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Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de sant, explique qu'il "était urgent d'apporter un signal fort". Le gouvernement va notamment travailler sur "une proposition ou un projet", de loi pour sanctionner les agressions verbales.

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00:00 Le 18-20, France Info, Jean-François Ackilly
00:05 Bonsoir à vous Agnès Firmin-Lebaudot.
00:07 Bonsoir.
00:08 Vous annoncez 42 mesures pour mieux protéger les soignants à l'hôpital comme en ville.
00:13 Il y avait urgence ?
00:15 Il y avait bien sûr urgence.
00:17 Le gouvernement s'est saisi de ce dossier de la sécurité des professionnels de santé très tôt.
00:22 Et j'avais confié à Jean-Christophe Masseron, médecin de ville, et à Nathalie Nion, cadre à la PHP de Paris, une mission.
00:31 Ils m'ont remis le rapport. 3 axes, 42 mesures.
00:34 3 axes vous dites. Prévention, sécurisation du cadre d'exercice, accompagnement des victimes. Je fais le job.
00:41 30 000 actes de violence annuels dans les établissements de santé. Qu'est-ce qui se passe ?
00:47 Différentes raisons nous amènent à penser que cette montée de la violence est due, bien sûr, et on le voit partout, à une montée de la violence dans notre société, que nous regrettons tous.
00:59 Mais on ne peut pas accepter que des professionnels de santé, qui sont là pour nous soigner, comme les policiers sont là pour nous protéger, comme les pompiers, se fassent agresser.
01:08 Donc l'objectif c'est revenir à la tolérance zéro d'une agression verbale.
01:11 La grande nouveauté c'est le délit d'outrage. Expliquez-nous ça.
01:15 Ce plan, vous l'avez très justement dit, nous avions comme objectif de répondre à la fois aux professionnels dans les établissements de santé,
01:23 mais aussi, ce qui est assez nouveau, de considérer que les professionnels de ville, que ce soit les médecins, les infirmières ou les aides-soignantes, puissent être aussi protégés.
01:32 Ceux qui sont seuls la nuit en ville.
01:34 Ceux qui sont seuls la nuit en ville ou qui vont aussi à domicile en journée comme les infirmières.
01:37 Nous avons créé, avec un travail important avec le ministère de la Justice et de l'Intérieur, nous allons créer dans les mois à venir un délit d'outrage.
01:47 Il est important que nos concitoyens sachent qu'une agression envers un professionnel de santé dans le secteur libéral sera potentiellement suivie d'une sanction.
01:57 Ça, ça vient rapidement ?
01:59 On va travailler sur une proposition de loi ou un projet de loi dans les semaines et dans les mois à venir.
02:04 C'est vraiment quelque chose d'important et de nouveau. Je crois qu'il était urgent d'apporter un signal fort et je crois que c'est un signal fort.
02:11 Le délit d'outrage avec, pour ce qui concerne les établissements, la possibilité au directeur de se joindre à la plainte de l'agent agressé ?
02:20 Pour les agents qui travaillent dans les établissements, c'était une très forte demande, vraiment.
02:24 Certains avaient peur des représailles et donc ne souhaitaient pas aller porter plainte.
02:30 Il est important que les professionnels agressés d'abord signalent, soit auprès de leurs ordres, soit auprès de l'ONVS, la plateforme qui gère les violences aux professionnels.
02:40 Mais il est important aussi qu'ils aillent porter plainte.
02:43 Et les agents dans les hôpitaux nous disaient qu'ils avaient peur des représailles et donc la demande, c'était que le directeur puisse les accompagner.
02:49 C'est ce que nous avons décidé, c'est ce qui sera fait.
02:52 Agnès Firmin-Lebaudot, vous avez évoqué la "tolérance zéro". On entend souvent cette expression qui est un peu audacieuse, ambitieuse.
02:58 Tolérance zéro, c'est quoi au juste ?
03:00 La tolérance zéro, c'est de faire comprendre à nos concitoyens, je crois qu'il est important, qu'un professionnel est là pour nous soigner.
03:06 Et nous ne tolérerons plus une agression, ne serait-ce que verbale, envers la personne qui vous accueille, soit à l'hôpital, comme j'ai pu le constater ce matin aux urgences de l'hôpital de Versailles,
03:18 soit la personne qui vous accueille simplement dans un cabinet médical, parce que le rendez-vous est donné trop tard, parce que le médecin n'a pas rempli le certificat qui va bien.
03:26 Les professionnels, je le redis, sont là pour nous soigner. Notre voie, c'est de les protéger.
03:30 Avec une campagne de communication, si j'ai bien compris, à la clé pour sensibiliser le grand public à cette tolérance zéro.
03:38 Je crois qu'on le voit souvent dans les hôpitaux, il y a des affiches. L'idée, c'est que dès novembre, nous puissions offrir à tous les professionnels la possibilité de communiquer sur cette volonté forte d'afficher que nous n'acceptons plus et nous n'accepterons plus la violence.
03:53 Vous avez prévu large, Agnès Firmin-Lebaudot. Le gouvernement prévoit de former, je me permets de dégrainer une des mesures, 150 000 professionnels au brevet de secourisme en santé mentale. Qu'est-ce que ça veut dire ?
04:05 Actuellement, il y a déjà 60 000 professionnels qui ont été formés à ce brevet de secourisme en santé mentale.
04:11 L'idée, c'est de pouvoir, dans des situations particulières, avec des patients qui sont atteints de pathologies mentales, il n'y a pas toujours des psychiatres qui sont disponibles.
04:21 L'idée, c'est de pouvoir gérer en amont une agressivité qui peut venir. Quand certains malades sont atteints de santé mentale, il y a une formation spécifique.
04:30 C'est de former à l'échéance de 2025, 150 000 professionnels.
04:35 Sachant que le secteur de la psychiatrie est en déshérence dans ce pays.
04:39 C'est pour ça qu'on essaye de former des professionnels à ce brevet de secourisme en santé mentale.
04:45 L'idée, c'est aussi de prévenir ces violences et de gérer en amont l'agressivité, de les éviter, de former les professionnels en place, de former aussi les étudiants.
04:55 Et puis, avec la gestion des bâtiments aussi, au minimum de gérer tous les moments de tension qui pourraient engendrer des violences.
05:03 Il est question aussi d'améliorer le flux de patients dans les hôpitaux pour vider les salles d'attente.
05:08 J'en lis un. Espérer diminuer l'exaspération envers l'agressivité des patients.
05:12 Ça s'appelle gérer les urgences, cette histoire. Et elles sont engorgées. Donc si vous les désengorgez, il y aura moins de violences.
05:17 C'est un peu une lapalisade.
05:20 Non, ce n'est pas une lapalisade. L'hôpital Bichin, qui a, depuis très longtemps, avant qu'il y ait le flux actuel de malades aux urgences, a réfléchi à comment gérer le stress.
05:29 D'abord, quand on va aux urgences et qu'on est malade, il y a le stress de la maladie, la peur.
05:35 Et puis, quand on attend trop longtemps, sans savoir à combien de temps on va être pris par le professionnel, on a une tension qui monte.
05:41 Donc l'idée, c'est de pouvoir gérer les flux. Et malheureusement, les services d'urgence n'ont pas été conçus pour pouvoir gérer le nombre de patients qui est de plus en plus nombreux.
05:50 Ce qui n'empêche pas, et je comprends à travers votre question, la question subliminale qui ne l'est pas tout à fait.
05:56 C'est aussi, on continue à travailler, bien sûr, à mettre plus de professionnels dans les services d'urgence.
06:02 La clé, c'est soulager les urgences.
06:05 C'est une des clés, mais ce n'est pas pour ça qu'il ne faut pas, je le redis, traiter cette problématique de la sécurité des profils de santé.
06:11 C'est un objet d'attractivité.
06:13 Agnès Germain-Lebonneau, vous ne nous avez pas évoqué ce dispositif, ce petit bouton, dont certains professionnels, c'est très sérieux, pourraient être équipés.
06:21 L'idée, là aussi, je l'ai vue ce matin à Versailles, la personne qui était à l'accueil, elle est toute seule la nuit.
06:27 Parfois, elle a géré une patient qui peut arriver parce qu'il a un peu bu.
06:31 Elle est en première ligne.
06:32 Lorsqu'elle se sent, j'allais dire, menacée, elle peut appuyer sur ce petit bracelet avec le bouton rouge qui alerte des collègues qui viennent tout de suite la rassurer.
06:42 Mais là aussi, pour accompagner les professionnels qui vont au domicile en ville, nous souhaitons mettre à disposition ces dispositifs d'alerte,
06:51 soit un petit dispositif qui s'appelle "sheriff" qui permet d'appeler des numéros,
06:58 ou alors, comme je l'ai vu avec SOS Médecins, des systèmes de géolocalisation qui permettent d'appeler le professionnel
07:04 lorsqu'on voit qu'il n'a pas bougé depuis un certain temps du domicile dans lequel il était en train de prendre en charge un patient.
07:10 Le délit d'outrage, la tolérance zéro, le petit bouton pour appeler au secours la nuit ou ailleurs, quand on est en déplacement,
07:16 ça décrit quoi, Agnès Firmel-Bodo, une société ultra-violente ?
07:20 Ça décrit que notre société est devenue de plus en plus violente, que nous devons aussi apprendre à respecter les professionnels.
07:27 Je crois que c'est important et c'est pour ça qu'il nous faut reprendre la base et que collectivement nous avons peut-être trop accepté les violences verbales.
07:35 Et comme les violences verbales sont devenues presque malheureusement communes, on passe aux agressions physiques.
07:41 Nous devons revenir à la base, et ça passe aussi par un sujet d'éducation, mais on ne va pas tout faire en même temps.
07:47 Nous devons apporter la sécurité à nos professionnels. C'est l'objet de ce plan qui se veut pragmatique dans les mois qui viennent,
07:54 et avec des actions que nous allons mener rapidement, et qui a été construit par les professionnels, je crois que c'est important.
07:59 Merci à vous Agnès Firmel-Bodo, ministre déléguée en charge des professions de santé, d'être venue répondre ici même aux questions de France Info.
08:06 Merci à vous.

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