Le 22 novembre 1963, John F. Kennedy, le président des Etats-Unis est assassiné à Dallas.. Philippe Labro, alors jeune journaliste, était présent aux États-Unis en reportage pour l'émission « Cinq colonnes à la Une». Il raconte ce jour où l'histoire a basculé, heure par heure. Le saisissement et l'effroi de tout un pays, le choc mondial. Et puis l'enquête, l'arrestation de Lee Harvey Oswald, et son assassinat par Jack Ruby, moins de 48H après son arrestation. Alors que l'assassinat du président est toujours encore aujourd'hui une source de spéculations et de recherches, un témoignage pour l'histoire, à découvrir.
Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr
#Kennedy #Assassinat #USA #JKennedy #JFK #Labro #Oswald
Suivez nous sur :
- Youtube : https://www.youtube.com/c/lepoint/
- Facebook : https://www.facebook.com/lepoint.fr/
- Twitter : https://twitter.com/LePoint
- Instagram : https://www.instagram.com/lepointfr
- Tik Tok : https://www.tiktok.com/@lepointfr
- LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/le-point/posts/
- www.lepoint.fr
#Kennedy #Assassinat #USA #JKennedy #JFK #Labro #Oswald
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:07 J'étais en reportage pour la grande émission de télévision, "Cinq colonnes à la une",
00:14 sur le campus de Yel, dans le Connecticut, là-bas.
00:19 Sur le coup de midi, alors que je suis en train d'interroger un prof de français, d'ailleurs,
00:26 on voit arriver de très loin un jeune homme qui hurle, qui hurle,
00:30 "The President has been shot, the President has been shot",
00:33 on a tiré sur le Président.
00:35 [Musique]
00:42 [Bruits de feuilles de papier]
00:44 [Musique]
00:49 [Bruits de feuilles de papier]
00:52 [Musique]
01:00 Il est là, tout essoufflé, il s'arrête et il nous explique que Kennedy vient d'être flyé.
01:06 Moi, je laisse tomber l'équipe technique de cinq colonnes, qui m'en vaudra toute leur vie,
01:11 je reprends même leur voiture et je fous le camp tout de suite pour New York.
01:15 À la minute où je suis monté dans cette voiture pour aller vers New York,
01:19 il y avait à peu près deux ou trois heures de route, j'avais évidemment allumé la radio,
01:24 la radio ne faisait parler que de cela, et à l'époque, il n'y avait pas non plus
01:28 tous les éléments de communication qu'il y a aujourd'hui, néanmoins, on voyait,
01:33 je voyais à travers mes vitres, tout en conduisant, que le pays, peu à peu,
01:37 prenait conscience de l'événement et du deuil.
01:40 On voyait tout d'un coup, dans des maisons ou des hôtels ou des stations de service,
01:45 les gens descendrent leur drapeau. J'avais vu, ça m'a toujours beaucoup frappé,
01:49 un gros camion, ces fameux trucks, ces énormes camions qui traversent les États-Unis,
01:54 s'arrêter sur le bord de la route, j'ai vu descendre le driver, le conducteur,
01:59 s'appuyer sur la portière avant et pleurer.
02:03 On sentait d'abord, évidemment, le choc, la sidération,
02:07 mais on sentait aussi le chagrin et la peur, l'inquiétude,
02:12 parce que la grande inquiétude, c'était, mais est-ce que ce n'est pas les Russes ?
02:17 Est-ce que ce n'est pas les Soviétiques ? Est-ce que ce n'est pas les Cubains ?
02:20 D'où ça vient ? Est-ce que le pays est en danger ?
02:23 Les gens ne parlaient que de ça. C'est un moment qui saisit
02:26 et qui, d'une certaine manière, unit totalement le pays.
02:30 Et je prends un avion qui m'amène à Dallas, le lendemain matin,
02:33 j'arrive dans le premier avion. Je n'ai jamais volé dans un avion aussi silencieux.
02:37 Vous aviez tous les gens qui étaient là avec le journal.
02:40 Et je débarque, je monte dans un taxi pour lui dire
02:43 « emmenez-moi directement au quartier général de la police, au Pneu Dallas ».
02:47 Je lui dis quand même quelle tragédie.
02:49 Et il me répond avec son accent texan « Well, it was about time ».
02:54 Ce qui veut dire « il était grand temps, monsieur ».
02:56 J'ai donc fermé ma gueule.
02:58 Et je suis arrivé à Dallas Police Headquarters,
03:01 où là, il y avait déjà l'équivalent de 150 à 300 journalistes américains.
03:06 On était les deux seuls Français.
03:08 Un garçon qui malheureusement a disparu aujourd'hui,
03:11 qui était correspondant de l'AFP, François Peloux, et moi.
03:14 Il y avait toute la presse américaine, et même du monde entier, qui arrivait,
03:29 et qui voyait débarquer de l'étage où il y avait une cellule,
03:33 Oswald, accompagné du capitaine Wilfritz,
03:38 le patron de la police locale.
03:41 Il descendait de la cellule pour l'interroger.
03:44 Sans sténo, sans magnétophone.
03:48 Tout ça puait l'amateurisme, la confusion.
04:02 On en est au stade où on tape encore à la machine à écrire,
04:05 et on sert du téléphone.
04:07 Et d'ailleurs, le problème majeur, c'est avoir accès à un téléphone.
04:11 Alors je m'étais mis dans un tout petit hôtel
04:13 qui était pratiquement face au quartier général de la police,
04:17 et j'avais sous-doyé littéralement le concierge
04:21 pour que j'ai accès au téléphone quand je voulais.
04:23 Parce que je n'avais pas de téléphone dans ma chambre même.
04:25 Vous téléphonez pour dicter votre article.
04:28 Plus il y a l'âge horaire, bien entendu.
04:30 En Texas, il y a 8 ou 7 heures, je ne sais plus, de différence avec Paris.
04:35 Donc là aussi, ça signifiait que personne ne dormait,
04:39 ni ceux à qui je téléphonais, ni moi-même.
04:41 Encore aujourd'hui, 60 ans plus tard,
04:43 ce jeune homme, ce jeune président, cette femme, Jackie,
04:47 ces années Kennedy, passionnent encore les gens.
04:50 Parce que c'est le passé, mais c'est un passé plutôt bling-bling,
04:54 assez glamour.
04:55 C'est aussi là un tournant culturel,
04:57 tournant sociétal et culturel.
05:00 La Maison-Blanche devient une sorte d'Hollywood.
05:02 Ce couple, cet homme et ses équipes
05:05 savent fabuleusement bien se servir de l'image, de la communication.
05:09 Donc ça passionne.
05:11 Le sourire de Jacqueline Kennedy apportait un éclat nouveau.
05:14 Seul à seul, les deux hommes allaient, après l'éviction des photographes,
05:17 aborder l'examen des dossiers d'une époque périlleuse.
05:20 Je crois que dans l'histoire contemporaine,
05:24 c'est-à-dire le XXe siècle,
05:26 il y a très peu d'événements,
05:28 il y a très peu de récits qui ont cette force
05:31 et cette capacité, comme je le fais en ce moment,
05:35 de se passionner en savoir qui, quand, où, pourquoi.
05:39 L'événement est tel que ce n'est pas seulement
05:47 qu'il y ait complot ou pas qui compte.
05:53 Ce qui compte, c'est qu'un jeune président est assassiné,
05:57 en pleine gloire,
05:59 en pleine fin de guerre froide avec Khrouchev,
06:03 et que c'est un tournant historique
06:06 dans les 60's, dans les années 60,
06:09 qui est la grande décennie des États-Unis,
06:12 et que ça change tout.
06:14 Car, encore une fois, si on fait de l'uchronique,
06:17 s'il n'avait pas été flingué, Kennedy,
06:20 qu'aurait-il advenu ?
06:23 La guerre du Vietnam aurait-elle pris cette ampleur ?
06:26 On ne sait pas.
06:27 Donc, c'est un tournant historique capital.
06:30 [Musique]