Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Et à 7h45, 3 à 4 000 personnes sont attendues demain à Saint-Etienne pour la 2ème marche des Fiertés.
00:05 Et à cette occasion, on vous écoute sur France Bleue Saint-Etienne Noir ce matin sur les droits des personnes LGBTQIA+.
00:11 Dites-nous si on en fait assez pour lutter contre les discriminations au travail, dans la rue, chez le médecin aussi.
00:17 Dites-nous si vous comptez d'ailleurs vous-même participer demain à cette marche des Fiertés.
00:21 Et avec quelles revendications ? 04 77 10 0 0 10 pour participer à cette marche.
00:26 Elle est organisée par un collectif d'associations dont TransAid. Bonjour Edouard Reynaud.
00:31 Bonjour.
00:31 Vous êtes le président de cette association stéphanoise qui accompagne les personnes transgenres.
00:36 En quoi consiste cet accompagnement ?
00:38 On intervient pour aider les personnes trans dans leurs démarches administratives et médicales,
00:44 mais aussi pour aider leurs familles, leurs proches, la transition sociale,
00:48 et dans toutes leurs démarches du début à la fin de leur parcours.
00:51 C'est un panel très large finalement de conseils, de suivis,
00:55 pour changer par exemple, une question très pratique, pour changer de prénom ou de genre.
01:00 Est-ce que c'est compliqué aujourd'hui face à l'état civil ?
01:03 Oui.
01:04 Encore ?
01:05 Long et fastidieux encore.
01:07 Saint-Etienne n'est pas la meilleure des villes ni la pire,
01:10 mais oui il faut attendre encore environ un an, voire un an et demi pour un changement de prénom ou de genre.
01:15 Pour que ce soit effectivement pris en compte par l'administration ?
01:18 Oui.
01:19 Ça peut être très long quand on est dans cette démarche qui nécessite déjà le suivi que vous apportez,
01:25 peut-être aussi pour déjà sauter le pas, je pense que c'est déjà compliqué.
01:29 Et si en plus l'administration nous met des bâtons dans les roues, c'est pas évident j'imagine.
01:33 Oui, l'administration française est un peu longue,
01:36 et surtout après refaire faire toutes les pièces d'identité et tout ce qui rend le panel de notre vie
01:42 sous l'ancien prénom, c'est encore plus long derrière l'administration française.
01:46 Vous, quand vous intervenez auprès des personnes qui viennent vous trouver,
01:50 c'est pour donner quel type de conseils justement ?
01:54 C'est vraiment dans le pratique ou il y a aussi un accompagnement,
01:59 peut-être plus sur le long terme, sur la démarche générale ?
02:02 Ça va être vraiment de tout, ça va être de l'appel pour un coming out en face de sa famille,
02:07 comme trouver un médecin qui sera safe, ou trouver des psychologues,
02:13 ou trouver la même communauté quand on est dans un village où on n'a pas d'assaut LGBT.
02:17 À 7h47, on a un premier témoignage avec Julia du côté de l'Orme.
02:23 Bonjour Julia.
02:25 Bonjour France Bleu.
02:26 Merci de nous passer un coup de fil pour témoigner,
02:29 vous vivez avec une personne transgenre et vous avez un certain ras-le-bol sur le devoir de se justifier.
02:36 Oui, effectivement, je vois pas pourquoi.
02:40 Alors, au XXIème siècle, nous aurions à justifier de notre identité auprès des familles déjà,
02:51 de notre sexualité et de l'administration.
02:57 Ça a été compliqué dans le cas de la personne avec qui vous vivez, Julia,
03:01 ce côté peut-être butoir de l'administration ?
03:06 Très, et ça l'est encore aujourd'hui, et ça l'est dans son travail, puisqu'il est juge.
03:18 Concrètement, c'est difficile, vous heurtez à quoi ?
03:23 Concrètement, elle se heurte à…
03:28 Elle est en pleine transition et elle se heurte à monsieur, madame,
03:39 elle est en train de vouloir changer son prénom,
03:43 donc elle se heurte à différents trucs administratifs,
03:50 c'est-à-dire que les impôts l'appellent "monsieur",
03:57 elle est inscrite sous le nom de "monsieur le juge",
04:01 et se présente aux personnes concernées une femme,
04:06 donc personne n'y comprend rien, et nos familles n'acceptent pas.
04:14 Ça rend le parcours d'autant plus difficile, merci Julia pour ce témoignage.
04:18 Edouard Reynaud, président de l'association TransAid à Saint-Etienne,
04:21 vous intervenez justement auprès de ces personnes transgenres,
04:24 ou en tout cas qui font cette démarche de changer d'identité, de prénom, de sexe.
04:28 Quand vous entendez ce témoignage-là, on est dans un cas très concret,
04:31 là on a quand même justement une personne qui soutient cette démarche,
04:35 c'est important d'être soutenu dans son entourage ?
04:37 Oui, très.
04:39 La sollicite des personnes trans est importante,
04:42 du fait que la société, déjà c'est compliqué,
04:43 que depuis 2022 elle a été retirée des maladies mentales,
04:48 donc il y a aussi tout ce panel de personnes
04:50 qui encore considèrent la transidentité comme une maladie.
04:54 Donc plus on est soutenu par sa famille et ses amis,
04:57 plus on se sent entouré mieux,
04:59 et si ça se trouve ça entame une transition sociale beaucoup plus facile.
05:03 C'est déjà les premières bases de fondation pour une bonne transition en tout cas.
05:08 Vous recevez justement des proches de personnes qui sont dans cette démarche,
05:12 qu'est-ce qu'elles viennent vous demander finalement ?
05:14 Des parents viennent nous demander des choses qu'ils n'osent pas demander à leurs enfants,
05:17 c'est compliqué des fois de discuter, d'être intime avec son enfant sur son genre ou sur sa sexualité.
05:23 Ça va être comment mieux les accompagner,
05:25 où trouver des médecins s'il faut les aider,
05:29 ça va être plein de choses.
05:30 On accompagne aussi des professionnels de santé,
05:33 on accompagne aussi l'éducation nationale,
05:35 on accompagne tous ceux qui nous appellent pour x ou y raison sur la transidentité.
05:39 Justement sur les domaines d'activité,
05:42 Julia nous parlait du milieu judiciaire,
05:45 est-ce qu'il y a des secteurs comme ça où en plus l'identité sexuelle,
05:49 on vous appelle monsieur le juge ou madame la juge,
05:51 c'est compliqué d'aller contre des carcans,
05:55 j'ai envie de dire, on est au-delà du stéréotype peut-être ?
05:57 La France en généralité est très genrée,
05:59 que ce soit dans tous les milieux vraiment,
06:02 on est très binaire visuellement,
06:04 donc quelqu'un qui ressemble à un homme ça sera un homme,
06:06 et quelqu'un qui ressemble à une femme ça sera une femme.
06:08 Et en début de transition c'est toujours compliqué,
06:10 et les gens se battent sur ce qu'ils voient,
06:13 et même si la personne répète qu'elle est en transition, que c'est elle,
06:16 les gens ont tendance à essayer de ne pas le faire parce qu'ils n'y arrivent pas,
06:21 ou parce qu'ils n'ont pas envie,
06:22 l'exercice de commencer à dire elle et de remarquer des changements,
06:27 c'est encore compliqué, il y a des milieux plus fermés que d'autres,
06:30 je pense tout de suite au métier un peu plus masculin,
06:33 où il y a un peu du sexisme et où c'est un peu plus difficile.
06:37 Julia, je reviens vers vous, vous qui nous appelez de l'ombre pour témoigner,
06:41 vous avez le sentiment qu'il y a encore énormément d'avancées
06:45 qui sont nécessaires pour l'acceptation et pour un quotidien plus viable ?
06:50 Oui, un changement radical serait nécessaire,
06:56 et comme le disait monsieur, faire de la médiation auprès des jeunes,
07:04 c'est super, et ce serait un bien mieux-être,
07:09 c'est mieux se sentir dans son corps et s'accepter tel qu'on est.
07:15 Merci Julia, Edouard Rélo, que vous inspire ce que nous dit Julia ?
07:20 Ça me conforte parce que je me dis qu'il y a de plus en plus de personnes
07:24 qui relationnent avec des personnes trans
07:26 et qui acceptent surtout des transitions, même dans un couple déjà établi,
07:30 c'est compliqué aussi pour les personnes qui sont des conjoints et des conjointes
07:33 de personnes trans, surtout quand la transition arrive un peu plus tard,
07:36 en tout cas où on se questionne sur son genre quand on est majeur,
07:40 et les gens avec qui on relationne, qui nous aident et qui nous accompagnent
07:43 dans ce parcours, c'est super.
07:45 Merci, et cette interview est à retrouver sur francebleu.fr.
07:50 Merci Julia, à l'ORM.
07:52 Merci.
07:53 Et merci Edouard Rélo, je rappelle que vous êtes le président de l'association TransAid,
07:56 d'être venu dans nos studios ce matin sur France Bleu sans Tétienne Noir.