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Transcription
00:00 Elisabeth Philippe, vous êtes d'humeur joueuse ce matin, vous avez décidé de nous
00:05 soumettre à un quiz !
00:06 Oui, c'est mon côté Julien Lepers, donc c'est parti ! Question pour des champions.
00:10 Connaissez-vous Jane Graverolle ?
00:12 Non.
00:13 Unika Tsurn, ça vous dit quelque chose ?
00:15 Non.
00:16 Une artiste.
00:17 Hélène Vanel ?
00:18 Une artiste.
00:19 Oui, bon, d'accord.
00:20 En même temps, vous auriez répondu oui, ça ne m'aurait pas arrangé du tout.
00:24 Toutes ces femmes font partie des artistes réunis au sein de l'exposition Surréalisme
00:29 au féminin, actuellement au musée Montmartre à Paris.
00:31 Leurs noms sont bien moins connus que ceux de Max Ernst, Man Ray ou René Magritte, mais
00:36 comme toute la nébuleuse gravitant autour d'André Breton et de ses apôtres, ces artistes,
00:40 au féminin donc, ont exploré les zones troubles de l'inconscient, des rêves et des fantasmes.
00:45 L'expo, passionnante et en même temps un peu frustrante, s'achève le 10 septembre.
00:49 Ce sont donc ses derniers jours, alors courez-y ! Oui, courez-y pour admirer l'étoile de
00:54 Jane Graverolle avec ses femmes oiseaux et ses gorges offertes.
00:57 Allez-y aussi pour rêver devant les dessins à l'inquiétante étrangeté de Valentin
01:01 Hugo, les boîtes suggestives de Josette Exsandier.
01:04 Ce que je préfère personnellement, c'est l'humour érotique des œuvres de la canadienne
01:08 Mimi Parrant, comme ce fouet à un brin sado-mazo dont les lanières sont constituées de deux
01:13 nattes blondes de jeunes filles sages.
01:14 On trouve aussi des photographies de Lee Miller, de Claude Quint ou de Dora Maar, des sculptures
01:19 de Joyce Mansour ou encore un film génial de Maya Deren où on voit cette figure majeure
01:23 du cinéma expérimental des années 40 rampée sur une table au milieu de convives qui boivent
01:28 et qui fument.
01:29 Vous dites que cette expo est passionnante mais aussi un peu frustrante.
01:32 Pourquoi ?
01:33 Oui, frustrante parce qu'on découvre des artistes fascinantes dont on aimerait voir
01:36 davantage d'œuvres sur lesquelles on voudrait apprendre plus de choses.
01:39 Chacune ou presque mériterait une exposition qui lui soit entièrement dédiée.
01:43 En fait, c'est un peu le problème avec toutes ces expositions qui regroupent des artistes
01:47 femmes et qui fleurissent depuis quelques années, soit par opportunisme marketing,
01:51 soit par réel engagement féministe.
01:53 On a eu « Les femmes et les années folles », « Les femmes et l'abstraction », « Les
01:56 femmes et le pop art », bientôt peut-être « Les femmes et l'aquarelle pointilliste
01:59 sur soie sauvage ». Ce sont évidemment des efforts louables de la part des institutions
02:04 mais cela donne aussi le sentiment que les artistes femmes ne peuvent exister qu'au
02:08 sein d'un groupe, réunis par leur genre plus que par de réelles affinités esthétiques
02:13 et qu'elles n'ont pas d'œuvres suffisamment fortes pour s'imposer seules.
02:16 On en arriverait presque à se poser la question formulée de façon ironique par l'historienne
02:20 de l'art Linda Nochlin dans son essai de 1971 « Pourquoi n'y a-t-il pas eu de grands
02:25 artistes femmes ? » Heureusement, les choses bougent et l'on voit de plus en plus d'expositions
02:30 monographiques consacrées à des femmes en espérant que ce soit une tendance durable
02:34 et non un feu de paille.
02:35 L'an dernier, Alice Neel, Toyin ou Rosa Bonheur ont eu droit à cet honneur.
02:39 Mais à quand, par exemple, une grande et belle exposition en France consacrée à Françoise
02:45 Gillot, disparue en juin dernier, plus connue pour avoir été la seule femme à quitter
02:49 l'équipe Picasso que pour ses œuvres ? Et pourquoi pas une telle exposition au musée
02:53 Picasso ? Ça n'aurait rien de surréaliste.
02:55 Merci Elisabeth et à lundi prochain.

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