Des millions de débris satellitaires pullulent actuellement en orbite terrestre. Autant de fragments d’objets qui sont de véritables bombes à retardement tant ils peuvent créer des collisions en orbite et ainsi mettre à mal l’avenir de la conquête spatiale…Mais alors, comment nettoyer l’espace de ces débris flottants ? Est-ce une opportunité de marché pour les acteurs privés ? Pour en parler, Christophe Bonnal, expert en débris spatiaux au CNES et Luc Piguet, fondateur de ClearSpace qui fabrique une technologie discruptive pour capturer les débris dans l’Espace.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Nettoyer l'espace, le sujet n'est pas nouveau mais les technologies elles sont en cours d'élaboration.
00:09 Pourquoi, comment et avec quels moyens économiques débarrasserons-nous l'espace de ces satellites artificiels devenus obsolètes ?
00:16 On fait le point avec nos invités en plateau à ma droite Christophe Bonal.
00:21 Bonjour Christophe, bienvenue sur le plateau de Smart Space.
00:24 Vous êtes expert au CNES et spécialiste du sujet des débris spatiaux.
00:29 Et puis nous avons aussi avec nous à distance Luc Piguet, directeur et cofondateur de Clear Space
00:36 qui fabrique une technologie destructive pour capturer des débris dans l'espace.
00:40 Et vous êtes aussi avec Clear Space lauréat des Odo-BHF Young Entrepreneurs Award dont BeSmart est partenaire.
00:48 Bienvenue Luc Piguet dans cette émission.
00:52 Bonjour, merci.
00:53 Alors c'est votre entreprise qui a été sélectionnée Luc par l'ESA pour effectuer une mission test de capture de débris dans l'espace
01:02 qui porte donc le même nom que votre entreprise puisqu'elle s'appelle Clear Space One.
01:06 C'est quoi précisément cette mission ?
01:10 Alors l'objectif de la mission c'est d'aller chercher un objet qui appartient à l'Agence spatiale européenne en orbite
01:14 qui n'est pas contrôlable donc c'est un morceau si on veut du lanceur Vega, c'est un morceau de fusée
01:20 qui est en orbite depuis quelques années déjà.
01:23 Et l'objectif vraiment c'est tout d'abord de démontrer toute la chaîne de valeur dans des orbitages d'un débris spatial
01:30 et d'adresser tous les problèmes fondamentaux qu'il faut adresser
01:34 qu'ils soient techniques, opérationnelles ou aussi juridiques derrière ce genre de mission
01:41 parce que c'est évident que pour le futur il faudra qu'on soit capable de faire ce genre d'opération.
01:46 Donc quoi ça consiste ? On va vraiment attraper un débris, peut-être que vous pouvez nous en dire un mot aussi Christophe de cette mission ?
01:51 Oui je vous laisse émuler.
01:53 Alors Luc, allez-y, décrivez-nous cette mission s'il vous plaît parce que c'est assez impressionnant pour le grand public en réalité.
01:59 Voilà donc en fait ce qu'on développe c'est un espèce de drone spatial, c'est un satellite avec beaucoup de propulsions à bord
02:07 et des systèmes robotiques qui permettent d'attraper l'objet en orbite.
02:10 La difficulté c'est qu'évidemment ces objets pour être en orbite vont très vite, ils vont à 28 000 km/h
02:16 ce qui leur permet de rester en orbite.
02:18 Il faut aller rejoindre cet objet, faire un rendez-vous avec.
02:21 Donc on va s'approcher sur la même orbite de l'objet comme ce qu'on voit à l'image maintenant.
02:26 On va s'approcher lentement puis on va effectuer une capture de l'objet en orbite.
02:32 Il y a tout qui est en train de flotter.
02:34 C'est un tout petit peu comme faire du service pour une voiture au lendemain d'autoroute
02:39 seulement que la voiture se déplace à 28 000 km/h dans le vide de l'espace sans friction, en microgravité où tout flotte.
02:45 Donc l'exercice de capture est évidemment assez difficile à réaliser.
02:50 Une fois que la capture est faite, une fois qu'on a pu attraper l'objet en orbite,
02:55 on va le stabiliser puis le ralentir pour le faire rentrer dans l'atmosphère terrestre
03:01 en-dessus du point Nemo sur le Pacifique Sud.
03:03 Donc pour démontrer ce qui s'appelle une rentrée contrôlée
03:06 où on entre particulièrement dans le sud du Pacifique parce qu'il n'y a pas de transport aérien
03:11 ou d'infrastructure au sol qui pourrait être endommagée par un objet s'il atteint l'écorce terrestre.
03:16 Le point Nemo, c'est le cimetière des satellites et des débris spatiaux.
03:20 Alors comme une précision sur votre mission, elle a été un tout petit peu perturbée
03:24 puisqu'il y a quelques semaines, je crois, votre satellite cible est entrée lui-même en collision
03:29 avec un autre débris satellitaire. Alors qu'est-ce que ça change pour vous ?
03:33 Alors aujourd'hui, le contrat qu'on a n'a pas changé.
03:36 Aujourd'hui, ce qu'on est en train de faire, évidemment, c'est d'évaluer l'impact que cette collision a eu sur l'objet qu'on va chercher.
03:43 Il semble qu'il est en grande partie entier.
03:47 Il a l'air d'avoir perdu un certain nombre de flakes ou de parties, mais il semble être entier.
03:55 Donc ce qu'on est en train de faire aujourd'hui, c'est évaluer évidemment, évaluer quelle est sa pose,
04:00 comment il bouge, est-ce qu'il est parti en rotation, quelle est son attitude,
04:06 et puis déterminer quels sont les vis de mission. Donc il y a plusieurs possibilités.
04:11 La première, c'est qu'on maintienne le même objet et qu'on démontre la capture de cet objet-là.
04:16 Il y a d'autres possibilités qui seraient d'attraper un autre objet pour démontrer toute la chaîne de valeur.
04:21 Mais on est encore dans une phase où on analyse l'impact de cette collision.
04:26 Une chose est sûre, c'est que ce genre de collision démontre à quel point c'est important d'éliminer les objets d'orbite.
04:31 On ne peut pas les laisser là-haut parce qu'il y a des risques de fragmentation qui génèrent des plus petits objets
04:36 qu'on n'est pas capable de traquer sur le long terme et qui présentent des risques majeurs pour l'automation.
04:42 On y vient à ces risques que ça représente.
04:45 Christophe, là par exemple, on parle d'un objet qui s'appelle Vespa, qui faisait 113 kg.
04:50 On ne sait pas encore aujourd'hui si c'est toujours le cas.
04:55 Qu'est-ce que c'est tout ça à l'échelle du spatial, à l'échelle de l'espace, de la Terre et de l'orbite terrestre ?
05:00 Qu'est-ce que ça représente et quel danger véritablement ça représente ?
05:05 Bizarrement, il n'y a pas grand-chose là-haut.
05:08 On considère qu'il y a à peu près 36 000 objets de la taille du poing.
05:12 Mais l'espace est infiniment vide.
05:14 Je m'étais amusé à calculer que le volume occupé par les débris, par les objets spatiaux,
05:19 rapporté au volume des orbites basses, c'est le même que deux bouteilles de Coca-Cola perdues dans la Méditerranée.
05:26 Donc si vous voulez, c'est vide complètement, complètement, avec trois problèmes.
05:31 Trois problèmes. Premièrement, c'est des petits shrapnels qui représentent au total 10 000 tonnes,
05:36 c'est un peu plus que la masse de la Tour Eiffel, éparpillés un peu partout,
05:40 et qui ont comme partie de la qualité, comme l'a dit Luc, d'aller très vite, 30 000 km/h.
05:45 Secondo, pendant très longtemps, un objet à 800 km, comme le Vespa là par exemple, il est là-haut pour 200 ans.
05:53 Donc je vous laisse faire le calcul, 200 ans x 30 000 km/h, ça fait énormément de distance.
05:57 Ça fait que du coup, la probabilité de faire une mauvaise rencontre, la probabilité d'avoir une collision, devient très élevée.
06:03 C'est assez paradoxal. Il n'y a pas grand-chose, mais par contre, il présente un risque de collision.
06:08 Et le troisième truc, c'est quand il y a une collision, alors il y a régénération de nouveaux débris.
06:13 C'est exactement le cas qui est arrivé avec Vespa, où il a dû être impacté par un objet relativement petit,
06:19 puisqu'on ne l'a pas vu arriver, donc il n'était pas catalogué, donc il est plus petit que 10 cm,
06:24 et il a régénéré, je crois, Luc tu me corriges, mais 7 ou 11 nouveaux débris, eux, catalogués.
06:30 Donc il y a cette notion de réaction en chaîne, un objet on génère 10,
06:38 ou un objet peut en générer 1000 quand on explose un gros satellite,
06:43 et qui eux-mêmes ne demandent qu'à régénérer. C'est ça qu'il faut impérativement arrêter.
06:48 Alors c'est une maraude qui dure depuis longtemps en réalité, nettoyer l'espace chez l'Agence Spatiale Française.
06:55 On travaille dessus depuis très longtemps, trop longtemps.
06:59 Le problème, c'est qu'il y a plusieurs problèmes là-dedans. Le premier problème est technique,
07:05 ça Luc en a bien parlé, il s'agit d'aller capturer, dans notre jargon, un objet non coopératif.
07:12 Non coopératif, c'est-à-dire qu'il ne dit pas où il est, donc il faut se débrouiller par nous-mêmes pour le trouver.
07:18 On va en parler.
07:19 On ne sait pas s'il est noir sur fond blanc ou blanc sur fond noir, parce qu'il a changé de couleur, etc.
07:24 Il peut potentiellement être en train de tourner sur lui-même, on ne sait pas comment l'attraper, il n'y a pas une belle poignée.
07:31 Et ça, c'est vraiment ça toute la complexité, la manie de ClearSpace,
07:36 c'est vraiment démontrer la chaîne de faisabilité là-dessus, ça c'est fondamental.
07:41 Par contre, on a confiance, on pense réellement qu'on peut y arriver.
07:44 Après, il y a des problèmes juridiques, vous n'avez le droit de toucher un objet que s'il est à vous.
07:51 Or, aujourd'hui, 97,5% des débris en orbite basse sont américains, russes ou chinois.
07:59 Donc c'est bien beau si l'Europe va nettoyer sa part du marché, mais il faut que le reste soit nettoyé.
08:05 Comme d'habitude, on est exemplaire, volontaire, un peu arrogant,
08:09 mais bon, on est... - On n'a pas de projet similaire côté Russie ou Amérique ?
08:15 - Russie, le truc qu'ils disent généralement, c'est qu'ils n'ont pas de débris.
08:20 Les débris sont de l'Union soviétique.
08:23 - D'accord. - Voilà.
08:24 Et secondo, ils se servent de ces objets pour calibrer leur télescope et leur radar.
08:29 - D'accord. - Donc ils ont une fonction, donc c'est pas des débris.
08:32 Si vous voulez, là, les discussions commencent, sont difficiles.
08:36 Néanmoins, sans rigoler, on a abordé avec eux depuis très longtemps,
08:42 on a d'excellents collègues qui, malheureusement, sont bloqués,
08:46 mais avec qui on a travaillé sur ces histoires d'actifs débris homosoles,
08:50 et qui disent "Vous en faites pas, on sait le faire, il suffit de nous payer."
08:55 - La question du financement, on va y revenir, mais comment vous faites, par exemple,
08:59 Luc Pégué, chez Clear Space, pour les identifier ces débris depuis la Terre ?
09:03 C'est un vrai sujet, c'est un vrai sujet en développement.
09:07 - Alors pour les objets qui sont traçables, d'ailleurs, pour juste rebondir sur le point de Christophe,
09:14 une collision génère un certain nombre de débris qui sont visibles depuis le sol,
09:19 qu'on peut traquer avec des radars ou suivre avec des radars, observer avec des radars,
09:23 il y a un certain, il y a un grand nombre de débris qui sont juste invisibles.
09:26 Donc une grande partie de la problématique est en fait cachée,
09:29 on ne la voit pas en réalité, ce qui s'est passé avec la collision de Vespa.
09:33 Donc il existe des catalogues aujourd'hui, il y a plusieurs catalogues différents,
09:36 il y a évidemment les Américains qui ont un catalogue qui est public,
09:39 mais il y a d'autres sources d'informations et après il y a des observations au radar
09:42 ou des observations avec des télescopes qui permettent de voir les objets de plus grande taille
09:47 et permettent d'avoir une position relativement précise d'où se trouve un objet,
09:52 suffisamment précise pour qu'après on puisse aller le trouver.
09:54 Ça nous permet de déterminer finalement les plans de mission
09:58 pour s'assurer qu'on puisse faire le rendez-vous avec l'objet
10:00 et après de démarrer une opération de recherche dans l'espace si on veut,
10:04 quand on est suffisamment proche de l'objet pour le trouver et passer en navigation qu'on appelle relative.
10:11 C'est-à-dire qu'on commence, on navigue d'abord de façon absolue par rapport au référentiel terrestre
10:15 et après on bascule sur une navigation qui se fait par rapport à l'objet qu'on voit dans l'espace
10:19 où finalement le robot nettoyeur ou la dépanneuse opère de façon à peu près autonome pour sa navigation.
10:25 - Christophe ?
10:26 - Mais pour répondre un peu plus précisément à votre question, Cécilia,
10:29 c'est quand on voit un objet dans l'espace, qu'on en repère un objet dans l'espace,
10:32 il n'y a aucun moyen depuis le sol de savoir ce que c'est.
10:35 Le seul moyen dont on dispose, c'est de l'avoir suivi depuis le premier jour où on l'a lancé.
10:40 C'est le cas par exemple de Vespa.
10:42 Vespa, c'était le lancement, je ne sais plus, en 2011 ou 2013,
10:45 où là, dès le début, on a traqué l'objet.
10:47 Donc on le suit de façon permanente, on l'a suivi de façon permanente pendant ses 11, 12, 13 ans.
10:53 Donc on sait que c'est lui.
10:55 Par contre, si on découvrait, ça arrive malheureusement très souvent,
10:58 si on découvre un nouvel objet dans l'espace, à moins qu'il soit très très gros,
11:03 et puis là, mais un objet de taille raisonnable,
11:05 on n'a aucune idée de ce que c'est, de qui il appartient,
11:08 et on n'a pas moyen de le savoir tant qu'on n'est pas allé voir sur place.
11:12 Donc il y a une notion de mission d'observation à l'avenir qui est très importante.
11:17 - C'est là où l'égislation perd de son sens, puisque si on ne sait pas à qui il appartient,
11:20 on peut peut-être être libre d'intervenir ou pas, ça dépend comment on voit la situation.
11:25 En tout cas, il y a un écosystème qui se développe aujourd'hui
11:28 pour répondre à ce besoin de cartographier les débris spatiaux,
11:33 des start-up et peut-être des industriels aussi.
11:35 - C'est très important.
11:36 Au niveau de tous les sujets de débris, prolifération de débris,
11:40 et plus généralement préservation de l'espace,
11:43 le beuh à bas, c'est vraiment savoir ce qu'on a au-dessus de nos têtes
11:45 et réellement être capable de le voir.
11:47 Et ça, c'est tout le sujet qu'on appelle SST, Space Surveillance and Tracking.
11:52 - Oui. - Space Surveillance and Tracking, quoi.
11:56 Qui est la collection de tous les radars, télescopes, un peu de lasers maintenant,
12:01 quelquefois des satellites dédiés et qui permettent de faire un catalogue,
12:06 le catalogue dont vous parliez, un catalogue avec tous les objets, avec leurs orbites précises.
12:12 Et l'un des inconvénients qu'on a aujourd'hui, c'est ces objets-là,
12:15 en général, on ne sait pas trop bien où ils sont.
12:18 C'est-à-dire qu'on arrive à dire qu'il est là à plus ou moins 100 mètres près.
12:22 - On a besoin de réduire le champ de précision.
12:24 - Et si vous voulez, quand vous avez un risque de collision entre deux objets qui font, je ne sais pas, 2 mètres,
12:28 et où on sait où ils sont, mais chacun à 100 mètres près, ça ne marche pas.
12:31 Donc la priorité aujourd'hui, fondamentale, c'est réduire ça, améliorer nos connaissances.
12:37 Et ça, ça se fait aussi bien au niveau des réseaux nationaux, institutionnels,
12:42 comme EUSST, European Union SST, que des startups.
12:47 Des startups comme Share My Space ou Locope Space.
12:50 - Et là, il y a eu le côté business, parce qu'on peut s'en dire un mot,
12:54 parce que de toute façon, il n'y a pas de solution technologique sans un marché économique derrière.
12:59 Il faut bien payer cette évolution et les agences ne peuvent pas porter à elles seules ce coût-là.
13:04 - Là, c'est fondamental de comprendre que chaque personne qui vient avec des mesures de qualité,
13:10 il y a un business là-dedans.
13:11 Si vous avez la place dans votre jardin, collez-y un télescope.
13:15 Et puis vous vendez, vous nous vendez les données que vous voyez.
13:18 Alors évidemment, il faudra respecter un certain nombre de gages de qualité et autres,
13:23 mais on a toujours besoin d'avoir plus d'informations.
13:26 Et ça, c'est très important.
13:28 C'est pour ça que les startups dont je parlais, elles ont un avenir florist dans ces dons.
13:32 - C'est le cas aussi. C'est votre vision, j'imagine, chez ClearSpace.
13:35 Alors là, pour le coup, vous avez bénéficié d'une commande publique,
13:39 mais l'objectif, c'est quoi dans votre développement économique ?
13:42 Est-ce que vous croyez que vous pourrez déployer vos solutions peut-être à d'autres institutions,
13:49 voire à des acteurs privés, parce que tout le monde a besoin de protéger l'espace aujourd'hui ?
13:55 - Oui, donc il faut comprendre une chose.
13:57 C'est tout d'abord le désorbitage des débris, c'est juste un service en orbite.
14:01 C'est un peu comme dire le dépannage routier, ça peut être que de sortir une voiture de l'autoroute.
14:06 Avec du dépannage routier, on peut intervenir sur place,
14:08 on peut faire tout un tas d'autres choses qui tout ont de la valeur.
14:11 Ce que nous on pense, c'est tout d'abord que l'environnement spatial va changer de façon assez substantielle.
14:16 Il va d'abord basculer de plus en plus vers un centre de profit,
14:19 c'est-à-dire qu'il y aura de plus en plus d'argent qui sera fait en orbite basse.
14:22 Un autre élément, c'est que c'est un environnement qui est très visible, qui a beaucoup de traction.
14:27 Donc il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les opérateurs ou les acteurs
14:31 dans un environnement orbital ne pourront pas se permettre dans le futur d'opérer de façon non responsable.
14:36 Donc finalement tous les indicateurs pointent dans la bonne direction
14:41 vers un environnement où ce sera simplement naturel d'avoir des dépanneuses en orbite.
14:45 Donc nous, c'est le pari quelque part, c'est le fait que dans quelques années,
14:49 on ne pourra pas vivre sans une dépanneuse, sans une capacité d'intervention.
14:53 La question après, c'est qu'évidemment c'est un marché émergent qui n'existe pas encore.
14:57 Et comme tous les marchés émergents, il y a une courbe d'adoption.
15:00 Donc la question, c'est qui seront les premiers, qui seront les pionniers ?
15:03 Aujourd'hui, les pionniers, c'est l'Agence spatiale européenne, l'Agence spatiale anglaise,
15:07 c'est la Space Force qui commence à travailler sur le sujet.
15:10 Probablement dans les prochaines années, la NASA va faire des projets aussi.
15:13 JAXA travaille sur des projets pionniers.
15:16 Et après ça, on aura les early adopters, les clients les plus innovants
15:24 ou ceux qui prennent le plus de risques et sont payés un peu plus.
15:27 Et on se trouvera par exemple avec des clients dans la défense
15:30 ou dans certains opérateurs qui ont des gros satellites
15:34 qui veulent réallouer leur propre école pour pouvoir étendre la vie de leur satellite par exemple.
15:38 Donc il y a tout un tas de cas de business initiaux qui vont petit à petit faire émerger ce marché.
15:44 Ça coûte combien ?
15:47 Combien ça coûte ? Parce que là, par exemple, on parle d'un débris de 100 kilos.
15:51 Combien ça va nous coûter ? Est-ce que ça va être viable pour les acteurs
15:54 d'envoyer dans l'espace une solution comme celle que vous proposez pour un débris satellitaire ?
16:01 Et vous pourrez aussi réagir Christophe.
16:04 Voilà, donc si je peux donner un peu la perception,
16:07 évidemment la première mission qu'on a, il est de l'ordre de 100 millions d'euros.
16:11 Et cette première mission, ce qu'elle fait essentiellement,
16:14 c'est retirer les coûts d'ingénierie non récurrents.
16:16 Ça veut dire qu'on a besoin de développer toute une série de nouvelles technologies,
16:20 de capacités, de savoir-faire pour pouvoir exécuter ce genre de mission.
16:23 L'objectif, évidemment, c'est que ces coûts se réduisent dans le temps.
16:26 Maintenant, ça dépend beaucoup du type d'opération.
16:29 Si par exemple, je prends un exemple, un satellite qui opère,
16:31 qui a un coût total de 500 millions, qui opère durant 5 ans en orbite
16:35 et puis qui a besoin d'utiliser une grande quantité de propégole
16:39 pour faire un désorbitage contrôlé, peut utiliser ce genre de service
16:42 et peut être payé 70, 70 ou 80 millions pour un désorbitage,
16:48 ce qui lui permet d'étendre sa vie de 5 années, n'est-ce pas, de plus.
16:51 Il y a une équation financière qui peut fonctionner dans ces cas-là.
16:54 Mais l'objectif, évidemment, c'est que ces services deviennent
16:56 beaucoup plus abordables dans le futur et qu'un serviceur puisse, en fait,
17:00 faire plusieurs opérations d'affilée avec un seul investissement de lancement
17:04 et un seul investissement de plateforme, par exemple.
17:07 Je crois qu'il est fondamental de comprendre que ce que fait ClearSpace aujourd'hui
17:10 et ce que décrit Luc, c'est vraiment qu'il défriche le terrain.
17:14 Il découvre, c'est des découvreurs, c'est...
17:16 Il coche les cases. Oui, je sais faire un rendez-vous.
17:19 Oui, je sais maîtriser, etc.
17:21 Et si vous voulez, l'image qu'on lit, malheureusement, de temps en temps,
17:24 voilà, ils ont dépensé 80 euros pour aller chercher un petit objet.
17:27 C'est archi faux. C'est bien sûr pas ça qu'il faut retenir.
17:31 On n'y va pas pour désorbiter cet objet-là,
17:34 voilà, qui n'est même pas particulièrement plus dangereux que les autres.
17:37 On y va pour être capables de désorbiter les autres à moindre coût.
17:40 C'est vraiment, exactement, c'est toute la démonstration.
17:41 Et là, je short-cut peut-être ce que va dire Luc.
17:45 Mais ils ont déjà dans leur carton des missions où ils vont chercher plusieurs débris.
17:50 Oui, donc, mais il faut vraiment d'abord avoir démontré cette enableur, ce truc.
17:55 Je sais le faire. Et ça, pour le moment, personne ne l'a jamais fait.
17:58 Il y a eu des démonstrations partielles, mais qui étaient...
18:02 Je lâche un CubeSat et je démontre que je suis capable de le rattraper.
18:05 Bon, c'est bien, mais ce n'est pas...
18:06 Ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas ça.
18:08 Pour conclure, Luc Piguet, quand pourrons-nous voir cet essai dans l'espace ?
18:13 Alors, l'objectif qu'on a à l'heure actuelle, c'est un vol en fin 2026.
18:17 C'est quand même une grosse plateforme.
18:18 Ce n'est pas un CubeSat qu'on est en train de lancer.
18:20 Il fait plus de 700 kilos.
18:22 Donc, c'est une grosse plateforme.
18:24 C'est une plateforme relativement complexe parce que la propulsion est particulièrement complexe.
18:28 La navigation aussi, la robotique aussi.
18:31 Donc, il y a tout un tas de développements qui ont besoin d'être faits
18:34 et sur lesquels on travaille à pleine vitesse aujourd'hui pour faire avancer cette mission.
18:40 Donc, l'objectif aujourd'hui, c'est fin 2026.
18:42 Merci à tous les deux d'avoir pris le temps d'échanger et puis d'informer le public.
18:46 C'est important sur l'importance de s'occuper, de prendre en main ce sujet des débris spatiaux.
18:52 Christophe Bonnard, je rappelle que vous êtes expert au CNES et spécialiste,
18:56 notamment auteur de livres sur les débris spatiaux.
18:58 Merci de nous inviter pour démontrer cette urgence.
19:01 Merci beaucoup, Ligue Piguet.
19:02 Merci d'avoir pris le temps de répondre à notre appel.
19:04 Je rappelle, vous êtes le cofondateur de la société ClearSpace.
19:08 Merci à tous de nous avoir suivis.
19:10 On se retrouve dès la semaine prochaine sur Bismarck à la production Lily Zalkind.
19:16 [Musique]