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Transcription
00:00 Bonsoir Emmanuelle Béat.
00:02 Merci de votre présence ce soir aux côtés de la réalisatrice franco-ukrainienne Anastasia Mikhova,
00:06 avec laquelle vous co-signez ce documentaire puissant qui sera diffusé dimanche soir à 23h10 sur M6.
00:13 Anastasia qui a été déterminante dans votre décision de faire ce film,
00:18 puis de vous exprimer sur ce sujet en votre nom,
00:22 parce que vous avez longtemps hésité à vous livrer ce film.
00:25 Vous vouliez d'abord que ce soit un espace pour la parole des autres,
00:29 mais on le voit dans le film, le témoignage des victimes à la rencontre desquelles vous allez toutes les deux,
00:35 vous percuter en permanence.
00:37 Oui, mais c'est vrai que dans un premier temps, le travail, c'est trois ans de travail toutes les deux,
00:42 d'écriture, de recherche des témoins et de réalisation,
00:46 et dans ce temps-là, on se dit Anastasia et moi, quelle place on a dans ce documentaire ?
00:52 Est-ce qu'on apparaît ? Est-ce qu'on n'apparaît pas ?
00:54 Et la première volonté, c'est effectivement de créer un espace pour les autres,
00:59 et surtout, de rendre palpable, de faire entendre, de faire comprendre,
01:05 de faire sentir surtout, ce que veut dire l'inceste et les personnes qui le traversent.
01:12 Cette prise de parole, elle est difficile.
01:14 Vous aviez peur d'écraser la parole des autres,
01:17 mais elle est nécessaire parce que le silence ne faisait que continuer à vous détruire.
01:22 Ce que vous dites dans le documentaire.
01:26 Oui, enfin, je pense que le silence est une chose terrifiante.
01:30 Le silence tue.
01:32 Le silence dans lequel ça fait partie des stratégies aussi de celui qui agresse,
01:38 c'est-à-dire isoler et rendre silencieux, sans quelquefois même avoir besoin de le dire.
01:42 C'est un silence implicite.
01:44 C'est surtout pour rendre compte de ce silence.
01:52 Je n'ai pas très envie de parler de moi ce soir.
01:55 On a beaucoup parlé de ce qui m'était arrivé, de ce qui m'a sauvé.
02:00 Là, je me dis, laissons la place.
02:03 Il faut parler les mots des livres.
02:06 Les mots, c'est le premier soin.
02:08 C'est une délivrance que vous avez constatée, Anastasia,
02:11 auprès de celles et ceux que vous avez rencontrés.
02:14 En tout cas, ce qu'on peut dire, c'est qu'on a commencé il y a trois ans.
02:19 Il y a eu le livre de Camille Kouchner, "La famille agrandée".
02:22 Il y a eu tout le mouvement énorme sur les réseaux sociaux, le #MeTooAncest.
02:27 Et puis, on s'est dit, trois ans après, on en est où ? Qu'est-ce qui se passe ?
02:31 Nous-mêmes, on se posait la question, est-ce que les gens ont envie de continuer à parler de tout ça ?
02:36 C'est quand même extrêmement compliqué de parler d'Ancest.
02:38 On a fait timidement passer un message sur les réseaux sociaux, à travers quelques associations.
02:43 En une semaine, on a reçu plus de 300 réponses.
02:46 C'est dire à quel point les gens sont là, ils ont besoin d'être entendus.
02:50 Pour nous, aujourd'hui, le problème, il n'est plus dans le briser, le silence.
02:54 Évidemment, il faut appeler à parler, il faut appeler à prendre la...
02:57 Il faut continuer.
02:58 Non, le problème aujourd'hui, c'est qu'est-ce qui se passe après,
03:01 une fois qu'on a pris la parole ? Qu'est-ce qu'on fait ?

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