Cécile de France : « Quand on joue dans une adaptation littéraire, il faut lâcher prise »

  • l’année dernière
Présente à la 5e édition du festival Cinéroman à Nice, qui célèbre le lien entre livres et cinéma, Cécile de France nous a parlé de son rapport aux adaptations littéraires. Rencontre.
Transcript
00:00 C'est à la fois s'enrichir de l'univers du livre et arriver aussi à s'en détacher.
00:11 C'est avant tout le metteur en scène ou la metteur en scène qui compte, c'est sa
00:15 vision parce que, encore une fois, ce n'est pas un documentaire, puis c'est toujours
00:20 un peu court finalement, ou alors il faut en faire une série pour raconter, mais souvent
00:24 un livre est beaucoup plus riche, beaucoup plus... le point de vue est peut-être plus
00:28 subjectif, on est obligé de le tordre, on est obligé de le digérer, de l'adapter,
00:33 et à ce moment-là, il faut lâcher prise et en parler éventuellement avec le réalisateur,
00:40 mais je lâche prise, je fais confiance.
00:42 Il faut avoir les réponses aux questions.
00:48 Par exemple, dans "Illusion perdue", Louise de Bargeton est très différente dans le
00:53 roman.
00:54 Elle est décrite comme une ose de sèche, elle est odieuse, elle est détestable, et
00:58 à partir du moment où vous comprenez pourquoi, là, Xavier Dionnelly lui rajoutait de l'humanité,
01:03 de l'affection, il avait de la tendresse pour elle, et on en a fait un personnage beaucoup
01:07 plus romanesque et romantique que dans le livre, mais jamais aucun lecteur, en tout
01:13 cas, ne nous a fait de reproche, je pense que c'est aussi parce que le film est absolument
01:18 réussi.
01:19 Je pense que les spectateurs sont assez intelligents pour comprendre, mais c'est ça aussi le
01:23 bonheur de lire un livre, c'est que nous sommes notre propre réalisateur et le film
01:28 est parfaitement, exactement comme on le souhaite.
01:31 C'est ça aussi, c'est d'aller voir la vision de quelqu'un d'autre au cinéma et
01:36 de se laisser emporter par celle-ci.
01:38 Ça peut arriver, je peux avoir de l'appréhension, parce que si c'est un livre, évidemment,
01:48 que j'aime passionnément, j'ai mon film dans ma tête et il est parfait.
01:52 Donc ça sera forcément moins bien.
01:55 Et puis des fois, on est surpris et cette vision est différente et forcément intéressante
02:01 et subjective.
02:02 [Musique]
02:07 [SILENCE]

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