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Imaginez que toutes les parois de votre maison soient vitrées, qu'est-ce que ça change pour faire l'amour ?

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Transcription
00:00 * Extrait de « L'amour est un rêve » de Lily Hassan *
00:06 Que resterait-il de notre sexualité si nous la vivions en toute transparence ?
00:10 Imaginez que toutes les parois de votre maison ou de votre appartement soient vitrées.
00:13 Qu'est-ce que ça change pour faire l'amour ?
00:15 Lily Hassan, dans votre roman « Panorama », les gens peuvent refermer le lit comme un caisson,
00:18 autant dire comme un cercueil.
00:20 Alors certes, les voisins ne peuvent pas espionner leur galipette,
00:23 mais ils savent exactement à quelle heure et à quelle fréquence chacun fait l'amour.
00:26 Imaginez les conversations le lendemain en sortant les poubelles.
00:28 Alors c'était bien hier soir, dit donc, vous êtes resté à peine 3 minutes dans le caisson.
00:31 Jean-Patrick a des soucis stress en ce moment.
00:33 Ça va Jean-Patrick ?
00:34 Et alors moi je pense évidemment, comme je le suis, tout de suite aux enfants.
00:38 Je pense à la question des enfants, Meya.
00:40 Effectivement, dans un monde de transparence, les enfants auraient accès au spectacle de la sexualité.
00:44 Sauf si tous les adultes acceptaient de faire ceinture en leur présence.
00:47 Ça pourrait faire un autre bon roman de science-fiction.
00:49 Tiens, un monde où les enfants auraient école de 19h à 3h du matin,
00:52 et puis ils auraient poney de 7h à 9h.
00:54 Et bien sûr, ils auraient cours de self-wage tous les jours de 5 à 7.
00:57 Bon, je rigole, mais en vrai, une certaine transparence sexuelle a nécessairement été la norme
01:01 pendant des siècles et des siècles, puisque dans les foyers français modestes,
01:04 tout le monde dormait dans la même pièce, si ce n'est dans le même lit.
01:06 Oui, mais le passé, c'est quand même une autre histoire.
01:08 Et donc, j'en reviens à la question initiale.
01:09 Si tout le monde pouvait voir ce que vous faites au lit,
01:12 aujourd'hui, est-ce que vous feriez l'amour différemment ?
01:14 Quand je pose cette question, je tournicote autour de l'impératif catégorique qu'en tient Eh ouais !
01:19 Puisqu'il faut jouir sous le regard et le jugement des autres.
01:21 Alors forcément, il faut agir de telle sorte que nos actions individuelles puissent devenir des lois universelles.
01:26 Et là, à mon avis, il y a deux équipes.
01:28 Soit les gens se contenteraient d'un missionnaire le samedi soir,
01:30 soit, à l'inverse, ils nous infligeraient le cirque du soleil H24.
01:34 Les stratégies sont opposées, mais le résultat est le même.
01:36 Soit on se cache dans la masse, soit on se cache dans la performance.
01:39 Dans les deux cas, il n'y a plus aucune spontanéité.
01:42 En fait, je vois qu'un seul bénéfice possible à une sexualité transparente,
01:45 si on pouvait observer nos voisins, on serait beaucoup plus relax sur la question de la fréquence.
01:49 Le fameux deux rapports par semaine serait vite oublié.
01:52 À part ça, je pense qu'on serait juste en pleine galère.
01:54 Mais tu ne crois pas qu'au bout de 10 minutes, plus personne ne s'intéresserait à ce que font les autres ?
01:57 Je ne suis pas sûre en fait.
01:58 Parce que l'indifférence à la sexualité des autres, c'est ce qu'on nous promet depuis des années.
02:02 À chaque scandale de sextape, de nude, de revenge porn,
02:05 sans même parler des images et vidéos générées par l'intelligence artificielle.
02:08 En gros, l'argument, c'est qu'un jour ou l'autre, tout le monde aura vu tout le monde tout nu,
02:12 parce que toutes les photos qu'on prend sur tous nos téléphones auront été piratées.
02:15 Et que même si vous ne prenez jamais de photos de vos fesses, un ordinateur finira par en créer.
02:19 Et en fait, il y a un front de vérité là-dedans.
02:21 À un moment, un petit malin créera et diffusera la sextape qu'on attend toute.
02:25 Le plan A3 de Marine Bagoussan avec Claude Ascolavi, Chellea Salamé, dans le bureau d'Adèle Malrécy.
02:30 Ça va arriver Marine, ça va arriver, ça va t'arriver.
02:33 Et ce jour-là, je serai un peu émue.
02:35 Mais ce qu'on constate pour l'instant, c'est que quand une image intime est diffusée,
02:39 sans le consentement de la personne concernée, c'est toujours grave et c'est toujours une agression.
02:43 C'est arrivé à des millions de personnes et ça n'a aucune importance.
02:46 Il n'y a pas d'habituation possible quand notre sexualité devient publique.
02:49 Parce que c'est notre sexualité.
02:51 Pour le dire autrement, ce n'est pas parce que tout le monde a mal en se cassant une jambe
02:54 que ça fait moins mal quand vous cassez votre jambe.
02:56 Nous ne sommes pas solubles dans la masse et donc notre sexualité semble vouée au monde de l'opaque
03:01 ou même de l'occulte, qui sait ?
03:02 Merci Maya, on retrouve ta chronique promotion canapé en podcast sur le site de France Inter.

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