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00:00 Regardez comment les plus pauvres sont sciemment ciblés
00:02 par les multinationales de l'agroalimentaire
00:05 pour leur vendre leurs pires produits.
00:06 Première technique, s'installer au bon endroit.
00:09 La famille Hamilton habite dans l'un des quartiers les plus pauvres de Washington.
00:13 Ils vivent dans un désert alimentaire.
00:15 Aucun produit frais à des kilomètres à la ronde.
00:18 Deuxième technique, pratiquer des prix bas.
00:21 L'arme secrète des industriels de l'agroalimentaire, c'est le prix.
00:25 Leurs produits sont beaucoup moins chers que les produits frais,
00:28 jusqu'à 60% de moins.
00:31 Ils remplissent ainsi en priorité les caddies des plus pauvres.
00:34 Cible privilégiée, ils deviennent les premières victimes du système.
00:39 Bon, les prix ont beau être bas, ça reste quand même une affaire extrêmement rentable.
00:43 L'industrie des sodas est probablement la plus rentable après celle du pétrole dans le monde.
00:48 Elle a trouvé une combine géniale.
00:50 Ça lui coûte presque rien de produire ses cochonneries
00:52 et elle les vend 1 euro, 2 dollars.
00:55 C'est vraiment tout bénéfice pour elle.
00:58 Et tout ça est évidemment une affaire de grosses, très grosses entreprises.
01:01 Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Kellogg's, PepsiCo.
01:06 Aujourd'hui, une poignée de multinationales détient quasiment toutes les marques.
01:11 Elles pèsent 500 milliards de dollars de chiffre d'affaires
01:14 et ont pris le contrôle de nos assiettes.
01:16 Troisième technique, transformer les produits
01:18 pour les rendre aussi attractifs et addictifs que possible.
01:22 Il faut bien comprendre que les aliments ultra transformés
01:24 sont des recombinaisons d'ingrédients et d'additives
01:26 pour redonner de la couleur, du goût, de la texture.
01:29 On met des arômes et donc on crée des aliments artificiels
01:32 qui sont très attractifs.
01:33 Et c'est cette hyper attractivité qui est dangereuse
01:36 parce que d'abord, elles nous éloignent des vrais aliments
01:38 et elles nous font consommer l'aliment plus que de raison.
01:40 C'est-à-dire que le plaisir de consommer ces aliments
01:41 va l'emporter sur la satiété.
01:43 Quatrième technique, nous faire croire que les maladies liées à une mauvaise alimentation,
01:47 comme l'obésité, qui a d'ailleurs explosé depuis les années 80
01:50 au point où l'on parle aujourd'hui d'épidémie d'obésité,
01:53 c'est surtout pas la faute des multinationales.
01:55 Non, ça relève de la responsabilité du consommateur
01:58 et pour y remédier, il faut juste faire preuve d'un peu de bonne volonté.
02:02 Si vous voulez maigrir, faites du sport, suivez un régime.
02:06 Et si vous faites ça, vous y arriverez.
02:08 C'est si facile de regarder une personne mince et de se dire
02:12 "Quelle volonté, quelle force morale !"
02:14 Et puis, de voir une personne en surpoids et de l'accuser de tous les maux.
02:18 "Oh, ils sont faibles, ils n'ont pas de volonté."
02:20 Mais le problème n'est pas une question de volonté personnelle.
02:24 Et si nous continuons à le croire,
02:26 nous ne réglerons jamais cette épidémie d'obésité.
02:29 Cinquième et dernière technique,
02:30 faire du bon gros lobbying en manipulant le concept de liberté
02:34 dès que les pouvoirs publics tentent de cadrer les choses.
02:37 L'une des stratégies de l'industrie alimentaire
02:39 pour combattre la mise en place des réglementations
02:42 consiste à brandir le concept d'État nounou
02:45 et à dire que le gouvernement ne devrait pas se mêler de la vie des familles,
02:49 que c'est à elle de s'occuper des enfants, pas au gouvernement.
02:51 "La nourriture de la famille est assez difficile dans l'économie d'aujourd'hui."
02:54 "Maintenant, certains politiciens veulent que le gouvernement me dise comment je devrais le faire."
02:58 "Ils veulent mettre de nouvelles taxes sur beaucoup de produits que j'ai achetés."
03:01 L'industrie des boissons sucrées s'est mobilisée.
03:03 Elle a engagé des avocats, des lobbyistes.
03:05 Elle a trouvé des consommateurs qui ont dit "s'il vous plaît,
03:08 ne nous dites pas ce qu'on doit manger ou boire,
03:10 on ne veut pas d'un État nounou, on veut décider seul."
03:13 L'industrie a dépensé des millions de dollars,
03:15 presque six fois plus que nous.
03:18 "Donnez-moi un peu de retard."
03:19 "Je peux décider de quoi acheter sans l'aide du gouvernement."
03:22 "Le gouvernement est juste trop impliqué dans nos vies personnelles."
03:25 Ces extraits sont tirés de l'excellent documentaire
03:28 "Un monde obèse" de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade,
03:31 qui montrent très bien comment l'industrie agroalimentaire
03:34 profite cyniquement des vulnérabilités des classes populaires.
03:37 "Ca brise le coeur, c'est injuste."
03:41 "Des gens s'enrichissent sur la souffrance des autres."
03:45 "On pourrait l'éviter."
03:48 "C'est inhumain de l'ignorer."
03:54 Sous-titrage Société Radio-Canada
04:00 [Musique]