• l’année dernière
On revient ce matin sur l'agression dont a été victime ce week end le maire La France Insoumise de Grabels, René Revol.
Alors qu'il revenait d'une manifestation contre les violences policières à Montpellier, comme il y en avait un peu partout dans les grandes villes françaises, ce dernier a été pris çà partie par deux individus qui l'ont plaqué contre un mur, puis lui ont dit "tu es un ami des Arabes, tu ne perds rien pour attendre".
René Revol, qui n'a pas été blessé, a tout de même décidé de porter plainte.
Il avait déjà fait l'objet de menaces verbales il y a quelques semaine.

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Transcription
00:00 sanctionner plus sévèrement ceux qui s'en prennent à des élus.
00:02 C'est la question qu'on vous pose ce matin sur les réseaux sociaux, sur la page Facebook,
00:05 sur l'appli Ici par France Bleu et au 04 67 58 6000, vous allez bien sûr pouvoir prendre
00:10 la parole et nous dire ce que vous en pensez.
00:12 Si on regarde un petit peu les chiffres, Guillaume, il n'y a pas photo ?
00:15 Il n'y a pas photo, vous répondez à plus de 90%, 92% et vous êtes plus de 200 à avoir
00:21 voté que oui, il faut sanctionner plus sévèrement ceux qui s'en prennent à des élus.
00:25 Alors à vous de prendre la parole, 04 67 58 6000, vous pouvez nous appeler dès maintenant
00:30 et si on en parle aujourd'hui, c'est évidemment dans l'actualité avec René Revol qui est
00:35 le maire LFI de Grabel et qui est notre invité ce matin, Guillaume.
00:37 Bonjour René Revol.
00:38 Bonjour.
00:39 Vous avez été victime samedi alors que vous reveniez d'une manifestation contre les violences
00:44 policières d'une agression physique, on peut le dire.
00:47 C'est la première fois d'ailleurs que vous êtes victime d'une agression de ce type.
00:52 Absolument, j'avais reçu cet été des menaces de mort et des injures etc. y compris par
00:58 écrit à la mairie.
00:59 Bon, là une autre étape a été franchie en me menaçant physiquement, en me bloquant
01:06 contre un mur et en me disant que parce que j'étais l'ami des arabes, je ne perdais rien
01:12 pour attendre.
01:13 Donc deux individus, j'ai donc naturellement porté plainte dès lundi matin et les investigations
01:21 ont commencé.
01:22 On peut ne pas être d'accord avec les uns ou avec les autres, c'est possible.
01:27 Par exemple, moi je n'étais pas d'accord avec M.
01:30 Ménard qui avait refusé de marier un couple franco-algérien parce que le droit au mariage
01:35 en France depuis 1790 est un droit libre.
01:39 On ne peut pas conditionner et à partir du moment où le procureur de Béziers avait
01:44 donné son accord pour ce mariage signifiant que ce n'était pas un mariage blanc, il
01:48 ne fallait pas l'interdire.
01:49 Je m'étais exprimé, donc je n'ai rien contre M.
01:53 Ménard mais j'étais contre sa position et j'ai reçu des menaces de mort à cause
01:57 de ça.
01:58 Voilà, moi je suis pour un accueil digne et humaniste des réfugiés, je l'ai exprimé.
02:05 D'autres ne sont pas d'accord, c'est le débat qu'il y a aujourd'hui en France,
02:10 mais ces désaccords doivent être réglés démocratiquement et pas par la violence.
02:14 - Alors, fort heureusement, vous n'avez pas été blessé.
02:17 - Ah non.
02:18 - Dans quel état d'esprit vous êtes ce matin, 48 heures ou un peu plus ? Vous êtes
02:24 moralement atteint ou pas ?
02:25 - Non, je ne crois pas.
02:26 Samedi, j'ai été choqué.
02:27 J'ai été choqué et c'est mon épouse qui m'a dit qu'une étape est franchie, ce
02:33 n'est plus des mots, c'est des gestes.
02:34 Donc, il ne faut pas que ça aille plus loin et pour ça, il faut réagir.
02:39 Donc, j'en ai appelé à tout le monde.
02:42 D'abord, tous mes amis m'ont répondu, tous les maires de la métropole m'ont envoyé
02:47 des messages.
02:48 - Le sénateur Jean-Pierre Grand, qui est un grand politique, notamment différent
02:52 du vôtre, vous a témoigné.
02:54 - Qui est un sénateur LR, ça va de lui jusqu'à mon ami de 50 ans, Jean-Luc Mélenchon.
03:00 - Qui sera à Grabel samedi.
03:02 - Voilà, mais samedi, il sera là, plein de gens seront là.
03:05 Samedi, à Grabel, on a décidé, j'ai appelé à un rassemblement le plus large possible
03:11 contre ces violences d'extrême droite, pour me défendre.
03:16 Sinon, où va-t-on ? Et d'ores et déjà, j'ai énormément de gens qui me disent qu'ils
03:21 viendront.
03:22 Ça sera une démonstration d'unité, de rassemblement.
03:25 Beaucoup de maires, beaucoup d'écharpes, beaucoup de députés seront là pour qu'on
03:29 puisse dire, voilà, c'est pas possible.
03:32 C'est pas possible de fonctionner comme ça.
03:34 - On va revenir là-dessus.
03:35 Avant ça, une enquête est en cours.
03:36 Vous avez déposé plainte auprès de la gendarmerie de Castelnau, qui est en train de faire son
03:40 travail pour tenter d'identifier vos deux agresseurs, grâce aux images de la vidéo
03:47 surveillance.
03:48 - Peut-être, on verra.
03:49 Je sais que c'est à Montpellier qu'il y en a.
03:52 Dès hier après-midi, je suis allé avec eux pour repérer les endroits où c'est passé.
03:57 Vous le savez peut-être, je suis mal voyant.
03:58 Par contre, je me repère bien dans les rues et je vais vous montrer là où j'étais passé.
04:03 Montpellier est une ville adorable.
04:06 En partant de la manifestation, je voulais rentrer sur Grabel en transport en commun.
04:10 Je me dirigeais vers le Corum à travers les petites rues.
04:12 Ils ont attendu que je sois dans une rue où j'étais seul pour me faire cette menace.
04:18 C'est dans ces lieux-là.
04:19 Ensuite, si on ne peut plus aller tranquillement…
04:22 - J'aimerais qu'on revienne, René Revol, sur ce climat auquel sont confrontés les
04:28 élus depuis maintenant quelques mois, voire quelques années.
04:31 Surtout quelques mois.
04:32 Il y a des exemples très récents avec des agressions encore plus graves que celles dont
04:36 vous avez fait l'objet.
04:37 Parfois, des élus, des maires qui sont blessés.
04:39 Ceux dont on incendie carrément le domicile.
04:42 Comment vous analysez ce phénomène aujourd'hui ?
04:46 - Écoutez, moi je suis maire depuis 15 ans.
04:49 J'ai découvert cette fonction il y a 15 ans.
04:51 Avant, j'étais prof, on faisait autre chose dans la vie.
04:53 On est en première ligne.
04:56 Les maires, c'est quelqu'un que vous croisez dans les rues.
04:59 On me voit à la sortie des écoles, on me voit au marché, on me voit dans la rue, on
05:03 me voit acheter mon pain.
05:04 Ça ne me dérange pas du tout.
05:06 Le fait que les concitoyens viennent nous voir, nous parlent, c'est un mandat extraordinaire
05:10 maire.
05:11 - Il est de moins en moins respecté aujourd'hui.
05:13 - Il y a une minorité de gens qui aujourd'hui se croient permis.
05:16 Alors on ne vit pas dans une tour d'ivoire.
05:18 Il y a peut-être des élus qu'on n'arrive pas à atteindre.
05:20 - Est-ce que ça témoigne d'une détérioration du climat de la société en général ?
05:24 - Absolument.
05:25 - Ce dont vous faites victime aujourd'hui.
05:27 - Absolument.
05:28 À partir du moment où on cherche à régler les problèmes par la violence, ça signifie
05:33 que le consensus qui fonde la démocratie commence à être atteint.
05:38 La démocratie c'est la majorité, la minorité c'est le débat.
05:43 Moi j'ai souvent été minoritaire.
05:45 - La violence, René Revol, parfois elle peut être verbale aussi.
05:49 Est-ce que les politiques n'ont pas leur part de responsabilité là-dedans ?
05:52 Je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt, la France insoumise.
05:56 - Non mais non.
05:57 - Parfois, on l'a vu à travers le débat par exemple à l'Assemblée sur la réforme
06:01 des retraites, il faut aussi avoir des postures ou des propos un peu outranciers.
06:04 Elle n'est pas la seule, l'autre côté de l'échiquier aussi.
06:08 Mais ça n'incite pas les gens à se comporter comme ça quelque part ?
06:11 - Écoutez, moi j'ai 75 ans, j'ai présidé l'UNEF en 1968 où il n'y a pas eu un blessé,
06:19 pas une barricade, tout s'est très bien passé.
06:21 Je peux vous dire que ce qui se passe aujourd'hui ça n'a rien à voir avec ce qui existait
06:24 dans l'Assemblée nationale dans les années 70.
06:27 Donc, remettons les choses à leur place, que chacun retrouve les propos, qu'il y ait
06:31 un peu de chaleur dans les échanges verbaux.
06:35 - Plus que de la chaleur, parfois.
06:37 - Voilà, voilà.
06:38 - Mais encore une fois c'est partagé, je ne dis pas que...
06:39 - Donc voilà, il faut retrouver son calme sur les idées, etc.
06:44 Bon, moi je suis par ailleurs adhérent à la France insoumise, fidèle à ses positions
06:49 politiques et comme vous voyez, j'exprime ces idées d'une manière ferme mais calme,
06:54 inutile de dire un mot de plus, il suffit d'être déterminé.
06:58 Voilà, c'est l'objectif que nous cherchons.
07:00 Donc c'est pour ça qu'il y a toute une ambiance pour dire aujourd'hui, finalement, j'aimerais
07:08 pas que je vois certains commentaires qui disent que je l'ai bien cherché.
07:12 Qu'est-ce que ça veut dire ça ? C'est les victimes, on connaît ça, on connaît ça
07:17 pour toutes les situations, pour les violences faites aux femmes, c'est les femmes qui l'ont
07:20 bien cherché, pour les violences faites dans les années 30 aux juifs, c'est les juifs
07:24 qui l'ont bien cherché.
07:25 Non, non, il faut dire d'abord, on peut être en désaccord, mais il faut d'abord dire clairement,
07:29 rien ne se règle par la violence.
07:31 Tout doit se régler par le débat démocratique et moi, nous, la France insoumise et tous
07:36 les jonctionnés, on se soumet au suffrage universel.
07:39 C'est le suffrage universel qui doit trancher.
07:42 On débat, parfois avec de la polémique, un peu vif, mais à la fin, c'est les citoyens
07:46 qui tranchent.
07:47 Et c'est pour ça que, par exemple, sur la question des retraites, j'aurais aimé que
07:51 ça soit les citoyens qui tranchent.
07:52 Et non pas personne, puisque c'est le gouvernement qui a décidé, sans faire voter l'Assemblée.
07:58 Donc, si vous créez un climat de violence, propice à la violence, si vous ne permettez
08:05 pas au peuple d'être, à terme, le souverain qui décide.
08:09 - Donc, vous sous-entendez que, quelque part, nos gouvernants, le gouvernement, puisque
08:13 vous le citez, a sa part de responsabilité dans ce climat.
08:15 - Oui, il faut qu'ils rétablissent les choses, en ne prenant pas les décisions de manière
08:19 unilatérale, au sommet d'une pyramide.
08:22 La méthode Jupiter, elle est très mauvaise.
08:25 Il faut retrouver le contact avec les gens, il faut prendre le temps de la discussion.
08:30 Regardez, il y a un débat qui va arriver là.
08:32 Le débat sur l'immigration.
08:33 - Oui, c'est une nouvelle loi sur l'immigration.
08:34 - Le débat sur l'immigration.
08:35 Bon, tout le monde va participer à ce débat.
08:37 Prenez la question des réfugiés.
08:39 Prenez cette question simple.
08:41 Inutile de s'énerver.
08:45 Je ne sais pas, je vais commencer par une anecdote, si vous voulez bien.
08:49 Très simplement.
08:50 - Je voudrais que l'on écoute nos auditeurs aussi.
08:51 - Oui, très simplement.
08:53 Quand j'étais petit sur le plateau minier du Dauphiné, ma maman à Noël, à la table,
08:59 elle mettait toujours une assiette en plus.
09:01 Je me souviens de toute ma vie de ça.
09:03 Et avec une chaise.
09:04 Jamais personne n'est venu s'asseoir sur cette assiette, le soir de Noël.
09:08 Et elle disait, il peut y avoir quelqu'un, perdu dans la rue, il peut y avoir un pauvre,
09:12 il peut y avoir un cheminot, comme on disait à l'époque, ceux qui sont sur les chemins.
09:15 Il faut qu'il y ait une place pour lui.
09:18 Pour les réfugiés, moi je suis pour l'accueil.
09:20 Ensuite, une fois, quand quelqu'un est en train de se noyer, vous lui tendez la main.
09:26 Vous le sortez de l'eau.
09:27 Et après vous le traitez en fonction des lois en vigueur qui sont chez nous.
09:30 Mais par contre, ne pas.
09:32 Alors c'est ma position.
09:34 D'autres ne sont pas sur cette position, on le voit.
09:36 Le débat doit être serein.
09:38 Il doit être mené.
09:39 Et il doit se mener de manière démocratique.
09:42 Je sais que c'est ça.
09:45 On m'a traité d'ami des Arabes.
09:47 Donc c'est ça la question qui est aujourd'hui, qui provoque de la violence à mon égard.
09:52 Je veux dire, retrouvons le sens du débat démocratique.
09:56 Et nous, les maires, à l'échelon où on est, on doit garantir à la base, auprès
10:03 des citoyens, ce débat démocratique.
10:05 - La démocratie, c'est aussi les auditeurs de France Bleu Héros qui, chaque matin, peuvent
10:08 intervenir sur cette antenne.
10:09 Et on va le faire sans tarder.
10:10 - Faut-il sanctionner plus sévèrement ceux qui s'en prennent à des élus ?
10:13 Vous répondez au 04-67-58-6000.
10:15 - Bonjour Françoise, on vous écoute.
10:22 - Alors écoutez, moi je ne suis pas pour le respect à géométrie variable.
10:25 Il n'y a pas de catégorie de surcitoyens, de sous-citoyens.
10:29 Monsieur Rivonne a parlé des gens qui arrivent par la Méditerranée.
10:32 Ils sont aussi respectables que le président de la République.
10:36 On respecte tout le monde.
10:37 Et mettre des lois à géométrie variable par rapport à ce respect qu'on doit aux personnes,
10:42 je trouve que ça ne sert à rien.
10:43 Vous savez très bien que les agressions, les crimes, on ne les commet pas en évaluant
10:48 la peine qu'on aura.
10:49 Donc c'est un bel effet d'annonce.
10:51 Mais voilà, M. Rivonne appelle au calme, à la discussion.
10:55 Bien sûr que ce n'est pas facile, mais moi je reste là-dedans.
10:57 Pas de différence.
10:58 - Ok.
10:59 On a très bien compris votre position, Françoise, ce matin.
11:02 Pas de sanction plus sévère pour un agresseur d'élu.
11:06 Il faut que tout le monde soit logé à la même enseigne.
11:08 Qu'est-ce que vous en dites, vous, René Revold ?
11:10 - Oui, il y a des lois qui font qu'aujourd'hui on peut poursuivre les personnes qui agressent
11:15 ses élus.
11:16 Il faut simplement qu'on puisse exercer notre mission.
11:21 Nous sommes exposés et il faut qu'on puisse exercer notre mission.
11:26 Donc généralement, quand on se trouve avec quelqu'un avec une écharpe, on ne se représente
11:32 pas que soi-même.
11:33 On représente la collectivité dans laquelle on est.
11:36 On présente la République.
11:38 D'accord ?
11:39 Donc il faut du respect pour la République.
11:41 C'est comme ça que je l'envisage.
11:43 Je ne souhaite pas personnellement qu'il y ait des sanctions différenciées en fonction
11:49 des gens.
11:50 La seule chose que je souhaite, c'est que les élus soient mieux protégés.
11:54 Voilà, c'est tout.
11:55 Pour qu'on ne soit pas exposés.
11:56 - Est-ce qu'ils le sont pas suffisamment aujourd'hui, selon vous ?
11:58 - Oui.
11:59 Alors il y a des mesures qui ont été prises.
12:01 Mais par exemple, j'attends que les autorités mettent des dispositions qui nous permettent
12:09 à nous, maires, de pouvoir exercer notre métier dignement.
12:13 Je ne réclame pas des sanctions particulières.
12:17 Ce que je réclame, c'est la protection pour que nous puissions exercer notre mandat.
12:22 Si certains maires ne peuvent plus se promener dans la rue sans prendre le risque de se faire
12:26 taper dessus, ils ne pourront plus être maires.
12:30 Donc là, j'ai encore vu, on parlait de quelqu'un dans la région de l'Est de la France, Belfort,
12:35 un adjoint qui s'est fait casser le nez parce que quelqu'un voulait passer sur une route
12:39 qui était interdite de circulation.
12:41 Bon ben, il œuvre pour l'intérêt général, il n'œuvre pas que pour lui-même.
12:44 Il garantit la libre circulation dans sa commune pour pas qu'il y ait d'accident.
12:49 Il gêne quelqu'un, le gars sort de sa manuelle et lui casse le nez.
12:51 Où va-t-on ? Donc il faut absolument que les élus soient protégés.
12:55 - Merci René Revol d'être venu témoigner, en tout cas ce matin, dans le 6-9, trois jours
12:59 après votre réglation.
13:00 Merci à vous, bonne journée.
13:01 - Merci beaucoup.
13:02 - Vous retrouvez cette interview sur notre site internet francebleu.fr.
13:06 Dans un instant, les infos de 8h sur France Bleu Héro et France 3 Occitanie.

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