Romain Duris en cinq rôles qu'il ne voulait pas quitter

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00:00 Moi, je me suis pris au jeu.
00:01 Alors là, je me suis envolé.
00:02 Il y avait des figurants qui venaient sur le plateau et j'étais à côté d'eux.
00:06 Et j'en ai entendu dire, mais je pensais que c'était un film avec Romain Duris.
00:09 Il n'est pas là et tout.
00:11 Et j'étais là.
00:11 Gadjo Dilo.
00:12 On est parti en Roumanie, dans un village pas très loin de Bucarest,
00:16 qui était tellement d'un autre temps, avec des gitans, des Roms.
00:21 Au début, j'étais vraiment un étranger, un gadjo.
00:23 Les enfants me crachaient dessus parce que tout ce qui est étranger
00:27 n'est pas sympathique.
00:29 Et à la fin du film, je les avais dans mes bras.
00:31 On se faisait des câlins et on voulait plus quitter.
00:34 -Ca va aller, Paris !
00:36 -Ca va aller, Paris !
00:38 -Ciao, oreux !
00:40 -Ciao, oreux !
00:41 -Enfant, ouais. -Enfant, enfant, enfant.
00:43 -Bien ! -Super !
00:45 -Super ! -Super !
00:46 -Super, mon chère ! -Super, mon chère !
00:48 -Mon chère ! -Super, mon chère !
00:50 -Paris ! -Paris !
00:51 -L'OM ! -L'OM !
00:52 -L'OM ! -L'OM !
00:53 -PSG ! -PSG !
00:55 -Nique sa mère ! -Nique sa mère !
00:56 -Je pense que dans tous les films que j'ai faits,
00:58 c'est le film qui a le voyage le plus fort.
01:01 Je voulais pas rentrer en France, vraiment.
01:03 Je voulais pas rentrer en France, je voulais pas me laver
01:05 et je voulais pas qu'on me parle et je voulais pas qu'on me regarde.
01:07 J'étais... Je voulais préserver le monde
01:11 dans lequel j'avais vécu pendant trois mois.
01:14 L'Auberge espagnole.
01:15 Haute ambiance, haute voyage.
01:17 C'était le point de départ qui était pas facile à trouver avec Cédric Clapiche.
01:20 J'avais ce personnage dont il me parlait,
01:22 de Xavier, très gauche, assez immature,
01:25 tout le temps en doute sur tout, en fait.
01:28 Sur sa place dans la vie, les femmes, l'amour,
01:31 en questionnement perpétuel.
01:33 Et complètement dénué de beaucoup d'artifices.
01:36 J'avais le sentiment qu'il fallait que je gomme,
01:39 que je me vide de toute originalité
01:42 pour venir à quelqu'un de complètement banal.
01:45 Comment on va donner aux gens envie
01:48 qu'ils suivent ce personnage pendant une heure et demie ?
01:50 Parce que là, tout ce que tu me demandes, en fait,
01:52 que ce soit les habits, la coiffure, l'attitude et tout,
01:55 j'ai l'impression de me réduire totalement.
01:58 Et en fait, à travers tout ça, je me suis rendu compte
02:00 que je faisais mon premier rôle d'interprétation.
02:03 C'était brutal et radical.
02:06 -De d'où tu es ? -De France.
02:09 -De France ? Ah !
02:11 France.
02:13 -Tu es mousse ? -Oui.
02:15 On ne savait pas du tout, évidemment, que ça allait avoir cet écho-là.
02:19 Parce que c'est vrai que, je veux dire,
02:21 quand je partais à l'étranger,
02:23 les gens me connaissaient par l'Auberge espagnole,
02:25 par le programme Erasmus.
02:27 Le nombre de gens qui nous ont dit "C'est grâce à vous,
02:29 ça m'a donné envie de partir et de faire ce programme",
02:32 c'était fou. C'était assez dingue.
02:34 Et du coup, on en a fait deux derrière,
02:37 jusqu'à Salade grecque, il n'y a pas si longtemps.
02:39 C'est une vie parallèle, quoi, avec des voyages et des aventures.
02:44 Je déteste ce mot, mais pour le coup, il marche bien avec ça.
02:47 De battre mon cœur, c'est arrêter.
02:49 Je suis un agent immobilier véreux
02:51 et j'ai cette dimension de m'accrocher à une autre dimension,
02:54 un monde, évidemment, pas compris de mes potes,
02:57 mes collègues de travail.
02:59 Donc, ça crée un mystère.
03:00 Et ça, c'est magnifique d'avoir un personnage comme ça,
03:02 qui a un mystère en lui,
03:03 qui a une passion cachée, qui veut cacher.
03:06 Évidemment, ça nourrit de l'instant.
03:09 Quand il est au café avec ses collègues de travail,
03:11 bon, il parle pas de comment ils vont virer les gens le lendemain.
03:15 Lui, il est ailleurs, il est dans les notes de musique.
03:18 Et ça amène vraiment de la beauté.
03:20 Surtout que c'est par la mère,
03:22 c'est quelque chose que sa mère lui avait légué.
03:24 Donc, il y a quelque chose de féminin qui passe là-dedans,
03:26 dans un métier un peu brut, de mec un peu énervé.
03:30 Donc, ça faisait vraiment un personnage assez riche
03:33 et très, très agréable à jouer.
03:36 J'avais du mal à le quitter, lui aussi.
03:38 Avec Nils Sarastrup, quoi, je veux dire, magnifique.
03:40 Des scènes avec le père, moi, même en spectateur,
03:44 elles me bouleversent.
03:47 -Salut. -Salut.
03:49 -C'est quoi, ce rap pourri, c'est nouveau ?
03:51 -J'y arrive au côté.
03:53 -Ca va ? -Ouais.
03:55 -Je me rappelle un drôle de truc.
03:58 Tu te rappelles de M. Fox ?
03:59 Fox, celui qui s'occupait des concerts, maman.
04:01 -Oui, le grand con avec ses airs de tarlotte.
04:04 -J'ai rencontré, on a discuté, tu sais quoi ?
04:06 Il m'a proposé de passer une audition chez lui.
04:09 -"L'arnaqueur", autre registre total.
04:12 Alors là, on passe à de la comédie.
04:14 -Ha ha ! Marc. -Ouais ?
04:16 -C'est une promotion qu'on te fait, là. Bien sûr.
04:18 -On dirait un vrai plombier, non ? -Ouais.
04:20 -Bonjour.
04:23 -Bonjour, madame.
04:25 -Attends, c'est quoi, cette histoire ?
04:30 -Il y a une périque en sortant ?
04:32 -Non.
04:33 -C'est toi qui lui a demandé de botter ? -Non.
04:35 -Elle s'est mise en route toute seule, impossible de l'arrêter.
04:37 -Pas de problème, madame, elle a parlé de tout.
04:39 -C'est quoi, cet accent ?
04:40 -Moi, il me fatigue.
04:42 -J'hésitais beaucoup à le faire, parce que le scénario, au départ,
04:44 il était... Bon, le squelette était efficace, ça marchait.
04:46 On aurait pu dire, après, une comédie anglo-saxonne
04:48 dans le bon sens du terme, c'est-à-dire qu'il y avait vraiment
04:52 un squelette qui fonctionnait.
04:54 Mais après, tout ce qui était à côté, aussi, l'humour,
04:58 parfois frôlait avec des choses un peu gaguesques,
05:01 un peu vulgaires aussi.
05:03 Et là, je me suis dit, une comédie, c'est quand même une histoire de goût.
05:06 Comment fait-on une comédie
05:07 si on n'a pas le même sens de l'humour que le metteur en scène ?
05:09 Comment on se rejoint ?
05:11 Et donc, c'est vrai que pendant longtemps, j'ai eu plutôt peur de ce projet.
05:14 Et puis, finalement, en parlant avec le metteur en scène,
05:16 avec aussi l'enthousiaste de Vanessa Paradis,
05:18 qui était, elle, partante depuis le début,
05:20 je m'étais dit, vas-y, Romain, ouvre-toi, puis on verra bien.
05:22 Et après, je veux dire, après, on est partis,
05:26 on tourna à Monaco, on était bien, on était sur la côte.
05:29 C'était complètement fou.
05:30 Et il y avait la danse aussi, il y avait le travail de la danse.
05:32 Et là, j'avoue que ça nous faisait aussi des répétitions qui étaient géniales.
05:37 Patricks Foisy, ouais.
05:38 *Musique*
06:01 "Une nouvelle amie", de François Ouzon.
06:02 Depuis longtemps, quand on me demandait ce que j'avais envie de jouer,
06:06 je ne savais jamais quoi répondre.
06:07 Et puis, finalement, je disais une femme, ouais.
06:09 Une femme, je pense que ça me transpercerait,
06:12 que ça me ferait beaucoup d'effets.
06:14 Et François avait entendu ça et il a dit, bon, je vais proposer à Romain.
06:18 Et moi, je me suis pris au jeu, alors là, je me suis envolé.
06:21 Totalement envolé.
06:22 Ça m'a rappelé, évidemment, ma grande sœur qui me déguisait quand j'étais petit.
06:26 Il y avait des figurants qui venaient sur le plateau
06:29 et j'étais à côté d'eux et je les entendais dire,
06:32 mais je pensais que c'était un film avec Romain Duris,
06:34 il n'est pas là et tout, et j'étais là.
06:36 J'ai eu beaucoup de mal à revenir après.
06:38 Parce que c'est vrai que quand on se prend au jeu,
06:40 que d'un coup, on joue une femme,
06:42 enfin, on joue un homme qui est en femme,
06:44 mais il y a évidemment une gestuelle,
06:47 des codes qui changent un peu à l'intérieur de soi.
06:50 Et du coup, revenir après, c'était compliqué.
06:54 Je m'étais épilé total et tout.
06:56 [Musique]
06:57 [Musique]

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