• il y a 2 ans
Patrick Fiori ému dans "Vivement dimanche"

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00:00 -Mais écoute, je t'ai pas entendu jusqu'à maintenant parler de ce sujet qui bouleverse les Français, le haut-carabate.
00:07 Ce qui se passe là-bas est une tragédie qui peut pas laisser indifférent. Et c'est pas la première fois qu'on en entend parler.
00:12 Aznavour m'a parlé déjà. -Oui.
00:15 -Il y a 2 ans, j'étais là-bas. Je suis parti avec une délégation française. Et déjà, il y avait des choses vraiment absolument horribles qui s'y passaient.
00:24 J'avais sollicité des journalistes français pour m'accompagner, pour leur expliquer à mon retour parce que j'avais vu des choses que je devais pas voir certainement.
00:33 Et je l'avais demandé. Et puis je pense que ça intéressait déjà pas grand monde à l'époque. Et ces journalistes-là ne m'ont pas suivi. Je leur en vois absolument pas.
00:42 Et en fait, ce qui me dérange beaucoup, c'est qu'il faut que les plafonds tombent pour que les gens se regardent. C'est-à-dire que là, tout le monde arrive, tout le monde intervient.
00:49 Tout le monde dit ce qu'il a à dire. Mais c'est tard. Il y a 2 ans déjà, j'aurais pu, nous aurions pu avertir déjà la population, les États, le monde.
01:00 Et on nous a pas écoutés. Je voudrais juste dire que l'Arménie, c'est pas que du papier, en fait. Ce sont des gens merveilleux. C'est le berceau du christianisme.
01:10 Et en fait, je crois que je suis troublé, profondément troublé par ce qui arrive. Mais je crois que ce qui me trouble le plus, c'est l'indifférence.
01:20 C'est quand on est indifférent devant un tel massacre. Parce que moi, j'ai... Enfin, j'ai... Je dis « moi », mais nous étions...
01:27 On a vu les bombes à sous-munitions qui explosent à peu près 1,50 m à hauteur d'homme et qui détruisent des écoles comme des enfants, comme des familles.
01:36 Alors je garde l'espoir parce que... Vous savez, un Arménien... Je sais pas vraiment comment le dire parce que c'est mon père qui l'a dit.
01:42 Chaque Arménien est une lumière. Et à chaque fois qu'un Arménien tombe, il y en a un autre qui naît. Alors je souhaite de tout mon cœur que ces gens-là se remettent de tout ça,
01:53 en tout cas s'ils en ont la possibilité, la capacité. Et je suis meurtri, en fait, comme des millions d'Arméniens, comme des millions de personnes qui ont regardé
02:03 cet acharnement et ce massacre sous leurs yeux sans intervenir vraiment. Donc je suis déçu.
02:09 - Et il faut que la jeune génération sache qu'en 1915, c'est pas si vieux. Il y a eu un génocide. - Oui, oui, bien sûr.
02:17 - Personne n'est oublié. Et ça rappelle un peu ça, le début. - Ça rappelle un peu ça, le début, mais le problème, c'est que là, il y a eu un acharnement
02:26 vraiment assez conséquent. Et j'ai de la famille, moi, là-bas. C'est-à-dire que je disais à mes enfants... Et Michel, je vais vous le dire qu'à vous, je le dis ici.
02:33 Et j'ai pas voulu parler ailleurs parce que ça... J'y arrivais pas. Je veux pas laisser parler ma colère. Je suis en colère, mais j'ai pas de haine.
02:40 Comme tous les Arméniens de France, ils ont de la colère, mais ils ont pas de haine. Sur ces terres là-bas, il y a mes arrière-grands-parents qui sont enterrés.
02:49 Et je voulais mener mes enfants, moi, là-bas. Je pourrais plus. Voilà. Donc fin de l'histoire. Mais l'histoire continue. Et puis on s'est relevé de tellement de choses qu'on se relevera, je l'espère, de tout mon cœur de ça aussi.

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