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Transcription
00:00 -On lui fait un "batshig". En Arménie, on dit "batshig".
00:03 -Ca y est, 25 novembre, à l'Alhambra.
00:06 Je n'ai pas entendu jusqu'à maintenant parler de ce sujet
00:10 qui bouleverse les Français, le haut-Karabat.
00:13 Ce qui se passe là-bas est une tragédie
00:15 qui ne peut pas laisser indifférent.
00:17 C'est pas la 1re fois qu'on en entend parler.
00:20 A Znavour, on m'a parlé déjà.
00:22 -Il y a 2 ans, j'étais là-bas.
00:24 Je suis parti avec une délégation française.
00:27 Il y avait des choses absolument horribles qui s'y passaient.
00:30 J'avais sollicité des journalistes français pour m'accompagner,
00:34 pour leur expliquer à mon retour,
00:36 parce que j'avais vu des choses que je ne devais pas voir.
00:40 Je pense que ça n'intéressait pas grand monde à l'époque.
00:44 Et ces journalistes-là ne m'ont pas suivi.
00:47 Je ne leur en vois absolument pas.
00:49 Ce qui me dérange, c'est qu'il faut que les plafonds tombent.
00:52 Là, tout le monde arrive, tout le monde intervient,
00:56 tout le monde dit ce qu'il a à dire, mais c'est tard.
00:59 Il y a 2 ans, déjà, j'aurais pu, nous aurions pu,
01:02 avertir déjà la population, les Etats, le monde.
01:06 Et on ne nous a pas écoutés.
01:09 Je voudrais juste dire que l'Arménie,
01:11 c'est pas que du papier, en fait.
01:13 Ce sont des gens merveilleux, c'est le berceau du christianisme.
01:17 Et en fait, je crois que je suis troublé,
01:20 profondément troublé par ce qui arrive.
01:23 Mais ce qui me trouble le plus, c'est l'indifférence.
01:26 C'est quand on est indifférent devant un tel massacre.
01:30 Parce que moi, j'ai... Je dis "moi", mais nous étions...
01:33 On a vu les bombes à sous-munitions
01:36 qui explosent à 1,5 m à hauteur d'homme
01:38 et qui détruisent des écoles, des enfants, des familles.
01:42 Alors je garde l'espoir, parce que vous savez, un Arménien,
01:46 je sais pas comment le dire, c'est mon père qui l'a dit,
01:49 chaque Arménien est une lumière.
01:51 Et à chaque fois qu'un Arménien tombe,
01:53 il y en a un autre qui naît.
01:55 Alors je souhaite de tout mon coeur que ces gens-là se remettent
01:59 de tout ça, en tout cas, s'ils en ont la possibilité, la capacité.
02:03 Et je suis meurtri, en fait,
02:06 comme des millions d'Arméniens, comme des millions de personnes
02:09 qui ont regardé cet acharnement et ce massacre sous leurs yeux
02:13 sans intervenir vraiment.
02:14 -Il faut que la jeune génération sache
02:18 qu'en 1915, c'est pas si vieux.
02:21 Il y a eu un génocide. -Oui, bien sûr.
02:23 -Personne n'est oublié.
02:25 Et ça rappelle un peu ça, le début.
02:27 -Ca rappelle un peu ça, le début, mais le problème,
02:31 c'est qu'il y a eu un acharnement vraiment assez conséquent.
02:34 Et j'ai de la famille, moi, là-bas.
02:36 Je disais à mes enfants, et je vais vous le dire qu'à vous,
02:40 "je l'ai dit ici et j'ai pas voulu parler ailleurs."
02:43 Je veux pas laisser parler ma colère.
02:45 Je suis en colère, mais j'ai pas de haine.
02:48 Ils ont de la colère, mais ils ont pas de haine.
02:50 Sur ces terres, là-bas,
02:52 il y a mes arrière-grands-parents qui sont enterrés.
02:55 Je voulais mener mes enfants, moi, là-bas.
02:58 Je pourrais plus. Voilà.
03:00 Donc, fin de l'histoire, mais l'histoire continue.
03:03 Et puis, on s'est relevé de tellement de choses
03:06 qu'on se relevera, je l'espère de tout mon coeur, de ça aussi.

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