• l’année dernière
« On va vivre de nouveau un drame dans le channel ». Alors que tous les yeux sont rivés sur l’île italienne de Lampedusa, où sont arrivés des milliers de migrants en quelques jours, une situation humanitaire catastrophique se joue aussi en France.

Dans le Pas-de-Calais, les départs sur la Manche d’exilés, entassés sur de petites embarcations conduites illégalement par des passeurs, connaissent une progression depuis quelques semaines, en raison du retour du beau temps et de l’approche de l’automne. Début septembre, 874 personnes ont fait la traversée en une seule journée, un record depuis le début de l’année.

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, nous avons suivi durant 48h, dans le secteur de Boulogne-sur-Mer (62), le quotidien éprouvant d’une association d’aide aux migrants, Osmose 62, qui organise des maraudes chaque matin, à l’aube. À notre micro, des bénévoles font part de leur inquiétude face à une situation qui, selon eux, ne cesse de se dégrader.

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Transcription
00:00 Ici débute la dernière étape d'un voyage très périlleux.
00:03 Chaque jour, des centaines de migrants entassés sur de petites embarcations
00:07 quittent ces côtes du nord de la France pour traverser la Manche et rejoindre l'Angleterre.
00:11 Ces dernières années, leur nombre a quintuplé pour atteindre 45 000 demandeurs d'asile
00:16 arrivés sur les côtes de l'Angleterre en 2022.
00:19 Ils viennent d'Afghanistan, de Syrie ou encore d'Érythrée
00:23 et ils sont prêts à prendre tous les risques pour atteindre leur objectif.
00:29 On va faire toute la côte.
00:30 Nous sommes à la recherche de groupes qui auraient tenté de traverser cette nuit
00:36 et qui auraient raté leur traversée et que nous, on pourrait aider, accompagner.
00:43 Il n'y a pas forcément de vêtements.
00:46 Est-ce que du coup, je demande à quelqu'un de venir en renfort ?
00:49 Oui, c'est possible.
00:51 On fait le point ?
00:52 Oui.
00:58 La veille de dépêcher sur place, on a l'avion qui nous surveille.
01:00 Ah oui, donc ils vont les ramener au port alors.
01:02 Là, il y a une embarcation qui s'est approchée de la rive pour embarquer des exilés.
01:09 Il y en a plusieurs qui n'ont pas réussi à monter à bord, notamment des enfants qui sont frigorifiés.
01:13 Il y a une personne dans l'eau qui est en train de se noyer.
01:15 Il y a donc des gendarmes qui sont allés la secouvrir.
01:17 C'est un pied là-bas, non ?
01:19 Allez, good luck !
01:43 C'est ok ?
01:45 C'est ça déjà, on l'a fait.
01:47 Il va y avoir.
01:49 On va essayer de les réchauffer un peu, de leur donner des vêtements secs.
01:56 Ça, c'est votre quotidien un peu ?
01:58 Oui, ça arrive régulièrement.
02:01 On est là pour ça en fait.
02:03 On amène du thé chaud, du café, à manger parce que souvent, ils ont très faim aussi.
02:09 Et puis des vêtements secs, des chaussures.
02:11 Parce que souvent, pour les départs, le taxi-boat vient les chercher et puis ils doivent avancer dans l'eau.
02:17 Donc plus ou moins, ils sont souvent mouillés.
02:19 Ils ont besoin d'être réchauffés.
02:21 Tout d'abord, il y a un groupe qui est sur la plage, un groupe qui attend.
02:34 Et le taxi-boat, lui, va arriver par la mer.
02:37 Et le groupe va grimper le plus rapidement possible dans le taxi-boat.
02:40 Ce qui en laisse souvent dans l'eau.
02:42 C'est ça aussi le drame.
02:45 C'est que souvent, le taxi-boat remplit le plus rapidement possible.
02:49 Et d'un seul coup, il part.
02:51 Il va continuer. Il va en prendre 20 ici.
02:53 Il peut en prendre après 30 de l'autre côté.
02:55 Jusqu'au moment où il a rempli son bateau.
02:58 Et après, il prend la mer.
02:59 La traversée de la Manche est très dangereuse en raison des vents changeants, de l'eau froide, du courant.
03:05 Mais aussi du trafic maritime particulièrement dense.
03:08 De gigantesques portes-conteneurs peuvent provoquer des vagues et faire chavirer les embarcations.
03:13 Depuis 1990, plus de 300 personnes sont mortes en tentant la traversée.
03:18 On rencontre des jeunes, des gamins.
03:37 Et en tant que maman, on ne peut pas rester insensible.
03:40 Nous, on a la chance d'être nés en Europe.
03:42 Mais on ne connaît pas l'avenir.
03:44 Donc si mes enfants ou des jeunes que l'on connaît autour de nous
03:48 seraient amenés à devoir vivre, subir un exil,
03:52 on aimerait tout simplement qu'ils puissent tomber sur des personnes bienveillantes
03:56 et des personnes qui tendent la main.
03:58 Tout simplement.
03:59 Pour décourager les migrants, la France rivalise d'astuces sécuritaires depuis des années.
04:03 Après la bonkérisation du tunnel sous la Manche,
04:06 une forte présence policière a été implantée sur le littoral.
04:09 La surveillance se fait aussi par les airs, jour et nuit,
04:11 avec un avion équipé de caméras thermiques et infrarouges.
04:14 Le fait de renforcer, de mettre plus de force de l'ordre sur la côte,
04:19 eux vont prendre de plus en plus de risques.
04:20 Les passeurs vont tenter des choses.
04:22 On s'en est rendu compte par exemple au nombre de personnes sur les bateaux.
04:24 Souvent, c'était une cinquantaine de personnes.
04:27 Le dernier groupe qu'on a récupéré, nous, ils étaient plus de 80.
04:30 Ça devient de la folie.
04:31 C'est aussi de tenter de traverser des jours de météo pas vraiment clément.
04:36 Là, on va de nouveau vivre un drame dans le chanel, c'est sûr et certain.
04:41 On crée de plus en plus de barrières.
04:45 Ce qui les met de plus en plus en détresse
04:47 et ce qui les pousse à se mettre de plus en plus en danger.
04:50 Cette réalité, elle est issue des gens du coin.
04:53 Les gens n'ont pas conscience que ça concerne autant de personnes.
04:55 Peut-être partiellement ou de temps en temps parce que ça peut être visible.
05:00 Mais je pense qu'on ne mesure pas quand même de quelle ampleur
05:06 et puis quelle détresse ont ces personnes.
05:11 S'ils le font, c'est qu'ils n'ont vraiment plus d'autre choix.
05:15 [Musique]
05:33 [Musique]
05:36 [SILENCE]

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