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00:00 Le point de départ de cette Coupe du Monde, pour moi, il se situe juste après le premier
00:07 match de la Coupe du Monde, après la défaite contre l'Argentine, et avec une soirée
00:13 mémorable à Marcoussis, dans un bar de Marcoussis.
00:17 Et je crois que c'est vraiment là qu'on a débuté notre Coupe du Monde.
00:22 Le bar à terre à l'époque, c'est le repère de Fabien Pelous et du 15 de France.
00:26 C'est un petit bistrot de village situé tout près du centre d'entraînement des
00:30 Bleus, à Marcoussis dans l'Essonne.
00:31 En 2007, la Coupe du Monde est organisée principalement en France.
00:35 C'est une première.
00:36 La pression est énorme.
00:38 Mais le match d'ouverture face à l'Argentine est un échec.
00:41 Je m'appelle Manon Fossat.
00:45 Bienvenue dans ce nouvel épisode des géants du rugby.
00:48 Fabien Pelous est un géant.
00:54 Et pas seulement parce qu'il mesure près de 2 mètres et pèse 120 kilos.
00:58 C'est aussi le joueur le plus capé de l'histoire du 15ricolore, avec 118 sélections.
01:02 En 2007, il participe à sa troisième et dernière Coupe du Monde.
01:07 C'est le seul trophée qui manque à sa carrière.
01:09 Malheureusement pour lui, quelques mois avant le début de la compétition, il perd sa place
01:13 en équipe de France.
01:14 En 2006, je me blesse à la cheville.
01:17 C'était chirurgical.
01:18 Mais, en fait, il n'était pas question que je me fasse opérer.
01:22 Parce que, là, pour le coup, ça rendait très aléatoire la participation à la Coupe du
01:25 Monde.
01:26 Après quelques complications, j'ai fait une algéstrophie, etc.
01:32 Finalement, du jour au lendemain, ma cheville ne m'a plus donné signe de douleur.
01:37 Et j'ai pu reprendre, finalement, assez normalement.
01:40 Je savais que si je retrouvais mes capacités physiques, j'avais assez d'antériorité
01:46 dans l'équipe de France pour pouvoir prétendre à être dans cette Coupe du Monde.
01:50 Et ensuite, les choses s'enchaînent, je dirais, de façon normale.
01:57 Même si être sélectionné pour jouer une Coupe du Monde à la maison, ce n'est pas
02:01 quelque chose de normal.
02:02 Le 14 juin, après avoir avalé du poulet avec tous les joueurs, le sélectionneur Bernard
02:08 Laporte annonce la liste des 30 retenus pour le Mondial.
02:10 Le nom de Fabien Pelousse figure bien sur cette liste.
02:13 Deux semaines plus tard, c'est le début de la préparation physique à Marcoussy.
02:18 Imaginez un peu, un centre d'entraînement qui s'étend sur 42 hectares.
02:22 Des terrains de rugby, une partie hôtel, un restaurant, des salles de conférences,
02:27 un centre médical, et le tout en bordure d'une forêt et d'un étang.
02:30 On se retrouve à Marcoussy et c'est un peu différent des tournées d'automne et
02:34 du tournoi parce que déjà il fait beau.
02:36 Il fait beau et ça change tout quand même.
02:38 Parce qu'on peut profiter justement de Marcoussy, en dehors des heures où on est mobilisé sur
02:43 le terrain, ou dans les salles de muscu, ou dans les salles de vidéo.
02:46 On peut profiter aussi du bois à côté, des lacs, il y en a qui ont pêché.
02:51 Des autres activités qu'on peut faire autour de Marcoussy.
02:53 Ça parait anodin, ça parait rien, mais c'est important quand même.
02:57 Parce qu'on vit ensemble pendant un mois, un mois et demi de préparation, et ensuite
03:01 sur la compétition.
03:02 Et puis, on ne peut pas être focalisé 100% du temps sur le rugby.
03:06 Donc, ces petits dérivatifs, et profiter justement du beau temps et d'autres choses.
03:11 Parce qu'ici, j'ai connu quand même des semaines pluvieuses, des semaines où il faisait
03:15 moins de 10, des semaines où on ne met pas le nez dehors, en dehors des entraînements
03:20 parce qu'il fait trop mauvais.
03:22 Et voir Marcoussy, et vivre Marcoussy dans cet autre contexte, c'est tout à fait différent.
03:29 Marcoussy, c'est comme un petit village où chacun a ses habitudes.
03:32 Les joueurs dorment à deux par chambre, sauf le capitaine Raphaël Ibanez et le vice-capitaine
03:37 Fabien Pelous, qui eux sont seuls.
03:39 Il y a bien sûr des affinités en fonction des clubs d'origine.
03:42 Il y a une ossature qui est là depuis un moment, qui est déterminée, qui sait ce
03:46 qu'elle veut faire.
03:47 Et donc, il n'y a pas vraiment de rivalité.
03:49 Il y a des clubs d'origine, des clubs desquels on vient, mais il n'y a pas de rivalité
03:54 en fait.
03:55 A l'époque, c'est la rivalité entre Biarritz, Stade Français et Toulouse, on va le dire
04:01 schématiquement, il y a quelques aussi clermontois.
04:04 Mais quand on arrive en équipe de France, franchement, ça s'estompe.
04:10 Parce que, pour les uns comme pour les autres, en fait, il y a d'un côté le club et d'un
04:15 côté l'équipe de France.
04:17 C'est comme la relation qu'on peut avoir avec son père et sa mère.
04:20 Il n'y a pas de préférence.
04:22 La relation qui nous unit, elle est un peu plus exacerbée, effectivement, avec les
04:26 gens avec qui on vit au quotidien.
04:28 Mais de manière toute bête, c'est la mode des Playstations, des portables.
04:35 Et donc, à travers ça, bizarrement aussi, on se réunit tous, on forme d'autres équipes
04:42 par affinité plutôt de jeux de PSP.
04:46 Et on crée d'autres relations aussi grâce à ça.
04:49 Pour d'autres, c'était les jeux de cartes, pour certaines, c'était les PSP, pour d'autres,
04:53 c'était la pêche.
04:54 On a eu plein de choses quand même.
04:57 Il y a eu des carpes dans la baignoire d'un des joueurs.
05:06 Comme il n'y avait que deux pêcheurs dans le groupe, on a su vite qu'ils étaient à
05:10 l'origine du truc.
05:12 Mais c'était pas mal quand même.
05:13 Monsieur Julien Bonner qui avait œuvré et qu'ils avaient mis dans la baignoire d'Omi,
05:18 qui était un peu phobique, je crois, des poissons, qui s'est retrouvé ça dans la
05:23 baignoire.
05:24 Il avait mis 5, les poissons, et il avait passé un bon moment pour les remettre à
05:27 l'eau.
05:28 Cette année-là, en 2007, c'est la toute première fois que la Coupe du Monde est organisée
05:32 en France.
05:33 Il y a donc beaucoup d'attentes, beaucoup d'engouement, aussi bien médiatique que
05:36 populaire.
05:37 On était juste un peu préservés de l'engouement du quotidien.
05:43 Nous, on avait quand même une Coupe du Monde à préparer et des problématiques sportives
05:49 à résoudre.
05:50 C'est quand même le point principal.
05:53 En fait, moi, je n'ai pas eu l'impression de vivre dans un bunker, bien au contraire,
05:59 parce qu'on a profité de nous, de cette vie de groupe.
06:04 Malgré tout, on avait quand même quelques sasses pour aller profiter aussi des alentours,
06:10 profiter de la famille, profiter des amis.
06:13 Sur toute la préparation, on avait quand même quelques moments pour aller profiter
06:17 de tout ça.
06:18 C'est la fin de l'été sur la France.
06:19 Le début du Mondial approche en ce début du mois de septembre.
06:22 À Marcoussi, le soir, les joueurs se retrouvent souvent autour d'un film en particulier qui
06:27 va leur inspirer leur cri de ralliement.
06:29 Spartiate.
06:30 Voilà ce qu'ils répètent à longueur de journée, un peu comme les footballeurs en
06:33 Allemagne avec leur "On vit ensemble, on meurt ensemble".
06:36 Tout est parti d'un film que les joueurs ont regardé au début de leur préparation,
06:40 le film 300, qui raconte la bataille des Thermopyles en Grèce et la résistance héroïque
06:44 de 300 soldats spartiates devant l'invasion perse.
06:48 C'est un film assez esthétique.
06:49 Il y a eu un million et demi de spectateurs.
06:51 Ça parle courage, discipline, sens du sacrifice.
06:54 Christophe Dominici a apprécié.
06:56 On a trouvé ça pas mal.
06:57 Un film super intéressant, super fier, avec beaucoup de courage.
07:02 C'est dur.
07:03 On fait des entraînements durs, on fait des entraînements éprouvants.
07:07 C'est quand on finit un entraînement dur, éprouvant.
07:09 Pour montrer la solidarité qu'on a eue entre nous, malgré que ça a été difficile.
07:13 C'est pour dire on est arrivé, on a passé encore une étape et c'est bien, on continue.
07:17 Le cri, c'est ça.
07:18 Quelques heures avant le match d'ouverture contre l'Argentine, Bernard Laporte demande
07:27 à l'un de ses joueurs de lire la lettre de Guy Moquet que le jeune résistant de 17
07:31 ans a envoyée à ses parents la veille de sa mort.
07:33 La gorge nouée, Clément Poitrenaud prend la parole devant ses coéquipiers.
07:38 Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé.
07:43 Je vais mourir.
07:44 Ce que je vous demande, toi en particulier, ma petite maman, c'est d'être courageuse.
07:48 Franchement, des motivations un petit peu, des fois, décalées.
07:55 On en a connu tous dans le rugby.
07:58 Et celle-là venait, finalement, oui, c'était un peu décalé.
08:04 Le lendemain, quand on a appris que cette lettre de Guy Moquet allait être lue à tous les
08:10 élèves de France, on s'est dit, moi en tout cas, on est sur plusieurs tableaux.
08:16 Cette lettre de Guy Moquet, pour nous, elle avait certainement un peu de sens, mais je
08:24 trouve que c'était peut-être un peu démesuré quand on ne fait que du rugby.
08:27 Ce n'était pas tout à fait le contexte.
08:30 C'était dramatiser un petit peu les choses, je trouvais.
08:33 Peut-être dans un moment où il n'y en avait pas besoin de dramatiser les choses.
08:37 On avait besoin plutôt, au contraire, de sortir un peu du contexte.
08:40 Mais c'est toujours plus facile de parler.
08:43 Effectivement, le lendemain, on a compris qu'il y avait aussi derrière ça un aspect
08:47 politique.
08:48 Et là, effectivement, on s'est un peu posé la question du positionnement de Bernard Laporte
08:54 à ce moment-là, qui, après la Coupe du Monde, allait être nommé secrétaire d'État
09:00 au sport.
09:01 Je trouvais que le mélange des genres...
09:03 Après, pour être tout à fait honnête, je ne pense pas que ça nous ait grandement
09:09 perturbés quand même.
09:10 Parce qu'on était sur d'autres considérations, on avait une Coupe du Monde à gagner.
09:13 Et c'était un petit élément qui intéressait plus finalement les médias que nous à l'intérieur.
09:21 C'est le thème blême que les Français écoutent la Marseillaise résonner dans le Stade de
09:33 France ce 7 septembre 2007.
09:35 Sur le terrain, les Poumas argentins dominent les Bleus 17 à 12.
09:39 C'est un peu le ciel qui nous tombe sur la tête quand même.
09:42 Parce qu'on n'avait pas imaginé ça.
09:45 Donc, il faut bien rebondir par rapport à ça.
09:50 Le retour à Marcoussis, c'est quand même difficile.
09:53 On débriefe le match.
10:02 Le débrief était un peu dur.
10:06 Mais de façon logique.
10:07 Parce qu'on n'avait pas maîtrisé grand-chose sur ce match.
10:11 Et ensuite, vient le baratin avec Sédomi, qui initie ça.
10:19 Il dit qu'il manque un truc.
10:22 On va aller débriefer à notre façon.
10:26 Et on va au baratin.
10:29 Au départ, comme ça.
10:31 On y va pour passer un moment.
10:34 Je me rappelle qu'il y avait un événement dans le parc de Marcoussis, à côté, où
10:39 on y est passé.
10:40 Les gens nous ont réconfortés, quand même.
10:42 Après la défaite, on sentait qu'ils nous ont soutenus.
10:49 Et ça, ça a été aussi un élément important.
10:53 Ensuite, on est allé au bar.
10:56 Quand on met des rugements dans un bar, il peut tout se passer.
10:59 Et là, il s'est passé qu'on a pu évacuer les choses.
11:05 On a pu parler de ça.
11:07 C'est vrai que quand on est en soirée, la musique est un peu forte, on est un peu désinhibé
11:15 par l'alcool.
11:16 On peut se dire les choses de manière plus vertement.
11:19 C'est une nouvelle aventure et une nouvelle compétition qui débutent pour les Bleus
11:22 au lendemain de cette soirée arrosée.
11:24 Face à la modeste Namibie, les Français s'imposent largement, 87 à 10, avant d'affronter
11:29 l'Irlande au Stade de France.
11:31 C'est déjà le match de la peur.
11:33 Il y a beaucoup de maillots verts dans les tribunes du Stade de France.
11:38 Et les verts répondent au bleu.
11:40 Ça donne une ambiance extrêmement chaleureuse.
11:43 On a vu tout à l'heure l'équipe d'Irlande venir s'entraîner, acclamée par pratiquement
11:48 la moitié du stade.
11:50 Car les Irlandais sont venus en renfort.
11:52 Ce n'est pas très loin de Paris-de-Livelin.
11:54 Et il y a vraiment une très grosse ambiance.
11:57 Une ambiance chaleureuse où tout le monde est joyeux et heureux d'être là.
12:01 Stade Archiconde, évidemment, et une soirée estivale.
12:04 Ce soir-là, les coéquipiers de Fabien Pelous s'imposent sans briller, 25 à 3, avant de
12:09 battre quelques jours plus tard la Géorgie, lors du dernier match de poule.
12:13 Voilà donc l'équipe de France qualifiée pour les quarts de finale.
12:16 Ce sera contre les All Blacks.
12:18 On s'est dit qu'on allait jouer la meilleure équipe du monde à ce moment-là.
12:22 Et qu'il faut s'appuyer sur notre vécu et sur ce que l'on a fait avant.
12:31 Moi, je suis d'une génération où on a la chance de les battre souvent.
12:34 Soit on a pris des grosses branlées, soit on les a battus.
12:38 De peu, souvent, mais on les a battus.
12:40 À l'image de la remontada de Barcelone contre le PSG, on se dit que c'est faisable.
12:45 Si c'est pour aider.
12:47 Les Bleus sont-ils capables de réaliser l'exploit face aux All Blacks ?
12:55 A l'époque, la Nouvelle-Zélande est considérée comme la meilleure équipe du monde.
12:59 Pour découvrir les dessous de cette aventure extraordinaire, je vous donne rendez-vous
13:03 avec Fabien Pelous dans la seconde partie de cet épisode consacré au géant du rugby.
13:07 À très vite sur le site et l'application Europ1, ou sur votre plateforme d'écoute préférée.
13:12 Merci.
13:14 Sous-titrage Société Radio-Canada

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