Fabienne Chabot, présidente de l'association Chrysallis Drôme

  • l’année dernière
Le gouvernement lance une campagne de lutte contre les violences sexuelles sur les enfants..des vidéos sur les réseaux sociaux, des spots télés..et pour la première fois, une campagne officielle utilise le mot "inceste". C'est bien, mais quels moyens attribués derrière aux acteurs qui luttent sur le terrain demande l'association Chrysallis. Elle accompagne les enfants victimes dans la Drôme
Transcript
00:00 Le 6/9, France Bleu Dromardèche, en direct à la radio et à la télévision sur France 3 Ronald.
00:06 7h44, c'est vrai que la parole se libère autour de l'inceste, c'est une bonne chose.
00:10 On en parle avec notre invité Emmanuel Champa.
00:12 Bonjour Fabienne Chabot. Bonjour.
00:14 Présidente de l'association Crisalis Drome, vous accompagnez des enfants victimes d'inceste
00:18 et vous organisez aujourd'hui un colloque à Bourg de Péage.
00:22 Le gouvernement lance aujourd'hui une campagne de lutte contre la violence sexuelle
00:26 avec pour la première fois le mot inceste qui est clairement utilisé.
00:31 Est-ce que vous avez le sentiment que ça y est, on a avancé ?
00:34 On a avancé oui, certes. On ne va pas dire le contraire.
00:39 On espère, nous, que ce ne sera pas une campagne de plus,
00:43 puisque la dernière quand même avait lieu il y a 20 ans.
00:45 Et puis, nous ce qui nous inquiète aussi, beaucoup de révélations peut-être,
00:51 mais quid des moyens qui vont suivre ?
00:53 Puisqu'aujourd'hui on fait face quand même à une absence de moyens
00:57 au niveau des gendarmeries, des policiers, de la justice,
01:02 de nous-mêmes, administrateurs ad hoc, des travailleurs sociaux.
01:05 Je crois qu'hier ou avant-hier vous receviez les greffiers.
01:09 Tout ça c'est un maillon qui est après la révélation de l'enfant.
01:13 Et s'il n'est pas en place, à quoi va servir qu'un enfant crie sa souffrance ?
01:19 Il n'est pas en place aujourd'hui ce système.
01:21 Ça a avancé quand même, il y a eu des changements.
01:24 Ça a avancé, oui, bien sûr, ça a avancé.
01:27 Il y a une prise en compte un peu plus importante,
01:31 mais les travailleurs sociaux ont toujours des moyens en diminution
01:37 face à l'augmentation des révélations, et d'autres cas aussi.
01:42 Vous accompagnez, vous et votre association Crisalis,
01:45 combien d'enfants et de mineurs victimes d'inceste à ce jour-là ?
01:49 Le saviez-vous ?
01:51 À ce jour, on peut dire qu'on a une quarantaine d'enfants accompagnés,
01:59 mais on a des dossiers qui durent depuis 2018.
02:03 Je crois que l'un des plus anciens est depuis 2018.
02:06 Deux jeunes filles qui ont révélé un inceste sur des cousins,
02:10 et que l'affaire est toujours en cours, toujours en instruction.
02:13 On attend le procès avec impatience,
02:15 et surtout ces jeunes filles attendent le procès avec impatience.
02:18 Sur ce que vous pouvez voir, sur ce que vous constatez,
02:21 le nombre d'incestes dans un département comme la Drôme est en augmentation ou pas ?
02:25 Est-ce que vous pouvez le dire, ça ?
02:27 Par rapport à nos petits chiffres,
02:29 puisqu'on est un petit bout de la lorgnette quand on regarde sur la Drôme,
02:35 nous, oui, on peut dire qu'on a une augmentation de 22% entre 2021 et 2022.
02:42 Donc ça fait... on est passé de 4 cas à 12.
02:49 Augmentation parce que peut-être la parole se libère un peu plus aujourd'hui depuis quelques années ?
02:53 Et mieux prise en compte aussi.
02:56 Au niveau par exemple des enseignants,
02:58 on a des enseignants qui sont aussi un peu plus reformés,
03:01 même si ça manque encore de formation,
03:03 mais voilà, et puis une sensibilisation aussi.
03:07 Donc on peut pas dire, justement, si on en revient à la campagne,
03:10 on peut pas dire que c'est inutile.
03:13 Mais voilà.
03:15 L'inceste, sujet particulièrement grave,
03:17 est-ce que tous les milieux sociaux sont concernés ?
03:21 Tous les milieux sociaux sont concernés.
03:24 Des plus précaires aux plus aisés ?
03:26 Des plus précaires aux plus aisés.
03:28 C'est ce que vous constatez au sein de l'association Présalis ?
03:30 Je pense que...
03:34 on peut pas avoir un regard comme ça,
03:37 et on a des familles qui sont à transaction incestueuses aujourd'hui,
03:40 qui fonctionnent comme ça,
03:42 où les enfants sont livrés devant les écrans,
03:46 regardent des films pornos qu'ils ne devraient pas regarder,
03:50 et puis après, ils testent sur leur petite sœur,
03:55 et ça c'est dans tous les milieux.
03:58 C'est les témoignages que vous avez, ça ?
04:00 Oui.
04:02 Fabienne Chabot, vous êtes présidente de l'association Présalis Drôme,
04:06 vous vous accompagnez comment ces enfants victimes ?
04:09 On est désignés par des magistrats,
04:13 soit au moment d'audition, soit au moment d'instruction,
04:17 et quand on est au moment d'instruction, on choisit un avocat pour eux,
04:21 et on les accompagne tout au long de la procédure,
04:24 jusqu'au procès en assise ou en correctionnel.
04:29 On les rencontre, on les accompagne aux expertises...
04:33 Un accompagnement psychologique, j'imagine ?
04:35 Alors, psychologique, on est bénévole,
04:37 on n'est pas des professionnels,
04:40 donc psychologique, on ne fait pas de l'éducatif,
04:43 on est en soutien.
04:46 Alors, on est un peu, on nous disait,
04:50 comme des grands-parents qui peuvent accompagner des enfants,
04:56 mais c'est pas ça, on est des adultes qui les écoutent,
05:00 qui croient à leurs paroles,
05:02 et qui les accompagnent pour qu'ils soient rassurés
05:08 quand ils sont face à un juge, face à un psychologue...
05:11 Et ils arrivent comment devant Crézalise, ces jeunes ?
05:15 Donc, désignés par un procureur,
05:19 et là, on va les chercher, on va les voir sur leur lieu...
05:23 Alors, c'est souvent des enfants placés, quand même,
05:27 je n'ai pas les chiffres, mais on a une majorité d'enfants placés.
05:30 - Pardon pour la question, elle est sans doute un petit peu idiote,
05:32 mais ils vont comment, ces mineurs que vous rencontrez ?
05:35 - Certains nous étonnent,
05:38 parce que vu le sac à dos qu'ils ont,
05:42 ils réussissent à l'école,
05:46 après, justement, le colloque de cet après-midi, d'aujourd'hui,
05:52 va nous parler de ce qui se passe après la révélation,
05:56 et toutes les répercussions que ça peut avoir, même à l'âge adulte.
06:00 - En deux mots, il manque quoi dans la DROME, très concrètement ?
06:03 Il manque des effectifs dans quel genre de domaine,
06:06 pour faire avancer cette question, pour qu'elle soit mieux prise en compte ?
06:10 C'est quoi ? C'est des magistrats ? C'est des policiers ? C'est de la formation ?
06:14 - Alors, si on prend par le début,
06:17 policiers, gendarmes, je pense qu'il faudrait qu'ils soient plus équipés,
06:23 plus entourés, plus formés, et qu'il y en ait plus.
06:28 Au niveau des juges, quand on voit la somme de travail qu'ils ont,
06:33 et les dossiers qui traînent, c'est pareil,
06:36 même s'il faut du temps aussi pour faire une enquête, pour que les preuves soient réunies.
06:40 Et puis les travailleurs sociaux aussi, cet après-midi,
06:43 on aura un service spécialisé d'aide éducative en milieu ouvert,
06:46 de Bordeaux, qui sera présent, on n'a pas ça dans la DROME.
06:50 - Fabienne Chabot, présidente de l'association Crisalis DROME,
06:54 avec ce colloque, qui réunira tous les professionnels dont on vient de parler,
06:57 ça se passe à bourre de péage,
06:59 aujourd'hui, le thème, l'inceste, une prise de conscience,
07:03 et après, et après, c'est bien toute la question que vous posez ce matin.
07:07 Merci à vous, passez une bonne journée. - Merci.
07:09 - Une interview que vous retrouverez dans quelques instants,
07:11 sur l'application ICI, par France Bleu et France 3, à 7h51.

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