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À travers la photographie, Juliette Dupuis met en images les symptômes post-traumatiques des femmes victimes de violences sexuelles. Elle explique comment elle utilise cet art pour suivre ces femmes tout au long de leur résilience.

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00:00 partie du témoignage de femmes. Je leur ai demandé de m'expliquer un symptôme post-traumatique et à la suite de ça ensemble on l'a transformé en photographie.
00:06 Quand j'étais jeune j'ai été victime de violences sexuelles.
00:10 À la suite de ça j'ai vécu un peu l'après toute seule, ce qui m'a amené aussi à faire une dépression.
00:15 Les violences sexuelles c'est un abus de pouvoir, c'est une façon en fait d'opprimer la personne, donc de la
00:21 faire sentir très petite, de la détruire. Et quand on est détruit en fait on perd toute confiance en soi, on perd son estime de soi.
00:28 Et ça, ça fait que amplifier la solitude qu'on vit. Moi après mon agression j'ai pu en parler, j'ai eu des personnes qui m'ont cru,
00:34 mais directement après c'était "bon bah c'est pas grave, faut passer à autre chose" ou j'ai eu tout simplement des personnes qui ne comprenaient pas.
00:40 Et très vite ça, ça m'a donné envie de pas forcément en parler, aussi parce que
00:44 là on parle du regard des autres, mais au final il faut aussi que toi tu comprennes qu'est-ce qui est arrivé.
00:50 Il y a beaucoup de choses qui se passent dans ta tête, tu ne sais pas forcément comment l'expliquer.
00:54 Surtout que le monde continue de vivre à côté de toi, le monde il reste le même,
00:57 alors que toi, à l'intérieur de toi, t'es complètement détruite.
01:00 Quand on est seul, on a tendance à penser qu'on n'est pas légitime, que ce qui nous est arrivé c'était pas assez violent, c'était pas assez gros.
01:07 Et du coup on reste encore plus seul. J'ai réalisé un documentaire photographique
01:13 qui s'appelle "Une sur trois", c'est en référence à la statistique mondiale qu'une femme sur trois dans le monde
01:18 va vivre des violences sexuelles. Du coup "Une sur trois", je l'ai exposé au ministère de la justice,
01:23 récemment je l'ai exposé à l'école nationale de la magistrature, dans le cadre de la formation des futurs magistrats.
01:29 Je suis en train aussi de l'utiliser comme outil pour parler en fait de ce qui se passe après.
01:34 En fait on est parti du témoignage de femmes, je leur ai demandé de m'expliquer un symptôme post-traumatique ou une émotion en général,
01:41 et à la suite de ça, ensemble on l'a transformé en photographie.
01:44 Elles étaient vraiment actrices de cela. Une autre femme a voulu parler de son angoisse qui est présente continuellement,
01:51 et encore plus quand ces crises d'angoisse arrivent.
01:53 Une des choses qui revient beaucoup aussi c'est la culpabilité. En plus elle est accentuée par notre société,
01:58 par des phrases comme "mais en même temps t'as vu ce que t'as porté ?"
02:03 "Oui mais en même temps au départ tu lui as souri, tu as dit oui à son verre."
02:06 La culpabilité elle nous quitte jamais vraiment. Et d'ailleurs il y a aussi cette expression "je me suis faite violer",
02:12 ça accentue au final cette culpabilité.
02:15 En fait l'après, le plus connu, c'est cette solitude, la culpabilité, la honte,
02:19 mais ça peut passer par énormément de symptômes post-traumatiques.
02:23 Le stress post-traumatique qui est vraiment des évitements, qui est des flashbacks, qui est de l'angoisse, beaucoup d'angoisse.
02:29 L'après ça peut être aussi des problèmes alimentaires, ça peut être de la boulimie, de l'anorexie.
02:33 Il y a beaucoup de peur dans l'après. On parle d'amnésie traumatique,
02:37 surtout quand ça a été des violences qui ont été faites dans l'enfance.
02:40 Tout le monde a son propre parcours post-traumatique, c'est vraiment pas quelque chose qui est clair.
02:46 Du coup, avant de commencer mon documentaire, j'ai participé à des groupes de parole
02:50 pour vraiment m'enrichir et comprendre vraiment ce qui se passait après.
02:54 Les personnes que j'ai pu rencontrer avaient tendance à garder ça pour elles,
02:57 et dès qu'elles ont pu en parler dans des groupes de parole au sein de mon documentaire,
03:02 elles ont pu remarquer qu'en fait, si, elles étaient légitimes.
03:05 Des fois, on a l'impression que ce qui est coincé en nous depuis très longtemps,
03:09 et ça c'est pas juste après des violences sexuelles, c'est un nœud et que ça va jamais partir.
03:14 Ça va toujours faire partie de nous, en fait, ce poids, quand on en parle aux bonnes personnes,
03:18 dans le bon environnement, très vite en fait, c'est libérateur.
03:21 Ne jamais se forcer à parler quand on n'est pas prête, et surtout être indulgente avec soi-même,
03:27 parce que, encore une fois, les violences sexuelles, ça détruit.
03:31 [BIP]

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