Hyacinthe Choury, secrétaire général du secours populaire en Corse
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00:00 Yassin Chouri, bonjour. Vous venez de recevoir les chiffres régionaux de l'enquête IPSOS sur la pauvreté, la précarité.
00:07 Et malheureusement, cela confirme votre ressenti.
00:11 Oui, tout à fait. Ce ne sont pas la déclinaison IPSOS, ce sont les chiffres du Secours Populaire en Corse.
00:20 Il n'y a pas de déclinaison régionale de l'enquête IPSOS. C'est tiré de nos fichiers et c'est directement nos statistiques sur les personnes et les familles que nous accompagnons.
00:31 Je faisais référence à l'étude dont on a parlé la semaine dernière avec vous. En tous les cas, dans quelle catégorie les choses s'aggravent le plus ? Les jeunes, les retraités ?
00:44 Alors, là où ça s'aggrave, c'est sur les salariés. Ça monte partout, bien sûr. La situation économique et les montées de prix font que la pauvreté s'aggrave en Corse comme sur le continent, globalement.
01:05 Mais en termes de changement de proportion entre les différentes catégories, le plus impressionnant, c'est que maintenant, parmi les personnes que nous accompagnons, nous avons près de 13% de gens qui ont des salaires.
01:28 Et justement, ce qui est le parcours aujourd'hui, c'est leur reste à vivre, ces personnes, une fois payées toutes leurs charges ?
01:37 Une fois tout payé absolument, ça aussi c'est impressionnant. Dans les restes à vivre, nous avons un reste à vivre par jour et par personne, 0 euros ou moins sur plus de la moitié des personnes qu'on accompagne.
01:56 Et ça, c'est énorme. Dans les années précédentes, on était plutôt dans le quart des personnes qu'on accompagnait et qui n'avaient pas de reste à vivre. Aujourd'hui, c'est plus de la moitié exactement, c'est 44%.
02:12 Dans certaines situations, vous apporterez donc, Yacine Chori, une aide sur le moment. Pour d'autres, ce sera à vie, quasiment, on peut le dire ?
02:23 Absolument. Les personnes dont les ressources proviennent des retraites ou de l'aide au handicap, ou des pensions, en général, leur situation n'évolue pas.
02:42 Et donc, s'ils sont chez nous, alors qu'ils sont dans cette situation, ça va durer. Ça représente 17% des personnes qu'on accompagne qui sont retraitées. Et s'ils sont chez nous, c'est qu'ils ont de toutes petites, petites retraites.
02:58 On voit des cas où des gens qui ont 450 euros par mois pour vivre, pas pour vivre, au total, dans leur budget. Donc, il ne reste pas grand-chose, voire rien du tout, une fois payé tout ce qui est obligatoire.
03:10 Aujourd'hui, cette précarité, cette pauvreté, touche une part plus importante, Yacine Chori, de la population. Forcément, elle est moins marginale, on en parle plus ?
03:23 Absolument. L'enquête IPSOS a montré que 67% des personnes interrogées ont vécu, ou connaissent quelqu'un qui a vécu un épisode de précarité ou de pauvreté. C'est 18% de plus que l'année dernière. C'est énorme.
03:44 Et en Corse, c'est la même chose. Avant, les gens qui n'étaient pas dans la difficulté et qui me parlaient, me disaient "Ah, c'est bien ce que vous faites, mais alors, est-ce que ceci, est-ce que cela, est-ce qu'il n'y a pas d'abus ?"
04:00 Aujourd'hui, les gens qui me parlent de ça me disent "Ma cousine, ma grand-mère ou ma voisine sont dans cette situation."
04:11 On découvre une part cachée, Yacine Chori, notamment dans le rural, où vous allez aussi, on l'a vu ces dernières années, avec des ouvertures notamment du site du Secours Populaire.
04:25 Ouverture d'antennes ou déplacement de camions. Aujourd'hui, ça atteint 19% de la population qu'on accompagne. Et ça aussi, c'est énorme, parce qu'il y a beaucoup moins de monde dans le rural et nous ne sommes pas partout.
04:40 Donc, par rapport aux agglomérations, aux péri-urbains, où il y a beaucoup de monde, 20% dans le rural, alors qu'on n'est pas partout, c'est énorme.
04:52 Voilà, Yacine Chori, et on rappelle que vous pouvez intervenir si des bénévoles, évidemment, se manifestent, notamment dans ces zones où vous n'êtes pas encore.
05:03 Absolument. Nous n'allons dans une nouvelle zone que si on a des bénévoles sur place.
05:08 L'appel est lancé.
05:10 Si on n'a pas de bénévoles, il ne peut pas y avoir de travail régulier.
05:14 Merci beaucoup.
05:15 Il n'y a pas non plus de petits dons.
05:17 C'est important de le rappeler. Merci beaucoup, Yacine Chori, d'avoir été avec nous. Malheureusement, l'horloge passe très rapidement sur RCFM. Merci d'avoir été notre invité.
05:28 Merci, au revoir.