7-à-dire | Entretien avec Abdoulaye Diabaté, Pdt de la FAOBACI

  • l’année dernière
7info est la première chaîne d'information en continu en Côte d'Ivoire. Retrouvez ici en replay nos programmes et restez informés en temps réel en vous abonnant à nos différentes plateformes :

Site web : https://www.7info.ci
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCqA1FRAWs2VIiXf2cUYSQBQ
Dailymotion : https://www.dailymotion.com/7info
Facebook : https://www.facebook.com/7infoci/
Twitter : https://twitter.com/7info_ci

#7INFO #VUDECOTEDIVOIRE

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Les menaces qui pèsent sur la vie des albinos sont aggravées par l'exclusion, la stigmatisation
00:10 et le déni des droits fondamentaux tels que le droit à l'éducation et à la santé,
00:15 selon Amnesty International.
00:16 Aujourd'hui, nous recevons M.
00:18 Diabaté Abdoulaye, président de la Fédération des organisations pour le bien-être des albinos
00:24 de Côte d'Ivoire et Dosso Mekessi Alassane pour parler d'inclusion scolaire qu'à des
00:30 enfants albinos.
00:31 Bienvenue M.
00:32 Diabaté.
00:33 Merci.
00:34 Bienvenue Dosso.
00:35 Merci, merci.
00:36 Alors, on parle d'inclusion scolaire aujourd'hui.
00:40 M.
00:41 Diabaté, vous luttez pour le bien-être des albinos de Côte d'Ivoire.
00:44 Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi les enfants atteints d'albinisme ont un faible
00:50 niveau d'éducation en Côte d'Ivoire ?
00:52 Merci beaucoup de vous avoir vraiment flambant parce que la joie est grande, parce que ça
01:02 nous permet de parler des problématiques liées à l'albinisme dans le milieu de l'éducation.
01:10 Vous savez, les personnes albinos, la physionomie particulière de ces personnes-là a nourri
01:18 tellement de légions, de despertitions autour d'eux.
01:22 Nous, il y a deux faits qui nous sont inhérents.
01:25 La peau et puis le problème de vision.
01:29 C'est le premier fondamental même de ces personnes-là qui fait qu'ils n'ont pas
01:35 un épanouissement dans ce milieu-là.
01:38 Ils arrêtent précocement les études à cause du problème de ce milieu-là.
01:44 Ça peut s'expliquer comme ça, beaucoup même.
01:47 D'accord.
01:48 Les yeux.
01:49 Alors, combien, est-ce que vous savez à peu près combien de personnes albinos souffrent
01:54 d'efficience de vue en Côte d'Ivoire ?
01:56 En Côte d'Ivoire, selon le dernier recensement géant de la population, en 2020, nous étions
02:06 à près de 6600 albinos en Côte d'Ivoire.
02:10 Voilà.
02:11 Selon le dernier recensement en 2020.
02:14 Nous sommes en train de toucher pour entrer avec le service qui occupe les statistiques
02:21 pour qu'on puisse nous dire, selon le dernier recensement, combien de personnes albinos
02:26 vivent aujourd'hui en Côte d'Ivoire.
02:28 Nous sommes sur le chemin de l'efficience.
02:31 Alors, si je peux vous poser la question, quel niveau d'études vous avez ?
02:36 Oh, très belle question.
02:37 Je crois que j'ai arrêté l'étude à Tengrela en 1996, classe de terminale, mais sans jamais
02:45 obtenir l'EPC.
02:46 Mais c'est parce que j'ai fait un effort, sinon depuis la troisième, je devais arrêter
02:53 pour toujours des problèmes de la vision.
02:55 Et moi, j'étais confronté à deux choses, la peau et puis les yeux.
03:00 Puisque la distance entre le domicile et l'école, je crois que c'est près de deux kilomètres.
03:06 Il faut produire le soleil.
03:09 Souvent, je refusais d'aller à l'école à cause de la chaleur.
03:12 Parce que quand je vais, j'arrive à l'école, la peau tout rouge, fatigué.
03:19 Tu es en classe, tu dors.
03:21 Et en plus de cela, il y a la vision qui est là.
03:24 Donc, tellement c'était pénible d'aller à l'école que souvent même je restais carrément
03:29 à la maison.
03:30 Je devais avoir le courage de mon professeur, le professeur Ogun, qui m'encouragait, qui
03:37 m'encouragait.
03:38 Mais à cette époque, on ne savait pas, les pesanteurs de l'albinisme ne savaient pas
03:45 ce qu'ils faisaient.
03:46 Ce n'était pas sûr à cette époque.
03:48 Ce n'est qu'en 98, 99 qu'on a commencé à savoir pourquoi je souffrais à l'école.
03:56 C'était les yeux.
03:57 Et à cette époque, vous aviez déjà des lunettes.
04:02 Est-ce que vous aviez un sujet par rapport à vos yeux ?
04:05 Je n'ai jamais porté de lunettes, franchement.
04:06 Je porte ces lunettes grâce à une fondation qu'on appelle la fondation Pierre Fabre, en
04:13 collaboration avec le secours social-médical ivoirien dirigé par le professeur Kanga.
04:18 C'est grâce à ça que je porte ces lunettes.
04:23 Je ne les ai jamais portées.
04:24 Je ne voulais pas les porter parce que je me disais que si je les portais, ça ne me
04:30 fatiguerait pas les yeux.
04:31 Quand l'âge va avancer, je vais me les permettre.
04:34 Mais un autre professeur m'a dit que non, je ne pouvais pas les porter.
04:37 Il y a beaucoup de personnes d'albinisme qui ont porté des lunettes.
04:40 Ils disent que je ne les ai jamais portées.
04:42 Quand je les porte, ça ne va pas me créer de problèmes.
04:44 Moi, en tout cas, je pense que ça améliore, mais ça ne peut pas à 100 % nous permettre
04:49 de voir comme vous voulez voir.
04:51 Non, parce que c'est un problème inhérent.
04:53 Ça améliore.
04:54 Mais ça ne peut pas à 100 %.
04:56 D'accord.
04:57 Alors, Doso Mekesi, vous êtes élève ?
05:00 Oui, bien sûr, je suis élève.
05:01 En classe de ?
05:02 En classe de… j'ai eu le bac l'année dernière et je dois passer le BTS l'année
05:10 prochaine.
05:11 D'accord.
05:12 Et quelle filière vous faites ?
05:13 Je fais la logistique.
05:15 Logistique ?
05:16 Oui.
05:17 D'accord.
05:18 Alors, comment s'est passé votre cursus scolaire ?
05:20 Mon parcours scolaire n'a pas vraiment été facile parce qu'en classe, étant devant
05:29 moi, on ne pouvait pas voir le tableau, tu vois, et tout, et tout.
05:33 Malgré que c'est un classe de 2ème, que mon professeur, il a su réellement ce que
05:40 j'avais.
05:41 Sinon, j'étais dans l'établi, c'est vrai, mais bon.
05:43 Et il se disait que celui-là, il fait n'importe quoi dans son cas.
05:47 Et vu que le tableau se situe très loin de moi, je ne vois pas… je vois les écrits,
05:53 tu vois, mais je ne vois pas ce qui est écrit.
05:57 Mais je vois les autres camarades.
05:59 En ce moment, il était une orange, je ne savais pas ce qu'ils avaient.
06:02 Je voyais les autres camarades, attendent les écrits, bon, ils me disaient que j'avais
06:05 fait un peu comme eux.
06:06 Ce que je voyais, c'était le trait, le trait.
06:09 Et bien, je faisais la même chose dans mon cahier, tu vois.
06:13 Donc, ça n'a vraiment pas été facile.
06:16 Arrivé en classe de CM1, c'est un professeur, un nouveau professeur qui est venu.
06:21 Bon, heureusement que lui aussi, il connaissait déjà le problème que j'avais.
06:28 Donc, il a mis des bancs un peu devant le tableau pour que je puisse m'asseoir.
06:34 Mais il ne m'a pas mis seul parce que s'il me mettait seul, j'allais beaucoup m'ennuyer.
06:39 Et puis, voilà.
06:40 Donc, il a placé au moins deux bancs en face du tableau.
06:44 Il a placé deux bancs en face du tableau et puis, il a envoyé quelques amis pour
06:51 venir s'asseoir avec moi, pour me soutenir.
06:53 D'accord.
06:54 Et du coup, comment est-ce que vous avez réussi à poursuivre jusqu'à arriver en
07:00 terminale et à obtenir le bac ?
07:02 Bon, ça n'a vraiment pas été facile.
07:04 Au CM2, le prof, je ne sais pas s'il était un peu paresseux ou pas, il nous disait de
07:15 regarder dans le livre pour copier les leçons.
07:18 Donc, c'est ce qui m'a rangé un peu.
07:20 Donc, quand on finit de faire les cours, il nous explique de ne pas recopier les cours
07:25 au tableau.
07:26 Il nous dit de regarder directement dans le livre et puis de copier.
07:29 Donc, c'est ce qui m'a sauvé un peu en classe du CM2.
07:32 Et puis, bon, cela me permettait d'étudier à la maison vu que j'ai copié les cours
07:37 en classe.
07:38 Tu ne peux pas étudier sans les cours.
07:39 Voilà.
07:40 Donc, c'est ce qui me permettait un peu de pouvoir étudier à la maison.
07:45 J'ai eu le CP en étudiant, mais quand j'ai arrivé en sixième, ça n'a pas été
07:54 facile là-bas parce que là-bas, les professeurs, il y avait plus de neuf professeurs, je crois
08:00 bien, neuf professeurs.
08:02 Chacun d'eux venait écrire au tableau, ils effaçaient.
08:07 Ça faisait beaucoup de leçons à copier.
08:09 Moi, je ne me retrouvais pas vraiment.
08:11 J'ai même pleuré pour ça.
08:13 J'ai même failli arrêter l'école parce que je me dis « Ah, je vais à l'école,
08:18 je ne vois rien.
08:19 À quoi bon c'est de continuer l'école ? » Mais mon grand frère, merci à lui,
08:23 il s'appelle Doso Chari.
08:25 C'est grâce à lui que je suis ici aujourd'hui.
08:29 C'est grâce à lui que j'ai pu avoir le bac.
08:32 Mais étant en sixième, je n'avais pas encore de téléphone portable.
08:36 Je partais à l'école.
08:38 Quand les camarades finissent de copier le cours, je leur demande pardon.
08:44 Ils ont quand même prêté le cahier.
08:46 Je vais venir recopier le cours, mais ils ne peuvent pas me donner le cahier parce qu'ils
08:51 aussi doivent étudier.
08:52 Voilà.
08:53 Ils ne peuvent pas me donner le cahier, mais souvent aussi, je vois qu'ils ont raison
08:56 parce qu'ils aussi doivent étudier.
08:58 Donc, il y a des jours où, s'il n'y a pas d'interrogation, ils me donnent.
09:03 Il y a des jours, quand il y a des interrogations, ils refusent carrément.
09:05 Mais depuis que j'ai eu un téléphone portable, ça m'a vraiment aidé.
09:10 Parce que quand on finit de faire le cours, je prends la photo des différentes matières
09:15 qu'on a copiées ce jour et je vais à la maison.
09:18 Et quand je vais à la maison, j'ai fini de recopier le cours.
09:23 Et quand j'ai fini de recopier le cours encore, je dois étudier.
09:26 Donc, ça me met un peu en retard.
09:29 C'est que les autres font une heure, moi je les fais en quatre heures.
09:32 Ce n'est vraiment pas facile.
09:33 Alors, Monsieur Diabaté, au sein de votre fédération, est-ce que vous recevez souvent
09:41 des élèves qui viennent vous solliciter par rapport à leur cas scolaire ?
09:48 Oui, on les reçoit régulièrement.
09:53 Et quand on les reçoit, on va vers l'établissement d'un élève, puisqu'il faut aller informer
10:03 la situation, l'handicap lié à ces problématiques dans l'établissement.
10:08 Parce que les enseignants ne le savent pas.
10:11 C'est un méconnu, le problème des personnes avec une violence dans le milieu éducatif.
10:15 Bon, grâce à la sensibilisation, que nous menons, chaque 13 juin, mais ce n'est pas
10:21 seulement chaque 13 juin, on va passer du métier à ça.
10:23 On le fait en dehors du 13 juin individuellement.
10:26 On va voir le professeur ou bien le maître.
10:28 Il approche le moins qu'on lui a dit.
10:30 Moi, c'est comme ça que j'ai un peu évolué aussi dans ces difficultés.
10:34 Vraiment, ce n'est pas facile.
10:36 Et malgré tout, il faut des lunettes pharmaceutiques à cet élève-là pour pouvoir améliorer
10:43 un peu, grandir l'agriculture au tableau.
10:46 Bon, ça marche pour d'autres, mais il faut le dire, franchement, il y a beaucoup qui
10:50 abandonnent, carrément.
10:52 Il y a beaucoup qui abandonnent.
10:54 J'ai été à Mons, à Toulouplu, à Dalani, le mois dernier, avec une équipe de construction
11:02 foraine.
11:03 C'est un projet qu'on a obtenu avec une fondation en France.
11:08 Il y a plein d'élèves qui ont fait trois fois d'EPC à cause des yeux.
11:14 Il y a plein de mêmes qui ont fait un super du siècle à cause des yeux.
11:18 Donc, quand c'est comme ça, c'est les parents tout peu nécessaires.
11:22 Moi, mon cas à tenir, on avait dans le quartier voisin, la maman avait un enfant albino de
11:30 cinq ou six ans.
11:32 Quand elle regardait les difficultés, nous étions quatre avec maman.
11:35 Nous étions quatre albinos sur sept naissances de maman.
11:38 La dame me regardait, celui-là, forcément, il est en train de souffrir.
11:44 Mais il s'appelait pas Cheikh ou Yubra, lui à son âge, moi, ça ne me donne plus l'envie
11:51 d'envoyer Cheikh à l'école demain.
11:53 Cheikh aussi, c'est un enfant albino, mais celui-là, il est plus grand que Cheikh.
11:56 S'il est divorcé, même, il n'arrive pas à se panouir dans le milieu du quartier.
12:00 Mais ça n'a aucun sens d'envoyer les enfants albinos à l'école.
12:04 C'est resté gravé cette parole-là dans ma tête jusqu'à aujourd'hui.
12:09 Et ce sont ces mêmes difficultés-là que nous vivons jusqu'à ce moment-là.
12:15 Alors, nous, nous parlons, c'est toujours les mêmes problèmes.
12:18 Ce qui fait que vous voyez qu'il n'y a pas assez, surtout quand c'est les endroits
12:24 répulés même à l'intérieur du pays.
12:26 Les parents n'étaient pas nécessaires de l'envoyer.
12:28 On les envoie dans les travaux sur perte.
12:31 C'est écœurant, c'est par leur place, le champ, les personnages albinos.
12:36 C'est par leur place. Il est exposé au cancer de la peau.
12:40 Vous savez que plus nous avons une journée pour longer au soleil, nous recueillons les
12:45 rayons ultraviolets pénétrés, puisque nous n'avons pas de mélamines.
12:48 Alors que vous l'avez.
12:50 Ce sont les plus exposés au cancer cutané.
12:53 Il y a plein d'albinos qui sont morts et qui continuent de mourir du fait du cancer de la peau.
12:59 Les mêmes à l'abidjan comme à l'intérieur.
13:01 Même c'est beaucoup, puisqu'on n'arrive pas, on n'a pas pour le moment.
13:07 On va mettre très bientôt une cellule qui se charge des cas de décès.
13:12 Mais bien avant ça, on veut mener une sensibilisation nationale à l'intérieur pour sensibiliser
13:19 les parents, pour sensibiliser la population, pour sensibiliser les enseignants sur cette
13:25 pesanteur de l'albinisme sur la vie de ces personnes dans le milieu éducatif.

Recommandée