• il y a 2 ans
Louise Bourgoin répond à nos questions

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Transcription
00:00 Inès c'est une femme qui s'occupe seule de son fils et qui va se retrouver dans
00:11 une situation un peu angoissante du jour au lendemain puisque son propriétaire veut
00:15 récupérer son appartement et donc il va lui falloir déménager le plus vite possible et
00:19 surtout trouver un CDI pour pouvoir payer un loyer conséquent. Elle va se retrouver très
00:27 vite manageuse d'une boîte qui s'appelle Antisquat et elle va s'occuper de recruter
00:32 des résidents et elle va s'installer avec eux pour leur rappeler les règles. En fait
00:36 ces résidents ce sont des locataires mais de loyers extrêmement faibles dans des lieux
00:42 qui sont désaffectés et ils sont là pour avoir un toit sur la tête mais aussi pour
00:48 protéger le lieu du squat et donc ça existe vraiment. C'est une loi qui est passée en
00:54 juillet dernier aujourd'hui ça s'appelle la protection par occupation. On peut louer
00:59 de grandes surfaces pour 200 euros par mois mais en échange on garde l'immeuble et ça
01:05 donne lieu à des règles très strictes par exemple voilà on peut pas recevoir d'invité
01:10 chez soi, on peut pas s'absenter plus de deux jours sans autorisation, on peut pas
01:15 avoir d'enfants, pas d'animaux de compagnie, on peut pas faire de fêtes et surtout quand
01:19 l'immeuble est vendu on a une semaine pour partir donc ce sont des lois très restrictives
01:26 et c'est un bon exemple du travail tel qu'il est aujourd'hui, de l'ubérisation par exemple
01:32 et on a l'impression quand on voit le film d'une forme de dystopie alors qu'en fait
01:37 voilà c'est aujourd'hui et ça existe.
01:39 J'ai lu les livres que m'a conseillé Nicolas Sillol, j'ai beaucoup répété avec les résidents
01:49 parce qu'il y en avait qui étaient non professionnels, qui n'étaient pas comédiens vraiment.
01:54 J'ai été très portée par les décors aussi parce qu'on a quand même tourné un
01:58 mois dans une banque désaffectée donc sans chauffage entourée d'autoroutes, ça nous
02:05 a beaucoup porté aussi parce que c'est un lieu où on n'a pas envie de rester et
02:08 donc il y a une urgence comme ça qui s'est dégagée de ce lieu et puis j'ai beaucoup
02:14 répété avec Samy Belkessa qui joue mon fils dans le film, qui incarne un peu ma
02:19 conscience morale dans le sens où c'est lui qui me rappelle à l'ordre et qui me
02:23 dit "maman tu devrais pas faire ça, c'est pas bien, tes employeurs ils abusent complètement"
02:30 et il est extraordinaire parce qu'il avait jamais joué, il a juste mis une annonce Facebook
02:35 pour de la figuration, il s'est retrouvé en casting avec moi et ça s'est hyper bien
02:39 passé, il a ça dans le sang, il est tout le temps juste et en plus il avait jamais
02:43 rappé et il rappe dans le film très très bien.
02:45 J'ai accepté ce projet pour deux choses, d'abord à la lecture, j'avais très très
02:53 envie de voir ces lieux un peu apocalyptiques de grands bureaux désaffectés, vides, investis
03:01 par des gens avec leurs petites affaires intimes maladroitement alors que ça s'y prête pas
03:07 et c'est une sorte de futur proche, je sais pas comment expliquer mais c'est une sorte
03:13 d'image que j'avais très envie de voir et j'avais aussi envie de jouer cette femme
03:18 qui est vraiment prise en étau à travers tout ce qui va lui arriver, en fait psychologiquement
03:24 ce qu'elle a à affronter est très difficile et les choses le sont de plus en plus au cours
03:29 du film, c'est vraiment un thriller haletant.
03:32 J'avais absolument pas connaissance de cette loi, je savais pas du tout que la protection
03:41 par occupation existait, c'est très développé en Angleterre et en Hollande et là ça va
03:46 l'être en France mais a priori je comprends mon personnage au départ parce que ça semble
03:51 assez humaniste, c'est un échange de bons procédés, il y a des propriétaires qui
03:54 ont des milliers de mètres carrés de locaux vacants, des gens qui ont 200 euros par mois
04:00 à mettre dans un loyer, ça part d'un très bon principe mais on découvre au cours du
04:06 film et dans les faits que ça pense plus au profit qu'à l'humain.
04:13 Je trouve que la classe moyenne est très représentée dans le cinéma français, il
04:19 y a énormément de films sociaux en France, ce qui est intéressant dans le film en tout
04:23 cas c'est que justement on pourrait s'attendre à ce que des gens qui cherchent un loyer
04:27 de 200 euros ce soit des gens justement qui n'ont pas de travail, qui n'ont pas de
04:31 revenus, qui sont au RSA et là ce sont des gens qui ont à priori un travail, qui sont
04:37 justement dans la classe moyenne en fait donc ça montre que oui le pays s'est appauvri.
04:43 Justement ce que veut défendre Nicolas Cilolle c'est qu'avec le collectif justement ces
04:55 résidents vont essayer de se souder et se protéger un peu de ce qui leur arrive parce
05:00 que les lois sont abusives, les règles sont trop restrictives et puis surtout pour le
05:05 rappeler en fait cette loi elle est passée en juillet dernier mais elle était depuis
05:09 2018 en place à titre expérimental, ça donne lieu un peu à des dérives quoi puisque
05:15 c'est un peu sauvage la façon dont ça s'est mis en place et surtout la précarité
05:20 de ces gens autorise aussi des choses que normalement quand on n'est pas dans la difficulté
05:26 à froid on n'accepterait pas en fait.
05:33 [Musique]

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