• l’année dernière

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il reçoit Chantal Goya.

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Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:00 -Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:07 -Soyez les bienvenus sur Europe 1 jusqu'à 13h.
00:09 Vous écoutez Pascal Praud et vous pouvez aussi nous appeler au 01 80 20 39 21 pour parler à notre invité.
00:15 Vous recevez ce matin Pascal Chantal Goya.
00:17 -Et c'est un bonheur.
00:18 -Il a un grand cœur, il est gentil, Snoopé. Il adore la vie et ses amis, Snoopé.
00:25 -C'est un bonheur que vous soyez là.
00:27 -Mon petit ourson.
00:29 -C'est un bonheur parce que tout le monde vous aime.
00:33 -Oui, c'est vrai, je m'en aperçois.
00:35 -Et vous recevez, vous êtes entrée dans la rédaction, tout le monde est venu vers vous pour vous embrasser,
00:41 pour vous dire parfois j'étais dans la salle d'un de vos spectacles, pour chanter avec vous.
00:48 Et on a l'impression que le temps qui passe ne change rien, ni votre public, ni vous.
00:55 Surtout et que votre enthousiasme est intact.
00:59 -Oui, ça je l'ai eu toujours, toute ma vie je l'ai eu cet enthousiasme et cette joie de vivre grâce à mes parents,
01:04 maman qui était comme moi, enfin surtout moi je suis comme elle, et mon père qui était plus calme.
01:09 Mais je crois que ça vient de loin, ça vient que moi toute petite j'ai eu le pire de ma vie et puis après j'ai tout cet éclairci.
01:15 Alors quand on commence par le pire, il faut se dire que le meilleur arrive et voilà c'est arrivé.
01:20 - C'est une forme de résilience comme on dit aujourd'hui, on ne le disait pas jadis, mais c'est quoi le pire de votre vie ?
01:28 - Le pire c'est que moi je suis née au Vietnam, en Indochine, avec un papa qui était directeur d'une plantation de caoutchouc à An Loc.
01:34 Maman, toute la famille est médecin, née en Martinique, je suis une cousine de Philippe Laville,
01:40 mais née en Martinique comme ma grand-mère et puis ils sont partis en Indochine parce que mon grand-père était un sage,
01:45 c'était quelqu'un qui était un élève de Pierre et Marie Curie et qui a installé tout le centre anti-cancérologie à Plymouth Pen.
01:52 Et déjà pendant la première guerre avec les japonais, ils lui ont enlevé tous ses appareils protecteurs,
01:56 il a quand même continué à exercer, à soigner toute la population.
02:01 Moi je suis née dans une clinique qui s'appelle la clinique à côté de Saigon, enfin à Saigon même, à Cholennes,
02:08 et c'est mon grand-père qui m'a mis au monde et maman avait à peine 18 ans,
02:11 donc elle me mettait au fond de la classe à un mois et tous les élèves me regardaient.
02:15 Et puis finalement elle a trouvé une nounou chinoise qui s'occupait de moi,
02:17 mais la vie était merveilleuse pendant deux ans et au bout de trois ans, c'est le Vietcong qui est arrivé.
02:21 Et comme moi j'étais une petite fille qui écoutait tout ce qui se passait mais ne disait rien,
02:25 j'entendais mes parents dire "ils viennent couper la tête des français".
02:28 "Ils nous couperont la tête, c'est catastrophique", j'entendais ça,
02:31 et puis un beau jour ils sont arrivés devant notre maison, une petite maison au milieu des caoutchoucs,
02:35 les vietnamiens qui étaient là étaient adorables, nous ont protégés, on dit "non il n'y a personne, les français sont partis"
02:40 et moi évidemment on m'avait cachée, mais moi je ne peux pas être cachée dans une cachette, c'est pas possible,
02:44 je suis trop... comment dit-on... je dois être à l'air, c'est pas possible, je ne peux pas être cachée.
02:49 C'était une punition dans ma tête.
02:51 J'ai ouvert la porte et tous les Vietcong qui étaient là, j'en ai demandé d'attacher mon lacet de chaussure,
02:54 et j'ai vu mon papa arriver sur une charrette attachée,
02:57 et directement je leur ai dit "vous ne couperez pas la tête de papa".
03:00 Et là ils ont détaché mon père.
03:02 C'est une armée énorme qui nous regardait avec des yeux bridés,
03:05 et je me disais "mais qu'est-ce que c'est que ces gens, il ne faut pas qu'ils fassent ça à mon papa".
03:09 Et on a été sauvés, et après on est partis très vite à Saigon pour filer sur le pasteur et rentrer en France.
03:15 - Évidemment ça raconte la décolonisation d'après-guerre, bien sûr, ce qui s'est passé en Indochine,
03:21 Marguerite Duras raconte ça également.
03:24 - Qui m'a pris sur ses genoux quand j'avais deux ans, dans les beaux hôtels de la rue Katina à Saigon.
03:28 - Marguerite Duras ?
03:29 - Ben oui forcément, elle était au milieu des Français à cette époque.
03:32 Moi je ne savais pas qui c'était, évidemment j'avais deux ans,
03:34 je trouvais qu'elle était gentille, c'est une gentille femme,
03:36 mais tout le monde était... bon alors comme ça, comme me disent souvent des personnes qui me connaissent bien,
03:41 ou Jean-Jacques, il me dit, Jean-Jacques Debout, mon mari, il me dit
03:44 "toi tu viens de très très loin, et en fin de compte tu n'as pas l'esprit en France de s'inquiéter, d'être angoissé,
03:52 on dirait que tu es inconsciente de l'avenir".
03:55 Et c'est vrai que je pense que mon inconscience m'a sauvée.
03:58 - Marguerite Duras qui avait écrit "Le barrage contre le Pacifique" qui raconte évidemment cette histoire-là.
04:04 Laman plus tard, bien évidemment, et qui raconte cette période de la France d'après-guerre.
04:11 Alors il y a des titres évidemment que chacun connaît.
04:15 Je me disais, aujourd'hui c'est physique d'être sur scène, c'est rude d'être sur scène,
04:21 et surtout le spectacle que vous faites, vous n'êtes jamais fatiguée ?
04:24 - Ben ça c'est la grande question qu'on me pose, on m'a posé tout ça hier au Belgique,
04:27 maintenant je ne suis pas fatiguée, je suis quelqu'un d'énergie, j'ai besoin de bouger.
04:31 Je suis sans arrêt en train de bouger.
04:34 Et quand je ne suis pas sur scène, il faut que je bouge partout.
04:38 C'est comme ça, c'est ma vie, vous savez je suis l'aînée de cinq enfants,
04:41 et à la maison on n'avait pas le droit de rester dans un fauteuil et attendre que ça se passe.
04:44 Par contre, maman étant très malade, à une époque j'avais 14 ans,
04:48 je me suis occupée de mes frères et soeurs comme une petite maman,
04:50 et j'ai toujours fait quelque chose.
04:52 Mais ce qui est arrivé dans ma carrière, c'est incroyable,
04:55 je ne voulais pas être chanteuse, je ne voulais pas être dansée,
04:57 je ne voulais pas être connue, surtout pas connue.
05:00 J'avais passé mon bac, l'écrit j'avais une mention,
05:03 donc vous voyez j'étais une bonne élève, et l'oral j'ai oublié de me réveiller.
05:05 Alors mon père m'a dit "finis la rigolade, on part à Londres,
05:08 et tu vas t'occuper là-bas des enfants".
05:10 Et bien je suis partie à Londres, je voulais être journaliste, je voulais être grand reporter.
05:12 J'ai appris l'anglais, et puis je me suis retrouvée en fin de compte pas du tout dans cette branche.
05:16 - Fanny est avec nous, parce que l'idée évidemment, chaque matin sur Europe 1,
05:21 c'est d'échanger parfois avec des personnalités et des fans,
05:25 en l'occurrence, ce qui est le cas de Fanny.
05:28 Bonjour Fanny !
05:29 - Bonjour Pascal, bonjour Chantal !
05:31 - Et merci d'être avec nous !
05:33 - C'est une merveille pour moi !
05:35 - Pourquoi ?
05:36 - C'est une merveille pour moi, alors déjà parce que je vous aime beaucoup Pascal,
05:40 on a des petits points communs, et Chantal, moi je l'adore depuis que je suis toute petite.
05:45 J'ai 49 ans, pour vous tout dévoiler,
05:49 j'ai été à vos premiers spectacles,
05:51 le soulier qui vole au palais des congrès en 1984-85, quelque chose comme ça.
05:57 - Le soulier qui vole 84, le mystérieux voyage de Marie-Rose.
06:00 - Voilà, donc là je suis allée, j'ai maintenant trois enfants que j'ai eus un petit peu tard,
06:06 mais entre temps je suis quand même venue vous voir au palais des congrès en célibataire,
06:10 avec des copines célibataires.
06:11 - Ah bah voilà !
06:12 - C'est-à-dire que je vous suis depuis des années,
06:14 et voilà, en plus, je ne sais pas si vous avez l'occasion,
06:18 mais ma page Facebook est une photo de vous avec moi l'année dernière au palais des congrès.
06:25 - Ah bah oui !
06:26 - Je suis venue vous voir l'année dernière, je serai là le 14.
06:29 - Oh là là, qu'est-ce que ça fait plaisir !
06:31 - Voilà, donc voilà, moi franchement, Chantal Dehiasse, c'est une merveille.
06:36 Bravo aussi à Jean-Jacques Debout, qui est quand même votre acolyte, votre mari,
06:40 qui est une merveille aussi, qui est d'une gentillesse, d'une disponibilité,
06:43 parce que quand on le croise, il est merveilleux, et vous le faites honneur à chaque fois.
06:47 Donc vraiment, je voulais aussi profiter pour vous le remercier.
06:50 - Merci !
06:51 - Et vos spectacles sont des parentaises enchantées.
06:53 - Merci, ça fait trop plaisir !
06:55 - Franchement, je veux bien vous voir, tout le monde sait que je suis une fan inconditionnelle,
07:00 et je passe un moment délicieux pendant deux heures, déconnectée de tout ce qui se passe,
07:05 et puis vous êtes une merveille sur scène.
07:07 En tout cas, bravo, parce que toutes ces années sur scène, vos spectacles sont magnifiques.
07:13 - Quel joli compliment, merci !
07:16 - J'en ai des frissons !
07:17 Et pour la petite anecdote, alors je suis assez bavarde, mais voilà,
07:20 pour la petite anecdote, j'habitais très longtemps rue Dubac.
07:22 - Oui ?
07:23 - Donc vous avez habité en face de chez moi un moment,
07:26 et j'ai toujours espéré vous voir, etc.
07:30 J'allais dans le magasin rue du Cherchemédy, que vous aviez à l'époque.
07:35 Enfin voilà, c'était vraiment plein de petites anecdotes.
07:39 - C'est vrai que Chantal a eu beaucoup de maisons,
07:41 parce que beaucoup de maisons et beaucoup d'appartements,
07:44 puisque Jean-Jacques Debout aime beaucoup...
07:47 - Mais non, bien lui, il s'est un incident, on habitait rue Dubac,
07:49 et en face de la maison, il y avait un garçon, qui était certainement très sympa,
07:53 mais il jouait toutes les chansons de Jean-Jacques avec un violon faux !
07:56 Tout faux !
07:57 Il m'a dit "je peux plus Jean-Chantal, je ne peux plus !"
08:00 - Donc c'est pour ça que vous êtes partie !
08:02 - Je lui ai dit "mais on ne peut pas vendre cette maison, on n'en aura jamais une comme ça !"
08:04 "Mais je m'en fous, moi je ne peux pas !"
08:05 - Ah vous aviez, c'était une maison rue Dubac ?
08:07 - Oui, une maison au fond du cou !
08:08 - Oui, oui, merveilleux, c'était merveilleux, exactement !
08:10 Et moi je rêvais de voir Chantal Goya sortir !
08:12 - Je ne suis pas loin, alors peut-être se revoir dans le quartier !
08:14 - C'est une maison rue Dubac, je le dis pour ceux qui n'habitent pas forcément en Paris,
08:18 d'abord je pense qu'il n'y a pas beaucoup de maisons rues Dubac,
08:21 c'est une des maisons, une des rues les plus chiques de Paris,
08:24 mais il y a parfois encore, effectivement...
08:26 - Mais c'était dans les années 80 !
08:28 - Alors à l'époque, l'immobilier n'avait pas explosé...
08:32 - Non, et quand Mitterrand est arrivé, tous les gens vendaient,
08:34 ils disaient "oh là là, la Russie va arriver demain !"
08:36 - Et moi c'était fin an 74, vous voyez, 74, donc j'avais 6 ans !
08:41 - Ben oui !
08:42 - Je ne vous voyais pas, mais je rêvais de vous voir, je promenais mon chien !
08:46 "Oh, pourvu que Chantal sorte un jour !"
08:48 Et j'ai eu l'occasion de vous voir, parce que je suis venue vous voir au théâtre
08:51 près de la Trinité à Paris, où il arrivait !
08:54 - En plein les histoires du Bataclan en plus, ça c'était terrible !
08:58 - Exactement, je vous ai attendu dehors, j'ai eu ma photo avec vous,
09:01 j'allais dernière aussi, voilà.
09:03 Je peux la quitter, mais grâce à Fréjit Barjot que j'avais croisé, etc...
09:07 - Ah ben vous connaissez tout le monde !
09:09 - Grâce à un copain de mon frère, on a attendu, c'est une merveille !
09:12 - Bon Fanny, on va marquer une pause, et on peut peut-être écouter, je salue DJ Fab,
09:17 Fabrice Laffitte, qui est avec nous, qui est à la réalisation,
09:20 et qui est DJ à ses heures, et qui peut peut-être nous passer quelques chansons.
09:25 Je crois que la première chanson qui finalement a mis l'étincelle,
09:30 c'est une chanson que vous chantez un soir chez Mariti et Gilbert Carpentier,
09:34 c'est "Adieu Foulard", c'est ça ?
09:35 - "Adieu les jolis foulards", "Adieu les madras",
09:37 je remplaçais Brigitte Bardot qui ne pouvait pas venir,
09:39 moi je voulais rendre service, c'est tout !
09:40 - Là on est en quoi ? En 75 ?
09:41 - 75.
09:42 - 75, et vous n'êtes pas sur scène ?
09:45 - Mais non, jamais, je rends service !
09:47 - Vous étiez une actrice hyper intello qui avait joué chez Godard, notamment...
09:50 - Oui, alors là, on ne comprenait pas comment je passais de Godard à Bécassine, je peux vous dire !
09:53 - Exactement, parce que vous aviez joué masculin-féminin,
09:55 alors je ne sais pas si tout le monde a vu ce film,
09:57 mais qu'un film hyper intello à Godard, en noir et blanc d'ailleurs,
10:01 et vous interprétez cette chanson, et le lendemain, à l'époque, Mariti et Gilbert Carpentier,
10:06 c'était peut-être 10-15 millions de téléspectateurs,
10:08 et tout le monde se dit "Mais "A Star is Born",
10:11 "A Star de la chanson is born" !
10:13 - Qui est cette jeune fille ?
10:14 - Oui.
10:15 - Ben oui, c'est fou !
10:16 - Ça c'est une chanson originale ?
10:20 - Mais non, c'est originale, écrite par Jean-Jacques !
10:22 - Complètement originale, celle-là, bien sûr !
10:24 - Et à l'époque, c'était Pierre Porte qui était l'arrangeur,
10:26 et qui s'occupait de travailler avec Jean-Jacques.
10:28 - Quel génie ce...
10:30 - Non, il a le génie !
10:32 - Quel génie de la mélodie, de l'écriture,
10:34 et quel génie lorsqu'on le voit dans la vraie vie,
10:37 sa gentillesse, sa poésie, sa bienveillance !
10:41 - Mais Jean-Jacques, c'est ça, il donne tout,
10:43 et puis c'est un écorché vif, c'est un anxieux.
10:46 Moi je temporise tout par derrière,
10:48 parce que moi je suis quelqu'un de tellement positif,
10:50 mais j'essaye de temporiser, et surtout de lui ficher la paix.
10:53 Parce que si je suis derrière lui toutes les journées de la nuit,
10:55 je lui dis "C'est ton problème, et moi le jour".
10:57 Voilà, puis je lui ai dit un jour "Parole de nuit ne voit jamais le jour",
10:59 il me dit "Alors va dire ça à mes copains, ils vont être contents !"
11:01 - Parce qu'il dort pas la nuit, il sort ?
11:03 - Non, à l'époque il parlait des heures avec Barbara.
11:05 Alors ils avaient la même émission de télé sur le poste,
11:08 ils avaient le fixe et ils disaient "Regarde la tête qu'il a celui-là et celle-là !"
11:11 Oh, et puis ils rigolaient pendant des nuits entières.
11:13 - Bon, là il est où Jean-Jacques ?
11:15 - Il est à la maison, il vous écoute.
11:16 - Il nous écoute, il est en Tourette ?
11:17 - Non, il est à Paris.
11:18 - Il est à Paris ?
11:19 - Oui, il nous écoute, il va chercher l'Europe numéro 1 comme un fou,
11:22 mais je pense qu'il l'a trouvée quand même.
11:23 - Vous savez qu'on dit plus Europe numéro 1, on dit Europe 1.
11:26 - Oui, mais moi je serais à l'ancienne, comme la moutarde de Dijon, j'y peux rien !
11:30 - Il est 11h15, c'est un bonheur, cette chanson est merveilleuse,
11:33 adieu tous les jolis foulards, j'adore cette chanson.
11:36 A tout de suite !
11:37 - Vous écoutez Pascal Proe sur Europe 1, il est 11h15.
11:39 - Pascal Proe et vous.
11:40 * Extrait de "Allons chanter avec Mickey" de Jean-Jacques Chirac *
11:51 - C'est génial.
11:52 - Celle-là, elle sort de loin.
11:55 - Pourquoi ?
11:56 - Parce que, comme d'habitude, Jean-Jacques avait fait cette musique pour un numéro 1.
12:00 C'était Johnny, Sylvie et Carlos, qui étaient habillés Johnny en militaire américain,
12:05 Sylvie en fille de la Libération et Carlos en troufion.
12:08 Mais ce n'est pas les mêmes paroles.
12:10 Et moi évidemment qui écoute tout, j'étais en train de balayer le salon,
12:13 je disais "mais c'est dingue cette musique, elle est géniale,
12:15 on devrait faire un truc sur Mickey et Minnie, parce que nous on a le journal de Mickey".
12:19 Alors Jean-Jacques me dit "si tu veux, cette musique ne fera rien,
12:22 on va mettre des paroles". Il a remis des paroles "Allons chanter avec Mickey"
12:25 et moi j'ai attrapé le journal, j'ai ouvert pour savoir qui était le grand patron de Disney,
12:30 Armand Bigle, j'ai filé au Champs-Elysées avec mon cahier, les chansons,
12:33 il m'a reçu et il me dit "qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
12:36 Je vais vous chanter la chanson "Allons chanter avec Mickey".
12:39 Je lui chante et il me dit "ah mais qu'est-ce que je peux faire de plus ?
12:42 J'ai écouté, je vais être la marraine de l'émission de Jacques Martin,
12:45 l'école des fans, donnez-moi Mickey et Minnie en vrai,
12:48 pour que toute la France le voie et je vous le demande en tant que maman,
12:51 car j'ai des petits enfants et je veux que tous les enfants de France voient Mickey et Minnie en vrai".
12:55 Il me les a donnés et direct.
12:57 - Toutes les chansons sont composées par Jean-Jacques Debout ?
13:01 - Tout ce qu'il a écrit sur moi, les histoires.
13:04 Moi, Pascal quand il m'a vu la première fois, c'était à un mariage, j'avais 17 ans, 18 ans,
13:09 il était avec Eddie Barclay et Sacha Distel et je repérais ce garçon blond
13:14 avec les cheveux tout enfouis, pas habillé, avec un pull marin,
13:17 il était à l'île de Ré à l'époque, en 63, il était déjà à l'île de Ré lui.
13:22 Et il me dit, il vient vers moi, il s'assoit à côté de moi,
13:25 moi je ne sais pas qui c'était, moi j'habite en Angleterre,
13:27 et il me dit "je pense que je vous connais depuis toujours,
13:31 on se mariera, on aura deux enfants, vous serez célèbre à 30 ans et vous chanterez à l'opéra".
13:35 Je dis "il est complètement cinglé celui-là, c'est un vrai dragueur".
13:39 Et puis j'ai demandé de me ramener chez moi, et bien un an après,
13:42 on s'est mariés, on a eu deux enfants dans le temps,
13:46 à 30 ans j'ai commencé à être connue,
13:48 on croyait que j'en avais 12, mais j'en avais 30,
13:50 et ensuite je chantais à l'opéra pour le Noël de Jacques Chirac,
13:53 là je me suis pincée sur la scène avec Bécassine,
13:55 chantant le Goya à l'opéra, alors que j'y allais moi pour voir Nourieff,
13:58 Noël à Pontoie, les plus grands, ben non j'y étais moi-même.
14:01 - Vous êtes ensemble depuis combien de temps ? - 1964.
14:04 1964, on s'est mariés en 66.
14:06 - Donc ça fera 60 ans l'année prochaine.
14:08 - Ben oui, on a oublié tout, on n'a pas les anneaux,
14:10 les anneaux on les avait oubliés, j'ai découpé les rideaux,
14:13 les anneaux de la cuisine pour faire des anneaux de mariage,
14:16 le jour de mon mariage, je cherche où il était,
14:19 ben il était parti vers Luis Mariano,
14:21 je dis mais il est complètement...
14:22 Ah ben tant pis, c'est pas grave, j'ai déjà le bébé, ça va,
14:24 j'étais déjà enceinte.
14:25 - Non mais c'est vrai qu'il ne ressemble à personne
14:27 par cette, je disais, poésie tout à l'heure,
14:29 alors peut-être que c'est difficile à vivre au quotidien,
14:31 quelqu'un qui est tellement différent,
14:33 qui est lunaire, qui est poétique...
14:35 - Oui, il est tout le contraire de moi.
14:36 - Qui est ailleurs, alors qu'effectivement, vous,
14:38 il y a cette vitalité, cette énergie, ce pragmatisme...
14:41 - Oui, moi, je sais tout, mais ça vient de petite, à l'école,
14:44 on est obligé de le faire, me disait maman,
14:46 c'était la phrase à la maison.
14:47 Alors on est obligé.
14:48 - Bon, je disais tout à l'heure,
14:51 14 octobre au Palais des Congrès à Paris,
14:54 alors tous les spectacles à Angers, à Lyon, à Bruxelles, à Liège,
14:58 à chaque fois c'est 14h30.
14:59 - Oui, c'est l'après-midi pour les enfants,
15:01 et des fois on double, quand il y a trop de monde,
15:03 on fait 17h30.
15:04 - Et c'est pour ça que vous allez doubler d'ailleurs
15:05 avec le Palais des Congrès à Paris à 17h30.
15:08 Le Palais des Congrès, c'est votre maison.
15:10 - Mais oui !
15:11 - C'est là que vous aviez tout créé.
15:12 - J'ai tout appris là grâce à Jean-Jacques Debout,
15:14 et le soir, il y avait Thierry Luluron en 80
15:16 qui faisait Thierry Ferry, que Jean-Jacques avait écrit pour Thierry,
15:19 et moi l'après-midi, et je me souviens que
15:22 tous les décors ont été faits par Pierre Simonini pour Thierry,
15:25 et pour moi, un grand maître de l'opéra, mais voilà !
15:27 Jean-Jacques passait des nuits entières avec Simonini
15:30 pour dessiner le soulier,
15:32 il a vu un petit gosse dans l'avion qui promenait
15:34 sur le soulier de son père comme ça,
15:35 il m'a dit "j'ai le soulier qui vole dans la tête, ça y est, on va le faire".
15:37 Non mais Jean-Jacques c'est un génie de l'imagination,
15:40 et il a un imaginaire comme les enfants surtout.
15:42 C'est un grand poète.
15:43 - Mais la difficulté peut-être à l'âge qu'il a aujourd'hui,
15:46 c'est de créer des nouvelles chansons.
15:48 - Comment ça créer ? Il passe sa vie, il vient de faire 14 chansons pour lui
15:51 qu'il va enregistrer.
15:52 - Pour lui, mais est-ce que pour vous, il a écrit de nouvelles chansons dans le spectacle ?
15:55 - Mais oui, mais moi je veux pas.
15:56 C'est quand même bizarre.
15:57 - Vous voulez pas ?
15:58 - Mais non, parce que la dernière fois, il m'a écrit une chanson très jolie
16:01 qui s'appelle "Le Doudou",
16:02 en radio il était nulle part,
16:04 personne ne m'en parlait,
16:05 et je me dis "mais quand on m'invitait moi, je me démonte pas,
16:07 vous me connaissez Pascal".
16:08 Alors je lui dis "vous avez pas ma nouvelle chanson ?"
16:10 "Ah bah non, je vais la chanter à la radio toi, mon Doudou, mais où es-tu passé ?"
16:14 - Mais les gens ils veulent réentendre...
16:15 - Ils veulent entendre "Le Lapin", "Le Vendard", "Bécassine", "Les Guignols".
16:19 Vous savez, Charles Trenet avait dit à Jean-Jacques,
16:21 "Chantal elle a un menu comme moi, si elle s'en sépare c'est foutu".
16:24 - Non mais c'est vrai, c'est vrai pour tous les grands artistes comme vous,
16:27 vous êtes pas si nombreux,
16:28 vous êtes dans le patrimoine de la chanson française,
16:31 et les gens ils s'assoient dans la salle,
16:34 et ils veulent entendre les chansons qu'ils ont entendues.
16:37 Ça peut être parfois un peu frustrant,
16:39 parce que souvent c'est une question...
16:40 - Bah oui, on a des belles chansons, encore il y en a plein.
16:42 - Mais voilà, souvent je me dis "vous en avez pas marre de chanter "Le Lapin" ?"
16:45 - Mais non, parce qu'il est toujours différent, alors ça va.
16:47 - Bah il est toujours différent.
16:48 - C'est la même chanson,
16:49 mais quand je vous voyais une salle entière qui la chante,
16:51 vous vous réveillez avec les gestes, comme ça, comme dans les autres enfants.
16:55 - C'est ça qui est formidable.
16:57 - Mais tout, rien n'arrête.
16:58 - Oui mais même nous, regardez,
17:00 on a 60 ans et je fais le petit geste,
17:02 parce que dès qu'on voit "Le Lapin", on a envie de faire ça.
17:05 Et on retrouve une âme d'enfant en quelques secondes.
17:08 - Écoutez, moi j'ai des amis en Touraine qui m'ont fait une surprise.
17:11 - Qui ?
17:12 - Voilà.
17:13 - Nous on a aussi une surprise à vous faire.
17:14 - Ah bon ? Ils m'ont fait une surprise,
17:15 il y a quelqu'un d'important qui vient prendre un thé.
17:17 C'est très rare.
17:18 Le portail s'est ouvert, j'étais avec Jean-Jacques,
17:21 ses amis sont pas dans le showbiz,
17:22 et qui est arrivé ? Mick Jagger et sa femme.
17:24 - Non.
17:25 - Avec un petit de 5 ans.
17:26 - Et il m'a dit "Mais comment, je suis incroyablement tellement heureuse de vous voir,
17:30 parce que je vous entends moi, je suis en France tout le temps dans mon château là".
17:33 - Bien sûr.
17:34 - Et il m'a dit "Vous vous appelez Chantal ?"
17:36 Je dis "Oui, Chantal chante".
17:37 "Oui, Chantal chante".
17:38 Il m'appelle Chantal chante maintenant.
17:39 Mais oui, quelqu'un de simple et qui m'a fait les gestes du Lapin tout de suite.
17:42 - C'est votre voisin.
17:43 - It's funny, it's funny.
17:44 Voilà.
17:45 - D'ailleurs, vous avez sans doute chanté,
17:48 adapté à l'étranger bien sûr, ce spectacle.
17:51 - On a fait "Pandy Panda" en anglais,
17:52 on a fait "Sans Giving Day" aux Etats-Unis, une grosse émission sur CNN.
17:57 Et on a eu plus de 150 millions.
18:00 Et "What's a girl with a panda ?"
18:03 Je devais chanter en Amérique et puis mon producteur est décédé,
18:05 donc ça s'est pas fait.
18:06 C'est ma vie.
18:07 - Chantal Goya.
18:08 - Il faut changer de direction.
18:09 - On va marquer une pause et vous allez avoir une petite surprise.
18:11 Ce qui est extraordinaire pour ceux qui écoutent Chantal Goya,
18:14 c'est que la voix est intacte, le rythme de voix est intact.
18:17 Parfois lorsqu'on avance dans le temps, on parle moins vite,
18:20 ou le cerveau va moins vite, mais j'ai l'impression que ça va plus vite.
18:24 - Ça va dans l'autre sens, ça va plus vite qu'avant.
18:26 - Bon, il est 11h26 et vraiment, ça nous fait tellement plaisir
18:30 que vous soyez avec nous.
18:31 Surprise ! Restez avec nous, je crains le pire en même temps.
18:35 A tout de suite.
18:36 - Vous écoutez Pascal Frost sur Europe, à tout de suite.

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