• l’année dernière
Depuis son premier long métrage derrière la caméra, le très joli Tout le monde debout (2018), nous soupçonnons que Franck Dubosc cherchait à laisser un peu le slip moulant de Patrick Chirac au vestiaire pour un costume plus romantique. La preuve avec Nouveau départ de Philippe Lefebvre, la chouette comédie du remariage (au titre adéquate) de Philippe Lefebvre, en salles ce mercredi, où l’acteur fait montre d’une émouvante sobriété en mari de Karin Viard qui croit rallumer la flamme en quittant sa moitié au bout de trente ans de vie conjugale… Dans ce film sur les amours quinquagénaires, riche en situations modernes et burlesques ( Dubosc n’a pas renoncé à faire rire en petite tenue…), il incarne un type normal, ni ridicule ni prétentieux, et fait mouche comme jamais. Un virage souhaité par le comédien, comme il nous l’explique avec sincérité et sans faire le clown…
Transcription
00:00 je commence à être un homme.
00:02 Je ne suis plus un pite, je ne suis plus un clown.
00:03 Ce n'est pas un nouveau départ, c'est une continuité.
00:06 Il est temps que je me ressemble un petit peu plus.
00:07 À l'éternelle jeunesse de la femme que j'aime.
00:10 25 ans de boîte.
00:11 Tu demandes un truc.
00:12 À l'amour de ma vie.
00:14 Écoute, va chercher le gâteau quand on finit ça.
00:16 Alain, c'est un homme amoureux.
00:19 C'est un homme qui commence à avoir une très mauvaise idée,
00:22 je pense, qui essaie de quitter sa femme
00:26 parce qu'il l'aime, pour redonner un peu, de ratiser la flamme.
00:31 C'est une très mauvaise idée.
00:33 T'es amoureuse de moi ?
00:34 Ça fait 30 ans qu'on est ensemble, on n'est pas des amoureux, c'est pas...
00:38 - On est quoi ? - On est un couple.
00:41 On se sépare.
00:44 - Quoi ? - Moi je t'aime, alors j'agis.
00:46 Les comédies romantiques, j'en ai fait peu.
00:48 J'ai fait Tout le monde debout, qui était la mienne,
00:50 mais j'en ai fait peu et j'avais envie justement d'en faire une.
00:55 Juste parce que je me suis dit avant d'être trop vieux.
00:57 J'avais pu embrasser des femmes au cinéma depuis mon premier film en 1984,
01:01 À nous les garçons.
01:02 J'ai envie que tu viennes avec moi à Amsterdam.
01:06 J'ai joué beaucoup de rôles asexués.
01:11 J'ai commencé avec un Patrick Chirac qui est assez asexué quand même,
01:15 on n'a pas envie de le voir embrasser des femmes ou faire l'amour avec des femmes.
01:19 Il drague dans son coin, c'est déjà assez.
01:21 J'ai fait un rêve avec toi cette nuit.
01:22 On a fait l'amour et tu m'as dit merci.
01:25 Monsieur Chirac !
01:26 C'est pour moi ?
01:27 Mais tu t'appelles Chirac toi ?
01:30 Bah oui, Chirac.
01:32 Pourquoi tu ne changes pas de nom ?
01:34 Pourquoi c'est moi qui changerais ?
01:35 J'ai commencé par des contre-emplois en fait.
01:39 Je ne suis pas Patrick Chirac dans la vie.
01:41 Je l'aime, mais je ne suis pas ça.
01:43 Je suis beaucoup plus pudique que ça.
01:46 On ne ferait pas me balader avec un maillot de bain comme ça dans la vraie vie.
01:48 C'est une façon de me cacher.
01:50 Il y en a qui mettent la barbe.
01:52 Moi, je me suis Davidi.
01:53 Tu, Davidi, tu, je ne sais plus.
01:55 Davidi, tu.
01:56 Le mec sur Deluy,
01:58 comme Gaulois,
02:00 c'est un personnage que je me suis créé au début,
02:01 mais sur la scène en fait.
02:03 Quand j'ai commencé à faire ce personnage
02:05 et que je me retrouvais à la télévision,
02:08 avec mes producteurs, on s'était dit,
02:10 qu'est-ce que je fais ?
02:11 Je fais moi quand je réponds aux questions
02:12 ou je suis un peu ce personnage ?
02:14 Et on s'est dit, moi le premier,
02:17 si je suis moi, je ne suis pas très intéressant.
02:19 Qui s'en fout de qui je suis vraiment ?
02:22 Alors, je vais jouer un peu le personnage.
02:23 Quand il y aura une femme à côté de moi,
02:24 je vais faire bonsoir.
02:26 Je vais répondre comme ça.
02:27 Ce qui fait que j'ai divisé.
02:28 Tout à coup, il y a des gens qui ont trouvé ça très drôle,
02:31 qui m'ont adoré ou aimé.
02:33 Et puis ceux qui se sont dit, oh là là, celui-là,
02:35 ils l'ont pris au premier degré.
02:36 Ce que je comprends,
02:39 c'est souvent dans les émissions de télévision
02:40 qu'on nous fabrique une image, plus qu'au cinéma.
02:42 Et où ils me disaient,
02:43 on va te mettre une jolie fille à côté de toi.
02:45 Je leur ai dit, mais non, ce n'est pas ça.
02:47 Et je jouais le jeu.
02:48 Et je rentrais dans le truc.
02:49 J'étais bon élève.
02:50 Je faisais plaisir à qui me demandait de faire quelque chose.
02:53 Ce n'est pas qu'une danse.
02:54 Le disco, ça rentre par les cheveux, ça ressort par les pieds.
02:56 J'ai fait des personnages qu'on pourrait mettre dans des...
03:02 J'avais un copain qui me disait,
03:03 on pourrait en faire des petits personnages en plastique.
03:04 Sur des étagères, le petit personnage de disco,
03:07 le personnage de camping.
03:09 On pourrait les mettre comme ça, même dans Bienvenue à bord.
03:11 Et là, je fais des Monsieur Tout-le-Monde.
03:13 Et je préfère.
03:15 Voilà, Florence, ma soeur célibataire.
03:18 Vous devez avoir mille trucs à vous dire.
03:20 C'est bien entre...
03:21 Entre Parisiens.
03:22 Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
03:25 Je lui dis, c'est bidon.
03:27 Je ne suis pas handicapé, c'est pour le reggae de ta soeur.
03:28 Il y a quelqu'un pour vous.
03:29 C'est une handicapée physique.
03:30 Bonjour.
03:33 Oh, bonjour.
03:35 Je peux vous parler ?
03:36 Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
03:37 Venez.
03:38 Non, vous venez.
03:39 Non, vous.
03:41 Non, vous, venez.
03:42 Tout le monde debout a surpris.
03:43 Et moi, ça m'a presque surpris que ça surprenne.
03:47 Ça m'a amusé, en tout cas, parce que tout à coup, c'est...
03:49 Ah, bah tiens, il peut faire quelque chose de bien.
03:51 C'était un peu ça.
03:52 Je me suis rendu compte qu'en fait...
03:54 C'est moi, je n'avais jamais montré ça.
03:56 J'avais toujours eu...
03:57 Soit par manque de confiance, soit par pudeur.
04:00 Je pense que c'est plus un manque de confiance.
04:01 J'ai beaucoup essayé de faire plaisir à un public
04:04 que j'ai appris à connaître.
04:06 Alors, je disais, pour toi, public.
04:08 Et aujourd'hui, ce serait plus pour vous, public.
04:10 J'ai beaucoup plus de...
04:12 Et puis pour moi.
04:15 Je me suis rendu compte que...
04:17 Je pouvais plaire et me plaire.
04:19 Qu'il ne fallait pas seulement essayer de plaire.
04:21 Alors peut-être à moins de gens.
04:23 C'est plus restreint.
04:25 Peut-être, mais c'est pas grave.
04:27 Je préfère plaire mieux que beaucoup.
04:29 Et c'est ça qui est bien.
04:31 On s'aime, on se connaît par cœur,
04:33 on est inséparables, on...
04:36 On s'emmerde.
04:37 Non, mais arrête avec ça.
04:39 Non, on ne s'emmerde pas.
04:40 C'est juste que voilà, c'est plus le moment de la passion,
04:42 on ne vibre plus, on n'a pas peur, on ne s'emmerde pas.
04:47 On n'est pas dans l'inconnu.
04:49 C'est ça.
04:50 Tu es d'accord avec moi, non ?
04:52 Tu n'es pas d'accord avec moi ?
04:54 Non, moi tu me passionnes.
04:57 Tu me manques.
04:58 Quand tu n'es pas là, tu me manques.
04:59 Quand tu rentres tard, tu me manques.
05:00 Donc je suis passé par un chemin qui,
05:02 tout à coup, m'a éclairé.
05:05 Et puis, ça, moi, c'est moi qui ai réglé les lumières.
05:08 Si un jour, je ne le ferai jamais,
05:10 mais si j'avais un prix quel qu'il soit
05:12 pour un film un peu plus sérieux,
05:14 j'aurais qu'une envie, c'est d'enlever le costume
05:17 de mon acte pour dire, celui qui nous manque,
05:19 c'est celui-là grâce à qui je suis là.
05:21 C'est grâce à lui que je suis là, en fait.
05:23 J'ai osé pour doser.
05:25 Et je pense que j'aurais fait ce que je fais aujourd'hui,
05:27 on ne m'aurait jamais remarqué.
05:30 ♪ ♪ ♪
05:33 [SILENCE]

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