Journaliste, Alexandre Macé Dubois a infiltré un hôpital dans la peau d'un schizophrène : "Les patients sont défoncés aux médicaments [...] quand j'ai vu les effets, je me suis dit que c'était trop risqué pour moi"
#Hôpital #Santé #Phsychiatrie
#Hôpital #Santé #Phsychiatrie
Catégorie
🛠️
Style de vieTranscription
00:00 Déjà dans la salle d'attente, Alexandre, dédiée aux urgences psychiatriques,
00:03 où vous êtes la première fois, vous êtes frappé par la tristesse du lieu.
00:06 Ça ressemblait à quoi ?
00:07 Ça ressemblait à rien.
00:09 Ce sont des salles complètement aseptisées.
00:12 Il y a un silence de mort.
00:16 Il y a des cris également.
00:19 J'ai été vraiment marqué par cette prise à charge très chaotique aux urgences.
00:24 Il y avait une jeune femme qui était malvoyante,
00:28 qui était allongée sur un brocard.
00:30 Le psychiatre de garde cette nuit-là a fait preuve d'une arrogance pas possible.
00:38 Il lui a demandé un moment de venir.
00:40 Il lui a dit "bon allez madame, maintenant vous venez".
00:42 Elle était malvoyante et allongée sur un brocard.
00:44 Donc il y a un problème de la prise à charge aux urgences déjà.
00:49 Après les urgences, l'internement.
00:51 Est-ce qu'on parle d'ailleurs d'internement encore ?
00:53 On parle plutôt d'hospitalisation en psychiatrie aujourd'hui.
00:57 Et à quoi ressemblait votre journée ?
00:59 C'est la même chose en fait.
01:01 Les journées sont rythmées par les médicaments.
01:04 Il n'y a pas d'activité.
01:06 Il n'y a plus d'activité.
01:08 Je discutais à la fin de l'ouvrage de faire intervenir Martine Dutoit d'une association
01:14 qui m'explique que son association a arrêté d'intervenir en hôpital psychiatrique.
01:20 Parce que les patients sont défoncés aux médicaments.
01:22 Ils ne peuvent même plus agir. Ils ne peuvent même plus écouter ou assister à ces activités.
01:28 Donc en fait une journée en hôpital psychiatrique, c'est l'ennui absolu.
01:32 Il y avait une télé qui ne fonctionnait pas.
01:34 Il y avait un baby-foot saubal.
01:36 Et quelques sorties dehors en pyjama.
01:38 Et quelques sorties exactement.
01:40 Ça ressemblait à une cour de prison.
01:42 Les gens marchent pieds nus dans les couloirs ou dans une cour pleine de crasse.
01:47 Donc une journée rythmée, c'est l'ennui absolu.
01:50 Les gens, les patients, quand ils n'ont encore les moyens, font les sopas dans les couloirs.
01:55 Vous ne vouliez pas, vous Alexandre, prendre des médicaments
01:58 qui auraient pu en plus avoir des conséquences sur votre santé.
02:01 Comment vous avez fait ?
02:02 Le premier soir, on m'en a donné.
02:04 Quand je suis arrivé à l'hôpital psychiatrique, on m'a donné un médicament
02:08 en me disant que c'était un petit calmant.
02:10 Et que tout le monde en connaît.
02:11 Oui, on m'a dit "ça va, ça va vous aider à dormir, tout le monde en prend ici".
02:15 C'était du tertiaire, c'est un lourd psychotropes.
02:18 Dont les effets secondaires sont extrêmement lourds.
02:23 Et on avait omis de me prévenir que ces effets étaient très lourds.
02:28 Et c'est ce que j'ai vu.
02:29 Et très rapidement, initialement évidemment, je voulais me mettre dans la peau d'un malade,
02:34 je voulais prendre des traitements.
02:35 Mais quand j'ai vu les effets qu'il y avait sur les individus,
02:38 je me suis dit que c'était trop risqué pour moi.
02:41 Les patients ont tous et toutes des pathologies différentes.
02:45 Et on les parte tous au même endroit.
02:46 Là aussi ça vous a perturbé ?
02:48 C'est un problème pour moi.
02:50 Ça résulte aussi d'un problème de moyens, de la psychiatrie.
02:55 Ça m'a choqué parce que mettre en sable,
02:58 disons enfermer en sable des gens avec des pathologies différentes,
03:02 avec des schizophrènes, avec...
03:05 Ce qui m'a choqué c'est qu'il y avait une jeune autiste,
03:08 une jeune autiste qui était enfermée en hôpital psychiatrique,
03:11 et qui était à la merci de certaines personnes.
03:14 Il y avait en prix de justice quelqu'un que je pensais assez dangereux.
03:18 Et je pense qu'il y a eu des soupçons de viol sur elle.
03:23 Et les infirmiers m'expliquaient "bon c'est pas grave,
03:27 elle fait ça toutes les semaines".
03:29 Et pour moi une autiste n'a rien à faire en hôpital psychiatrique.
03:33 Il y a des établissements spécialisés.
03:35 Alors c'est pareil, dans ces établissements il y a un manque de moyens.
03:38 Mais oui, ça m'a choqué de voir que tous ces gens,
03:41 que la société ne veut pas voir, ou ne peut pas voir,
03:44 faute de moyens, sont parqués comme des détenus.