La psychologue Marie-Estelle Dupont dans L’Heure des Pros : «Le porno c’est l’anti-sexualité».
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00:00 De manière très simple, par des expériences neurobiologiques,
00:02 vous faites visionner des images porno à des mineurs
00:05 avec des capteurs sur le cerveau,
00:07 et vous verrez que les réactions neurobiologiques
00:09 sont les mêmes que dans un trauma.
00:11 Pourquoi ? Parce qu'on a des neurones miroirs.
00:13 Les neurones miroirs, c'est très bien.
00:15 Quand vous aimez le tennis et que vous regardez Roger Federer jouer au tennis,
00:19 vos neurones miroirs vont faire progresser l'échéma moteur.
00:22 Mais quand vous regardez une scène de crime,
00:24 une scène de viol, une scène de torture,
00:27 vous avez des traces mnésiques.
00:29 Elles font une empreinte mnésique.
00:31 Donc, chez un mineur qui ne peut pas prendre de distance
00:33 parce qu'il n'a pas la maturité pour cela,
00:35 ça va s'engrammer, et ça explique qu'ensuite,
00:37 quand on fait des enquêtes, il y a 46 % des jeunes
00:39 qui nous disent qu'ils ont des pratiques violentes.
00:42 97 % du temps, c'est des garçons vers les filles, évidemment,
00:45 puisque dans le porno, on retourne à quelque chose de très archaïque,
00:49 où en fait, c'est pas la dimension du plaisir qui compte,
00:52 c'est la dimension de la domination et de la destructivité.
00:55 Et donc, on les reproduit sur leurs petits amis, ceux-là.
00:57 Mais en fait, il faut vraiment comprendre que le porno,
00:59 c'est l'antisexualité, parce que la sexualité, c'est du lien.
01:02 La sexualité, c'est un rapport de plaisir
01:05 avec toute une gamme d'émotions, de narrations,
01:07 de récits, d'imaginaires érotiques,
01:09 de plaisir, de rire, entre deux individus consentants.
01:14 Et donc, ça augmente la confiance en soi.
01:17 Le porno, c'est l'antilien, c'est l'antiémotion,
01:20 c'est la fragmentation du corps,
01:21 c'est la perte de confiance en soi pour les garçons.
01:22 Aujourd'hui, en consultation, on a quelque chose
01:24 que moi, je n'avais pas quand j'ai commencé ma pratique,
01:26 il y a 15 ans.
01:27 C'est-à-dire qu'on a des jeunes de 25-30 ans qui me disent
01:30 "J'ai des grosses angoisses d'érection,
01:31 j'ai peur de ne pas bander suffisamment, etc."
01:34 parce que j'ai regardé du porno,
01:36 donc j'imagine que moi, pour être virile,
01:38 je dois être comme un hardeur.
01:40 Voilà.
01:41 Et ils n'arrivent même plus à se dire
01:43 qu'ils peuvent communiquer avec leurs petits amis
01:45 sur la notion de plaisir.
01:46 Et les filles se sentent obligées d'accepter des pratiques
01:49 parce qu'il y a une réputation sexuelle dans la cour du lycée.
01:52 À notre âge, pour être cool, on fumait une cigarette,
01:54 enfin, à nos générations.
01:56 Et dans le lycée, il y avait beaucoup de gens
01:59 qui n'avaient pas eu un rapport sexuel.
02:00 Maintenant, il y a une notion de réputation sexuelle
02:02 où, si les filles ne se soumettent pas à très jeune
02:04 à certaines pratiques, elles ont peur d'être harcelées
02:07 et qu'il y ait un espèce d'effet de délation
02:10 de celles qui ne veulent pas.
02:12 Sous-titrage Société Radio-Canada
02:15 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]