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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi, il revient sur la décision de l'Algérie de ne plus enseigner le français.

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Transcription
00:00 lors de l'édito internationale sur Europe.
00:02 Bonjour Vincent Herouette.
00:03 - Bonjour Dimitri.
00:04 - Vincent, en Algérie, la surprise de la rentrée scolaire,
00:07 c'est l'interdiction faite aux écoles privées
00:09 de suivre les programmes d'enseignement en français.
00:12 C'est la fin du double cursus
00:14 et ceux qui voudront même avoir le bac français
00:15 devront aller le passer à l'étranger.
00:17 - Oui, Abdelaziz Bouteflika,
00:19 qui aimait parler français avec une pointe de préciosité,
00:23 répétait que le français était
00:25 le butin de guerre des Algériens.
00:27 Il faisait des discours en français,
00:29 il avait même assisté au sommet de la francophonie
00:32 alors que l'Algérie n'a jamais adhéré
00:34 à l'organisation internationale.
00:36 Surtout, il avait bloqué la loi
00:38 sur la généralisation de la langue nationale,
00:40 autrement dit l'arabisation.
00:42 Son successeur s'emploie à faire le contraire.
00:45 Le président Teboun Mark aussi,
00:48 la rupture avec l'ancien régime,
00:50 en imposant l'apprentissage de l'anglais
00:52 dès le CM2 et dans l'enseignement supérieur.
00:55 - Et en cela, il renoue avec la politique constante
00:57 de l'Algérie officielle depuis l'indépendance,
00:59 Vincent, tenter d'éradiquer le français.
01:02 - Les islamistes, les nationalistes purs et durs
01:05 et les tenants du panarabisme
01:07 rivalisent dans la détestation de cet héritage.
01:11 A leurs yeux, ceux qui parlent français
01:13 sont du parti de la France
01:15 et ça suffit à les discréditer.
01:17 L'interdiction de l'enseignement en français,
01:19 c'est comme le couplet anti-français
01:21 de l'hymne national remis au goût du jour,
01:23 l'annulation de la visite officielle à Paris
01:26 ou les coups fourrés au Sahel.
01:28 Le ciment du régime, son ADN,
01:30 c'est le rejet de la France.
01:32 Il y a juste un an, Elisabeth Borne
01:34 et une quinzaine de ministres,
01:36 dont celui de l'éducation nationale,
01:38 étaient au lycée Alexandre Dumas à Alger
01:41 et vantaient le partenariat renouvelé avec l'Algérie,
01:44 inscrit dans la durée qui profitera à nos jeunesses.
01:48 Des phrases toutes faites,
01:49 on dirait une séance d'exorcisme.
01:52 Ça n'a pas suffi, ça n'est jamais suffisant.
01:55 Dans ce climat, il faut admirer
01:57 qu'un tiers des Algériens continue de lire,
02:00 d'écrire et de parler en français.
02:02 Ils doivent penser que c'est déterminant
02:04 pour venir s'installer en France.
02:06 En quoi d'ailleurs ils se trompent,
02:08 il n'y a pas d'examen de français à la frontière.
02:11 - Alors l'Algérie reste tout de même, Vincent,
02:13 le troisième pays francophone,
02:16 après notamment le Congo et le Kinshasa.
02:18 - Oui, mais le problème de la francophonie,
02:20 ce n'est pas ce que parle la classe moyenne d'Algérie,
02:22 c'est ce que pense la classe dirigeante en France.
02:25 En gros, que la défense du français
02:27 est un combat d'arrière-garde.
02:29 Les Algériens n'ont pas une carte d'identité
02:31 rédigée en anglais, comme nous désormais.
02:33 L'Algérie n'a pas 1300 formations universitaires
02:37 uniquement en anglais, comme la France.
02:40 Et la loi Toubon n'a pas empêché d'ailleurs
02:42 les pouvoirs publics de créer la French Tech,
02:45 Choose France, French Impact,
02:48 ILS Data Hub, etc.
02:51 Tout ce charabia approuvé par le Conseil d'État.
02:54 On pourrait ajouter qu'Emmanuel Macron a fait élire
02:57 et réélire une ministre rwandaise
03:00 pour diriger l'Organisation internationale de la francophonie,
03:03 c'est-à-dire la représentante d'un régime
03:06 qui a interdit l'usage du français
03:09 à un peuple francophone et imposé l'enseignement en anglais.
03:13 La Cité internationale de la francophonie
03:15 ouvrira ses portes dans trois semaines
03:17 dans le château de Villers-Cotterêts,
03:19 restauré à très grands frais.
03:21 C'est là que François 1er a imposé le français
03:24 dans tous les actes administratifs.
03:26 Il serait temps de s'en inspirer.
03:28 Et pourquoi pas, dans la conduite de la politique étrangère
03:31 et même jusque dans la délivrance des visas.
03:34 A défaut, Villers-Cotterêts sera un grandiose monument funéraire.
03:39 Et what else ?
03:41 - Si un jour la francophonie se cherche un avocat en chef,
03:45 je vous recommanderais Vincent Herouët.
03:47 Merci beaucoup Vincent.