Malgré trois appels au Samu, il meurt d'un infarctus

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En juin dernier, la famille de Jean-François alerte par deux fois le Samu alors que l'état de ce père de famille se dégrade. Ce n'est qu'au troisième appel que le SAMU va se déplacer. L'homme décède quelques minutes après sa prise en charge. 
Transcript
00:00 Trois mois après le décès de leur père, Aurélie et Stéphanie, paternautes, cherchent encore des réponses.
00:06 L'esprit empli d'incompréhension et de colère à l'égard du Samu.
00:10 Les appels ont été pris à la légère en fait.
00:13 C'est ces professionnels-là qui ont fait mourir mon père et le laisser mourir chez lui, mais c'est horrible.
00:19 Que s'est-il passé le 6 juin dernier ?
00:22 Leur père, Jean-François Paternaute, âgé de 74 ans, se trouve alors en vacances chez lui au Cap d'Agde.
00:28 Dès le matin, il éprouve des douleurs dans le dos et reste alité toute la journée.
00:34 Il a par le passé été victime de crise d'hypoglycémie.
00:37 Mais dans la soirée, son état de santé se détériore.
00:40 Vers 23h35, son épouse passe un premier appel à un médecin du Samu.
00:45 Il leur a conseillé de lui donner du sucre pour le remettre d'aplomb, entre guillemets, chose qu'ils ont fait.
00:54 Ça n'allait pas du tout mieux, les symptômes s'aggravaient, son état de santé était de plus en plus mal.
01:00 Donc il a commencé à transpirer encore plus, il ne pouvait plus se lever, il n'avait plus du tout de force.
01:08 Donc une heure après, ils ont décidé de rappeler le 15.
01:11 Ils sont tombés sur une personne qui leur a dit qu'ils ne pouvaient faire déplacer personne,
01:17 qu'ils n'avaient qu'une ambulance sur tout le secteur.
01:21 Ça les a sidérés.
01:23 Aucune prise en charge n'est alors proposée.
01:25 Or, l'état de Jean-François empire.
01:28 Il décide d'appeler les pompiers qui les renvoient à nouveau vers le Samu.
01:32 Et là, mon oncle s'est vraiment énervé et lui a dit "Mais qu'est-ce qu'il faut faire pour que vous nous écoutiez ?
01:38 Est-ce qu'il faut que le patient soit dans une mare de sang pour bouger ?"
01:43 Et la personne au téléphone lui a répondu "C'est un peu ça".
01:46 Donc c'est vraiment en assistant encore qu'ils lui ont dit "On vous envoie les pompiers".
01:53 Jean-Pierre est alors en arrêt cardiaque, victime d'un infarctus.
01:57 Les pompiers tentent de le réanimer, en vain.
02:00 Il décède dix minutes après leur arrivée, plongeant la famille dans la culpabilité.
02:05 Qu'est-ce qu'il aurait fallu faire ? Qu'est-ce qu'il aurait fallu qu'on dise ?
02:09 Est-ce qu'il aurait fallu qu'on assiste encore plus ?
02:12 Est-ce qu'il aurait fallu qu'on mente ?
02:14 Est-ce qu'il aurait fallu dire qu'il était en train de mourir dans son lit pour faire venir quelqu'un ?
02:19 Mon oncle se pose même la question.
02:22 Est-ce qu'il aurait fallu que si j'avais su faire un massage cardiaque, je l'aurais fait ?
02:28 Tout ce qu'on aimerait c'est qu'il soit reconnu qu'il y a eu une faute.
02:33 En charge du 15, le CHU de Montpellier indique début juillet avoir lancé une enquête interne.
02:38 Depuis, aucune réponse n'a été apportée à la famille qui cherche à se procurer les enregistrements.
02:44 Y a-t-il eu un dysfonctionnement ? Une erreur de diagnostic dans un contexte de tension aux urgences ?
02:50 Alors que les opérateurs du SAMU aujourd'hui sont confrontés à une augmentation continue des demandes.
02:56 Le nombre d'appels au SAMU est passé de 26 millions en 2014 à plus de 32 millions en 2021.
03:02 Et cette tendance, elle va pas s'inverser puisque la consigne est donnée de ne pas se rendre aux urgences avant d'avoir appelé le 15.
03:10 Or, face à ce flux croissant, la grande difficulté est de faire la différence entre une urgence vitale et un problème moins grave.
03:18 Un diagnostic particulièrement difficile à établir dans le cas d'un infarctus du myocarde.
03:23 C'est effectivement une cause fréquente de décès en France.
03:27 Un tiers des arrêts cardiaques sont dus à un infarctus du myocarde. Un tiers des infarctus du myocarde vont se déclarer par un arrêt cardiaque.
03:34 Donc c'est une situation critique à laquelle on est confronté quotidiennement.
03:39 Mais on n'a pas de critères qui aient une bonne valeur pour nous dire "ça c'est pas un infarctus, donc y a pas de risque" ou "ça c'est un infarctus, donc il faut y aller".
03:46 On ne l'a pas. Donc ça va reposer sur la qualité de l'interrogatoire, l'expérience du médecin et aussi, il faut pas le négliger, les moyens dont ils disposent.
03:54 Des opérateurs du SAMU qui se disent épuisés par une surcharge d'activité. Ils dénoncent des problèmes de sous-effectifs.
04:02 A l'appel de l'une des principales organisations syndicales de la profession, un rassemblement est prévu le 7 septembre devant le ministère de la Santé pour réclamer une revalorisation salariale.

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