Les tirs de roquettes se poursuivent entre le Hamas et l'armée israélienne, quatre jours après l'attaque surprise du mouvement islamiste palestinien. L'armée israélienne a annoncé un bilan de 1200 morts depuis samedi.
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00:00 8h10, retour sur le plateau de première édition, le 7 minutes pour comprendre quand le monde découvre ou redécouvre la barbarie.
00:06 Patrick Sos continue de nous accompagner dans première édition, on est également avec Stéphane Goldin, lieutenant colonel de réserve et ancien commandant d'une unité d'élite de Tsaïl.
00:19 Bonjour et merci d'être avec nous ce matin. Grégory Phillips, envoyé spécial de BFM TV à Hachedod avec Théo Touché.
00:27 Grégory, on le disait il y a quelques instants, les bombardements se sont poursuivis des deux côtés de la frontière à Hachedod et à Hachekelon.
00:35 Vous avez vécu des heures particulièrement difficiles hier avec ces bombardements incessants et même des appels du Hamas à évacuer la zone.
00:44 Oui, et évacuer cette ville d'Hachekelon de 150 000 habitants qui est située à une trentaine de kilomètres au nord de Gaza.
00:54 Et à la fin de cet ultimatum, à 17 heures précises, une salve d'une centaine de roquettes s'est abattue sur la ville d'Hachekelon et notamment sur cet hôtel qui se trouve derrière moi.
01:05 Vous voyez sans doute la carcasse de la voiture qui a été éjectée sur plus de 3 mètres pour terminer dans le jardin de l'hôtel et évidemment toutes les vitres ont volé.
01:16 Il y a eu plusieurs salves de roquettes comme ça sur une bonne partie du sud Israël hier.
01:21 C'est ce que le Hamas avait annoncé dans son communiqué. Dans le même temps, l'armée israélienne a continué évidemment à bombarder la bande de Gaza.
01:28 Alors il y a plusieurs éléments Stéphane Goldwin qui émergent en fait ces dernières heures.
01:32 La première, c'est que le Hamas, et on le voit à toutes les heures, dispose encore de capacités militaires importantes, n'est-ce pas ?
01:41 Exactement, le Hamas dispose d'une capacité importante. Tout ça a été évidemment aidé en grande partie par les Iraniens.
01:50 Il y a plus de 5 000 roquettes qui sont tombées sur l'État d'Israël ces cinq derniers jours et on voit que ça ne s'arrête pas.
01:57 Vous parlez de roquettes qui sont tombées sur Hachekelon, sur le sud du pays.
02:03 Il faut savoir qu'hier, il y a eu aussi des roquettes qui sont tombées dans le centre du pays.
02:07 Il y a aussi évidemment, elle doit aussi se préparer à une guerre dans le sud.
02:14 Elle fait la guerre dans le sud, mais aussi peut-être à se préparer à une guerre multi-fronts avec une possibilité d'attaquer le nord.
02:20 Parce que c'est vrai que ce qui se passe dans le nord est aussi très important.
02:24 C'est dans ce contexte que le nombre de réservistes mobilisés est considérable.
02:29 Le nombre de réservistes est considérable. Il a été d'abord mobilisé très rapidement.
02:34 Le nombre de réservistes a été mobilisé très rapidement, mais ça a encore une capacité de réserver beaucoup d'autres réservistes.
02:42 Donc on n'est pas encore dans une phase où on a encore une possibilité d'avoir un nombre de réservistes encore important à pouvoir mettre sur le terrain au cas où.
02:58 J'ai une question autour des réservistes. Ce ne sont pas des militaires évidemment de carrière.
03:03 Seront-ils aptes à faire face aux combats terribles qui se profilent ?
03:09 Écoutez, je vais vous dire quelque chose. Quand je suis arrivé sur le front, je suis arrivé dimanche matin aux premières heures.
03:20 Il était à peu près 5 heures du matin quand je suis arrivé. C'est vrai que j'ai vu un certain flottement.
03:27 Il y avait certaines interrogations depuis, je dirais, 3-4 jours. La guerre a commencé il y a 5 jours.
03:35 Je peux vous dire qu'il y a un moral d'acier dans le Sahel et chez les réservistes.
03:40 Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de gens que je connais qui veulent se porter volontaire aujourd'hui pour faire une période de réserve.
03:47 Donc tout le monde est prêt. Et vu ce qui s'est passé, vu comment les choses se sont passées, vu les images que l'on voit, vu les témoignages que l'on reçoit...
03:56 Est-ce qu'il est nourri par les dernières images qu'on a vues, notamment dans les kibouts ?
04:03 Bien sûr qu'il est nourri. Il est nourri par tout ce que l'on entend. Il est nourri par tout ce que l'on voit.
04:07 Écoutez, je vais vous raconter une histoire personnelle. J'avais eu énormément d'interrogations quand nous avons été attaqués le 7 octobre au matin.
04:18 Et quand je suis descendu dans le Sud et que j'ai vu des scènes horribles, des scènes de pogroms, je peux vous dire que ce n'est plus les interrogations, c'est la colère qui m'a pris.
04:30 Et je vais vous dire, on a tous envie d'en découdre. Il n'y a plus cette histoire de réservistes, non-réservistes comme on a pu le connaître il y a quelques mois,
04:38 lors des questions qui étaient plutôt liées à des questions politiques. Aujourd'hui, tout le monde est uni et tout le monde veut en finir avec le Hamas.
04:46 Que les choses soient claires. C'est l'élimination du Hamas, simplement, que l'on souhaite.
04:51 Est-ce que cette haine compréhensible ne doit pas être canalisée pour que l'opération militaire soit non seulement efficace et réponde également aux règles de la guerre ?
05:01 Vous savez, Tsahal est une armée très morale. Tshahal est une armée très morale et Israël est un pays avec une grande moralité.
05:11 Et nous ne perdrons jamais nos valeurs. Israël a des valeurs. Maintenant, c'est vrai qu'il va falloir qu'on réfléchisse, qu'on change peut-être nos logiciels.
05:18 Nous avons peut-être trop réfléchi comme un pays occidental, comme la France, les États-Unis.
05:24 Il ne faut pas oublier que nous sommes ici au Moyen-Orient et je pense qu'il va falloir qu'on commence à réfléchir et à agir comme au Moyen-Orient,
05:30 c'est-à-dire d'une façon beaucoup plus forte, beaucoup plus ciblée, avec peut-être moins d'état d'âme.
05:38 Et je peux vous dire ici que la grande majorité de mes camarades, la majorité je pense d'Israéliens, sont entièrement d'accord avec moi sur ce changement de logiciel.
05:51 Stéphane, vous restez avec nous. On va entendre l'une de vos collègues qui était en direct avec nous dans les premières heures de première édition.
05:56 C'est Edental qui nous parlait des dernières heures autour de la frontière avec la bande de Gaza et notamment de la présence éventuelle de terroristes
06:04 encore infiltrés sur le territoire israélien. Écoutez-la.
06:08 Tzahal a pris le contrôle de pratiquement tous les villages frontaliers de la bande de Gaza.
06:14 Mais oui, il y a encore des terroristes infiltrés, il y a encore à cette heure des attaques.
06:21 Les combattants de Tzahal arrivent la plupart du temps très vite à les éliminer et à finir l'attaque.
06:28 Mais oui, il y a encore des terroristes infiltrés en Israël.
06:32 Ça veut dire des combats de rue qui continuent près de la frontière avec la bande de Gaza.
06:36 Grégory Philips, vous avez assisté à ces scènes hier, la traque de ces terroristes infiltrés.
06:42 Oui, en fait, c'est une véritable angoisse qui est encore là, savoir s'il y a encore des terroristes du Hamas sur le sol israélien.
06:52 Et hier soir à Ashdod, effectivement, en bas de notre hôtel, nous avons vu les soldats israéliens dans une grande nervosité
06:59 parce qu'ils avaient eu vent d'un ou plusieurs individus infiltrés à proximité de cet hôtel.
07:05 Et nous avons vu ces soldats se mettre à courir, les armes au point pour tenter de les repérer.
07:11 Il y a eu deux blessés, a priori, un tir amical entre deux soldats de l'État hébreu.
07:16 Et la situation est revenue sous contrôle au bout d'une heure.
07:19 Mais en tout cas, on a senti effectivement une très grande nervosité sur cette question.
07:23 Y a-t-il encore des combattants du Hamas ici ?
07:26 Et puis ce matin, l'armée israélienne a affirmé avoir neutralisé un plongeur palestinien venu de Gaza
07:32 qui essayait de s'infiltrer dans les villes côtières par la mer.
07:36 Stéphane Goldin, j'ai du mal à comprendre pourquoi il y a encore des terroristes du Hamas infiltrés,
07:43 compte tenu de l'ampleur du déploiement militaire israélien depuis quatre jours.
07:49 Écoutez, ce qui s'est passé les premières heures de la guerre est quelque chose que nous n'aurions pas pu imaginer.
07:56 Même, et je mets un bémol là-dessus, je pense qu'après la guerre,
08:01 il faudra que nous en tirions toutes les conséquences et voir qui sont les responsables.
08:08 Et on verra ça après la guerre. Je pense qu'il y a eu énormément d'erreurs qui ont été faites de notre côté.
08:13 Sachant que le Hamas a fait un exercice il y a trois semaines de cela exactement,
08:17 qui était un calque de cette opération qui s'est passée le 7 au matin.
08:21 Il y a encore possibilité qu'il y ait encore des terroristes.
08:24 Donc on a eu des infiltrations qui sont régulières.
08:27 Il va falloir, nous faisons des recherches maison par maison,
08:30 je dirais mètre par mètre, broussaille par broussaille pour les retrouver.
08:35 Ils se planquent, pour dire clairement les choses,
08:39 mais ils sont toujours, je dirais, prêts à attaquer et prêts à perdre leur vie pour attaquer.
08:45 Donc nous sommes actuellement en train de continuer de ratisser,
08:49 je dis maison par maison, mètre par mètre, je dirais bosquet par bosquet.
08:54 Benjamin Petrover, comment est-ce que la population israélienne vit ce moment ?
08:59 Stéphane Goldin nous parlait de l'envie d'en découdre des réservistes.
09:04 J'ai personnellement dans mon entourage vu certaines personnes,
09:08 une personne très précisément dont le mari est ici à Paris, travaille,
09:13 va cet après-midi à l'aéroport à Roissy-Charles-de-Gaulle prendre l'avion pour se rendre à Tel-Aviv.
09:19 C'est un réserviste qui depuis plusieurs jours voit la situation, regarde BFM TV
09:24 et n'en peut plus d'être devant sa télé.
09:27 Tous ses camarades avec lesquels il a servi il y a quelques années sont rappelés au front.
09:32 Il ne supporte plus d'être loin et va les rejoindre.
09:34 C'est ça la situation aujourd'hui.
09:36 C'est un pays qui est à la fois sous le choc, il faut comprendre les sentiments très partagés.
09:39 On est à la fois sous le choc de la découverte, des charniers, des massacres, des kibbutz,
09:44 de la rave party, des roquettes qui continuent de tomber.
09:46 Parce que je vous signale que là, pendant qu'on parle, il y a 5 minutes précisément,
09:49 une alerte à la roquette a retenti à se dérôter.
09:51 Les alertes à la roquette, les découvertes d'horreur et en même temps une guerre qui se prépare.
09:55 Vous imaginez ce qui se passe dans la tête de ces millions d'Israéliens
09:59 qui n'ont même pas le temps de digérer ce qui s'est passé.
10:01 Il n'y a pas le temps de la digestion, il faut maintenant passer à l'attaque,
10:04 passer au combat parce que visiblement, c'est peut-être une guerre de survie qui est en jeu.
10:09 Stéphane Goldin, il faut aussi parler des otages, parce qu'il y a des otages.
10:13 Est-ce que ça veut dire qu'il faut dire aux familles israéliennes dont les proches sont détenus
10:18 qu'il va peut-être falloir apprendre à vivre sans eux et qu'il y aura des victimes collatérales ?
10:26 La question des otages est une question qui devrait être analysée,
10:33 travaillée d'une façon parallèle à la question de la guerre que nous menons face au Hamas.
10:39 Donc c'est vrai que ce que je vais dire est quelque chose d'assez dur,
10:45 mais la question des otages ne va pas être la priorité dans un premier temps, je dirais,
10:52 même s'il y aura des négociations. La chose qui est claire, c'est qu'il n'y aura pas de négociations
10:58 comme elles ont été faites au moment de l'enlèvement de Gilad Chalit, que les choses soient claires.
11:05 Donc je ne sais pas comment les choses vont se tourner.
11:09 Je pense qu'il y aura des éléments extérieurs qui négocieront avec le Hamas concernant les otages.
11:16 Je pense qu'on va tellement acculer le Hamas dans ses retranchements
11:22 que la question des otages se traitera d'une façon plus ou moins automatique.
11:27 On comprend que ça va être évidemment compliqué. Les otages ne sont pas forcément prioritaires.
11:36 Je suis désolé d'être froid dans ma réponse, même si je compatis avec ces familles, je les entends, etc.
11:45 J'en ai mal au ventre. Mais c'est vrai que la priorité d'abord, c'est l'élimination du Hamas.