Entretien croisé Valérie Mancret-Taylor et Anne-Claire Mialot

  • l’année dernière
En centres anciens ou dans les grands ensembles, les copropriétés
font l’objet d’enjeux bien spécifiques pour l’Anah et l’Anru. Entretien
croisé entre Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l'Anah et Anne-Claire Mialot, directrice générale de l'Anru, pour le hors-série des Cahiers de l'Anah spécial copropriétés.
Transcript
00:00 [Musique]
00:08 C'est 40 ans d'intervention sur le parc privé, en partenariat avec l'ANRU depuis que l'ANRU existe
00:16 et que ce partenariat était indispensable parce que le traitement du parc privé,
00:22 et notamment des copropriétés, est un sujet qui est toujours très complexe
00:26 et qu'on avait besoin dans les quartiers, quels qu'ils soient d'ailleurs,
00:30 que ce soit les quartiers de grands ensembles ou dans les centres anciens,
00:33 de pouvoir intervenir aussi bien sur le renouvellement urbain que sur l'immobilier.
00:37 Donc le bilan de ces interventions est extrêmement positif
00:41 et si l'ANA est un peu plus âgée que l'ANRU, ce qui est intéressant c'est de voir que,
00:48 à partir de la création de l'ANRU il y a 20 ans, on a maintenant des opérations
00:53 qui sont portées par les deux agences auprès des collectivités territoriales
00:58 et que globalement ça avance mieux et ça donne une vraie dynamique
01:01 parce que ça donne une dynamique de projet à l'ensemble des quartiers concernés.
01:05 Le bénéfice de ce partenariat renforcé entre l'ANA et l'ANRU,
01:09 c'est justement de pouvoir apporter une réponse globale sur la transformation du quartier
01:14 et donc sur les compétences qui sont les siennes,
01:18 l'ANA intervient pour financer le redressement du parc privé,
01:23 l'accompagnement du parc privé, ce qui est indispensable pour avoir cette approche globale
01:27 et surtout cette réponse globale à une problématique territoriale
01:30 qui est portée par les collectivités locales et qui pour nous,
01:33 nous permet de parler d'une même voie et en tous les cas d'apporter un service,
01:38 je pense complémentaire et extrêmement utile aux collectivités
01:43 pour aborder une problématique globale sur un quartier.
01:46 [Musique]
01:51 Je crois que sa force, c'est qu'il existe, c'est qu'il est à la carte
01:55 et que les collectivités peuvent ensuite choisir leur stratégie
01:59 et au travers de leur stratégie, les outils qu'elles vont utiliser
02:04 pour mettre en œuvre leur action sur les co-pros.
02:08 [Musique]
02:13 Je partage complètement ce que vient de dire Valérie sur la force du plan
02:18 d'initiative co-propriété, c'est d'exister et d'avoir mis à l'agenda politique national
02:23 et territorial cette nécessité d'intervention renforcée sur les co-propriétés dégradées,
02:29 notamment sur les grands ensembles de co-propriétés dégradées,
02:32 là où il y avait déjà eu des initiatives renforcées sur les centres anciens,
02:37 où il y avait quand même une structuration avec le PNR-CADREC,
02:40 Action Cœur de Ville, sur les centres anciens, avec une complémentarité d'intervention
02:44 entre les différentes agences, à laquelle il faudrait rajouter la NCT,
02:47 la Banque du Territoire, etc., sur ces centres anciens.
02:50 Là, sur les grandes co-propriétés, l'enjeu c'était aussi de mettre
02:56 et de renforcer finalement la prise de conscience nationale et territoriale
03:00 de l'importance de cette intervention conjointe,
03:03 et d'ouvrir et de présenter la palette des interventions,
03:07 comme l'a très bien présenté Valérie à l'instant.
03:10 Et pour ce qui concerne l'ANRU, notre intervention,
03:14 elle est finalement très cohérente avec le principe du renouvellement urbain,
03:18 c'est-à-dire qu'on intervient à la fois sur,
03:21 quand il y a un enjeu d'intégration dans un projet plus global,
03:25 donc sur les sujets de résidentialisation par exemple,
03:27 d'aménagement complémentaire, ou de financement d'équipement public,
03:32 lorsqu'on est par exemple sur des projets d'Orkhodienne,
03:34 qui sont les plus gros projets très très complexes,
03:37 et puis nous intervenons lorsqu'on est dans un stade de dégradation
03:42 qui fait que la co-propriété n'est pas redressable,
03:45 elle ne peut pas rester privée,
03:46 et donc on a besoin d'opérateurs, de transformation profonde,
03:50 de recyclage foncier, de recyclage immobilier,
03:52 et dans ces cas-là, l'ANRU est légitime pour intervenir,
03:56 parce qu'il faut passer à un stade de démolition-reconstruction très souvent,
04:01 ou de restructuration extrêmement lourde,
04:03 mais c'est quand même des cas beaucoup plus rares,
04:06 avec un opérateur qui est souvent un bailleur social,
04:09 et donc l'ANRU retrouve toute sa légitimité d'intervention
04:13 en accompagnement de bailleurs sociaux qui viennent prendre le relais
04:17 de co-propriétaires qui n'arrivent pas à assumer la nécessaire rénovation
04:22 ou démolition-reconstruction des logements.
04:24 On a des co-propriétés qui vont bien,
04:32 sur lesquelles on peut expérimenter de la surélévation,
04:35 on peut expérimenter de la végétalisation en cœur d'îlot,
04:40 on peut expérimenter toutes sortes de choses au fond,
04:44 et ça c'est particulièrement intéressant.
04:47 Dans les co-propriétés en grande difficulté,
04:49 celles qu'on va trouver dans les quartiers de renouvellement urbain,
04:52 dans les quartiers politiques de la ville,
04:54 c'est une autre forme d'expérimentation qui est plutôt sociale,
04:56 qui est beaucoup moins immobilière et qui est plutôt sociale,
04:59 et là on a mis en place la gestion urbaine de proximité,
05:03 notamment qui fait appel à des associations pour accompagner les co-propriétaires,
05:10 dans le temps long en fait,
05:11 parce que l'intervention sur ces ensembles immobiliers qui sont occupés,
05:15 avec des habitants qui sont en difficulté eux-mêmes,
05:21 on a besoin de montrer que les choses se passent,
05:24 avant que l'opération immobilière importante
05:27 soit de réhabilitation avec l'ANA,
05:29 soit de transformation en profondeur avec l'ANRU,
05:32 va mettre quelques années,
05:35 et montrer déjà qu'en pied d'immeuble,
05:37 on est en capacité d'améliorer le quotidien,
05:40 qu'on peut traiter des jardins partagés,
05:42 il y a toutes sortes d'initiatives,
05:44 toutes sortes d'expérimentations dans plein de quartiers,
05:47 et ça c'est vraiment intéressant,
05:48 et on essaye d'ailleurs de bien coordonner avec la démarche quartier résilient de l'ANRU,
05:54 parce qu'il faut traiter le temps long,
05:55 on ne peut pas dire, quand on fait du neuf,
05:57 on dit voilà, dans quelques années vous aurez un très beau quartier,
06:00 vous aurez un très bel ensemble à tel endroit,
06:02 quand on est sur l'existant, on ne peut pas dire aux gens,
06:05 écoutez vous allez encore supporter pendant des années,
06:07 cette qualité de vie finalement assez faible,
06:11 mais ça ira beaucoup mieux dans dix ans,
06:14 non, il faut accompagner aussi le mouvement.
06:17 ♪ ♪ ♪

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