Le match qui oppose l’Union européenne aux géants du net est souvent rude. Mais sur certains sujets, l’Europe est en train de gagner la bataille.
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00:08 Bienvenue à tous dans les informés de l'Europe sur France Info, radio et télévision.
00:13 Canal 27, c'est votre nouveau rendez-vous du dimanche matin pour décrypter cette année européenne, cette année d'élections européennes.
00:21 Avec vous, François Baudet, merci d'être avec moi ce matin. - Bonjour Jean-Rémi.
00:24 Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions et vos invités, nos informés du jour.
00:29 Bonjour à tous les deux. Audrey Vettaz, journaliste et autrice du podcast "Traits d'union",
00:33 podcast qui parle justement de l'Union européenne. Et puis Théo Bourgerigons, journaliste pour le site Euractiv,
00:40 qui est un site spécialisé dans l'actualité européenne. Dans les informés de l'Europe cette semaine,
00:45 nous parlons du match, souvent rude, disons-le, qui oppose l'Union européenne au géant du net
00:51 pour la plupart des multinationales américaines. On les appelle les GAFAM, Google, Facebook, Amazon, Microsoft.
00:58 Ça c'est évidemment très concret dans notre vie quotidienne puisqu'on les utilise tout le temps, ces grandes sociétés.
01:03 Et si on en parle ce matin dans les informés de l'Europe, c'est parce que l'Europe est en train peut-être de gagner une forme de bataille, François.
01:08 Oui, et pour preuve, Jean-Rémi, de cette victoire de l'Europe sur les GAFAM, mardi prochain à Cupertino.
01:15 Cupertino, c'est en Californie, donc c'est à 9000 kilomètres de Bruxelles.
01:19 Et bien le géant américain Apple va lancer son nouvel iPhone équipé, tenez-vous bien, du chargeur universel imposé par qui ?
01:26 Imposé par Bruxelles.
01:28 Par Bruxelles ?
01:29 Exactement. Ça faisait 15 ans que l'Union européenne demandait, alors gentiment au début, c'était pas une obligation,
01:34 aux constructeurs de smartphones d'adopter un type de chargeur unique pour toutes les marques.
01:38 Et ça ne marchait pas, entre autres, parce que Apple en particulier s'y opposait.
01:43 Du coup, l'Union européenne les a obligés, ça c'est nouveau, et maintenant ça marche.
01:47 Donc avec une seule prise, nous allons pouvoir charger tous nos appareils électroniques.
01:51 Et ça, c'est une victoire de Bruxelles.
01:53 Et ça veut dire que quand on ira chez des amis, on ne sera plus en train de dire "est-ce que tu as un Samsung, tu as un iPhone, etc."
01:57 Ça c'est quand même effectivement un vrai changement, et ça joue aussi sur, on imagine, le nombre de chargeurs qui vont être produits
02:04 d'un point de vue écologique, c'est évidemment un bon point.
02:07 Théo Bourgerigon, ça prouve quoi cette volte-face d'Apple ?
02:11 Ça a mis 15 ans, on l'a dit, mais ça veut dire que ça fonctionne un peu, le bras de fer ?
02:15 Totalement. En réalité, s'il vous plaît, il y a une prise de conscience qui est réelle.
02:19 Ce qui est évident, c'est que dans les 15 dernières années, la Commission européenne a réussi à s'imposer comme acteur incontournable sur ces débats,
02:26 et à aborder, à parler directement au mastodonte du net, en faisant passer un message clair,
02:32 qui est de dire "si vous voulez avoir accès au marché européen, qui d'ailleurs est une fois et demie plus grand que le marché américain,
02:37 vous devez respecter quelques règles. Pas par simple plaisir de pénaliser les gaffes-femmes,
02:42 mais pour trouver un juste milieu entre protection des consommateurs et soutien à l'innovation."
02:46 Donc on leur met des conditions d'accès quasiment à notre marché ?
02:48 Exactement. Et en fait, ce qu'on est en train de réaliser, c'est que ces entreprises commencent à entendre ce message.
02:53 Alors, il ne faut pas se leurrer, évidemment, elles sont très réticentes. On se souvient de Mark Zuckerberg, le patron de Meta,
02:58 qui a menacé plusieurs fois de quitter Facebook, de faire partir Facebook et Instagram de l'Union européenne.
03:05 Mais cette prise de conscience, elle a lieu, et on peut peut-être parler d'un début de changement de paradigme.
03:10 Néanmoins, et on le sait bien, un bras de fer, c'est notamment ce qui se passe à Bruxelles, Audrey Vuetaz.
03:15 On sait qu'Apple et les autres grands américains, et d'ailleurs la plupart des grandes firmes, ont ce qu'on appelle des cabinets de lobbying,
03:22 qui sont souvent extrêmement puissants. Est-ce que cette affaire de chargeurs universels, qui pourrait paraître extrêmement anecdotique,
03:27 est-ce que c'est le signe que, finalement, le lobbying ne fonctionne plus comme avant ?
03:31 En tout cas, il y a énormément d'argent qui est dépensé. Le lobbying d'Apple par an, c'est 4 millions d'euros par an, rien que pour faire du lobbying à Bruxelles.
03:38 Alors, ça ne fonctionne peut-être plus sur ce point-là. Ça a fonctionné pendant de très nombreuses années.
03:43 Peut-être deux raisons pour lesquelles ça ne fonctionne plus. Il y a à peu près 10 ans, il y avait encore une trentaine de chargeurs différents.
03:49 Aujourd'hui, il n'y en a plus que 3, dont celui d'Apple. Donc il y a peut-être moins de pression qui est faite au niveau de Bruxelles.
03:55 Et puis l'autre sujet, c'est que moins de chargeurs, c'est aussi moins de matière pour les recycler, moins d'énergie.
04:00 Et ça, ça s'inscrit dans le Green Deal, le pacte vert, qui a pour but de nous rendre neutre en carbone d'ici 2050.
04:08 Et ça, c'est vraiment, s'il fallait retenir une politique de l'Union européenne en ce moment, c'est vraiment le pacte vert.
04:12 Il y a énormément de textes qui sont votés sur ce sujet. Donc il y a un bulldozer. Et Apple, même avec énormément de moyens, avait un peu de mal.
04:19 Finalement, c'était un petit peu anachronique de lutter sur ce sujet.
04:22 Ce qui est drôle, c'est que s'il y a quelques années, on nous avait dit l'Europe va faire plier un groupe comme Apple. On aurait un peu rigolé.
04:29 Oui, c'est vrai. Il y aurait eu des...
04:31 Théo Bourjoré.
04:32 Oui, absolument. Et c'est ce que je disais. Je pense qu'il y a une prise de conscience et que ne serait-ce que pour accéder au marché européen,
04:37 les grosses entreprises réalisent qu'il faut commencer à se plier aux injonctions de Bruxelles.
04:41 Bon, là, on le prend avec un peu le sourire, cette histoire de chargeurs universels, François Boddenet.
04:44 Mais ce n'est pas que anecdotique. En fait, il y a vraiment un bras de fer avec l'Europe qui tord le bras à certaines grandes sociétés.
04:50 Oui, parce que récemment, la Commission européenne a fait adopter deux règlements.
04:54 Alors, les règlements, ça s'applique partout dans tous les pays européens. Ce sont des règlements qui n'existent nulle part ailleurs dans le monde et surtout pas aux États-Unis.
05:02 Le concept du premier règlement, c'est de dire ce qui est interdit dans la vraie vie, dans la vie quotidienne, eh bien, doit l'être également sur Internet.
05:10 Ça, c'est le premier principe. Donc, les plateformes sont dorénavant obligées de retirer toutes les vidéos, par exemple, à caractère pédopornographique,
05:18 ou tous les contenus haineux ou qui appellent à la violence. Vous vous souvenez, c'était le cas de ce qui s'était passé lors des émeutes en France.
05:24 C'était fin juin. Il y avait beaucoup de vidéos comme ça qui circulaient sur Internet. Eh bien, dorénavant, la justice pourra intervenir.
05:31 C'est ce que disait ici même sur France Info Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur.
05:37 En cas vraiment d'acte très grave, on pourra saisir un juge tout de suite qui pourra intervenir immédiatement et non seulement donner une injonction à la plateforme
05:48 d'arrêter tout de suite, faute de quoi amende, on le sait, 6% du chiffre d'affaires et si à répétition, possibilité d'interdire l'exploitation de la plateforme en Europe.
05:59 Donc, sous la demande d'un juge, où que l'on soit et de façon facilitée.
06:04 Alors, il y a également un second règlement dont l'objectif est d'empêcher les GAFAM d'avoir des pratiques anticoncurrentielles.
06:11 Jusqu'à présent, l'Europe infligeait certes de lourdes amendes. La dernière en date, j'aurais mis, c'est quand même plus de 4 milliards d'euros à Google.
06:19 Mais finalement, ces amendes, ce n'était pas très efficace. Alors, la nouvelle législation a pour but d'empêcher en amont que ces pratiques anticoncurrentielles se produisent.
06:27 Et Bruxelles menace carrément de démanteler les entreprises qui passeraient outre.
06:32 Théo Bourgerigon, cette législation dont François vient de nous parler, ça va changer quoi concrètement dans notre vie quotidienne ?
06:38 François a parlé de la modération de contenu. C'est un aspect absolument crucial. Moi, j'en retiens quelques autres.
06:43 Par exemple, le fait que les messageries électroniques seront reliées entre elles.
06:46 Donc, je pourrais utiliser la messagerie WhatsApp pour envoyer un message qui atterrira sur la messagerie d'Apple, iMessage ou celle de Facebook Messenger,
06:54 dans un souci de rendre plus fluide les échanges électroniques au quotidien, ce qui n'était pas possible avant.
07:00 Les utilisateurs, sous ces nouvelles réglementations, seront aussi plus libres et auront plus de liberté pour choisir les applications qu'ils souhaitent télécharger.
07:08 Donc, si vous êtes propriétaire d'un iPhone, vous ne serez plus contraint et obligé d'utiliser l'application de paiement d'Apple, Apple Pay, pour régler vos achats en ligne.
07:18 Vous serez libre d'utiliser l'application de vos souhaits qui va mieux avec vos attentes et vos usages.
07:23 Et peut-être un tout dernier point qui est important à souligner, dans un souci d'une meilleure concurrence,
07:30 tout rachat d'une entreprise tech par un mastodonte du net devra obligatoirement, et ça c'est nouveau,
07:36 être notifié à la Commission européenne et libre à elle d'enquêter plus amplement s'il y a un risque de concurrence faussée,
07:43 ou pour s'assurer que les intérêts des particuliers, des entreprises qui bénéficient de ces plateformes, soient pris en compte.
07:50 Audrey Vettel, je vous donne la parole. Dans un instant juste, François Boddenet, vous avez parlé de ces réglementations.
07:55 Alors, il y a des sigles un peu barbares, on ne va pas forcément rentrer des SA, des MEC, etc., qui sont les chiffres,
07:59 enfin les sigles officiels de ces nouvelles réglementations. Mais ça a été long quand même.
08:03 Parce que là, ça a l'air très simple, ce qu'on se dit de, finalement, un bras de fer avec les grandes sociétés, leur imposer des choses.
08:09 Mais c'est des années, des années de discussion au Parlement européen.
08:13 Oui, ça a été long. Il y a beaucoup de choses qui se sont faites quand même pendant la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
08:18 C'était il y a un peu plus d'un an maintenant. Mais je crois surtout que ce que ça marque, c'est un changement de philosophie.
08:23 C'est-à-dire que l'Europe est en train de se rendre compte qu'elle est capable d'avoir du pouvoir, si elle se donne les moyens d'avoir ce pouvoir, et si elle y croit.
08:29 Encore une fois, jusqu'à présent, c'était des amendes extrêmement importantes, mais ce n'était pas en amont.
08:34 Là, maintenant, l'Europe dit "Bon, écoutez, c'est simple. Si vous voulez venir chez nous, il va falloir que vous suiviez nos règles".
08:39 On se retrouve dans un instant, les informés de l'Europe, votre nouveau rendez-vous du dimanche matin.
08:44 Mais tout de suite, vous connaissez la mécanique. C'est le Fil info avec Sophie Echelle.
08:49 Alad International s'organise pour porter secours au Maroc.
08:53 Plus de 24 heures après un séisme meurtrier, plus de 2000 morts et autant de blessés.
08:57 L'Algérie, dont les relations sont tendues, avec Rabat, a rouvert son espace aérien au vol transportant des blessés et de l'aide humanitaire.
09:04 Une douzaine de blessés, dont quatre en urgence absolue après une collision entre deux bateaux hier soir à Marseille.
09:09 Un choc entre un bateau d'une association de défense de l'environnement et un bateau de plaisance.
09:14 Une soixantaine de marins pompiers ont été mobilisés.
09:16 L'ouverture de la chasse aujourd'hui, d'abord dans la moitié sud de la France, dans une quarantaine de départements.
09:21 Puis à partir de dimanche prochain, dans le reste du pays, on attend toujours la création du délit d'alcoolémie pour les chasseurs.
09:28 C'était l'une des mesures du plan gouvernemental pour mieux encadrer la chasse et réduire le nombre d'accidents.
09:33 Barack Obama félicite Koko Goff. A 19 ans, l'Américaine remporte son premier US Open à domicile en battant la numéro 2 mondiale Arina Sabalenka.
09:41 La finale homme, c'est ce soir, Novak Djokovic face à Danil Medvedev.
09:57 Bonjour sur le plateau des informers de l'Europe avec François Bonnet, Audrey Huétaz, journaliste et autrice du podcast "Trait d'union"
10:03 qui parle de l'Union Européenne et Théo Bourgerigon, journaliste pour le site Euractive.
10:08 Audrey, je me tourne vers vous puisque on parlait actuellement des nouvelles réglementations mises en place en Europe
10:13 et en fait, en réalité, pour simplifier, de ce nouveau bras de fer qui existe et qui semble fonctionner
10:18 entre les institutions européennes, l'Union Européenne et les grandes multinationales, les GAFAM, Facebook, Apple et compagnie.
10:26 On se rend compte que Thierry Breton, le commissaire européen, on a l'impression que derrière lui, il a l'idée que ça va permettre à des entreprises européennes
10:34 de peut-être aller s'imposer sur ces marchés où les Américains, notamment, sont leaders.
10:38 En tout cas, ça va leur laisser plus de place puisque pour l'instant, quand on veut faire une recherche sur Internet, on passe par un GAFAM.
10:44 Quand on veut regarder un film, acheter quelque chose, on est obligé de passer par un GAFAM.
10:47 C'est ce qu'on appelle des "gatekeepers", en fait, c'est les gardiens de notre accès à Internet.
10:51 Ça va laisser plus de place, ça va peut-être permettre aussi à des concurrents européens plus performants, plus malins, plus rapides d'émerger
10:59 parce que pour l'instant, ils n'avaient juste tout simplement pas la place.
11:02 Et d'ailleurs, c'est très attendu par des comparateurs de prix européens parce qu'ils se sentaient un peu lésés par rapport à Google
11:08 qui est intègre d'office des comparateurs de prix. Et eux, ils arrivent plus tard dans les résultats, sauf qu'il y a énormément de gens
11:13 qui font des recherches sur Google. Donc, ils demandaient à la commission, ils attendaient avec impatience d'avoir justement ces deux textes
11:19 et notamment le DMA. Et donc, ça va peut-être permettre l'émergence en effet d'entreprises européennes, d'entreprises aussi de facto asiatiques et chinoises.
11:29 Mais vous y croyez, ça, justement ? Est-ce que demain, il y a réellement un Google européen ?
11:33 Ah ben, on a du retard. Il y a un retard à rattraper.
11:36 Vous partez de loin sur certains dossiers.
11:37 Il y a un retard à rattraper, mais maintenant, ça laisse quand même une porte là où il y avait vraiment une mainmise des GAFAM jusqu'à présent.
11:43 Théo Bourgerigonce, l'Europe est le premier continent à mettre sur pied une législation aussi contraignante pour les GAFAM,
11:50 pour les grands groupes de technologie. Est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir un effet d'entraînement au niveau international,
11:55 que d'autres régions dans le monde pourraient se dire "ben en fait, nous aussi, on va peut-être imposer des choses à ces grandes boîtes" ?
12:00 Ah mais totalement, Jean-Rémi. Et on parle d'ailleurs, et c'est un terme, on parle de l'effet Bruxelles. Alors, pour ces législations, c'est encore...
12:06 Ça, ça doit leur faire plaisir à Bruxelles.
12:07 Oui, oui, oui, mais c'est un débat vieux comme... Peut-être pas vieux comme le monde, mais en tout cas vieux comme l'Union européenne.
12:12 Et cet effet Bruxelles, alors, dans le cadre de ces législations, il faudra voir, l'histoire nous le dira, mais on a un exemple clé en main.
12:19 Il y a cinq ans, l'Union européenne a adopté un règlement sur la protection des données, qui aujourd'hui, on voit, a eu un impact considérable partout dans le monde.
12:28 Le Japon et la Californie ont fait des législations quasi similaires. Et, comble du paradoxe, le Royaume-Uni, qui pourtant a quitté l'Union européenne, a fait un quasi copier-coller.
12:36 Donc, l'effet Bruxelles, il existe, il est réel. Et je pense que dans un sujet aussi peu réglementé que le monde du numérique, il est fort à parier que cette législation va faire date en Europe et dans le reste du monde.
12:46 Mais alors là, on est en train de regarder le côté un peu positif, qui est du côté, d'ailleurs, du consommateur.
12:50 Est-ce qu'il n'y a pas un côté négatif, c'est-à-dire qu'à mettre beaucoup de contraintes, est-ce que demain, il y a des grandes sociétés internationales qui vont dire
12:57 « Vous savez quoi, ma technologie, je ne vais pas la mettre chez vous parce qu'en fait, vous êtes trop contraignants ».
13:02 Si, il y a un risque dans toute création de loi, c'est sûr. Pour vous donner un exemple, Meta, la maison mère de Facebook, il y a tout juste deux mois, a créé un réseau social pour faire concurrence à Twitter, qui s'appelait Threads.
13:13 En l'espace de quelques jours, ce sont 100 millions de personnes qui se sont inscrites à ce nouveau réseau social, à l'exception notable des Européens. Pourquoi ?
13:20 Parce que Meta avait quelques doutes sur l'application des législations, notamment vis-à-vis de la protection des données personnelles et vis-à-vis des nouveaux règlements qui viennent d'entrer en vigueur.
13:32 Certains diront que c'est un trop-plein de réglementations qui bloquent peut-être l'innovation.
13:37 Moi, je pense qu'on est là, exactement dans le bras-fer que vous décriviez, où Meta ne veut pas se laisser faire.
13:43 Et cette négociation dure entre la Commission et les grandes entreprises continue d'exister et continuera d'exister encore pendant plusieurs années.
13:50 François Boddenet, vous qui connaissez bien les arcanes et ce qui se passe en coulisses au niveau européen, est-ce qu'il n'y en a pas, au niveau européen, du Parlement notamment, qui disent « attention, on va peut-être un peu trop loin, on est en train de se tirer une balle dans le pied » ?
14:02 Oui, je crois que c'est effectivement ce qui se passe. Vous savez, il y a toujours des vents contraires qui soufflent dans les institutions européennes.
14:08 Mais là, quand on parle des GAFAM, ce sont des entreprises qui sont extrêmement pragmatiques.
14:12 On a rappelé tout à l'heure la taille du marché européen. Encore une fois, si les GAFAM veulent exister en Europe, et c'est important parce qu'elles gagnent de l'argent en Europe, tout simplement.
14:20 450 millions de consommateurs ?
14:21 450 millions d'Européens, effectivement, donc une grande partie qui peuvent être consommateurs des GAFAM.
14:26 Donc ces entreprises-là savent qu'elles ont intérêt à être ici, et donc elles vont faire ce qu'il faut pour y être.
14:33 Alors attention quand même, parce que là, on est extrêmement positif, et on a raison, parce qu'effectivement, c'est une victoire de l'Europe.
14:37 Après, il faut voir la mise en place quand même de ces règlements. Il faut voir si ça va être véritablement appliqué.
14:42 Il y a quand même des précautions qui ont été prises. C'est-à-dire que ça va être contrôlé au niveau national, donc je pense que ça peut fonctionner.
14:47 Mais attention quand même, il faut voir si l'application va être à la hauteur du règlement.
14:52 Audrey Béthoyz, on a entendu Thierry Breton tout à l'heure, qui était l'invité de France Info il y a quelques jours.
14:57 Le commissaire français au marché intérieur numérique, on le sent, il est très combatif sur les GAFAM, en tout cas, il s'affiche comme ça.
15:03 Vous lui avez, je crois, consacré un des derniers épisodes de votre podcast.
15:07 Est-ce que sa personnalité, est-ce qu'elle joue un rôle dans ce bras de fer ?
15:10 Rappelons, Thierry Breton, c'est pas un politique à la base, c'est quand même plutôt un patron, quelqu'un qui vient du monde de l'entreprise.
15:17 Justement, c'est peut-être la qualité qui lui permet de mener ce combat, parce que c'est vrai qu'on l'a oublié,
15:22 parce que c'était un petit peu un plan B à l'origine, puisque la précédente commissaire qui était nommée par la France avait été retoquée.
15:28 Mais c'était quand même le patron d'Atos, il en a fait un leader du numérique, donc il sait peut-être parler justement au patron des GAFAM.
15:35 En tout cas, il a endossé ce rôle et il se montre comme ça.
15:39 Il s'est filmé, ça a été diffusé sur les réseaux sociaux, en train d'aller rencontrer Elon Musk, donc il a vraiment mis en scène ce bras de fer.
15:46 Il a publié récemment sa "kill list", c'est-à-dire la liste des entreprises qui allait tomber sous le coup du DMA.
15:52 Et il est aussi porté par le fait qu'il n'y avait pas de réglementation sur le numérique depuis les années 2000.
16:01 Donc là, il a le vent dans le dos. Et puis, on dit que c'est un homme qui va vite et on lui prête des ambitions pour peut-être remplacer la présidente de la Commission européenne.
16:08 Peut-être que ça aussi, ça l'aide à incarner.
16:10 Thierry Breton, il a des ambitions, François Bedennet ?
16:14 Oui, il a des ambitions. Et moi, ce qui me frappe pour le connaître depuis, le suivre en tant que journaliste depuis plusieurs années,
16:20 c'est que là, véritablement, en fait, il a pris une nouvelle dimension à Bruxelles.
16:23 Il était effectivement patron d'entreprise, mais il a quand même été ministre.
16:27 Il était ministre de l'économie. Et là, à Bruxelles, je crois qu'il a compris le pouvoir que peut avoir l'Union européenne.
16:35 Et c'est quelque chose qu'il n'avait peut-être pas compris quand il était à Paris, même en tant que ministre.
16:41 François Bedennet, rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions.
16:44 Merci beaucoup pour ces Informer de l'Europe de cette semaine avec nos informer de la semaine.
16:49 Merci Audrey Bêtaz, journaliste autrice du podcast "Trait d'union" qui parle évidemment de l'Union européenne.
16:56 Et Théo Bourgerie-Gonz, journaliste pour le site Eure Active, un site spécialisé dans l'actualité européenne.
17:01 On se retrouve la semaine prochaine, même heure, pour ce nouveau rendez-vous qui va vous permettre de mieux comprendre certainement les enjeux de cette année européenne.
17:09 [Musique]