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Un gros coup dur pour le navigateur sétois Nicolas Rouger !
Au début du mois d'aout, le bateau avec lequel il allait disputer la prochaine transat Jacques Vabre et sans doute le Vendée Globe l'année prochaine a subit de gros dégâts à cause d'un gros coup de vent.

Le bateau, baptisé "Demain c'est loin" était en cale sèche sur un chantier naval de Marseille.
Un gros coup de vent l'a renversé et il est tombé de 5m de haut.

Résultat des courses: plusieurs mois de travaux de remise en état. Il ne sera donc pas réparé pour la transat Jacques Vabre.
Mais un véritable élan de solidarité s'est déployé autour du skipper sétois.
Et il va quand même prendre le départ de la transat, mais à la barre d'un autre bateau qu'un autre concurrent a proposé de lui prêter.

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Transcription
00:00 sur France Bleu et Rond, Guillaume Roland.
00:01 - Bonjour Nicolas Rouget. - Bonjour.
00:03 - On est ravis de vous recevoir dans des conditions et des circonstances qui sont un peu difficiles pour vous.
00:08 Le 5 août dernier, le téléphone sonne, j'imagine que ça se passe comme ça.
00:13 - Exactement.
00:13 - Et on vous apprend que votre bateau, qui est en cale sèche à Marseille, vient de tomber de 5 mètres de haut, c'est ça ?
00:18 - Vient de tomber de son bain, effectivement. Il y a 4,50 mètres de tyrando, donc il est tombé sur le côté tribord.
00:23 - Ouais, à cause d'un gros coup de vent, c'est ça ?
00:25 - À cause d'un gros coup de vent de Mistral, 98 km/h, et il est fracassé sur tout le côté tribord,
00:31 et donc plus du tout apte à courir la prochaine Transat Jacques Vabre, qui partait le 29 octobre du Havre.
00:37 - Ouais. Et dans ce cas-là, la nouvelle tombe, là, au téléphone, comment ça se passe dans la tête, là ?
00:41 - C'est compliqué. Vous savez qu'on a des rapports particuliers avec nos bateaux, nous, souvent, donc c'est un peu...
00:46 Ils sont un petit peu vivants pour nous, ils ont une âme, donc on a vraiment l'impression de...
00:51 C'est très compliqué sur l'instant, mais on est dans l'action, il faut trouver des solutions tout de suite,
00:57 donc se rendre compte des dégâts, et puis savoir ce qu'il faut faire ensuite pour redresser le bateau.
01:02 - Les dégâts sont importants. C'est un IMOCA 60 ?
01:04 - Ouais, c'est un IMOCA 60, les dégâts sont énormes. Il y a 500 000 euros de travaux, à peu près, aujourd'hui.
01:09 Il y a trois mois de délai pour réparer le bateau, donc la Transat Jacques Vabre, avec ce bateau-là, c'est impossible.
01:17 Et puis on va partir dans une bataille juridique, parce que le chantier, bien évidemment, refuse sa responsabilité.
01:22 - Comment un bateau peut tomber comme ça à cause d'un coup de vent ? C'est quand même un accident qui est très rare, non ?
01:26 - C'est très rare, mais il faut déjà bien positionner les bateaux, comme ils sont très larges, il y a beaucoup de prises au vent,
01:30 et il a été mis, pas face au vent, mais travers au vent. Donc le vent a soufflé en plein, et ça a tout basculé.
01:37 - Donc là, ça va être une bataille juridique ?
01:39 - Ça va être une bataille, mais moi je ne regarde pas ça, je regarde...
01:42 - Vous n'avez pas envie de vous concentrer là-dessus, pour le moment ?
01:44 - Il y a un avocat, j'ai mon avocat, qui s'appelle Régis Trebuffat, qui s'occupe de ce dossier.
01:50 Moi ce que je veux, c'est... Il faut regarder devant le Vendée Globe, c'est tous les 4 ans.
01:53 Moi j'ai tout mis sur la table pour acheter ce bateau, j'ai des partenaires importants et des artistes qui m'ont fait confiance,
01:59 dont Hervé Diroza, parce que c'est comme ça que je finance ce projet.
02:03 Le groupe IAM, qui est le parrain du bateau, c'est pour ça que le bateau s'appelle "Demain c'est loin".
02:08 Et...
02:10 - C'était un nom un peu...
02:12 - Ça vous a pas apporté de chance ?
02:13 - Ouais, ça vous a pas... "Demain c'est loin", ça...
02:15 - Vous savez, les petits projets...
02:16 - Pardon, je voudrais pas faire du mot autour de ça...
02:18 - Il n'y a pas de problème, je...
02:19 - "Demain c'est encore plus loin", du coup là...
02:21 - Ouais, mais les petits projets c'est souvent double peine, et puis le Vendée Globe, si c'était si facile, ça serait pas le Vendée Globe.
02:26 Donc, ce qui m'arrive, je ne l'aurais jamais imaginé, si je m'étais endormi à la barre de mon bateau,
02:30 ou que j'avais dématé en mer, j'accepte.
02:33 Là, j'accepte pas, donc on va... Les avocats, enfin, tout le juridique, ils vont s'occuper...
02:39 - Ils vont faire leur job.
02:39 - Ils vont faire leur job, on verra bien ce qui se passe, et moi aujourd'hui, il faut que je trouve des solutions pour repartir,
02:44 parce que le Vendée Globe, c'est tous les 4 ans, parce que j'ai tout mis sur la table pour faire ce projet-là.
02:49 Moi, je suis une toute petite équipe, quand vous êtes Banque Populaire,
02:52 vous avez un grand groupe derrière qui vous accompagne, moi c'est pas le cas.
02:56 Aujourd'hui, il y a des solutions qui existent, en parallèle de mon bateau, il faut une décision de justice qui soit réparée,
03:02 il y a des skippers, tous les skippers du Vendée Globe m'ont appelé en...
03:06 - Alors, il faut expliquer pour ceux qui nous écoutent, qui ne sont pas des spécialistes de la voile,
03:09 que le Vendée Globe, on le fait pas comme ça, il faut être qualifié, comme ça, il faut engranger de la distance.
03:14 - Il y a 40 places pour le prochain Vendée Globe. - Des milles, comme on dit.
03:16 - C'est une course qui a lieu tous les 4 ans, il y a 40 places.
03:21 Il faut, plus vous faites de courses, et plus vous faites de milles en courses, plus vous êtes qualifié.
03:24 - C'est pour ça que vous vouliez faire la Transat Jacques Vabre.
03:26 - Absolument, moi je rentrais de la route du Rhum, donc ce qui m'a permis d'être à la date du 5 août,
03:30 j'étais dans la liste des 40, je crois que j'étais 30ème.
03:34 Aujourd'hui, si je ne prends pas le départ de la Jacques Vabre, je vais passer derrière, et je n'ai plus ma place.
03:40 - Voilà. Mais la Transat Jacques Vabre, a priori, vous allez prendre le départ quand même, si j'ai bien compris.
03:44 - Il y a une possibilité qui s'offre à moi, via la solidarité des gens de mer,
03:48 il y a un skipper qui s'appelle Sébastien Destrebeau, qui a fait 2 Vendée Globe,
03:52 qui m'a contacté, je ne le connaissais pas, et qui m'a dit "Nicolas, moi je ne fais pas le prochain Vendée Globe,
03:56 j'ai mon bateau à Toulon, si tu veux je te le prête,
03:58 et tu emmènes le bateau, alors soit tu fais la Transat Jacques Vabre, soit tu fais la Transat Retour,
04:03 donc tu vas mettre le bateau seul en Martinique, mais pour ça, il me le prête,
04:08 mais c'est des bateaux de course, ça coûte beaucoup d'argent ces bateaux, il faut les entretenir,
04:11 il faut partir, donc il faut que je trouve des fonds pour pouvoir amener ce bateau sur la ligne de départ.
04:19 - D'accord. Là, pour l'instant, vous en êtes là.
04:21 - Pour l'instant, j'en suis là. - Donc l'appel est lancé.
04:23 - Exactement, grâce à vous.
04:25 - L'appel est lancé ce matin, dans le 6.9 de France Bleu Héro,
04:29 et aussi sur antenne de nos confrères de France 3.
04:33 Parce qu'effectivement, si vous ne pouvez pas engranger ces mille,
04:36 vous ne pourrez pas faire le Vendée Globe, qui est resté de toute manière votre objectif prioritaire, c'est ça ?
04:40 - Oui, j'entends ce que vous dites, mais je ne peux pas imaginer que je ne puisse pas être au départ en 2024,
04:45 et je pense qu'il y a toujours des solutions, il y a celle-là.
04:48 Si je ne prends pas le départ de la Jacques Vabre, je peux faire la Transat Retour.
04:51 Dans ce qui m'arrive, ça montre encore plus, je pense, j'espère, la détermination de ce projet-là.
04:59 Amener un bateau seul, hors course, en Martinique, ça peut prouver et montrer que finalement j'ai largement ma place.
05:06 Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est être capable de prendre le bateau et de l'emmener.
05:11 Et donc, assurance d'un bateau, c'est des bateaux qui coûtent énormément cher en assurance,
05:15 et voilà ce qu'il faut financer.
05:17 C'est un bateau blanc, il y a toute la place pour les partenaires.
05:20 Moi, mon histoire, ce n'est pas un projet, l'histoire, elle est écrite.
05:23 Aujourd'hui, si je fais cette course, je serai qualifié, je serai au départ du Vendée Globe 2024.
05:28 Donc n'importe quel partenaire peut me rejoindre et se dire, on va l'accompagner et on va être au départ du Vendée Globe.
05:36 - Alors pourquoi le Vendée Globe à tout prix ? C'est vraiment l'Everest des gens de...
05:39 - Oui, après chacun ses histoires. - C'est les 40e rugissances et tout ça.
05:42 - Oui, oui, je trouve que pour moi c'est l'une des dernières grandes aventures humaines qui existent.
05:46 Je ne connais pas beaucoup de choses, vous partez 3 mois coupé du monde, seul,
05:50 et puis on va dans des endroits où personne ne va, donc des couleurs, les mers du Sud, il n'y a pas de route maritime là-bas.
05:57 - Oui, c'est des endroits où vous avez navigué déjà ?
05:59 - J'y suis pas allé mais j'ai très envie d'y aller, c'est pour ça que je me bats pour y être,
06:02 et puis aussi pour raconter une belle histoire avec Ayam et avec Hervé Diroza et faire...
06:08 Mon projet il est sportif et culturel et je suis très fier de ce qu'on a monté de ce projet
06:14 et d'emmener des gens de milieux complètement différents avec une culture différente
06:18 et je suis très fier que la culture finance mon projet et mon aventure.
06:21 - On parle beaucoup donc de cet élan de générosité,
06:25 est-ce que ce sont des gens qui s'intéressent à la voile, ce sont des gens comme vous et moi ?
06:30 Qu'est-ce qui vient à votre secours dans cette situation ?
06:33 - Il y a de tout, j'ai des artistes qui me témoignent leur soutien,
06:40 et puis je crois que l'histoire a touché un petit peu le monde aussi,
06:42 moi j'ai une fille qui a 10 ans qui a vu mon bateau fracasser,
06:46 moi je ne me rendais pas compte mais c'est vrai que quand vous faites ça, l'entourage autour de vous, votre entourage,
06:51 il s'implique énormément, vous êtes beaucoup absents, c'est un investissement total et permanent,
06:57 et je crois que l'histoire a touché pas mal de monde,
07:00 mais il faut que je sorte de ça et puis de cette tragédie, on peut en faire une belle histoire,
07:05 je crois que c'est une page en plus qui peut s'écrire dans ce que je raconte.
07:10 - Vous manquez combien là ? Combien il vous faut ? Parce que moi je viens d'un échec, dis-moi, allez-y !
07:14 - Non, il faut pour être au départ, il faudrait 150 000 euros à peu près.
07:19 - Alors c'est une grosse somme, 150 000 euros, pardon, je fais "oh" comme si c'était une bagatelle,
07:25 c'est évidemment une grosse somme, et dans ce monde-là, dans le monde du sponsoring,
07:29 c'est une somme qu'on peut trouver.
07:31 - Oui, sans problème, on sait que c'est un bateau, ça coûte évidemment beaucoup plus cher.
07:34 - Ça coûte beaucoup plus, après c'est le Vendée Globe, vous savez, un projet gagnant sur un Vendée Globe,
07:38 c'est 15 millions d'euros à peu près, pour gagner un Vendée Globe.
07:42 Un petit projet Vendée Globe, c'est 3-4 millions d'euros, on n'est pas du tout dans ces sommes-là,
07:47 et au-delà de la somme, il y a l'histoire qu'on raconte derrière, encore une fois.
07:50 Moi, dans ce qu'on fait, j'aide une association d'être social à l'enfance, que vous connaissez peut-être,
07:55 qui s'appelle "Espace Renaissance", quand je vendais mes toiles à des collectionneurs,
08:00 donc l'œuvre d'Hervé Diroza, j'en reversais une partie à cette association.
08:04 Aujourd'hui, avec ce cynisme sur mon bateau, tout s'arrête.
08:07 Et j'ai envie de le continuer, ça.
08:09 - Vous êtes en train de nous dire que toutes ces grosses sommes que vous brassez,
08:12 c'est pas seulement pour un plaisir en mer, voire un plaisir solitaire en mer,
08:16 il y a aussi derrière de l'accompagnement social et du...
08:19 - Ma seule ambition à moi, c'est pas de m'enrichir,
08:23 ma seule ambition c'est de faire un tour du monde en racontant une belle histoire.
08:26 Jamais une voile n'a été une œuvre d'art,
08:29 et jamais un groupe comme Aïam n'a accompagné un tel projet.
08:33 Et la seule chose que je veux raconter, c'est ça.
08:35 - Bon, bah écoutez, vous me tenez au courant ?
08:39 - Bien sûr, avec plaisir, ouais.
08:41 - Et on tiendra nos auditeurs... - Et on regardera la liste des engagés.
08:44 - Et on va laisser les spectateurs au courant, évidemment.
08:46 Merci Nicolas Roux d'être venu ce matin pour raconter votre histoire,
08:50 et on espère que ça va aller, c'est en bonne voie, on y croit.
08:52 - Bien sûr qu'on y croit, évidemment.
08:53 - Francebleu.fr, en tout cas, pour réécouter tout ça.
08:55 Merci d'être venu ce matin sur France Bleu Héro.
08:57 Il est 8h20, petit coup d'œil sur la circulation, si vous êtes en voiture, on change.

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