Les 80 ans de la libération de la Corse avec Marguerite Pellegri-Mondoloni, directrice de l'Office National des Combattants et Victimes de Guerre de la haute corse (ONACVG
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00:00 - Marie-Claude Pellégrin-Mondologne, bonjour.
00:02 80 ans après la libération de la Corse, que reste-t-il de cette histoire de la résistance, des résistances même ici ?
00:10 - Alors, il reste énormément de choses, bien entendu, à faire connaître et surtout à transmettre aux jeunes générations.
00:19 C'est la mission essentielle de l'Office National des Combattants et des Victimes de Guerre.
00:24 - Justement, comment les plus jeunes appréhendent cette dimension, cette histoire ? Hier, vous étiez au lycée Jean-Nigaud, par exemple.
00:32 Ça a pris la forme d'un débat, votre action.
00:35 - Oui, tout à fait. Le challenge aujourd'hui, c'est d'intéresser les jeunes à la mémoire, à notre histoire, à l'histoire locale et à la recontextualiser dans l'histoire nationale.
00:46 Et le challenge consiste à transmettre, alors qu'on assiste à la disparition progressive des témoins de chair.
00:54 - On sent les principaux. Comment est-ce qu'on fait ? Comment, objectivement, on se souvient ?
00:59 - Voilà, il faut faire évoluer la méthode. La méthode consiste à trouver de nouveaux vecteurs de transmission qui ont la côte auprès des jeunes.
01:08 Le numérique, le rallye citoyen, les ateliers pédagogiques, les concours de bande dessinée, par exemple.
01:16 - Vous en mettez en place chaque année, bulle de mémoire. Vous parlez aussi de ce rallye, des moyens ludiques, en quelque sorte, pour faire entrer la modernité pour ce passage de mémoire-là ?
01:29 - Tout à fait. L'idée, c'est vraiment de retenir l'attention. La première des choses, je pense, également, c'est l'histoire locale, l'histoire familiale.
01:38 C'est d'intéresser les jeunes au plus près. - Il y a des spécificités de ce point de vue-là, ici, en Corse ?
01:43 - Tout à fait. L'action de proximité est essentielle. Il faut encourager les jeunes à interroger leurs parents, grands-parents,
01:52 qui eux-mêmes ont vécu ces événements à travers les témoignages de leurs ascendants.
01:59 Que s'est-il passé dans mon village à cette époque ? Tout par-delà pour ensuite faire le lien avec l'histoire nationale.
02:06 - Ça passe par un poilu, connu du village, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi des objets qu'on peut trouver dans sa maison de famille.
02:16 - Tout à fait. Il faut que les jeunes recherchent ce type de témoignages, des courriers.
02:22 C'est tout l'objectif de notre concours "Les petits artistes de la mémoire", qui incite les jeunes à construire, à produire, à réaliser ce carnet de poilus,
02:33 à partir de l'histoire d'un poilu de leur village qui a participé à la Première Guerre mondiale.
02:40 - Comment appréhendent justement ce type d'initiatives les jeunes ? Quelles étaient leurs questions hier ? Qu'est-ce qu'on peut leur répondre ?
02:48 - Ils sont très intéressés et ça génère chez eux un sentiment de respect. Un sentiment de respect vers ceux qui ont réalisé ce sacrifice.
02:59 Parce que finalement, ils avaient leur âge. Ce sont des jeunes de leur âge, tout a basculé à leur époque et tout peut basculer aujourd'hui.
03:05 On le voit, le contexte international prouve que la paix est tout aussi fragile.
03:10 Donc c'est d'autant plus important de les sensibiliser à cette fragilité de la paix et à comment la maintenir.
03:16 - Justement, dans les conflits actuels, il y a toujours peut-être la dimension de deux camps et peut-être parfois de guerre d'indépendance.
03:26 Là, ce n'est pas pareil. Là, on est dans une dimension, le bien et le mal.
03:30 - Oui, tout à fait. Ne pas commettre, bien sûr, les erreurs du passé. On est face à des guerres de racisme, d'intolérance.
03:41 Et je pense que c'est à ces valeurs qu'il faut les éveiller et les faire adhérer.
03:46 - De nouveaux événements, puisqu'on le disait hier, vous étiez devant le lycée Jean-Nigaud.
03:51 De nouveaux événements sont prévus jusqu'au début octobre. Les plus importants, ceux qui nous attendent.
03:59 - Oui, c'est vrai qu'on rentre dans une période intense au niveau mémoriel et je m'en réjouis grandement.
04:04 Beaucoup de petits villages prennent des initiatives et je remercie les maires qui le font.
04:10 Et bien évidemment, cela commence avec le 9 septembre, plus particulièrement à Jaxio ce samedi.
04:19 - Demain, bien sûr. - Voilà, tout à fait, demain.
04:21 Et pour se terminer, je dirais, avec la libération de Bastia, le 4 octobre.
04:26 Concernant la haute-corse, ce sera surtout le 3 octobre avec la libération du col de Teguim et le 4, la libération de la ville de Bastia.
04:32 - Vous espérez une attention particulière du gouvernement, peut-être, pour ces 80 ans ?
04:38 - Eh bien, je n'ai pas d'informations précises à ce sujet à ce jour, mais j'espère.
04:43 J'espère vivement la présence d'une haute autorité nationale, car c'est un événement qui le mérite.
04:50 - On parle du président lui-même, ça aurait du sens, selon vous ?
04:53 - Ah oui, ça donnerait un aspect beaucoup plus solennel à l'événement,
04:59 ça marquera davantage les esprits et c'est bien l'objectif recherché.
05:04 - Nous le verrons. Merci beaucoup Marguerite Pellégri-Mandoloni d'avoir été notre invitée ce matin sur RCF.
05:10 - Merci à vous pour votre invitation.