ce que vous avez vu ma copine qui portait tel tatouage ?
03:22 Vous les aidez aussi dans ce sens là ?
03:25 Voilà.
03:25 Il y a des familles qui cherchent.
03:27 Ils ne savent pas ce qui s'est passé avec leur copain, leur copine.
03:32 Et voilà, ça c'est une histoire que je vous ai raconté ce matin.
03:36 C'est une personne qui est venue, qui cherche sa copine.
03:41 Et j'étais sûr que c'était moi qui l'avais ramassé parce que j'avais un tatouage.
03:45 Il m'a raconté sur un tatouage avec une fleur.
03:49 Et bon, à la fin, ce n'était pas ça.
03:52 Et je lui ai dit je suis désolé.
03:53 Mais une heure après, mon équipe a trouvé le même tatouage.
04:00 Mais là, le corps, il était vraiment...
04:03 J'ai montré la photo au journaliste ce matin.
04:06 On voit le tatouage.
04:09 J'ai appelé la famille.
04:10 J'ai prévenu au père qu'on a trouvé sa fille.
04:14 Mais elle était vraiment...
04:15 Je ne peux même pas écouter comment...
04:17 À quel état ?
04:18 À quel état ?
04:19 Je ne sais pas ce qu'elle a passé.
04:20 Mais je ne veux même pas y croire.
04:22 Je travaille comme un robot.
04:24 Ce qu'il faut faire...
04:25 J'essaie de ne pas rentrer dans la situation de Richie.
04:32 Ça veut dire le prendre au cœur.
04:34 Je travaille comme un robot pour faire le travail.
04:37 Sinon, c'est impossible.
04:39 C'est impossible ce qu'on voit là-bas depuis dimanche matin.
04:42 Depuis dimanche matin...
04:46 - Merci.
04:48 - Vraiment, j'ai dit à mes amis,
04:52 si on voit les films de Daesh, c'est pire que ça.