Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 L'arthrose, comme vous le disiez, c'est fréquent.
00:02 C'est une usure des cartilages dans les articulations.
00:05 On va le voir rapidement sur ces images.
00:08 Vous savez que normalement, le cartilage sert pour protéger nos os,
00:12 pour qu'ils ne frottent pas les uns contre les autres,
00:14 pour faire que ça bouge bien dans tous les sens.
00:16 Eh bien là, on le voit à gauche, c'est une articulation tout à fait normale.
00:21 On voit que quand ça commence à évoluer, l'arthrose, il y a une inflammation.
00:25 C'est bien rouge, etc.
00:27 Et ensuite, on le voit, les deux os frottent.
00:29 Vous voyez, il n'y a plus d'espace entre les os, il n'y a plus de cartilage.
00:33 Les os frottent les uns contre les autres.
00:35 Ça fait soit des géodes, c'est-à-dire soit des petits trous dans les os,
00:38 soit des osteophytoses, c'est-à-dire des petits pics comme ça.
00:41 Donc, vous imaginez ce que ça peut faire quand les deux os frottent les uns contre...
00:45 La douleur et la perte de la mobilité.
00:48 C'est-à-dire qu'en fait, tout ça, le cartilage, il est fait aussi
00:51 pour que nos articulations puissent bien bouger dans tous les sens.
00:53 Alors que là, il n'y a plus ces amortisseurs,
00:55 il n'y a plus ce qui permet à l'articulation de bouger.
00:59 À tel point, d'ailleurs, que l'Agence américaine a classé l'articulation,
01:02 l'arthrose récemment, comme maladie grave.
01:06 Parce qu'en fait, quand ça touche à la mobilité, articulation de la hanche
01:10 ou du genou, vous ne pouvez plus bouger.
01:13 Donc, sédentarité, prise de poids, maladie cardiovasculaire,
01:17 le cœur qui ne travaille plus, ça augmente de 50 % le taux de mortalité.
01:21 Donc, c'est classé maintenant comme maladie grave.
01:24 Non seulement douloureuse, mais grave.
01:28 Vous savez que souvent en médecine, les histoires sont assez jolies.
01:32 Je passe à un tout autre sujet, mais vous allez comprendre le raisonnement.
01:35 Quand vous mangez, Romain, enfin tout le monde d'ailleurs,
01:38 quand nous mangeons, nos intestins
01:42 sécrètent une hormone dont on ne parle pas assez.
01:45 Elle est géniale.
01:47 C'est ce qu'on appelle de GLP1, Glucagon Light Peptide 1.
01:51 Bref, cette hormone, lorsqu'elle est sécrétée, elle va aller dire...
01:55 Elle a plusieurs cibles.
01:56 J'ai mis les principales cibles là.
01:58 Elle va dire au pancréas "hop, hop, hop, il faut sécréter",
02:02 puisqu'on a du sucre qui arrive, "il faut sécréter de l'insuline".
02:06 L'insuline, c'est l'hormone qui fait diminuer le taux de sucre,
02:09 comme on va le voir sur les principales cibles sur cette image.
02:13 Donc, elle va prévenir le pancréas.
02:15 Après, elle va aller prévenir le cerveau, lui dire
02:18 "il faut baisser l'appétit", donc ça va couper l'appétit.
02:21 Donc, quand vous mangez, tout ça se passe.
02:26 Votre pancréas sécrète de l'insuline, votre cerveau diminue,
02:29 dit "non, non, je n'ai plus faim, ça va, merci".
02:31 La société va sécréter, fabriquer moins de glucose.
02:36 Donc, pareil, elle va dire au foie "sécréter moins de glucose".
02:39 Elle va parler aussi à l'estomac.
02:41 Elle va dire à l'estomac "on ralentit la vidange".
02:44 Donc, comme ça, les choses vont arriver doucement.
02:46 Il n'y aura pas de pic de glycémie.
02:48 Ça va parler au coeur aussi, avec une action anti-inflammatoire, etc.
02:52 Donc, cette hormone, on la connaît.
02:55 On en a fait d'ailleurs un médicament dont vous avez sûrement entendu parler,
02:58 qui était pour les diabétiques, pour faire baisser justement le taux de sucre,
03:03 qui a été un peu détourné pour la prise de poids.
03:06 On voyait des influenceuses qui se piquaient le ventre.
03:09 Je ne sais pas si vous vous souvenez.
03:10 Donc, c'est cette fameuse molécule, c'est cet analogue de cette hormone.
03:15 Donc, ce médicament, il existe.
03:17 Et le professeur Francis Berlenbaum,
03:19 qui est chef du service de rhumatologie à l'hôpital Saint-Antoine,
03:24 professeur Sorbonne Université, s'est dit "Tiens, c'est bizarre,
03:29 mais des récepteurs à cette hormone, on en a aussi dans les articulations."
03:33 Quand je vous dis, ce n'est pas hier, ça fait des années qu'il travaille dessus
03:37 avec ses équipes.
03:39 Et donc, ils se sont dit "Tiens, si on a aussi des récepteurs
03:42 dans l'articulation, c'est que ça doit sûrement avoir une action."
03:47 Et effectivement, ils ont travaillé, travaillé, travaillé
03:49 et ils se sont aperçus qu'en fait, il y avait des récepteurs
03:53 et qu'en donnant ce médicament en intra-articulaire,
03:56 avec une injection intra-articulaire,
03:58 ils arrivaient à avoir une action anti-inflammatoire,
04:02 donc contre l'inflammation, contre la douleur, antalgique
04:05 et même protectrice des cellules du cartilage
04:10 et de ce qu'on appelle la synovie, vous savez, le liquide synovial
04:12 qui est dans les articulations.
04:14 Donc, ils ont fait des essais chez l'animal.
04:16 Ils ont fait des essais, là, récemment
04:20 sur des patients et il s'avère effectivement
04:24 qu'il y a toutes ces propriétés.
04:26 Et en plus, le gros intérêt, c'est que ce médicament,
04:29 comme on le connaît depuis longtemps,
04:31 il y aura moins d'étapes, si vous voulez, ça va être beaucoup plus rapide.
04:33 Donc, ce qu'on espère, c'est que les prochaines phases,
04:36 la phase 2 qui va arriver bientôt et puis après,
04:39 il y a toujours phase 1, 2, 3, vont vraiment aboutir.
04:44 Vous imaginez si ça pouvait changer cette prise en charge de l'art,
04:48 parce que l'arthrose, c'est très fréquent.
04:50 Mais on n'a pas de médicament vraiment efficace pour l'empêcher.
04:54 Donc, si ça pouvait en plus avoir un effet protecteur,
04:57 à la limite quasi préventif, ce serait vraiment...
05:00 J'aime pas le mot révolution en médecine.
05:03 - C'est douloureux, c'est très handicapant.
05:05 - C'est totalement handicapant.
05:07 C'est une maladie grave parce qu'on a l'air de banaliser l'arthrose.
05:10 "Ouais, j'ai de l'arthrose, c'est rien."
05:12 Non, non, je vous assure que, croyez-moi, ça fait très mal.
05:14 Et donc, voilà.
05:18 Donc, bravo aux équipes du professeur Behrenbaum, déjà,
05:21 d'avoir eu cette idée.
05:23 C'est pour ça que je vous parlais au début de cette hormone.
05:25 Vous voyez le lien avec l'arthrose.
05:27 Voilà. Donc, si ces essais s'avèrent positifs et concluants,
05:32 ça va bouleverser la prise en charge de l'arthrose.
05:35 (Générique)
05:38 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]