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Court métrageTranscription
00:00 Aujourd'hui, il y a un nombre incroyable de séries qui vont parler de la santé mentale.
00:14 Ce qui est nouveau, c'est que ces séries sont de meilleure qualité.
00:18 Il y a un effort qui est fait pour une représentation plus juste des troubles.
00:21 Je pense qu'il y a un effort de représentativité plus forte qui a été fait avec un travail
00:27 de recherche pour essayer de se décoller des représentations stigmatisantes et des
00:32 clichés qui étaient très nombreux auparavant.
00:35 Et puis que globalement, on voit bien que, et ça dépasse la question des séries, la
00:40 santé mentale aujourd'hui devient un vrai sujet de société pour tout le monde et que
00:44 c'est retranscrit finalement à travers toutes ces séries.
00:47 Et c'est ce qui est très intéressant, à travers une créativité, une différence
00:52 de genre de séries, de direction artistique, d'incarnation très différente et très
00:58 intéressant parce que ça fait autant de modèles sur lesquels je m'appuie pour essayer
01:02 de faire mieux comprendre les troubles psychiques.
01:04 Avec Culture Pop et Psy, c'est vraiment ce qui me tient à cœur, c'est-à-dire essayer
01:09 d'augmenter les connaissances sur la santé mentale à travers des exemples qu'on va
01:14 puiser dans des séries, des films ou des prises de parole de célébrités.
01:17 Tout ça pour augmenter le niveau de connaissance, diminuer la discrimination des personnes
01:22 concernées et favoriser leur inclusion.
01:24 Et c'est vrai que là-dessus, aujourd'hui, on a un nombre d'œuvres qui est impressionnante
01:27 sur le sujet et ça, c'est très positif.
01:29 La série Surtown is on Why, elle a beaucoup fait parler d'elle, notamment parce que ça
01:50 a été un des gros blockbusters de Netflix à une époque passivementaine où la plupart
01:56 des parents ne savaient même pas que Netflix existait.
01:58 C'est une série qui a été plébiscitée chez les adolescents et c'est une série qui
02:03 a beaucoup intéressé les psychiatres.
02:05 Notamment, il y a eu énormément d'études qui ont montré que cette série a été assortie
02:11 effectivement d'une augmentation des passages à l'acte suicidaire chez les adolescents
02:15 aux États-Unis, puisque c'est aux États-Unis que les études ont été menées.
02:18 C'était la première fois qu'on voyait sur un temps aussi court, sur un modèle de
02:29 série Netflix où tous les épisodes étaient diffusés d'un coup avec une date très précise,
02:34 là où au cinéma ou à la télévision, c'était un petit peu plus flouté.
02:37 On a vraiment vu la date de la série et l'augmentation du risque de suicide.
02:41 Ça a prouvé finalement une théorie qu'on appelle l'effet Werther, c'est-à-dire qu'il
02:46 est possible d'avoir une contagion suicidaire, notamment chez des personnes vulnérables
02:51 ou lorsque quelqu'un va s'identifier à un personnage qui met fin à ses jours, que
02:55 ce soit un personnage de film, de série, de livre, ça peut déclencher le passage
03:02 à l'acte suicidaire.
03:03 C'est la première fois qu'on avait ça en effet, quasiment mondial aussi bruyant.
03:08 Et c'est vrai que la réaction du diffuseur de Netflix de couper la scène incriminée,
03:14 c'est vraiment cette scène qui était problématique, cette réaction était justifiée évidemment.
03:19 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'ils sont allés plus loin, notamment avec la diffusion
03:23 de chaque série, de chaque épisode, d'un message de prévention dicté par les personnages
03:29 de la série, avec justement jouant sur ce mécanisme d'identification.
03:32 Et aussi la réalisation d'un épisode en plus à chaque fois, qu'ils appellent "Behind
03:41 the Reason Why", donc au-delà des raisons 2, où ils reprennent justement les thématiques
03:45 fortes de la série et de la saison, incarnées par les personnages, mais aussi avec des professionnels
03:51 de santé, avec les scénaristes, et où chacun finalement parle de...
03:54 C'est une série dans laquelle il se passe des choses en général assez dramatiques,
03:58 ça parle d'avortement, ça parle d'incellement sexuel, de violence sexuelle, de santé mentale,
04:04 d'addiction, et en fait ce sont des vrais sujets.
04:07 Je pense que l'idée c'est pas de le rendre tabou, au contraire, mais d'en faire un support
04:11 pour une discussion, et là-dessus, je trouve que Netflix a réussi à plutôt bien corriger
04:15 le tir, et quelque part donner une référence finalement pour d'autres séries.
04:20 Elle est entrée dans la baignoire.
04:24 Montrer un passage à l'acte suicidaire, notamment en le glamourisant ou le romantisant à outrance,
04:30 ça peut effectivement inciter d'autres personnes à passer à l'acte, donc concrètement ça
04:34 peut tuer des personnes qui ont une vulnérabilité, mais pour lequel la diffusion, et voire l'épisode,
04:41 va finalement accélérer le passage à l'acte.
04:43 Donc oui, il y a une vraie responsabilité finalement des scénaristes, des réalisateurs
04:47 et du diffuseur, lorsque l'on diffuse un contenu dans lequel on a l'impression...
04:52 Alors après, évidemment, ça peut être assez subjectif, mais malgré tout on sait que présenter
04:58 le suicide comme étant une libération, comme étant la seule solution à...
05:02 Notamment dans une série qui parle des adolescents où on s'attache énormément au personnage
05:08 de Dana Baker sur plusieurs épisodes, effectivement ce point d'orgue à la fin du dernier épisode
05:14 était extrêmement problématique et a eu des conséquences dramatiques, encore une fois.
05:19 À titre personnel, c'est vrai que les oeuvres qui vont me toucher le plus et que je tige
05:45 le plus dans mes conférences, les livres, etc. c'est souvent des oeuvres dont les auteurs,
05:50 les autrices sont des personnes concernées ou ont côtoyé un trouble psychique ou la
05:56 maladie mentale de près, à titre personnel ou dans leur entourage.
05:59 C'est vrai que dans le cas de la série Euphoria, Sam Levinson a beaucoup parlé de son adolescence
06:04 compliquée dans laquelle il y a eu de l'addiction, il y a eu de la dépression.
06:09 C'est vrai que probablement que ça apporte une profondeur à cette série particulière
06:15 puisque les interprètes aussi ont parlé des troubles dont ils sont atteints.
06:20 Zendaya en a beaucoup parlé, elle a beaucoup mis d'aile dans ce rôle.
06:24 Donc c'est vrai que c'est peut-être ce qui fait que cette série se distingue.
06:28 Elle a été beaucoup accusée de glamouriser les addictions.
06:31 Certes, c'est une série qui est extrêmement esthétique et c'est aussi une des réussites
06:36 incontestables de cette série.
06:38 Ceci dit, je trouve qu'elle porte un regard sur l'addiction qui n'est pas tellement glamour.
06:43 Au contraire, je trouve qu'on voit beaucoup la complexité que c'est pour vous de gérer
06:48 son addiction, des ravages que ça peut faire dans son cercle familial, amoureux, scolaire
06:55 et les conséquences très négatives finalement de la place des produits dans sa vie.
07:00 Donc là-dessus, évidemment, c'est un regard de spectateur aussi.
07:06 Mais je trouve que la série, en tout cas, a un bon support pour parler de la globalité,
07:11 de la complexité des addictions.
07:13 Et on n'est pas uniquement de se dire "ah bah les drogues, c'est génial et c'est rigolo".
07:16 "T'entends ça ? Je voudrais pas te mettre la pression, mais faudrait peut-être mieux
07:21 que tu deviennes neuroschirurgienne ou peut-être même astronaute.
07:24 Parce que sinon, ça voudrait dire que maman a pendu deux filles foireuses.
07:27 Et ça voudrait dire aussi que c'est peut-être de sa faute si on est mal fini."
07:30 La série, elle est intéressante puisque à la fois, on comprend mieux, je trouve,
07:35 ce que peut être l'addiction, la place que ça peut prendre dans la vie de quelqu'un.
07:38 On voit effectivement les différentes séquences, notamment jusqu'au rétablissement.
07:44 Et on voit bien que c'est pas simple de se sortir d'une addiction.
07:47 Et là-dessus, je trouve que c'est riche d'enseignement et un bon support pour justement en parler,
07:51 essayer de mieux comprendre ce que peut ressentir une personne en situation d'addiction.
07:56 Et à ce titre-là, cette série est extrêmement inventive, je trouve,
08:00 et reste une référence lorsqu'on parle du sujet.
08:05 Vous savez ce qui me plaît dans les hôpitaux ?
08:08 On y est presque. Allez.
08:10 On vous soigne, que vous soyez quelqu'un de bien ou pas.
08:14 Encore un petit effort.
08:16 Ils s'en foutent de ce qui se passe dans votre tête.
08:18 Ils vous font quand même votre pansement.
08:20 C'est bien.
08:24 Des gens comme ça, c'est rare.
08:26 Le médecin a mis ma mère en contact avec un centre de désintoxication
08:30 qui pourrait avoir un lit de libre en début de semaine prochaine.
08:33 Voilà. C'est bien.
08:35 Et il m'a dit de tenir bon.
08:37 Voilà, ma chérie. Tu es mieux.
08:39 Ouais.
08:41 Des gens comme ça, c'est rare. Et ma mère en fait partie.
08:43 Mais c'est peut-être parce que c'est ma mère.
08:45 Ce qui est intéressant, c'est que le personnage de Roux,
08:47 il ne se résume pas uniquement à ses addictions.
08:50 Or, c'est souvent un stéréotype qu'on voit lorsqu'on parle de personnes concernées.
08:54 Et lorsqu'il y a des personnages qui ont un trouble psychique dans les films et les séries,
08:57 ils ne sont que ça. Ils vont être que leur trouble schizophrénique,
09:01 que leur addiction, que leur dépression.
09:03 La Roux est vraiment autre chose. Elle est extrêmement charismatique.
09:05 C'est quelqu'un de très apprécié de la part de son entourage.
09:09 C'est un modèle pour sa petite sœur.
09:11 Je trouve que c'est vraiment intéressant. Et là aussi, c'est une source d'espoir de se dire,
09:13 voilà, on peut être atteint d'un trouble psychique.
09:15 Ça peut être compliqué, mais on n'est pas que ça.
09:17 Et c'est un message de rétablissement et d'espoir
09:19 que je trouve vraiment très important dans cette série.
09:21 Les troubles du comportement alimentaire et notamment l'anorexie mentale,
09:37 puisque c'est de ça dont il s'agit dans "Hellstopper",
09:41 ce sont des troubles qui concernent avant tout une majorité aujourd'hui de jeunes femmes.
09:45 Ce qui peut expliquer cette surreprésentation féminine au détriment des hommes.
09:51 Ceci dit, on le sait, il y a des tableaux d'anorexie qui touchent les jeunes garçons et les jeunes hommes.
09:57 Et on sait que c'est quelque chose qui est plutôt en augmentation.
09:59 D'où le côté très avant-gardiste de cette série,
10:03 de mettre ça au centre de la série avec le personnage de Charlie.
10:07 Ce qui est très juste dans cette représentation,
10:09 c'est que c'est un trouble qui peut passer inaperçu pendant longtemps.
10:13 Et c'est le cas dans la série, puisque ce jeune garçon est harcelé.
10:19 On voit qu'il a une certaine vulnérabilité psychique liée à cela.
10:23 Même si au temps de la série, ce n'est plus le cas, il n'est plus harcelé de manière active.
10:29 Il reste des séquelles de tout ce qu'il a subi dans le passé.
10:33 Il y a quelque chose de très novateur et assez réaliste,
10:37 même s'il rencontre Nick et qu'il trouve le premier grand amour.
10:41 Et là-dessus, la série est très fleur bleue et relativement très mignonne dans cette relation entre deux.
10:49 Ceci dit, on voit que malgré tout, la maladie prend de la place, prend du terrain.
10:55 Et que ce n'est pas juste l'amour qui va le guérir.
10:57 Ce qui est une réalité clinique, mais qui est souvent un peu fantasmée dans les films et les séries.
11:03 Ce qu'on voit, c'est que Charlie vit ça avec beaucoup de culpabilité.
11:07 Il essaie de cacher certains symptômes à son entourage parce qu'il est mal à l'aise vis-à-vis de ça.
11:11 Donc il va finalement trouver des prétextes.
11:14 "Ah bah j'ai déjà pris mon petit déjeuner."
11:16 "Ah non, je ne vais pas manger là parce que je n'aime pas ça."
11:19 "Je n'aime pas tel type d'aliment."
11:21 Et que son petit copain, donc Nick, au première loge,
11:24 finit par se rendre compte qu'il y a un vrai sujet, un vrai problème vis-à-vis de la nourriture.
11:29 Et en tout cas, pour la saison 2, on en reste un peu là.
11:32 Mais on voit que ça ouvre vers une problématique probablement plus profonde.
11:37 "Il n'a pas mangé grand chose Charlie."
11:39 Avec cette série, on est quasiment sur de l'edutainment,
11:53 qui est vraiment un des fers de lance de Netflix,
11:56 qui à la fois propose un vrai contenu, et pour le coup un contenu de haute qualité,
12:02 un contenu travaillé, pensé, avec des professionnels, avec des experts, avec des spécialistes,
12:08 et à un côté très divertissant, puisqu'on regarde avant tout la série
12:13 pour savoir un peu ce qui va se passer dans la vie de ces personnages,
12:17 et notamment de leurs relations romantiques qui prennent beaucoup de place dans la série.
12:21 Donc je trouve que c'est très habile, cette manière d'amener un contenu scientifique,
12:26 en l'occurrence sur la santé mentale, mais aussi une lutte globale contre les discriminations,
12:31 tout en utilisant, entre guillemets, l'affliction et des codes de la série adolescente.
12:37 Je trouve que c'est très intéressant, et c'est quelque chose qui est essentiel aujourd'hui,
12:41 puisque, on le sait, les séries, notamment pour les plus jeunes,
12:45 sont une source d'informations sur des sujets qui les touchent,
12:49 et notamment lorsqu'on parle de santé mentale.
12:51 Les séries sur les ados, parce que je trouve qu'on peut parler de séries au-delà de pour des ados,
13:02 puisque une série comme Euphoria, elle parle de l'adolescence,
13:05 mais elle s'adresse clairement à un public beaucoup plus large,
13:08 et dans une moindre mesure, les deux autres séries, Hot Stopper ou South Zone Y, également,
13:13 c'est vrai qu'elles marquent vraiment une rupture générationnelle,
13:17 puisque à la fois, on n'a jamais autant parlé de santé mentale dans ces séries,
13:22 qui s'adressent avant tout, et qui représentent une génération concernée par ces troubles,
13:27 sans dramatiser, et ce n'est pas des artifices, avec juste des stéréotypes,
13:34 où il y a un personnage qui va jouer le serial killer,
13:37 qui est méchant et qui a plein de problèmes dans sa vie,
13:39 et le reste, tout le monde va bien.
13:42 C'est vrai que si on compare avec des séries de deux ou trois générations sur l'adolescence,
13:46 Beverly Hills par exemple, c'est d'autres types de stéréotypes,
13:50 il n'y a pas grand chose d'intéressant à dire sur la santé mentale.
13:53 On voit vraiment l'avancée qu'il y a eu, ce qui est très positif,
14:02 puisque à la fois, on le voit, ça permet d'ouvrir des possibles,
14:06 de représenter le rétablissement, et finalement d'encourager à parler de soins,
14:10 à prendre soin de sa santé mentale.
14:12 Ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, et ça marque cet effet générationnel,
14:15 les interprètes, mais aussi les producteurs de ces séries,
14:18 incarnent ce changement.
14:20 Certain Reason Why, c'est une série qui a été produite par Selena Gomez,
14:23 qui est une des plus grandes activistes,
14:26 qui parle énormément de santé mentale,
14:28 et notamment de sa santé mentale, des troubles psychiques dont elle est atteinte aujourd'hui.
14:32 C'est vrai que c'est la même chose pour Zendaya par exemple.
14:35 Donc il y a vraiment cet effet, je trouve que ça maximise un peu la portée de ses oeuvres,
14:40 puisqu'on voit que ça devient des sujets de société,
14:43 notamment pour les personnes qui jouent, qui interprètent,
14:45 qui appartiennent à cette génération qui est beaucoup plus à l'aise
14:48 avec le sujet de la santé mentale.
14:50 [Musique]
15:00 [Silence]