• l’année dernière
On est reparti pour un voyage dans le temps à travers les années 2000, période d'or du mouvement Nu-Metal, punk emo et pop-rock. Découvrez ou redécouvrez tous les sons cultes du moment, les tendances et coutumes de cette époque, mais aussi la "grande épopée" d'un "tout petit groupe" : Elzevir !

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Amusant
Transcription
00:00 *sifflement*
00:02 *sifflement*
00:04 Eh mais je connais ça, c'est quoi déjà ?
00:06 Des vieux souvenirs.
00:08 J'ai comme l'impression que t'as encore des trucs à raconter.
00:10 Ouais, et cette fois,
00:12 ça va être rock'n'roll.
00:14 Tu m'en diras tant.
00:16 *musique*
00:24 Salut, aujourd'hui on va parler de rock,
00:26 de new metal, de Myspace, de Baguier,
00:28 et d'un point de la culture populaire rock,
00:30 ayant marqué les années lycées d'une génération en ce début de millénaire.
00:32 Mais avant toute chose, définissons un peu
00:34 ce qu'a été le mouvement rock à travers les phénomènes générationnels.
00:36 Allez, c'est parti !
00:40 Depuis l'explosion médiatique du rock'n'roll dans les années 50,
00:42 chaque génération ou presque a eu le droit à son ardente fanbase d'adolescents en sueur.
00:44 Au cours des six dernières décennies,
00:46 les styles muteront, émergeront,
00:48 entraînant à chaque génération de nouveaux individus hormonément instables
00:50 en quête de nouvelles sensations auditives.
00:52 A cet âge charnière et à l'instar des styles actuels,
00:54 le rock a devenu un véritable outil socialisateur tout au long de la trajectoire des individus.
00:56 Même si le rayonnement du rock et son lot de guitares saturées
00:58 se sont un peu atténués dans les cours des lycées depuis une douzaine d'années,
01:00 notamment avec l'avènement de nouveaux représentants de la pop et du hip-hop mainstream,
01:02 il y eut pourtant un dérivé qui marqua son époque.
01:04 En effet, la prophétie metal fraîchement débarquée des années 90,
01:06 et plus particulièrement son évolution le new metal,
01:08 n'a pas échappé à la génération d'occidentaux
01:10 et a traversé les années 2000 à l'injungrat.
01:12 Et c'est ainsi qu'à une période pas si lointaine
01:14 et pourtant cruellement désuète aux yeux de certains,
01:16 nous arvorions fièrement nos badges cornes, nos t-shirts famous,
01:18 nos sweats systémophodones et autres attirés de dégénérés chevelus.
01:20 *musique*
01:22 Le metal s'est en quelques années installé partout dans le paysage culturel des teenagers,
01:24 une démocratisation tellement fulgurante
01:26 qu'elle ira même jusqu'à envahir nos postes de télévision,
01:28 notamment avec la diffusion de clips de divers artistes.
01:30 Et au milieu des années 2000,
01:32 il n'était pas surprenant de retrouver des soundtracks complètes dans les jeux du moment,
01:34 mais aussi des publicités pour des compilations de rock et de metal,
01:36 et de retrouver ces mêmes titres dans les bandes originales des productions cinéma de cette période.
01:38 *musique*
01:40 *musique*
01:42 *musique*
01:44 *musique*
01:46 *musique*
01:48 *musique*
01:50 Une période marquée par le son des chaînes en métal pendant le long de nos pantalons,
01:52 les motifs de nos accoutrements, mais aussi par l'explosion d'internet,
01:54 et des nouveaux moyens de communication et de partage de la culture
01:56 qu'ont été les forums, Facebook,
01:58 et bien évidemment la rockstar des réseaux sociaux,
02:00 Myspace. Mais réduire cet univers à quelques
02:02 clichés farfelus ne serait pas rendre justice à ce grand épisode
02:04 des années 2000, qu'a été le mouvement
02:06 metal, punk et pop-rock. Il est grandement temps
02:08 de remettre en lumière cette fabuleuse épopée que j'ai personnellement
02:10 vécue à 1000%, et qui fera sans nul doute
02:12 la joie de petits et grands dans un tourbillon de nostalgie
02:14 ou de découverte musicale, certes un peu surannée
02:16 mais néanmoins captivante. Aujourd'hui en
02:18 Ré-dél'Empli sur 11, bienvenue dans
02:20 UNDER.
02:22 *musique*
02:24 *musique*
02:26 *musique*
02:28 *musique*
02:30 *musique*
02:32 *musique*
02:34 *musique*
02:36 *musique*
02:38 Alors, on pourrait penser que ces énergumènes qui fréquentaient les halls des lycées
02:40 et des facs en France il y a 15 ans n'étaient rien de plus qu'une bande d'allumés
02:42 aux cheveux longs et gras, qui quand ils chantaient pas
02:44 fort et fort dans un micro, passaient leur temps à secouer la tête et à
02:46 boire des birbes en marché. - Eh bien oui...
02:48 ...mais pas que.
02:50 Et là vous allez me dire "non mais Dorian, le metal c'était aussi une
02:52 véritable révolution musicale, une culture
02:54 foisonnante, et des dizaines d'univers qui..."
02:56 *bruit de téléphone*
02:58 - Stop, stop,
03:00 merci, tu arrêtes s'il te plaît ?
03:02 C'est... qui est-ce que c'est ?
03:04 Qui es-tu toi ? - Bah moi c'est Greg.
03:06 Je me suis abonné...
03:08 - Quoi ?
03:10 On peut s'abonner ? Des abonnés ?
03:12 - QU'EST-CE QU'IL MENTE PUTAIN ! IL MENTE À QUI ?
03:14 *bruit de téléportation*
03:16 *bruit de sonnette*
03:18 *bruit de sonnette*
03:20 - Mais c'était quoi ça ?
03:22 - Quoi ? Bref, nous sommes au début des années 2000
03:24 et alors que certains découvrent avec curiosité les
03:26 grands classiques de Metallica, Black Sabbath ou de Korn
03:28 dans la discographie de leurs aînés, d'autres explorent des chemins
03:30 bien différents dans la découverte de ce nouvel univers musical.
03:32 Comme beaucoup des personnes de mon âge, mon initiation
03:34 à ce que nous appellerons généralement le rock, s'est faite
03:36 au beau milieu de la petite révolution du new metal.
03:38 Et plus particulièrement avec le premier album de Linkin Park
03:40 "Hybrid Theory" et un fameux CD gravé qu'un ami
03:42 avait discrètement subtilisé à son grand frère.
03:44 Point d'originalité dans cette anecdote puisque cet album
03:46 en plus d'être aujourd'hui considéré comme l'un des plus
03:48 révolutionnaires du genre à travers son succès critique et commercial
03:50 est également réputé pour avoir été une passerelle majeure
03:52 vers le metal pour des milliers de jeunes gens prépubères
03:54 à son époque. Un album aux qualités discutables
03:56 car souvent décrié et moqué pour son manque de technicité
03:58 par de nombreux barbus avertis au cœur tendre.
04:00 Les mêmes qui verseront une larme le 20 juillet 2017
04:02 parce que quand même... C'était notre époque.
04:04 Rest in peace Chester, tu rentres au panthéon
04:06 de mes idoles mal aimées aux côtés de Paul Walker.
04:08 - Eddie Krivers ?
04:10 - Eddie Krivers.
04:12 Complètement chamboulé à l'écoute de ses nouveaux sons
04:14 inédits pour le gosse que j'étais, il était alors hors de question
04:16 de restituer ce précieux graal à son propriétaire.
04:18 Et après s'être procuré le single de la BO de Mission Impossible 2
04:20 par Limbis Kit et regarder 15 fois le clip
04:22 de Bring Me to Life / Dévanescence sur M6...
04:24 Tiens d'ailleurs vous savez quel film avec Ben Affleck a utilisé
04:26 Bring Me to Life / Dévanescence comme pendant... - Gareth Evans !
04:28 - Pache !
04:30 T'es fan de comics ?
04:32 - Non. - Par contre ?
04:34 - Je suis fan de collages de Ben Affleck.
04:36 J'en ai 800...
04:38 - Formidable ! - Enfin, nous pouvions aussi
04:40 compter sur la presse nationale, à ses magazines comme
04:42 Rock Mag, Rock One, Rock Sound, ou tout autre bout de papier
04:44 disposant du préfixe "rock", offrits pour la plupart
04:46 des CD de compilation de tous les titres du moment
04:48 avec en prime des productions de nos compatriotes français
04:50 comme Playmo, Acme et Nancer. Il faudra pour ma part
04:52 attendre l'arrivée au lycée dans la grande ville pour découvrir
04:54 toutes les facettes de cet univers, époque signant
04:56 la disparition du Walkman au profit du Discman
04:58 et où nous fréquentions les disquaires dans lesquelles on pouvait acheter
05:00 de la musique d'occasion. - On pouvait acheter de la musique
05:02 d'occasion.
05:04 Ça va ?
05:06 - Une époque charnire, peu avant la démocratisation des premiers iPods
05:08 mais surtout avant l'apparition de ce terrible objet du démon
05:10 qui a été très sobrement nommé la clé MP3.
05:12 Bref, le lycée c'était toute une arborescence de nouveaux
05:14 styles musicaux qui se déployaient devant nos yeux ébahis
05:16 et même si le grand classique dreadlocks, keffié bollas
05:18 et rick et tannou occupaient une bonne partie du terrain,
05:20 aux côtés des tuffers et autres crews plus orientés hip-hop,
05:22 la branche métalleuse en était pas moins représentée par plus d'une
05:24 dizaine de styles et de dérivés. Hard rockers fidèles
05:26 à la vieille école, néo-métalleux, grunge, punk californien,
05:28 trash eux et j'en passe.
05:30 Une véritable guerre des clans au sein d'une même famille,
05:32 ou devrais-je dire d'une même fratrie, parce qu'il faut bien le reconnaître,
05:34 on avait beau défendre bec et ongle notre style de prédilection,
05:36 on en restait pas moins qu'une génération de jeunes abattis
05:38 à la pilosité débutante ou au maquillage abondant,
05:40 accessoirisé par quelques artifices du catalogue goéland.
05:42 Catalogue goéland, leader de la vente par correspondance
05:44 qui connaîtra un succès grandissant des années 90
05:46 aux années 2000, notamment auprès des adolescents,
05:48 grâce à son identité décalée et ses milliers de références.
05:50 Et je m'égare. À un âge où la musique devenait une sorte de religion,
05:52 un moyen d'expression pour les plus introvertis,
05:54 nos chambres devenaient également de véritables sanctuaires,
05:56 des lieux de culte ténébreux à la patincie
05:58 caractéristique de cette époque, tapissés du sol au plafond
06:00 de posters et d'affiches de tous les groupes du moment.
06:02 D'aucuns vous diront qu'ils sont aujourd'hui cultes.
06:04 Et sans représenter un paquet de groupes,
06:06 je pourrais vous en sortir une liste à n'en plus finir,
06:08 mais comme un gros medley vaut mieux que de longues paroles,
06:10 voici un gros medley qui vaut mieux que de longues paroles.
06:12 Slayer, euh, Metallica.
06:16 Non, Blanketest, Greg.
06:18 *Musique*
06:20 *musique*
06:35 *musique*
06:49 *musique*
07:17 *musique*
07:22 Ouais, enfin il en manque un.
07:24 Quoi ?
07:25 Mais...
07:26 Et il est où mon abonné là ?
07:27 Ah ça m'étonne pas qu'il se barre tes abonnés, c'est ni fait ni à faire ton machin.
07:30 Et je sais de quoi je parle, je suis le toit d'il y a 15 ans.
07:32 Non non c'est bon, je suis là.
07:34 Alors non, déjà il y a 15 ans j'avais pas de barbe, et puis je faisais facilement 15 kilos de moins.
07:38 Ah bah ça c'est sûr.
07:40 Bon il est là pour se foutre de ma gueule Indochine ou quoi ?
07:42 Mieux que ça, je suis là pour te guider.
07:44 Gros patapouf.
07:46 *musique*
07:48 *soupir*
07:50 Alors ?
07:51 On pourrait croire que la popularité du rock dans les années 90,
07:53 et l'arrivée outre-Atlantique du néo-metal et de l'explosion de tous les styles et variantes au début des années 2000,
07:57 n'était que la réponse collective d'une nouvelle vague d'individus traumatisés par le climat géopolitique du moment
08:01 et les problématiques d'un monde déchiré de part en part sous les gouvernements Bush.
08:04 Et bah oui.
08:07 Non ?
08:08 Si si.
08:10 Enfin bref, si vous trouvez aberrant d'octroyer autant de sous-genres à une même bande d'ados rebelles à la pensée marginale,
08:14 laissez-moi vous dire que vous avez raison.
08:15 Au milieu des années 2000 et en réponse à la pression sociale et au conformisme abusif,
08:18 Ah mais voilà, j'ai été sûr.
08:19 J'aimerais autant vous prévenir qu'on va mettre l'accent sur un style bien particulier
08:22 qui inspire encore les plus grands rappeurs de la West Coast,
08:24 les émos.
08:26 Parait que si tu la lèves trop longtemps dans les yeux, tu peux attraper le sida.
08:29 Ah mais c'est pour ça la mèche.
08:31 Alors oui, je vous vois venir avec vos Tokyo Hotel et Ode to Janelle.
08:34 Ici on parle du vrai phénomène émocore, né dans les années 90,
08:37 dérivé du punk et issu de la scène post-hardcore,
08:39 dont les représentants comme Rites of Spring,
08:41 HIFI ou The Youths, dont ici les fondamentaux.
08:43 Un mouvement qui m'a particulièrement inspiré et dont j'ai visiblement gardé quelques stigmates.
08:46 Mais c'est pas un hasard,
08:47 parce que s'il y a bien un truc encore plus cool que d'écouter des groupes de émoscrime-au-corps au néo-metal à cette époque,
08:51 c'était d'en faire partie.
08:53 Je savais bien que vous aviez déjà entendu sa voix.
08:55 Ah mais alors, c'est lui Indochine ?
08:58 S'il y a bien un truc à souligner à travers ce phénomène musical,
09:02 c'est qu'il a poussé de nombreux jeunes à se saisir d'instruments
09:04 et à s'entourer d'amis pour apprendre et pratiquer la musique.
09:07 Et effectivement, ce fut mon cas.
09:08 Elsevier, c'était le nom de mon groupe.
09:10 Bon, le nom a été repris par un autre groupe de death metal russe depuis 2008,
09:13 et mis à part quelques pages fan sur des sites random
09:15 ou des topiques de forums enterrés dans les abysses d'internet,
09:17 on a complètement disparu des radars.
09:18 Mais s'il y a bien un endroit où Elsevier a existé,
09:20 et existe encore en dehors des souvenirs incroyables qui m'en restent,
09:22 c'est dans mon disque dur.
09:24 Et c'est l'histoire de deux potes en école d'art graphique,
09:26 avec une passion commune pour la musique,
09:27 une Stratocaster et un E-book G4 avec GarageBand.
09:29 Non mais attends, je la connais celle-là.
09:31 C'est pas celle où il y a deux gars,
09:33 il y en a un qui pète,
09:34 et il dit à son pote "ouh, non, non, c'est l'autre qui pète"
09:38 et après il dit...
09:39 Non, il lui dit rien.
09:40 Non, ils pètent tous les deux.
09:41 Ils pètent tous les deux, et...
09:43 Bon, euh...
09:45 Bref, j'étais pas très bon à la guitare,
09:47 j'avais jamais touché une batterie,
09:48 mais j'étais volontaire pour chanter.
09:49 Et ça, c'était suffisant pour partir à l'aventure.
09:51 Un nom griffonné dans un agenda,
09:52 des répétitions les mercredis après-midi,
09:54 une première démo dégueu enregistrée dans une chambre.
09:56 "Naked Rats, they can never see, oh"
10:01 Mais certes, c'était nul, mais c'était suffisant.
10:04 Ça y est, on venait de créer quelque chose qui allait changer nos vies.
10:06 Il a fallu rapidement trouver des musiciens,
10:08 aménager un local de répèt',
10:09 puis concevoir une identité graphique taillée sur mesure,
10:11 ma partie préférée.
10:12 Une frénésie irrationnelle qui nous emmènera même à réaliser
10:14 un clip amateur tourné au caméscope numérique
10:16 et monté sur iMovie,
10:17 un site internet, des badges, des stickers,
10:19 et bien entendu, la création d'une page Myspace.
10:21 Myspace, le réseau social révolutionnaire dédié à la musique,
10:23 où on pouvait créer un blog,
10:25 poster nos images, nos vidéos, nos enregistrements,
10:27 et étendre notre réseau d'amis selon nos goûts musicaux.
10:29 Une véritable institution de l'âge d'or d'internet
10:31 qui nous a permis de nous faire connaître
10:32 et de réaliser nos premiers concerts.
10:33 Où vous auriez pu nous écouter faire vibrer les murs de la ville
10:35 avec nos compos bien sûr,
10:36 mais aussi avec tout un tas de reprises,
10:38 comme par exemple...
10:39 *Musique*
11:05 C'était génial !
11:06 Pour la première fois de notre vie,
11:07 on passait de fans à idoles.
11:08 Les étudiants avaient nos chansons comme sonnerie de téléphone.
11:10 On trouvait nos stickers collés un peu partout en ville.
11:12 En quelques années, le groupe évoluera,
11:14 et on enchaînera les lycées, les petites salles, les gymnases,
11:16 les concerts dans les garages privés,
11:17 puis des scènes dans des bars,
11:18 grâce à une amie manager qui nous décrochera nos premières vraies dates.
11:21 Et je pourrais aussi vous parler de mon légendaire studio de 17m2,
11:23 qui deviendra notre studio d'enregistrement,
11:25 et dans lequel on enregistrera des dizaines de chansons,
11:27 aux grandes dames des voisins.
11:28 Et c'est d'ailleurs ici qu'est morné notre album jamais terminé,
11:30 dont il me reste des dizaines de pistes mp3 en tout genre,
11:33 principalement constituées de chansons en yaourt.
11:35 Tellement de démos qu'on aurait pu être récompensé du disque d'or des chansons pas terminées.
11:38 Des chansons en yaourt ?
11:40 Genre au bichy du Sac-Lyf ?
11:41 Non, ça veut dire dans un anglais approximatif.
11:43 Et ça ressemblait à ça.
12:00 Et aujourd'hui je me rends compte qu'on a été nombreux à connaître ce genre d'aventure,
12:03 aussi bien dans les salles de concert que dans nos chambres.
12:05 Parce que finalement le propos n'est pas d'aimer le métal ou le rock,
12:07 ou quelconque style musical,
12:09 mais avant tout d'illustrer le lien social que peut créer la musique
12:11 à cette période charnière de la vie d'un individu.
12:13 J'ai eu la chance de vivre une expérience authentique et unique,
12:15 et à une époque où filmer n'était pas aussi commun qu'aujourd'hui,
12:17 je ne remercierai jamais assez toutes les personnes
12:19 qui ont dégainé leurs premiers téléphones équipés de caméras et leurs compacts numériques
12:22 pour avoir capturé ces images,
12:24 et me permettre aujourd'hui de les rendre immortels.
12:26 *Musique*
12:39 Et c'est vrai qu'aujourd'hui ces styles, ces mèches, cette musique, cet univers,
12:42 ça prête à sourire.
12:43 Enfin disons-le franchement,
12:44 qu'il s'agit même d'un terrain parfaitement fertile au foutage de gueule.
12:46 Mais je vous rassure c'était déjà le cas à l'époque,
12:48 et les plus ardeux dégainaient leurs plus belles plumes pour nos bolosser sans vergogne.
12:51 Mais oui, on pourra pas dire qu'on a marqué l'histoire du rock avec un gros H.
12:54 Du rock ?
12:56 *Musique*
13:01 Trop puissant ?
13:02 Même s'ils font pitié, j'avoue le style du chanteur,
13:04 excellents sont les mecs,
13:06 j'espère vous voir en concert un jour, tu vas déchanter.
13:08 MDR c'est pas en chantant cette merde que vous allez baiser les puceaux.
13:12 Faut pas se fier aux démos de merde qu'il y a sur le Myspace,
13:15 la voix est pas top dessus,
13:17 je doute qu'ils puissent faire mieux,
13:18 vous êtes juste des profiteurs qui viennent parce que le métal c'est à la mode,
13:21 moi j'écoutais du métal avant que ce soit à la mode,
13:24 et vous me dégoûtez.
13:26 Je veux pas paraître homophobe mais vous avez l'air de pédé.
13:28 Raté.
13:30 Écoutez Dudes et vous saurez c'est quoi la musique.
13:32 On dirait un clip pour du maquillage.
13:34 Même si c'est pas super, je préfère écouter leurs sons,
13:37 car ils sont de ma même ville que moi.
13:39 Vocalement c'est de la merde, mais capillairement c'est nickel.
13:41 Merci.
13:42 C'est pour ça qu'ils le gardent.
13:44 Vraiment de la merde ce concert, vous devriez vous pendre.
13:46 Non j'abuse, mais par contre arrêtez les concerts.
13:48 Les mecs s'y croient trop alors qu'ils ont aucun talon.
13:51 C'est certainement ce qui a causé notre chute.
13:53 Les mecs sont émo et se prennent pour des vrais icosses,
13:56 mais MDR quoi.
13:57 Des émo, pfff, MDR.
13:59 Je crois que je préfère manger mon propre vomique d'écouter de la musique d'émo.
14:03 Laissez-les, ils ont droit de s'exprimer.
14:06 Quand vous serez célèbres, je pourrais dire que j'ai posté un commentaire sur leur blog
14:09 quand ils étaient pas connus.
14:10 Gamines.
14:11 Je trouve qu'il y a trop de jaloux dans les commentaires.
14:13 En même temps, pourquoi eux ça marche alors que c'est de l'émo de merde ?
14:16 Je sais pas, alors ferme ta geule.
14:18 Et puis un jour, sans prévenir, les amitiés se dénouent.
14:26 Les individus s'éloignent.
14:28 On se dit qu'il est temps de grandir et que finalement,
14:30 Rockstar à la frais de durst n'est peut-être pas un choix de carrière très raisonnable.
14:33 On range nos piles de CD quelque part au fond d'un placard,
14:35 on remballe nos Meet'n et nos Vans à damier,
14:37 et on laisse à l'abandon les patterns dark et étoilés de nos skyblogs.
14:40 Mais alors à quoi tout ça a-t-il servi ?
14:41 Et qu'en reste-t-il ?
14:43 Beaucoup de choses.
14:44 Car à l'instar des jeunes générations à venir,
14:46 les ados chevelus d'hier sont bel et bien les créateurs du monde d'aujourd'hui,
14:49 les actifs qui forgent notre culture et les inspirateurs de demain.
14:51 Et puis ce n'est pas la fin de tout mais seulement d'une ère.
14:53 Metal never die comme on dit.
14:55 On a bel et bien affaire à un style musical intemporel,
14:57 immortel et en sans cesse renouvellement.
14:59 En témoigne des centaines de groupes qui nous offrent encore chaque année des milliers de nouveaux titres,
15:02 mais également des jeunes artistes aux univers très différents,
15:04 qui ont à leur tour trouvé des vieux MP3 dans les disques durs de leurs aînés,
15:07 et qui nous offrent aujourd'hui leur version réinterprétée de cet univers.
15:09 Depuis l'arrêt de mon aventure musicale et la fin un peu tragique de mon groupe,
15:12 je me suis toujours demandé si j'aurais dû continuer la musique, au moins à temps perdu.
15:15 Et bien que ça fasse des années que j'ai laissé tomber,
15:17 parfois je me dis qu'il faudrait que je termine ce que j'ai commencé.
15:19 Parce que j'ai quand même ce regret d'avoir jamais enregistré une vraie chanson,
15:22 dans un vrai studio, de ne pas avoir réalisé un vrai clip,
15:24 mais surtout de ne pas avoir pu déployer tout mon potentiel au-delà d'une chambre d'étudiant et d'un micro d'ordinateur.
15:28 Bon je dis ça mais c'est sûr qu'à 30 ans passés,
15:30 et vu d'aujourd'hui, refaire ce genre de truc ça aurait une allure un peu ridicule,
15:33 un style daté, voire même ringard, mais qui sait ?
15:36 Ça serait peut-être l'occasion de faire la paix avec tout ça, une bonne fois pour toutes.
15:39 Parce que j'ai toujours ce goût amer, cette sensation d'inachevé,
15:41 cette impression d'être peut-être passé à côté de quelque chose.
15:43 - Non, t'as rien perdu, crois-moi.
15:46 - Quoi ? Comment ça ?
15:48 - Bah oui, franchement, t'étais mauvais, c'est pour ça que ça s'est arrêté, Elzevier.
15:51 - Moi j'aime bien.
15:54 - Bah oui, il a pas tort, y'a qu'à écouter des sons là.
15:56 - Mais non, mais c'était des démos et des répètes là !
15:58 - Clairement t'étais pas chanteur. T'as lu les commentaires, ça se voit.
16:01 Le chant c'est pas ton truc, c'est comme ça.
16:03 - Non mais j'ai jamais eu l'occasion de...
16:04 - Non mais attends, tu t'es retrouvé chanteur dans un groupe de rock
16:06 parce que tu savais ni jouer de guitare, ni de batterie, ni de basse.
16:09 - Mais n'importe quoi, mais je peux très bien chanter !
16:11 - Non mais attends, mais ça fait quoi, 10 ans ? 15 ans que t'as pas branché un micro ?
16:14 Tu veux encore ridiculiser ?
16:15 Ça sert à quoi, n'importe quoi, je peux très bien chanter !
16:17 - Ah bah vas-y, prouve-le !
16:18 Prouve-le !
16:19 PROUVE-LE !
16:21 [Bruit de vent]
16:23 [Bruit de vent]
16:40 [Musique]
16:59 [Musique]
17:28 [Musique]
17:48 [Musique]
18:06 [Musique]
18:36 [Musique]
18:41 Bon, j'ai pas pu m'en empêcher, c'est comme ça.
18:45 Parce que même si aujourd'hui mes goûts ont changé,
18:47 j'ai décidé d'arrêter de nier l'excitation juvénile que ces groupes génèrent encore en moi.
18:50 En allant chercher dans les abysses de ma mémoire et de mon disque dur,
18:53 j'ai compris à quel point cet enthousiasme était en train de se dissoudre dans les méandres de nos vies d'adultes.
18:57 Nos influences évoluent, nos playlists deviennent plus matures, plus variées.
19:00 Mais il y a quelque chose que ces musiques ont gardé avec les années,
19:02 quelque chose qui dépasse les tendances et qui leur donnera toujours une saveur particulière.
19:05 Et qu'elles connotent une forme de plaisir coupable ou assumée,
19:07 elles nous font comprendre qu'elles sont désormais les gardiennes de nos souvenirs,
19:10 et que chaque instant vécu à leur côté restera à tout jamais inscrit entre leurs accords.
19:13 Et au final, si le voyage dans le temps ne réside pas dans la construction d'une machine,
19:16 il prend certainement son sens dans le partage et la transmission de ce qu'il nous reste,
19:19 et toutes ces chansons, ces hymnes de notre passé, en sont sans doute autant d'escales.
19:23 [Musique]
19:50 [Musique]